Robert Manceau
1913 - 2003
Né le 12 février 1913 à Saint-Jamme-sur-Sarthe (Sarthe)
Décédé le 28 décembre 2003 au Mans (Sarthe)
Membre de la seconde Assemblée nationale constituante (Sarthe)
Député de la Sarthe de 1946 à 1958
Robert Manceau est issu d'une famille ouvrière comprenant huit enfants. Son père, après avoir exercé dans une fonderie, était ajusteur aux chemins de fer dans la Sarthe et sa mère couturière. Il suit professionnellement les traces de son père. Elève à l'école primaire de Pontlieue et au cours complémentaire, après avoir obtenu son certificat d'études primaires, il suit trois années de formation technique à l'école d'apprentissage des chemins de fer de 1926 à 1929. Reçu premier du département à l'examen du CAP d'ajusteur, en 1929 il obtient la médaille d'or au Concours Lépine la même année pour l'invention d'une pièce d'ajustage. Tout d'abord ouvrier au dépôt du Mans de la compagnie de Chemin de fer de l'Ouest, jusqu'en 1934, il accomplit son service militaire dans le sous-marin Le Centaure durant quinze mois, en 1934-1935. Revenu à la vie civile, il exerce de 1935 à 1939 comme ajusteur au dépôt d'Argentan puis aux ateliers SNCF du Mans. Sportif, Robert Manceau pratique la boxe et la course cycliste. Marié au Mans, le 3 janvier 1936, avec Jeanne Brout, vendeuse, il est père de trois enfants, deux fils et une fille.
Robert Manceau, militant syndical, appartient au bureau du syndicat CGT des cheminots depuis 1934. Après la réunification de la CGT et de la CGTU début 1936, il est désigné comme secrétaire général du syndicat CGT des cheminots d'Argentan. Il a adhéré au Parti communiste en 1935. Il est déplacé d'Argentan au Mans après les accords de Munich pour avoir entraîné les cheminots dans une manifestation.
Mobilisé comme ouvrier militaire affecté spécial à l'arsenal de Brest de 1939 à 1941, il reprend son emploi au Mans de 1941 à 1946. Il milite dans l'illégalité pendant l'occupation.
A la Libération, Robert Manceau, porté par le succès du PCF, devient un des hommes politiques clé de la Sarthe. Membre du bureau du syndicat des cheminots, secrétaire de la Fédération communiste, il est présenté comme tête de liste par le PCF pour l'élection de la deuxième Assemblée nationale constituante en juin 1946. En octobre précédent, la liste communiste à la première Constituante conduite par Georges Bareau a obtenu 21 295 suffrages sur 247 852 inscrits, ce qui l'avait placée en quatrième position sur le plan départemental et lui avait fait rater un siège de peu. Le 2 juin 1946, la liste du PCF conduite par Robert Manceau gagne 9 000 voix, passe en troisième position, avec 30 291 suffrages sur 248 260 inscrits. Robert Manceau est élu député communiste du département et le demeure durant toute la IVe République. Il est réélu à la première législature, le 10 novembre 1946 (34 046 suffrages sur 249 065 inscrits), puis le 17 juin 1951 (33 086 suffrages sur 242 962 inscrits) et le 2 janvier 1956 (40 723 suffrages sur 256 557 inscrits). Directeur des journaux de la Fédération communiste sarthoise, L'Aurore Sarthoise puis Sarthe Nouvelle, Robert Manceau abandonne, après son élection au Parlement, ses fonctions de secrétaire fédéral, mais continue à siéger au bureau fédéral du parti.
Durant douze ans, Robert Manceau siège à la Commission de la défense nationale. Discret durant la première année, il mène à partir de 1947 une véritable guérilla parlementaire contre les dépenses du ministère. Il dépose de nombreuses propositions de loi et de très nombreux amendements lors des discussions budgétaires, intervient fréquemment à la tribune pour réclamer des diminutions de dépenses et des effectifs dans les armées, la baisse des soldes des officiers. En revanche, il se prononce pour l'amélioration du sort des soldats, des anciens combattants et la défense des arsenaux. Il se montre aussi un farouche opposant à la Communauté européenne de défense (CED) et de l'Alliance atlantique.
Dans la seconde Assemblée nationale constituante, il appartient aussi à la Commission des moyens de communication et à celle des postes, télégraphes et téléphones. Lors de la première législature de la IVe République, il est désigné pour siéger dans une commission d'enquête et à la Haute Cour de justice.
Durant les deuxième et troisième législatures (1951-1958), il élargit son champ d'intervention en étant nommé à la Commission des territoires d'outre-mer. Il est secrétaire de celle-ci durant deux ans en 1953-1954. Il s'y montre aussi pugnace qu'à la Commission de la défense nationale, farouche adversaire de la ségrégation raciale et du colonialisme, il dénonce l'injustice du double collège et la guerre d'Indochine. Il entre par ailleurs à la Commission de l'agriculture en 1955 et se montre actif et virulent dans la Commission d'enquête sur le trafic des piastres indochinoises à laquelle a été nommé le 16 juillet 1953. Durant toute la période Robert Manceau dépose d'autres propositions de loi ou de résolution et fait des interventions publiques concernant notamment les questions agricoles et la SNCF, principalement dans la région de l'Ouest.
Robert Manceau, demande en 1953 les moyens de favoriser l'écoulement des pommes à cidre par la levée des taxes et droit de régie et la libération de contingent d'alcool supplémentaire. Il défend les bouilleurs de cru et se fait remarquer lors du vote de la loi limitant leurs privilèges déposée par le ministère Mendès France. Le 25 novembre 1954, il se fait le défenseur du « petit verre d'alcool dans le café du matin » des travailleurs et dépose un amendement visant à l'annulation du décret du 13 novembre.
L'actif parlementaire est désigné comme secrétaire de l'Assemblée nationale à partir du 25 janvier 1956 et reconduit régulièrement jusqu'à la chute de la IVe République. A la suite des événements de mai 1958, il refuse la confiance au général de Gaulle le 1er juin 1958, les pleins pouvoirs et le projet de loi relatif à la révision constitutionnelle le lendemain.
Aux législatives de novembre 1958, il est présenté par le PCF dans la deuxième circonscription de la Sarthe. Il rassemble 11 141 suffrages au premier tour et 11 593 au second, sur 57 275 inscrits et 43 176 exprimés. Il est battu par le socialiste indépendant Fernand Poignant qui l'emporte dans une triangulaire avec 17 166 suffrages (contre 14 417 au candidat UNR).
Robert Manceau conserve ses mandats locaux, ayant été élu conseiller municipal du Mans en octobre 1947 (réélu en 1953) et conseiller général du 3e canton du Mans le 24 avril 1955. Il siège par ailleurs dans cette période au conseil d'administration de l'OPHLM du Mans comme représentant des locataires.
Sa carrière parlementaire se poursuivra durant la Ve République.