Pierre Baudis

1916 - 1997

Informations générales
  • Né le 11 mai 1916 à Decazeville (Aveyron - France)
  • Décédé le 5 janvier 1997 à Toulouse (Haute-Garonne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 9 décembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Haute-Garonne
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 6 décembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Haute-Garonne
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 11 juillet 1968 au 1er avril 1973
Département
Haute-Garonne
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Haute-Garonne
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 2 avril 1986 au 8 juillet 1986
Département
Haute-Garonne
Groupe
Union pour la démocratie française
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
VIIIe législature
Mandat
Du 24 octobre 1986 au 14 mai 1988
Département
Haute-Garonne
Groupe
Union pour la démocratie française

Biographies

Biographie de la Ve République

BAUDIS (Pierre)
Né le 11 mai 1916 à Decazeville (Aveyron)
Décédé le 5 janvier 1997 à Toulouse (Haute-Garonne)

Député de Haute-Garonne de 1958 à 1967, puis de 1968 à 1978 et de 1986 à 1988

Pierre Baudis est né le 11 mai 1916 à Decazeville. Son père, Albert, est ingénieur électricien dans les houillères. Sa famille déménage en 1918 à Toulouse quand celui-ci y est nommé par l’ONIA (Office national industriel de l’azote) pour électrifier une usine récemment construite. A Toulouse, Pierre Baudis fait ses études à la faculté de droit. Il en sort avec le titre de docteur. Il poursuit ses études, à Paris, à l’Ecole libre des sciences politiques. Il entre au ministère des Finances comme rédacteur stagiaire, le 16 juillet 1943, avant de rejoindre, le 6 février 1945, en tant qu’engagé volontaire, la 1ère Armée avec laquelle il franchit la ligne Siegfried. Il sera officier de réserve. En janvier 1946, il retrouve le ministère des Finances comme rédacteur principal. Il est, peu de temps après, nommé administrateur civil.

La dissolution de l’Assemblée nationale, le 1er décembre 1955, est le moment de l’entrée en politique de Pierre Baudis. Il se présente sur la liste d’Union nationale de Haute-Garonne, menée à l’échelle du pays par la coalition issue de la majorité sortante réunissant le Rassemblement des gauches républicaines (RGR), le Mouvement républicain populaire (MRP) et le Centre national des indépendants et paysans (CNIP). Lui-même est inscrit au CNIP. Il est le deuxième de la liste, derrière le MRP Alfred Coste-Floret, résistant, député sortant et maire de Luchon depuis 1947, lequel s’est notamment fait connaître pour avoir déposé, le 2 août 1951, à l’Assemblée nationale, un projet de révision constitutionnelle prévoyant, entre autres, une dissolution automatique si une crise menaçait un gouvernement formé depuis moins de deux ans. La profession de foi des candidats, soutenant clairement le gouvernement sortant d’Edgar Faure et les raisons de la dissolution, dénonce l’instabilité du régime, ainsi que le trop grand nombre des partis politiques, lequel empêcherait le gouvernement du pays. Seul Alfred Coste-Fleuret, tête de liste, est élu le 2 janvier 1956, alors qu’à l’échelle nationale, c’est le Front républicain, conduit par Guy Mollet, qui l’emporte.

Lors des élections législatives anticipées des 23 et 30 novembre 1958, Pierre Baudis se présente sous l’étiquette du CNIP allié de l’Union pour une nouvelle République (UNR) au sein de la coalition de l’« Union pour la Ve République », dans la 2e circonscription de Haute-Garonne (cantons de Toulouse-Centre, Montastruc-la-Conseillère et Verfeil) avec Etienne Bacquié, maire-adjoint de Toulouse, comme suppléant. Il est soutenu par la « Démocratie chrétienne », les « Républicains populaires », les « Paysans » et le « Centre républicain ». En réalité, Pierre Baudis est l’un de ces Indépendants acquis au MRP plus qu’à l’UNR. Dans sa profession de foi, il s’oppose sur un ton polémique au régime de la IVe République, dont l’esprit est selon lui incarné par les « radicaux de Bourgès-Maunoury et [les] socialistes d’Auban », tous deux députés de Haute-Garonne depuis 1946. Surtout, Pierre Baudis dit avoir lutté seul pour le « oui » au référendum en dépit de la gauche dans son ensemble et du journal local, La dépêche du midi. Il dénonce, en plus du régime « vermoulu », la « gabegie » des entreprises nationalisées, la « prodigalité absurde des dépenses publiques » et un gouvernement incapable d’autorité, notamment en Algérie. Mais il est prudent sur l’Algérie, évoquant simplement « l’alliance scandaleuse du FLN et du PCF ». De même, s’il salue le gouvernement de Gaulle et les espoirs d’une politique nationale, il n’est en rien amphigourique sur l’homme du 18 juin et s’en tient à célébrer l’avènement d’une « République pure et juste », d’une République limitant le nombre de ministres et ne distribuant plus les portefeuilles entre partis coalisés. Pour le reste, il s’adresse à son électorat de paysans, d’entrepreneurs et de chrétiens démocrates : il se dit favorable à une détaxation « en fonction de l’utilité économique ou de l’utilité sociale », à la liberté de l’enseignement et à l’assurance chômage. Le premier tour l’oppose, sans surprise, aux candidats locaux de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) et du Parti communiste français (PCF). La surprise vient de l’UNR, qui présente son propre candidat, Pierre Delnomdedieu, sous-préfet honoraire, résistant et directeur des Contributions directes à Toulouse. Ce dernier est partisan de l’Algérie française et a soutenu la formation du Comité de salut public d’Alger, le 13 mai 1958. Pierre Baudis est donc allié au MRP contre l’UNR d’un côté et les partis de gauche de l’autre, alors que la campagne pour le référendum sur la Constitution de la Ve République avait été particulièrement tendue. Au premier tour, Georges Hyon (SFIO) arrive en tête avec 23,18 % des suffrages exprimés. Suivent Pierre Baudis avec 20,74 %, Georges Malgouyres (PCF) avec 18,85 % et Pierre Delnomdedieu avec 18,15%. Pour le second tour, qui est une quadrangulaire, Pierre Baudis bénéficie du ralliement de Roger Gimazane, candidat « France libre » qui a obtenu 6,39% des suffrages exprimés au premier tour. Il insiste : il est le seul à pouvoir réaliser « l’union contre les marxistes » et annonce, de manière sibylline, qu’il s’agit de « sauver à la fois l’Algérie et la France ». Il est élu député au second tour avec 33,77% des suffrages exprimés, devançant de près de quatre points le candidat socialiste. Cette victoire fait grand bruit : Pierre Baudis a fait tomber un bastion du socialisme. Par ailleurs, il est le seul Indépendant élu de Haute-Garonne. Il siège à l’Assemblée nationale dans le groupe IPAS (Indépendants et paysans d’action sociale), fort de 117 députés, derrière l’UNR avec 206 députés. Pierre Baudis est élu secrétaire de l’Assemblée nationale et le demeure tout au long de la législature. Il siège à la commission des Affaires étrangères et, le 30 juin 1960, à la commission spéciale chargée d’examiner les projets de loi portant approbation de divers accords passés entre la République française, la République malgache et la Fédération du Mali. Il est en outre élu membre du Sénat de la Communauté le 8 juillet 1959, jusqu’à la disparition de cette institution, le 31 décembre 1960. Enfin, Pierre Baudis devient membre, en novembre 1959, du comité directeur du CNIP, dirigé par Roger Duchet.

Aux élections municipales de Toulouse de 1959, le maire sortant SFIO, Louis Bazerque, fait appel aux centristes pour battre Raymond Badiou du Parti socialiste unifié (PSU). Pierre Baudis est à cette occasion élu conseiller municipal. Il entre, comme deuxième adjoint, au Bureau d’aide sociale de la ville de Toulouse. Ce poste a le double avantage pour Pierre Baudis non seulement de lui faire connaître des Toulousains mais surtout de se faire apprécier d’eux et, notamment, à partir du début des années 1960, des rapatriés d’Algérie. Auprès du troisième âge, certains observateurs de la politique locale parlent d’une véritable « emprise ». Grâce à son action, Pierre Baudis acquiert la réputation d’un homme sensible et généreux. Sans élever le ton, presque bonhomme et toujours soucieux de rester étranger à toute idéologie précise, il semble n’être qu’attentif aux plus défavorisés. Il sera élu premier adjoint au maire Louis Bazerque à l’issue des élections municipales de 1965. Enfin, Pierre Baudis est élu conseiller général du canton de Toulouse-Centre le 11 juin 1961. Constamment réélu (canton Toulouse-1 à partir de 1973), il demeure conseiller général jusqu’à son décès, le 5 janvier 1997.

Comme député, Pierre Baudis dépose, le 11 juillet 1960, une proposition de loi tendant à la création de la Croix des volontaires pour le front. Celle-ci viendrait s’ajouter à la Croix du combattant volontaire 1939-1945, créée par la loi du 4 février 1953. Soumise à la commission de la Défense nationale et des armées, la proposition n’est pas retenue.

Parmi ses interventions en séance publique, Pierre Baudis prend part au débat sur la déclaration du Premier ministre, Michel Debré, le 16 juin 1960, au sujet de la situation sociale du pays. Il déplore notamment l'accentuation de l'écart entre le secteur public et le secteur semi-public, malgré les promesses faites par le gouvernement de le résorber le plus possible. Il souligne les difficultés de logement des fonctionnaires dues, selon lui, à l'insuffisance des rémunérations. Mais Pierre Baudis se montre surtout très investi sur le projet de loi de finances pour 1961, qu’il va discuter point par point. Au sujet du travail, le 27 octobre 1960, il se dit favorable à la création de foyers de jeunes travailleurs en province. Pour ce qui touche à la santé publique, il déplore, le lendemain, l’insuffisance des allocations versées aux vieillards et aux infirmes, et souhaite que soit encouragée l'aide à domicile. Dans le domaine du logement et de la construction, il appelle l’attention, le 3 novembre 1960, sur la crise du logement dans certaines grandes villes de province que révèle le nombre élevé des demandes de logements non satisfaites à Toulouse. En ce sens, il regrette la diminution des crédits HLM comme les spéculations réalisées par des sociétés immobilières grâce aux avances du Crédit foncier. Il insiste enfin sur la création d'une zone à urbaniser, en priorité, à Toulouse. En ce qui concerne les affaires culturelles, Pierre Baudis réclame, le 5 novembre 1960, des crédits supplémentaires pour les théâtres de province et voudrait que les municipalités soient déchargées de leur entretien. Au sujet de l’industrie, il parle de la nécessaire décentralisation de la politique industrielle et met plus particulièrement ses espoirs, en vue d’une meilleure industrialisation des « départements du midi », dans la découverte du gaz de Lacq. Il fait part de son ambition d’implanter des « industries vertes » dans les communes rurales du sud-ouest voisines des grandes villes.

Pierre Baudis adresse au gouvernement trois questions orales, dont deux avec débat. Le 13 juillet 1961, il interroge le ministre des armées, Pierre Messmer, sur l’industrie aéronautique française. Il souligne à cette occasion l’importance de Sud Aviation, qui produit la Caravelle, et discute des modes de production des Mirage IV d’après le plan du développement de l’énergie atomique. Il milite pour l’utilisation et le plein emploi de la Caravelle junior sur les lignes intérieures. Le 13 octobre 1961, Pierre Baudis s’adresse à Pierre Sudreau, ministre MRP de la Construction, à propos de la situation du logement à Toulouse. Il évoque l’augmentation rapide de la population de l’agglomération due, entre autres, à l'arrivée des rapatriés d'Afrique du Nord. Enfin, il pose une question orale sans débat à Robert Buron, ministre MRP des Travaux publics et des transports, relative à la situation des cheminots : il déplore l’absence de bonifications de campagne pour les cheminots anciens combattants.

Pierre Baudis prend à nouveau part à la discussion du projet de loi de finances pour 1962. Ses observations se renouvellent. Sur les affaires culturelles, le 26 octobre 1961, il insiste derechef sur la crise des théâtres lyriques de province. S’agissant de la santé publique, il s’alarme une fois de plus, le même jour, de l'insuffisance des allocations militaires et de l'aide sociale aux personnes âgées. Il dit vouloir que soit simplifié le travail des commissions inter-cantonales chargées de répartir l'aide sociale et que soient revues les conditions d’application de la majoration accordée aux aveugles et grands infirmes ayant besoin de l'aide constante d’une tierce personne. Pour ce qui touche à la construction, le 31 octobre 1961, il renouvelle ses observations sur les difficultés récurrentes des organismes d'HLM, notamment celui de Toulouse, et met en exergue les lacunes de la réglementation concernant l'attribution des logements. Pour l’aviation civile et commerciale, il s’interroge sur les intentions du gouvernement en matière d’aide à la construction aérienne civile et évoque l'opportunité d’une loi de programme pour l’aéronautique civile et d’une convention nationale pour le personnel de l'aéronautique.

Le 4 octobre 1962, Pierre Baudis vote, avec le groupe IPAS, la motion de censure à l’encontre du gouvernement Pompidou en réaction à l’annonce, par le général de Gaulle, de la tenue d’un référendum sur l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Pierre Baudis, comme beaucoup de personnalités de sa tendance, dit craindre une personnalisation du pouvoir. La dissolution de l’Assemblée nationale qui suit provoque les élections législatives des 18 et 25 novembre. Pierre Baudis est de nouveau candidat dans la 2e circonscription de Haute-Garonne sous la même étiquette du CNIP. Au premier tour, il obtient 24,17% des suffrages exprimés contre 22,9% pour Léo Hamon (UNR-UDT), et 19,53% pour Georges Malgouyres (PCF). Dans sa circulaire adressée aux électeurs en vue du second tour, Pierre Baudis adresse une vive critique au gaulliste Léo Hamon, ancien du MRP, insistant moins cependant sur le gaullisme de son adversaire que sur son « parachutage » par l’UNR, ce qui fait de lui un candidat « seulement de passage ». De plus, Pierre Baudis lui reproche, de manière toute polémique, d’avoir profité du « régime des partis » comme sénateur de la Seine de 1946 à 1958, régime qu’aujourd’hui il dévalorise sous prétexte que ses nostalgiques bloquent, par intérêt « jaloux », la réforme constitutionnelle. Par ailleurs, celui-ci se veut davantage proche des soucis locaux ou régionaux que des enjeux nationaux : il s’agit de pousser à une plus ample décentralisation industrielle et de régler le problème des logements sociaux, problème d’autant plus urgent que la commune de Toulouse et, plus largement, le Sud-Ouest doivent accueillir en masse des rapatriés d’Algérie. Au second tour, Pierre Baudis arrive en tête avec 37,62 % des suffrages exprimés, suivi de très près par le communiste Georges Malgouyres avec 36,22 %. Seules 600 voix les séparent, tandis que Léo Hamon, pour la coalition gaulliste, est derrière avec plus de dix points de retard. Jacques Maziol, installé à Toulouse depuis ses études, est l’unique élu avec l’étiquette UNR en Haute-Garonne. L’implantation presque impossible du parti gaulliste dans un fief de gauche rend, par contraste, plus remarquable encore celle, confirmée, de l’Indépendant Pierre Baudis.

Les Indépendants partaient divisés au lendemain de la motion de censure. A l’issue des élections, 12 députés du CNIP forment avec MRP le groupe parlementaire d’opposition du Centre démocratique tandis que d’autres, les Républicains indépendants (RI) menés par Valéry Giscard d’Estaing, ministre des Finances, entrent dans la majorité gaulliste. Pierre Baudis s’affilie au Centre démocratique.

Tout au long de la IIe législature, il siège à la commission des finances, de l'économie générale et du Plan. Il est aussi membre de la commission spéciale chargée d'examiner la proposition de loi tendant à faciliter l'évaluation, en vue de leur indemnisation, des dommages subis par les Français rapatriés d'outre-mer en cas de spoliation et de perte définitivement établies de leurs biens. Il est également membre de la commission centrale de classement des débits de tabac. Il est enfin réélu secrétaire de l’Assemblée nationale. Au cours de la législature, Pierre Baudis présente quatre propositions de lois. L’une d’elles, déposée le 18 novembre 1964, tend à assurer aux agents contractuels de l'Etat et des collectivités locales le droit aux congés payés annuels. Une autre, le 24 juin 1965, est relative à l'évaluation des dommages et spoliations subis par les rapatriés d'outre-mer. Les deux autres concernent la modification de l’article 81 du Code de la nationalité (18 décembre 1964) et l’aménagement de l’impôt sur le revenu (24 juin 1965). Pierre Baudis est pour la durée de la législature le rapporteur spécial du budget des Monnaies et médailles.

Ses premières interventions en séance publique, le 4 janvier 1960, visent à défendre les garanties de procédure lors de l’examen du projet de loi relatif à la Cour de sûreté de l’Etat. Prenant ensuite part à la discussion de la deuxième partie du projet de loi de finances pour 1963, en qualité de rapporteur spécial, Pierre Baudis évoque dans le domaine de la construction, l’ampleur de la crise du logement. Il juge dépassées les prévisions du IVe Plan pourtant récentes et insuffisant le budget. Par ailleurs, il souligne, le 17 janvier 1963, un certain « malaise » dans la fonction publique en raison d’une révision du code des pensions qui ne vient jamais. De même, dans la deuxième partie du projet de loi de finances pour 1964, il évoque, le 31 octobre 1963 dans le domaine de la construction, les conséquences sur les difficultés de logement de l’afflux des rapatriés, de l’exode rural et de l’essor démographique. Pour y remédier, il demande des crédits supplémentaires pour de nouveaux logements sociaux. Lors d’un débat, le 27 novembre 1963, sur la déclaration du gouvernement relative à l'aménagement du territoire, Pierre Baudis loue certes les résultats obtenus dans un rayon de cinquante kilomètres autour de Paris, mais aussi ceux au profit des grandes métropoles de province, qui reçoivent une part plus large des crédits d'investissement comme le prouve le développement, dans les capitales régionales, des industries moyennes. Il prône une décentralisation toujours plus large du crédit. Au sujet du projet de loi relatif à l'élection des conseillers municipaux des communes de plus de 30 000 habitants, il soumet, le 21 mai 1964, un amendement, non adopté, sur l’élection des conseillers municipaux des communes de plus de 120 000 habitants. Il milite pour le rétablissement de la représentation proportionnelle pour les grandes villes, afin de refléter les diverses tendances de la population et de permettre à la minorité d'exercer son droit, légitime, de contestation.

Le 22 mai 1964, Pierre Baudis adresse au ministre des Finances, Valéry Giscard d’Estaing, une question orale, sans débat, relative aux bonifications de campagne des cheminots anciens combattants. Au sujet du projet de loi sur la réforme du code des pensions civiles et militaires de retraite, soulignant le caractère précipité de la discussion du 6 octobre 1964, Pierre Baudis déplore la discrimination faite, d’après lui, entre les pensionnés selon qu'ils ont pris leur retraite avant ou après la promulgation de la loi. Dans le détail, il évoque la situation injuste, selon lui, faite au veuf de la femme fonctionnaire, qui est seulement appréciée au jour du décès. Dans la deuxième partie du projet de loi de finances pour 1965, sur les crédits de l’aviation civile, Pierre Baudis salue, le 23 octobre 1964, la fabrication par les usines Dassault de l'avion Mystère, d’une capacité de 40 à 50 places. En revanche, au sujet du nouveau modèle Galion, à plus grande capacité, présenté par Sud-Aviation et la société Dassault, il se montre très réservé en raison de son coût exorbitant, en dépit de l’intérêt d’aller toujours, selon lui, dans le sens du progrès technique. Dans le domaine des monnaies et médailles, le 3 novembre 1964, en qualité de rapporteur spécial, il estime indispensable, pour diverses raisons, la substitution de la nouvelle pièce d'un demi-franc à celle de 50 centimes. Mais cette question revient à évoquer le problème de la décentralisation de la fonderie, du laminage et de la frappe en province. Encore au sujet de la décentralisation, Pierre Baudis s’inquiète successivement, le même jour, de l’avancée trop lente des travaux autoroutiers dans la région Midi-Pyrénées, de l'expansion régionale de l'ORTF, des orchestres symphoniques de Lyon, Marseille et Toulouse, et, plus largement, de la vie culturelle de ces provinces. Dans le domaine de la santé, le 7 novembre 1964, le député de Toulouse fait part de ses espoirs nés de sa lecture du rapport de Pierre Laroque, président de la Caisse nationale de sécurité sociale, dont il met en exergue les mesures à prendre en faveur des invalides, ainsi que le problème évoqué de la lenteur des communications entre l'administration centrale et les bureaux d'aide sociale. Le 2 décembre 1964, Pierre Baudis dépose une proposition de loi tendant à prévoir le dépôt d'un projet de loi de programme de cinq ans concernant la protection civile des populations.

Au sujet du projet de loi de finances pour 1966, pour les monnaies et médailles, en qualité de rapporteur spécial, Pierre Baudis annonce, le 22 octobre 1965, le fléchissement du produit de la fabrication des monnaies françaises, prévient de la confusion entre certaines pièces, en particulier celles de 20 et de 50 centimes, et souhaite la construction en province d’une usine regroupant les diverses opérations de fabrication de monnaies métalliques. Il réitère ce souhait dans le projet de loi de finances pour l’année suivante. A nouveau pour ce qui touche aux finances et aux charges communes, le 27 octobre 1965, il évoque le problème de la fonction publique, et plus précisément les difficultés de recrutement en raison de l'insuffisance des rémunérations.

Lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1967, sur l’impôt sur le revenu, Pierre Baudis déplore, le 13 octobre 1966, les distorsions dans la répartition des charges publiques entre les différentes catégories de contribuables et milite pour une refonte du barème ainsi que pour une réforme fiscale en vue d’augmenter le nombre des contribuables. Dans le domaine des affaires étrangères, il rappelle, le 3 novembre 1966, la coopération économique et financière prévue dans les accords d'Evian et souligne, une nouvelle fois, le problème de l’indemnisation des Français d'Algérie spoliés.

A l’approche des élections présidentielles des 5 et 19 décembre 1965, comme membre du comité directeur du CNIP, Pierre Baudis soutient, dès décembre 1964, Jean Lecanuet, président du MRP, lors de la première réunion publique du « comité des démocrates » regroupant à Rouen les démocrates-chrétiens, les radicaux proches de Maurice Faure et le CNIP. Pierre Baudis entre dans le comité directeur du Centre démocrate (CD) créé par Jean Lecanuet au lendemain de l’élection présidentielle. Mais le large succès de François Mitterrand en Haute-Garonne (près de 57 % au second tour) et l’impuissance du CD à s’imposer à l’échelle nationale, après le départ des radicaux, vont fragiliser sa position. Lors des élections législatives des 5 et 12 mars 1967, François Mitterrand envoie un ami proche, André Rousselet (CIR), croiser le fer avec Pierre Baudis, candidat de la coalition du CD, dans la 2e circonscription de la Haute-Garonne. De plus, l’UDR, après les échecs de 1958 et 1962, envoie un nouveau candidat dans la bataille, Charles d’Aragon, ancien député MRP sous la IVe République et gaulliste de gauche. Au premier tour, André Rousselet arrive en tête avec 26,7 % des suffrages exprimés contre 26,03 % pour Pierre Baudis. Charles d’Aragon est derrière avec 24,14 % des suffrages exprimés. Au second tour, André Rousselet bénéficie de l’unité de la gauche scellée lors de la présidentielle de 1965, c’est-à-dire d’une partie des suffrages de Georges Malgouyres (PCF) et de Raymond Badiou (PSU). Pierre Baudis est en définitive battu par André Rousselet (50,16% contre 49,84%), de 150 voix seulement. Il dépose un recours, sans succès, auprès du Conseil constitutionnel, contestant la victoire de son adversaire en raison de la partialité alléguée du journal local, La Dépêche du midi, et de fraudes supposées lors du scrutin.

Cependant, la crise de mai 1968 va très considérablement rebattre les cartes. La majorité UDR-RI ne présente aucun candidat face à Pierre Baudis lors des élections législatives anticipées de juin. Dans ses engagements électoraux, celui-ci fait appel au sentiment patriotique, ainsi qu’à la peur de l’anarchie et du communisme. Il rend aussi en grande partie François Mitterrand et « ses amis » responsables de la crise de Mai. Il bat largement, au second tour, dans un duel, André Rousselet avec 54,03 % des suffrages exprimés. En réalité, il a rejoint les Républicains indépendants de Valéry Giscard d’Estaing, et donc la coalition au pouvoir, dans le cadre du « sursaut national » qui ont provoqué les événements. C’est pourquoi, d’ailleurs, le MRP, décidément dans l’opposition, a présenté son candidat, Jean Castan, dans la 2e circonscription. Pierre Baudis retrouve son siège de député mais il est dorénavant dans la majorité comme apparenté RI. Enfin, pour la première fois, la Haute-Garonne bascule à droite. Sans surprise, Pierre Baudis appelle à voter pour Georges Pompidou lors de l’élection présidentielle des 1er et 15 juin 1969. La rupture avec le CD, représenté à la présidentielle par le président du Sénat Alain Poher, est définitivement consommée.

Au cours de la législature, Pierre Baudis est membre de la commission des finances, de l'économie générale et du Plan, ainsi que vice-président de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi relatif à l'indemnisation des Français dépossédés de biens situés dans un territoire antérieurement placé sous la souveraineté, le protectorat ou la tutelle de la France. Il dépose trois propositions de loi, le 3 octobre 1968. La première vise à assurer aux agents contractuels de l'Etat et des collectivités locales le droit aux congés payés annuels. La deuxième tend à modifier et à compléter les lois du 11 décembre 1963 et du 6 juillet 1966 instituant des mesures de protection juridique en faveur des Français rapatriés. Enfin, la dernière vise à faciliter l'évaluation, en vue de leur indemnisation, des dommages subis par les Français rapatriés d'outre-mer en cas de spoliation et de perte définitivement établies de leurs biens. Le député de Toulouse est rapporteur spécial pour les crédits du service des essences et du service des poudres en 1968 et 1969, puis devient rapporteur spécial de l’aviation civile. En séance publique, lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1969, il rappelle, le 14 novembre 1968, les problèmes auxquels se heurtent les rapatriés, notamment sur l’attribution des prestations sociales. Il défend la création, au sein du ministère de l’Intérieur, d'un service chargé de les accueillir et de les aider à se reclasser en réaménageant leurs dettes et demande que l'Agence judiciaire du Trésor n'engage aucune procédure contre un rapatrié exploitant ou commerçant qui ne peut rembourser un prêt. Sur le même sujet, Pierre Baudis prend part à la discussion, le 7 octobre 1969, du projet de loi instituant des mesures en faveur des Français rapatriés et autres débiteurs dépossédés de leurs biens : il insiste sur le règlement de la question des dettes contractées en France par les rapatriés pour leur réinstallation.

Sur le projet de loi de finances pour 1970, s’agissant de l’aviation civile, Pierre Baudis évoque, en qualité de rapporteur spécial, le 20 novembre 1969, l’avenir aéronautique de la France, les travaux d'extension de l'aérogare d'Orly et la construction de l'aéroport de Roissy-en-France. Sur le problème des rapatriés, à nouveau, il parle, le 20 novembre 1969, de la nécessité de prévoir un organisme central qui coordonnerait les services administratifs et ministériels chargés de l'exécution des mesures prises en leur faveur et évoque la possibilité de prévoir des avances sur l'indemnisation en faveur des personnes âgées, des infirmes et des veuves. Le 20 mai 1970, il pose au Premier ministre, Jacques Chaban-Delmas, une question d'actualité relative aux pensions des rapatriés au titre des activités exercées dans le secteur privé.

Dans la discussion autour du projet de loi de finances pour 1971, Pierre Baudis fait part, le 9 novembre 1970, de la crise du logement social, des conséquences de l'évolution démographique et de l’industrialisation. En qualité de rapporteur spécial, il évoque l’accroissement du trafic aérien civil et l’avenir, qu’il juge prometteur, de l’aéroport de Roissy-en-France. Pour la production aéronautique, il s’inquiète du Concorde, qui s’essouffle et qui, à terme, risque de pâtir de la construction de l'Airbus. En ce qui concerne le projet de loi de finances pour 1972, encore au sujet des transports, Pierre Baudis déplore les difficultés des transports urbains dans les métropoles de province. Il réclame une aide de l'Etat et un allégement de la TVA. Par ailleurs, le 13 octobre 1972, il pose au Premier ministre, Pierre Messmer, une question d'actualité relative à la sécurité dans l'agglomération de Toulouse. Enfin, dans la discussion du projet de loi de finances pour 1973, le 8 novembre 1972, il dit vouloir intensifier la lutte contre les charters et indemniser les populations au titre des nuisances dues aux activités aéroportuaires. Pierre Baudis s’interroge également sur une liaison directe Orly-Roissy, qu’il faut, selon lui, absolument mettre à l’étude.

Entre-temps, Pierre Baudis est élu maire de Toulouse le 21 mars 1971, faisant ainsi basculer à droite le Capitole. L’union de la gauche, en préparation du programme commun, a été comme imposée au maire socialiste sortant Louis Bazerque si bien que Pierre Baudis a bénéficié au second tour de voix socialistes de gauche. La liste menée par Pierre Baudis est pour moitié apolitique. André Brouat et André Turcat y figurent notamment, soit le rugby qui passionne le pays » et « l’avion qui le fait vivre ». C’est dans cette composition éclectique que l’on peut mesurer toute l’habileté du nouvel élu, preuve concrète de son désir de vouloir dépolitiser la charge municipale. Son programme y fait d’ailleurs sans cesse référence. Pierre Baudis appelle au rassemblement, afin que la nouvelle municipalité soit au service de tous les Toulousains, et qu’elle cesse d’être la permanence d’un parti politique, celui de la SFIO. Le second atout dont Pierre Baudis bénéficie est sa propre étiquette politique. Etre apparenté aux RI lui permet de se situer dans le camp de la majorité présidentielle. Il peut ainsi bénéficier des avantages inhérents à ses candidats, et en obtenir l’appui sans jamais y appartenir vraiment. Cet apparentement a, de plus, le grand avantage de rassurer un électorat qui se situe à gauche de longue date. Arborer la bannière gaulliste aurait été, dans une ville traditionnellement socialiste, contre-productif. En outre, Pierre Baudis aurait ainsi trahi ses sentiments politiques modérés. Moins d’un an après son élection à la mairie, il est élu président de l’agence d’urbanisme de l’agglomération toulousaine.

Pour les élections législatives du 4 et 11 mars 1973, Pierre Baudis est investi par la coalition Union des républicains de progrès (URP) au pouvoir. Le PS lui oppose Henri Michel, maire de Montastruc-la-Conseillère, commune de la circonscription. Au premier tour, le député sortant arrive largement en tête avec 41,44% des suffrages exprimés contre 25,11% pour Henri Michel. Mais ce dernier obtient au second tour le report des voix communistes sur son nom, si bien qu’il n’est battu que d’une courte tête par Pierre Baudis (50,9% contre 49,1%), seul vainqueur issu de la majorité présidentielle dans un département que le PS a repris en main avec, notamment, le parachutage réussi dans la 1ère circonscription d’Alain Savary, ancien secrétaire général du PS.
A l’Assemblée nationale, Pierre Baudis retrouve la commission des finances, de l'économie générale et du Plan dont il est par ailleurs vice-président du 19 octobre 1977 jusqu’au terme de la législature. Le 29 avril 1977, il devient en outre membre de la commission de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations. Il est vice-président du groupe d’information et d’études des problèmes de l’aviation civile et président des groupes d’amitié France-Inde et France-Philippines. Il est rapporteur spécial des crédits de l’Aviation civile tout au long de la législature. Dans une question d’actualité posée le 11 mai 1973, Pierre Baudis fait valoir son désir de connaître les plans de charge pour 1974 de la société Latécoère et des autres établissements aéronautiques. A ce sujet, il précise que la concertation européenne est indispensable si l'Europe ne veut pas tomber sous la dépendance des Etats-Unis. Par ailleurs, il pose plusieurs questions au gouvernement, d’abord le 26 novembre 1975 sur le regroupement des services centraux de la météorologie nationale à Toulouse, puis le 30 juin 1976 sur l’avenir du Centre national d'études spatiales. Pierre Baudis intervient, le 21 juin 1973, dans la discussion générale autour du projet de loi autorisant certaines communes et établissements publics à instituer un versement destiné aux transports en commun : il souligne le caractère national et international du problème des transports publics, notamment le déficit des transports dans les centres urbains. Il juge injuste que la solidarité nationale, par la contribution, ne bénéficie qu’à Paris. Il dépose un amendement à l’article 1er pour préciser la nature des investissements spécifiques aux transports collectifs. Lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1974, en tant que rapporteur spécial de l’aviation civile, il fait part, le 30 octobre 1973, des inquiétudes de la commission au sujet de la construction aéronautique civile, ainsi que de sa circonspection quant aux débouchés de l'avion Corvette. Pierre Baudis fait en outre état des commandes concernant le Concorde et de ses préoccupations sur le coût du programme. Il évoque ensuite la situation difficile du Mercure, en concurrence avec le Boeing 727, en insistant fermement auprès du ministre des Transports, Yves Guéna, pour que ce problème soit résolu dans les meilleurs délais. Enfin, Pierre Baudis aborde les difficultés financières de l'aéroport de Roissy, plus particulièrement sa desserte, encore en projet, et dont il appelle la rapide réalisation par l’Etat.

Dans la discussion du projet de loi de finances pour 1974, il déplore, le 20 novembre 1973, la situation faite aux rapatriés, les crédits d’indemnisation étant insuffisants. Sur le projet de loi de finances pour 1976, Pierre Baudis fait part, à nouveau, du mécontentement des rapatriés d’après la loi relative à leur indemnisation. Il suggère donc un nouveau projet de loi pour régler définitivement le contentieux. Lors du projet de loi de finances pour 1977, dans le domaine de l’équipement, Pierre Baudis déplore les retards pris par l'infrastructure routière dans la région Midi-Pyrénées et dans l'agglomération de Toulouse, territoire représentant 10 % de la superficie de la France. Il souhaite le désenclavement routier et presse à la réalisation de l’autoroute Bordeaux-Narbonne. Dans le domaine de l’aviation civile, en qualité de rapporteur spécial, il met en avant, tour à tour, le 28 octobre 1976, la situation difficile d'Air Inter sur le plan financier malgré un taux de croissance satisfaisant, la flotte, vieillie et hétérogène, d’Air France, la situation financière qu’il juge peu saine financièrement de l'Aéroport de Paris, ainsi que la coopération prometteuse selon lui entre Dassault et McDonnel-Douglas. Sur le projet de loi de finances pour 1978, il relève les conséquences sur le transport aérien, et la situation future d'Air Inter, de la construction du train à grande vitesse Paris-Lyon.

Le 20 mars 1977, Pierre Baudis est réélu maire de Toulouse malgré l’offensive d’Alain Savary, député de la Haute-Garonne et président du conseil régional de Midi-Pyrénées depuis 1973. La bonne gestion des finances de la ville, et la réalisation de projets structurants, avec la construction de foyers pour les personnes âgées, de crèches, de mairies de quartier, l’aménagement de promenades en bord de canal et de la Garonne, l’ouverture des premières rues piétonnes, l’annulation du projet de transformation du canal en voie rapide, le tracé de la rocade, ainsi que la sortie de terre de certains quartiers modernes, font de Pierre Baudis un maire apprécié et populaire. Cependant, le maire sortant a bénéficié, en vue des élections et à son avantage, d’un redécoupage des secteurs de la commune. Le 14 avril 1978, il est aussi élu, par ses pairs, secrétaire général de l’Association des maires des grandes villes de France. Néanmoins, Pierre Baudis est battu aux élections législatives de mars 1978 par le socialiste Gérard Bapt, conseiller général et suppléant du candidat Henri Michel en 1973. Pierre Baudis a rejoint l’Union pour la démocratie française (UDF) dès sa création, le 1er février 1978, pour soutenir le président de la République. La confortable avance au premier tour de Pierre Baudis, soutenu par le Premier ministre en personne, Raymond Barre, lors d’un meeting à Toulouse (43,28 % des suffrages exprimés contre 26,83 % pour Gérard Bapt), ne lui suffit cependant pas pour l’emporter au second tour en raison du très bon report des voix communistes sur le candidat socialiste vainqueur avec 51,14% des suffrages exprimés. Malgré le recul relatif de la majorité au niveau national et le fait qu’il soit le seul député de droite du département depuis 1973, la défaite de Pierre Baudis est une surprise. Neuvième sur la liste UDF conduite par Simone Veil aux élections européennes de juin 1979, celui-ci relance cependant sa carrière politique en entrant au Parlement européen. Le 1er janvier 1981, il quitte toutefois le groupe libéral pour le groupe du Parti populaire européen et prend, en juillet, la vice-présidence de l’association du Grand Sud-Ouest. Il ne se représente pas aux élections européennes de1984. Pierre Baudis cesse la même année ses fonctions de conseiller régional, qu’il occupait depuis le 1er octobre 1973. Enfin, un an plus tôt, en 1983, il décide de ne pas se représenter à la mairie de Toulouse, après un quart de siècle passé au Capitole, dont douze ans comme maire. Pierre Baudis prononce un discours d’adieu à la télévision régionale, et propose aux Toulousains de choisir à la fois « le renouvellement et la continuité » en plaçant son fils Dominique dans le fauteuil de maire. Le même jour, sur la même chaîne, le sénateur socialiste, André Méric, met en garde les Toulousains contre « les forces réactionnaires et les méfaits du capitalisme » représentés, selon lui, par « Baudis fils ». La gauche tente bien d’empêcher cette passation de pouvoir en opposant à Dominique Baudis, ancien présentateur vedette du journal du soir de TF1 puis de FR3, le député Gérard Bapt, mais en vain. Dominique Baudis est confortablement élu maire de Toulouse.

La carrière politique de Pierre Baudis ne finit pas pour autant. Aux élections législatives de mars 1986, en quatrième position sur la liste UDF-RPR (Rassemblement pour la République), Pierre Baudis est réélu en remplacement de son fils Dominique, démissionnaire en raison des règles sur le cumul des mandats, et tel est à nouveau le cas, après l’annulation le 8 juillet des résultats du département, à la suite de l’élection du 28 septembre. Pierre Baudis retrouve les deux fois le Palais-Bourbon où il s’apparente au groupe UDF. Il rejoint la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République le 5 avril 1986, puis la commission des affaires étrangères le 28 novembre 1986, jusqu’au terme de la législature, le 14 mai 1988. Ce court mandat n’est cependant marqué d’aucune intervention.

Pierre Baudis aura réussi à s’implanter dans un département ancré à gauche. D’un grand sens tactique, il a dépolitisé en quelque sorte les débats, le mandat de député et la fonction de maire en se faisant proche de ses administrés comme de ses électeurs, via l’aide sociale notamment et en portant indéniablement leurs préoccupations à l’Assemblée nationale. Les interventions du député portent très principalement sur les questions sociales et économiques, notamment celles des allocations versées au troisième âge, le logement, le problème des rapatriés d’Algérie ou bien l’aviation civile, avec Airbus et ses programmes. Enfin, cette dépolitisation relative, qui est en fait une absence d’idéologie rigide, s’illustre par le simple fait que Pierre Baudis ne fut jamais qu’apparenté aux majorités au pouvoir. Sa veine principale reste celle d’un centriste pragmatique, avec une certaine orientation démocrate-chrétienne.