Bernard, Anatole Manceau
1904 - 1986
Né le 10 avril 1908 à Cholet (Maine-et-Loire)
Décédé le 28 août 1986 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
Député du Maine-et-Loire de 1951 à 1958
Fils d'Anatole Manceau, qui fut député Union républicaine du Maine-et-Loire de 1919 à 1924, puis sénateur à partir de 1925 et questeur du Sénat, Bernard Manceau est héritier de l'influence politique et de l'influence économique familiale dans la région de Cholet marquée par ses tendances conservatrices. Son père, négociant en fil à Cholet, a présidé en effet la Chambre de commerce de la ville et était secrétaire de l'Assemblée des présidents des Chambres de commerce de France. Bernard Manceau suit les cours de l'Ecole libre des sciences politiques, dont il sort diplômé en 1928, et ceux de la Faculté de droit de Paris où il obtient deux DES avec mention. Il est, en 1929, à vingt-et-un ans, le plus jeune docteur en droit de France. Sa thèse, préfacée par Louis Loucheur, porte sur le Crédit immobilier. A l'issue de ses études, il accomplit une année de service militaire. Avocat stagiaire à la cour de Paris, Bernard Manceau complète sa formation au début des années trente en accomplissant divers voyages d'études en Grande-Bretagne et en Espagne et en accomplissant des stages dans la presse, en France et à l'étranger.
Entré à la Compagnie d'assurance séquanaise, fin 1933, Bernard Manceau épouse le 1er juillet 1938 Denise Saint-Martin avec laquelle il a trois enfants. L'année suivante, il est mobilisé. Envoyé en mission économique à Londres au printemps 1940 (ministère du blocus), il est nommé secrétaire général du Comité permanent franco-britannique des assurances. Revenu en France, il devient président co-gérant des Etablissements Manceau et compagnie de Cholet, fournisseur de textile et de chaussures en 1943. La société a été fondée par son grand-père. A la Libération, il reprend du service en 1944, comme chargé de liaison avec l'armée américaine à Reims puis en Allemagne. Cette campagne lui vaut d'être nommé capitaine de réserve le 11 septembre 1945.
La guerre achevée, Bernard Manceau renforce sa position dans les milieux économiques et ceux de la communication avant de se lancer dans l'action politique. Désigné pour appartenir au conseil d'administration de L'Urbaine-capitalisation, il en devient administrateur de 1947 à 1951 ; il préside d'autre part la fédération française et la fédération mondiale de l'horlogerie, de 1949 à 1951. Dans la presse, il est nommé président directeur général de la Société anonyme La Touraine républicaine (SATR), société d'édition et d'imprimerie de presse qui compte alors environ 45 employés et publie le journal Centre-Éclair de Tours.
Bernard Manceau, dont le pouvoir n'a cessé de s'accroître en Touraine et plus particulièrement dans la région de Cholet, est désigné comme tête de liste de « l'union des Indépendants, paysans et Républicains nalionaux » du Maine-et-Loire, liste apparentée à la liste MRP conduite par Charles Barangé, pour les législatives du 17 juin 1951. Elle obtient 36 609 suffrages en moyenne, Manceau bénéficiant lui de plus de 1 500 suffrages personnels (38 268), sur 298 108 inscrits et 229 761 exprimés. Il est élu député du Maine-et-Loire et se voit désigné comme trésorier du groupe parlementaire des Indépendants-paysans de 1951 à 1955. Avec 27 688 suffrages personnels, soit plus de 10 000 de moins qu'au scrutin précédent, il est réélu député le 2 janvier 1956 sous la même appellation, sa liste étant placée sous l'égide nationale du Centre national des Indépendants, des paysans et d'Action républicaine et sociale. Un apparentement conclu avec le MRP, les Républicains sociaux et d'autres indépendants paysans emportant tous les sièges lui permet de sauver le sien en dépit de ce recul brutal. Durant les deux législatures, il est membre de la Commission de la presse, dont il assuma le secrétariat en 1951-1952 et en 1957-1958, et de la Commission de la production industrielle et de l'énergie. Ses dépôts et interventions concernent surtout les questions industrielles et la presse. Il se fait un défenseur des intérêts des industries textiles et de la chaussure et s'en prend violemment à la tribune au groupe de presse Amaury, à L'Humanité et à la Société nationale des entreprises de presse (SNEP).
Durant la législature 1951-1955, Bernard Manceau vote pour des politiques axées résolument à droite. Il vote pour le soutien à l'école privée, contribue à renverser le gouvernement Edgar Faure auquel il reproche les hausses d'impôts, et soutient la politique de fermeté en Indochine jusqu'à Dien-Bien-Phu et le gouvernement Laniel jusqu'au bout. Si, suivant la majorité de l'Assemblée, il se résigne à voter l'investiture de Pierre Mendès France le 17 juin 1954 et les accords de Genève, il se trouve très vite en désaccord avec le député de l'Eure et contribue à rejeter le traité de la Communauté européenne de défense en votant la question préalable du général Aumeran, puis refuse les accords de Londres et participe au renversement du gouvernement le 4 février 1955. Il défendit le second gouvernement Edgar Faure, manifestant toutefois sa réserve sur sa politique en Algérie et au Maroc.
Dans législature suivante, Bernard Manceau appartient en outre à la Commission des moyens de communication et du tourisme et est désigné comme suppléant de la Commission des immunités parlementaires. Opposant déterminé à la politique des gouvernements « Front républicain » contre lesquels il vote avec constance, il prononce de vigoureux discours contre les ingérences étrangères en Algérie et pour la défense de la présence française. En dépit de son anticommunisme convaincu, il fait une mission d'études en URSS en 1957. Se situant résolument à la droite de l'Assemblée, il refuse la confiance et les pouvoirs spéciaux aux gouvernements Mollet et Bourgès-Maunoury, les accorde exceptionnellement à Félix Gaillard, mais vote contre la ratification des traités instituant la Communauté économique européenne et l'Euratom et contre les projets de loi-cadre en Algérie. Absent pour maladie pendant la crise d'avril-mai 1958, il vote l'investiture du général de Gaulle le 1er juin, lui accorde les pleins pouvoirs et accepte la révision constitutionnelle.
Bernard Manceau se présente aux législatives de novembre 1958 dans la 5e circonscription du Maine-et-Loire (Cholet), mais subit un cruel revers. Arrivé en troisième position, derrière les candidats UNR et MRP au premier tour, avec 9 302 suffrages, il n'en conserve que 4 420 au second. Sa carrière politique nationale est désormais achevée. Mais il reste un homme d'influence et n'abandonne pas son combat politique. Conseiller du commerce extérieur en 1963, président fondateur du Club européen du Val-de-Loire, il fonde et dirige des périodiques à tonalité européistes dans lequel il se fait aussi le chantre des intérêts régionaux : L'Intérêt européen en 1963 et L'Intérêt de l'Anjou en 1966. À l'automne 1974, il tente, sans succès, de se faire élire au Sénat, comme « centriste indépendant, proche de la majorité présidentielle ». Son influence s'exerce désormais alors dans le domaine économique et financier. Il est membre de la chambre de commerce de Cholet, préside pendant un quart de siècle la Société de crédit immobilier de l'Anjou et la Fédération des sociétés de crédit immobilier de l'Ouest de la France, appartient à la Commission des comptes et des budgets économiques de la Nation et au conseil supérieur des HLM.
Bernard Manceau est l'auteur de plusieurs ouvrages et brochures sur des questions économiques et sociales.
Chevalier de la Légion d'honneur (1967), du Mérite agricole et du Mérite social, il est aussi officier de l'Ordre national du mérite, au titre de l'industrie et de la presse.
Bernard Manceau décède le 28 août 1986 à Neuilly-sur-Seine.