Hafid Maloum
1914 - 1984
MALOUM (Hafid)
Né le 25 août 1914 à Michelet (Algérie)
Décédé le 28 octobre 1984 au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne)
Député de Bougie (Algérie) de 1958 à 1962
Hafid Maloum naît en 1914 dans la ville de Michelet, aujourd’hui nommée Aïn-El-Hammam, dans la région de Tizi-Ouzou à l’est d’Alger. Comme ses parents, il est de nationalité française mais ne jouit pas de l’ensemble des droits compris dans la citoyenneté républicaine. L’une des façons pour cette population d’améliorer sa condition sociale est le passage par l’école française : c’est celle que choisit Maloum, qui fait partie des rares colonisés à achever des études secondaires puis supérieures. Il obtient, à sa sortie de l’université, une licence de droit et devient avocat. Il se marie, à l’âge de vingt-cinq ans, avec une jeune « musulmane » d’Algérie de huit ans sa cadette. De leur union naîtront sept enfants.
L’entrée en politique de l’avocat algérien est précoce et remonte à l’entre-deux-guerres : dès 1937, alors qu’il n’a que vingt-trois ans, il est élu conseiller municipal de la ville d’Akbou, près de Bougie, siège qu’il conserve jusqu’à l’indépendance. En 1947, il devient le maire adjoint de cette commune. L’entrée dans la guerre d’Algérie, après les attentats simultanés de la Toussaint 1954, bouleverse irréversiblement le cadre politique des trois départements ultramarins. Le 13 mai 1958 en particulier marque une rupture majeure, qui a raison de la IVème République et ramène au pouvoir le général de Gaulle. Les manifestations de ce printemps-là voient la création puis la généralisation, en Algérie, des comités de salut public. L’un des actes marquants du nouveau pouvoir en place, pour le territoire algérien, consiste en l’organisation des élections législatives au mois de novembre 1958, plus de deux ans après leur ajournement sine die par le gouvernement Edgar Faure. Ces élections, si elles sont censées mettre le pays sur la voie d’une certaine normalisation, ne vont pas sans poser de nombreux problèmes liés au contexte dans lequel elles se déroulent. L’intervention de l’administration conjuguée à celle de l’armée crée en effet un environnement qui ne satisfait guère aux règles démocratiques. La constitution des listes électorales, la campagne, le scrutin sont marqués par l’exercice d’une pression importante des militaires sur la population, en faveur le plus souvent des listes proches des comités de salut public. Par ailleurs, l’ordonnance du 16 octobre 1958 relative à l’élection des députés des départements d’Algérie à l’Assemblée nationale introduit des changements importants dans le scrutin. Le principe du collège unique pour tous les électeurs, musulmans et européens, entre dans le droit. Le mode de scrutin de ces élections, ensuite, est propre aux circonscriptions algériennes : scrutin de liste majoritaire à un tour, il permet d’élire en une fois la liste arrivée en tête des suffrages. Chaque liste de candidats doit enfin « respecter une certaine proportion entre les citoyens de statut civil de droit commun et les citoyens de statut civil local, afin de permettre une juste représentation des diverses communautés ». Dans la dix-huitième circonscription d’Algérie, celle de Bougie dans le Constantinois, cette répartition est établie par l’ordonnance à un candidat de statut civil de droit commun et trois candidats de statut civil local ou Français musulmans d’Algérie. L’avocat algérien est de ces derniers.
Hafid Maloum présente sa candidature sur la Liste d’organisation des comités de salut public, dans la circonscription de Bougie. Les candidats se réclament ainsi explicitement de la voie ouverte, en Algérie, par les manifestations du 13 mai, qui a permis selon eux de mettre fin « à la politique d’abandon des gouvernements qui doutaient du destin de la France ». Ils revendiquent, par ailleurs, le caractère non partisan de leur candidature, et l’unique but qu’ils poursuivent : « Faire prévaloir l’idéal du 13 mai ». Le programme du général de Gaulle pour l’Algérie est le leur : industrialisation, modernisation agricole, scolarisation, émancipation de la femme algérienne. La profession de foi s’achève ainsi : « Vive la République ! Vive l’Algérie française ! Vive la France ! ».
Le 30 novembre 1958, la liste est élue avec 76% des suffrages exprimés, face à une unique liste concurrente dite « de Fraternité algérienne », alors que l’abstention est d’environ 46% des inscrits. Au Palais Bourbon, le représentant de la dix-huitième circonscription algérienne s’inscrit au groupe de la Formation administrative des élus d’Algérie et du Sahara (EAS), qui prend à partir du mois de juillet 1959 le nom de groupe de l’Unité de la République (UR). Il cesse d’appartenir à ce groupe au mois d’octobre 1959 et s’inscrit au groupe des Indépendants et paysans d’action sociale. L’avocat de Bougie appartient à la Commission des finances, de l’économie générale et du plan pendant quelques mois en 1959. Il participe ensuite aux travaux de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République (1959-1961) et de la Commission de la défense nationale et des forces armées (1961-1962). Par ailleurs, il est membre suppléant de la commission spéciale du règlement, et président de la commission spéciale chargée d’examiner la proposition de loi portant séparation du culte musulman et de l’Etat (1959) et siège également dans les commissions d’élus pour l’étude des questions algériennes (1960).
En dépit de son activité au sein de ces commissions, le parlementaire algérien reste un député discret : il n’intervient qu’à une seule reprise à la tribune au cours des quatre années que dure son mandat. Le 15 décembre 1959, il prend part à la discussion du projet de loi relatif à la promotion sociale en Algérie, et insiste sur la nécessité de veiller à la bonne application des mesures comprises dans le plan de Constantine. Le député de Bougie poursuit en outre son activité politique locale, en Algérie : en plus de son mandat de conseiller municipal, il entre au conseil général d’Akbou en 1959.
Les votes du député de Bougie témoigne, durant ces années, de l’érosion progressive de son soutien à la politique du général de Gaulle. Le 16 janvier 1959, il s’exprime en faveur du programme du gouvernement Debré. Le 15 octobre de la même année en revanche, il s’abstient volontairement lors du vote sur la déclaration de politique générale faite par le Premier ministre. Le 23 décembre 1959, il se prononce pour le projet de loi concernant l’enseignement privé. Puis le 2 février 1960, il s’abstient volontairement lors du vote du projet de loi sur les pouvoirs spéciaux du gouvernement. Enfin, le 27 avril 1962, il ne prend pas part au vote du programme du nouveau Premier ministre Georges Pompidou. Le 3 juillet 1962, le mandat de député français de Hafid Maloum s’achève, avec l’indépendance de l’Algérie. En ce jour, l’ordonnance relative au mandat des députés et sénateurs élus dans les départements algériens et sahariens y met un terme. Désormais installé en France, en région parisienne, il poursuit sa carrière de juriste, jusqu’à devenir en 1979 conseiller hors classe de tribunal administratif. Il s’éteint en région parisienne en 1984.