Paul Maridet
1901 - 1982
MARIDET (Paul, Marie, Joseph, Eugène)
Né le 9 juin 1901 à Saint-Germain-des-Fossés (Allier)
Décédé le 20 septembre 1982 à Yzeure (Allier)
Député de l’Allier de 1958 à 1962
Paul Maridet naît non loin de Vichy, au début du XXème siècle. Ses parents exercent la profession de pharmaciens. Après avoir fait de brillantes études secondaires à Moulins, Paul Maridet étudie la médecine à Clermont-Ferrand. Il effectue son internat dans les hôpitaux de cette ville entre 1923 et 1926, puis soutient son doctorat à la faculté de médecine de Paris. Il s’installe en 1928 comme médecin généraliste à Yzeure, dans son département natal. Mobilisé comme médecin en 1939, il est fait prisonnier au cours de la campagne de France et passe quatre années en captivité. Il reprend ses activités médicales à la Libération et entre tardivement en politique. Elu maire d’Yzeure à la fin des années 1940, il se présente en 1955 à l’élection partielle organisée dans le canton de Moulins-Est après le décès du conseiller général sortant. Il figure en 3ème position sur la liste de « Coalition républicaine » emmenée par Pierre Coulon, député-maire de Vichy, à l’occasion des élections législatives du 2 janvier 1956 dans l’Allier. Cette liste, soutenue par le Centre national des indépendants et paysans (CNIP), les dissidents gaullistes de l’Action républicaine et sociale (ARS) et le Mouvement républicain populaire (MRP) obtient 16,4% des voix en moyenne, contre 34,1% pour les communistes et 21,9% pour la SFIO. Ce résultat permet au seul Pierre Coulon de siéger à l’Assemblée nationale sous la dernière législature de la IVème République.
Le maire d’Yzeure se montre favorable au retour au pouvoir du général de Gaulle et aux institutions de la Vème République. Il se porte candidat dans la 1ère circonscription de l’Allier pour les législatives de novembre 1958. Investi par le Centre national des indépendants et paysans, il se dit « écœuré par la lutte et la dislocation des partis sans cesse occupés à de ténébreuses tractations qui plongent la Nation dans l’anarchie et les difficultés » et « ennemi de toute dictature de parti » dans sa profession de foi électorale. Le tableau qu’il y dresse de l’état de la France est assez pessimiste : « pauvre en énergie », le pays compte « beaucoup de vieillards improductifs », souffre d’ « une inflation plus ou moins déguisée » ainsi que de la faiblesse de « ses réserves d’or et de change ». Les solutions sont à trouver, selon lui, dans « un ensemble européen » intégré et « une solidarité Europe-Afrique » qui seules permettraient à la France de « couvrir ses besoins ». Il souligne que « sans la paix et la concorde à Alger aucun renouveau ne peut être esquissé » mais ne prend pas d’engagement plus précis sur ce dossier. Les communistes sont représentés dans cette circonscription par André Puyet et la SFIO par le député sortant Gilles Gozard. Les voix modérées sont contestées à Paul Maridet par René Boyer, conseiller général et adjoint au maire de Moulins. Ce dernier se réclame du MRP, mais reçoit le soutien de l’UNR. Paul Maridet arrive en tête du premier tour, le 23 novembre 1958. Il rassemble en effet 25,1% des suffrages exprimés, mais ne devance ses adversaires de gauche que dans les deux cantons de Moulins (Moulins-Est et Moulins-Ouest). En l’absence d’accord de désistement, Gilles Gozard et André Puyet, que quelques poignées de voix seulement séparent (le socialiste obtient 23,1% des voix, contre 22,9% pour le candidat communiste), se maintiennent au second tour. Cette triangulaire favorise l’élection de Paul Maridet comme député de l’Allier. Elle est acquise le 30 novembre 1958, grâce au soutien de 50,2% des électeurs.
Soutenu par le CNIP pendant la campagne électorale, le député du Bourbonnais ne rejoint pourtant pas le groupe des Indépendants et paysans d’action sociale (IPAS) à l’Assemblée nationale. Il s’apparente en effet au groupe de l’Union pour la Nouvelle République (UNR), bien qu’il ne se soit pas référé au général de Gaulle dans sa profession de foi. Il siège à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales mais ne prend pas la parole en séance publique sous la première législature. Paul Maridet appartient à la majorité entre 1959 et 1962. Il approuve le programme du gouvernement de Michel Debré, ainsi que le projet de règlement définitif de l’Assemblée nationale (3 juin 1959) et la déclaration de politique générale du Premier ministre (15 octobre 1959). Elu d’un département où la pétition laïque du Comité national d’action laïque (CNAL) devait recueillir de très nombreux soutiens, Paul Maridet s’abstient volontairement lors de l’examen de la loi Debré sur le financement de l’enseignement privé (23 décembre 1959). Il accorde les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades (2 février 1960), soutient le programme du gouvernement de Georges Pompidou (27 avril 1962), consent à la levée de l’immunité parlementaire de l’ancien président du Conseil Georges Bidault (5 juillet 1962) et ne s’associe pas à la motion de censure du 4 octobre 1962.
Les électeurs de l’Allier rejettent à 50,8% l’élection du président de la République au suffrage universel lors du référendum du 28 octobre 1962. Paul Maridet, qui reçoit l’investiture de l’UNR pour les élections législatives de novembre 1962, ne se trouve donc pas en position très favorable à la veille du scrutin. Il affronte l’ancien sénateur communiste Marcel Guyot et est concurrencé par le Républicain indépendant Jacques Pligot, maire de Moulins. La candidature de Robert Marjolin, haut fonctionnaire, vice-président de la Commission de la Communauté économique européenne, au nom de la SFIO, attire un temps l’attention des observateurs sur la première circonscription de l’Allier. Le communiste Marcel Guyot y arrive en tête le 18 novembre 1962 (27,8%), suivi du sortant Paul Maridet (24,3%), de Jacques Pligot (21,7%) et de Robert Marjolin (15,98%). Le candidat Républicain indépendant refuse de se retirer au second tour en faveur de Paul Maridet : cette lutte fratricide à droite permet à Marcel Guyot, fort du soutien de 44,4% des électeurs, d’être élu député de l’Allier le 25 novembre 1958.
Paul Maridet conserve son mandat de maire d’Yzeure jusqu’en 1971 et siège au Conseil général de l’Allier en qualité de représentant du canton de Moulins-Est jusqu’à la fin des années 1960. Il tente de reconquérir un siège de député au moment des élections législatives de mars 1967. Au premier tour, la situation ne diffère guère du scrutin organisé cinq ans plus tôt. Marcel Guyot, député sortant, est le favori des électeurs (32,3% des suffrages exprimés) devant Paul Maridet, soutenu par le Comité d’Action pour la Vème République (27,7%), un autre modéré, l’entrepreneur Jean Cluzel (24,5%) et le candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, en l’espèce le conseiller référendaire à la Cour des comptes Pierre Lavau (15,5%). Paul Maridet l’emporte dans les cantons de Chevagnes (28,61%) et de Moulins-Est (31,63%). Seul face au communiste Marcel Guyot au second tour, l’ancien député est battu. Il n’obtient en effet que 48,3% des suffrages exprimés le 13 mars 1967, soit 19 529 voix contre 20 867 à son adversaire.
Un an plus tard, après les événements de mai 1968 et la dissolution de l’Assemblée nationale, le maire d’Yzeure soutient très activement le candidat de l’UDR dans la première circonscription de l’Allier : il s’agit désormais d’Hector Rolland, qui est élu député le 30 juin 1968, puis réélu en mars 1973.
Retiré de la vie publique, Paul Maridet décède à l’âge de 81 ans. Il était chevalier de la Légion d’honneur.