Alfred Margaine
1870 - 1953
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 18 janvier 1870 à Sainte-Menehould (Marne).
Député de la Marne de 1910 à 1942. Sous-secrétaire d'Etat à la Guerre du 10 au 13 juin 1914. Sous-secrétaire d'Etat aux Travaux publics du 3 juin au 14 décembre 1932.
Alfred Margaine - fils d'un homme politique qui fut représentant à l'Assemblée nationale en 1871, député de Sainte-Menehould de 1876 à 1888, puis sénateur de la Marne - est ingénieur en chef des Ponts et Chaussées lorsqu'il se présente pour la première fois aux élections législatives dans la circonscription qu'avait autrefois représentée son père. Il y est élu dès le premier tour, en remplacement de P. Bertrand qui ne s'est pas représenté, par 3.861 voix contre 2.930 à son principal adversaire sur un total de 7.874 électeurs inscrits.
Membre du groupe radical-socialiste, auquel il restera fidèle durant toute sa longue carrière politique, il siège au cours de la législature 1910-1914 aux commissions des travaux publics et des chemins de fer.
C'est d'ailleurs aux problèmes des chemins de fer, notamment à celui des voies d'intérêt local, qu'il consacre une grande partie de son activité législative, mais il interpelle également le gouvernement sur l'affaire de l'Ouenza en 1913.
Aux élections avril mai 1914, il ne retrouve son siège qu'au second tour de scrutin : 3.320 électeurs lui accordent leur confiance (3.149 à son concurrent) sur 7.751 inscrits et 6.528 votants, alors qu'il n'avait recueilli que 2.418 voix au premier tour. Désormais, et jusqu'à la fin de sa carrière de parlementaire, il devra attendre le second tour de scrutin pour être élu.
Il fait partie, comme précédemment, de la commission des chemins de fer, mais il siège également à celle des affaires extérieures. Dans cette nouvelle législature, les problèmes concernant les réseaux de transport d'énergie électrique, les concessions pétrolières en Algérie sont, avec ceux relatifs aux chemins de fer et à la situation des cheminots, au premier plan de ses préoccupations. Cette législature le vit faire un très bref passage au gouvernement : il est pendant trois jours sous-secrétaire d'Etat à la Guerre, dans le 4e cabinet Ribot, qui tombe quelques jours après sa formation.
En 1919, le mode de scrutin ayant été modifié, c'est comme membre de la liste d'union républicaine de la fédération des groupes de gauche de la Marne qu'il sollicite les suffrages des électeurs de la Marne. Sa formation obtient 4 sièges, contre 2 à la liste d'entente républicaine qui soutient les thèses de la majorité « bleu horizon ». Sur 112.334 électeurs inscrits et 69.475 votants, 27.631 lui ont accordé leur suffrage.
Siégeant toujours sur les bancs du groupe radical, il appartient aux commissions des affaires étrangères et d'Alsace-Lorraine. Les problèmes de politique étrangère absorbent l'essentiel de son activité parlementaire. Il est notamment le rapporteur des projets de loi autorisant la ratification du traité de Saint-Germain et de plusieurs accords conclus avec les états danubiens, successeurs de l'Autriche-Hongrie, ainsi que de la convention internationale relative au statut du Danube. Il réclame également, en 1924, la reconnaissance rapide du gouvernement des Soviets.
Réélu aux élections générales du 11 mai 1924, sur la liste d'union des gauches de la Marne, qui obtient, avec une moyenne de 36.583 suffrages sur 103.103 inscrits et 87.763 votants, 4 sièges contre 2 seulement à la liste de l'alliance républicaine, il siège à la commission des affaires étrangères et à celles des régions libérées.
Au cours de cette législature, il traite principalement des questions pétrolières : c'est ainsi qu'il réclame l'institution d'un monopole des importations et souhaite que soit encouragé le raffinage en métropole. Il est aussi, en 1927, le rapporteur du projet de loi portant régime pétrolier. Dans le domaine économique et financier, il dénonce la constitution d'un trust de la fonte et de l'acier et il interpelle le gouvernement sur l'application du plan Dawes.
Il n'en oublie pas pour autant les problèmes agricoles et, à plusieurs reprises, appelle l'attention du gouvernement sur la nécessité d'organiser le marché des céréales.
Enfin, il est le rapporteur de plusieurs projets de ratification de conventions élaborées par la conférence internationale du travail.
En 1928, avec le retour au scrutin d'arrondissement, il se présente dans la circonscription de Châlons-sur-Marne. Il y est élu le 29 avril avec 10.096 voix, contre 7.516 à son concurrent, sur 21.104 inscrits et 18.212 votants, après avoir obtenu 7.819 suffrages au premier tour. Il siège de nouveau à la commission des affaires étrangères mais également à celle de l'aéronautique.
Au cours de cette législature, les questions agricoles tiennent une grande place dans son activité de député.
En politique étrangère, il dénonce la constitution d'une coalition financière et industrielle germano-américaine.
Dans le domaine de la politique pétrolière, il participe à la discussion du projet approuvant la convention passée entre l'Etat et la Compagnie française des pétroles.
Aux élections générales de 1932, il conserve son siège au second tour, le 8 mai, en obtenant 11.247 suffrages contre 6.049 à son principal adversaire, sur 21.158 inscrits et 17.741 votants, après avoir recueilli 8.633 suffrages au tour précédent.
Membre des commissions des affaires étrangères, de l'armée et de la marine militaire, il intervient dans des débats concernant certains projets économiques. Mais c'est surtout vers l'extérieur que sont tournés ses regards. Il interpelle le gouvernement sur la situation diplomatique de la France et les problèmes agricoles continuent à retenir son intérêt.
Mais c'est surtout la législature 1932-1936 qui fut pour lui l'occasion d'appartenir au gouvernement : il fut, en effet, sous-secrétaire d'Etat aux Travaux publics du 3 juin au 14 décembre 1932, dans le 4e cabinet Herriot, constitué avec la victoire du cartel des gauches.
Il est réélu une dernière fois aux élections générales de 1936, toujours au second tour, par 9.515 voix contre 8.462 à son adversaire, 21.631 électeurs étant inscrits et 18.330 ayant participé au scrutin (il n'avait obtenu que 6.022 suffrages au premier tour).
Il appartient de nouveau aux commissions des affaires étrangères et de la marine militaire. Mais, aussi, à celle du règlement, au nom de laquelle il soutient plusieurs rapports qui tendent, notamment, à améliorer la qualité du travail parlementaire.
Ses autres interventions à la tribune du Palais Bourbon concernent essentiellement la politique extérieure. C'est notamment à la recherche des causes de la seconde guerre mondiale qu'il consacrera son dernier discours, lors du Comité secret du 19 mars 1940.
Mais, ce qui marque sans doute le plus sa dernière législature, c'est la courageuse position qu'il prit en 1940 à Vichy, lors de la réunion de l'Assemblée nationale : il fut en effet l'un des 80 parlementaires qui refusèrent d'accorder au maréchal Pétain les pleins pouvoirs.
Alfred Margaine, qui était conseiller général de la Marne, fut décoré de la Légion d'honneur à titre militaire le 28 avril 1915.
Né le 18 janvier 1870 à Sainte-Ménehould (Marne)
Décédé le 17 avril 1953 à Rochecorbon (Indre-et-Loire)
Député de la Marne de 1910 à 1942
Sous-secrétaire d'Etat à la guerre du 10 au 13 juin 1914
Sous-secrétaire d'Etat aux travaux publics du 3 juin au 14 décembre 1932
(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, Tome VII, p. 2367 à 2369)
Retiré de la vie politique depuis l'été 1940, Alfred Margaine a la douleur de perdre son fils unique, Jean, résistant, déporté et mort en camp de concentration. Après la guerre, il réside en Touraine, pays d'origine de son épouse, qui disparaît en 1947. Il s'éteint à Rochecorbon, le 17 avril 1953, à l'âge de 83 ans.