Bernard Marie
1918 - 2015
MARIE (Bernard, Raoul, Lucien)
Né le 17 juin 1918 à Toulouse (Haute-Garonne)
Décédé le 10 février 2015 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)
Député des Basses-Pyrénées, puis des Pyrénées-Atlantiques de 1967 à 1981
Né à Toulouse le 17 juin 1918, Bernard Marie fut élève au lycée de Bayonne avant d'obtenir une licence en droit. C'est à cette époque qu'il se passionne pour le rugby. Un temps joueur au Biarritz olympique, il se tourne vers l'arbitrage. Arbitre international de rugby de 1955 à 1968, il préside la commission technique de la Fédération internationale de rugby à partir de 1963 et devient le premier Français à arbitrer un match du tournoi des Cinq Nations, en mars 1965. En parallèle, Bernard Marie mène une carrière professionnelle à la Banque de France. Entré en 1942, comme rédacteur, il est professeur d'économie politique et de droit commercial au Centre d'enseignement bancaire à partir de 1948 et chef de service du contentieux à partir de 1961. Il est élu par le personnel au comité d'entreprise de la Banque de France de 1948 à 1967. Son destin politique se noue lorsque deux ministres du général de Gaulle, Christian Fouchet et Roger Frey, également amateurs de rugby, le sollicitent pour les élections législatives de 1967, le sachant gaulliste depuis son engagement dans la Résistance.
Bernard Marie se présente le 5 mars 1967 dans la quatrième circonscription des Basses-Pyrénées, celle de Bayonne, Biarritz et Saint-Jean-de-Luz, face à trois candidats de poids : le député-maire de Bayonne, Henri Grenet, appartenant au Rassemblement démocratique des radicaux et divers gauche et soutenu par le Centre démocrate, Jean-Marie Poletti, qui représente la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS) et le candidat du Parti communiste français (PCF) René Labrousse. Dans sa profession de foi, il « s'engage à consacrer tout son temps à la défense des intérêts de la France et du Pays Basque », car il est « sans obligations municipales ou cantonales » et « libéré de ses fonctions de direction à la Banque de France ». Il arrive en tête du premier tour avec 25 696 voix, soit 37,3 % des suffrages exprimés, contre 22 006 voix à Henri Grenet, 9 090 au candidat de la FGDS Jean-Marie Poletti et 8 996 voix au communiste René Labrousse. Le 12 mars, au second tour, en recueillant 32 383 voix soit 46,3 % des suffrages exprimés, il remporte la triangulaire qui l’oppose au député sortant, qui obtient 28 575 voix, et au communiste René Labrousse, qui n’augmente son score du premier tour que de 43 suffrages, avec 9 039 voix.
Au Palais-Bourbon, Bernard Marie s'inscrit au groupe de l'Union démocratique pour la Ve République. Il siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales.
Il est également membre de la commission spéciale constituée pour l’examen de la proposition de loi organique visant à compléter et préciser l’article 34 de la Constitution (20 décembre 1967), de celle constituée sur la proposition de Roland Dumas ayant un même objet (2 avril 1968), et de celle constituée pour l’examen de la proposition de loi d’Henri Fréville tendant à assurer l’objectivité de l’ORTF. Il préside la commission spéciale constituée le 25 avril 1968 pour examiner la proposition de résolution tendant à créer une commission d’enquête sur l’agence des biens créée par la loi de 1961 relative à l’accueil et la réinstallation des Français d’outre-mer. Il est rapporteur, au nom de la commission des affaires culturelles, du projet de loi règlementant la profession d’éducateur sportif en mai 1967 et des propositions de loi tendant à proroger de cinq ans l’application de certaines dispositions du code des pensions civiles et militaires de retraite, le 15 novembre suivant. Il présente pour sa part une proposition de loi relative à l'alimentation de la banque du sang, le 19 décembre 1967.
Bernard Marie prend part aux débats qui suivent les déclarations du gouvernement relatives aux problèmes de la jeunesse (24 mai 1967) et à l’Education nationale (31 mai 1967), ainsi qu’à la politique économique et financière (29 juin 1967). Il intervient également sur le budget de la jeunesse et des sports pour 1968. Au cours de cette troisième législature, le député gaulliste ne vote pas les motions de censure déposées par l’opposition, notamment celle du 21 mai 1968.
Aux élections législatives de 1968, consécutives aux événements de mai, Bernard Marie recueille 34 872 voix soit 49,87 % des suffrages exprimés au premier tour. Il devance André Graciannette, professeur investi par la FGDS (17 197 voix), et le centriste Didier Borotra (10 968 voix). Il est réélu député au second tour par 38 071 voix, soit 57,5 % des suffrages exprimés.
Il retrouve le groupe parlementaire de l'Union des démocrates pour la République (UDR), dont il est membre du bureau jusqu'en avril 1969. Secrétaire de l'Assemblée nationale de juillet 1968 à avril 1969 et d'avril 1970 à avril 1971, il est également secrétaire de la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration de la République d'avril 1969 à avril 1970 et d'avril 1972 à mars 1973. Il préside la commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi relatif à l'indemnisation des Français dépossédés de biens situés dans un territoire antérieurement placé sous la souveraineté, le protectorat ou la tutelle de la France. Par ailleurs, il est désigné secrétaire du groupe des députés sportifs en octobre 1968.
Bernard Marie présente de nouveau sa proposition de loi relative à l'alimentation de la banque du sang (19 juillet 1968). Il dépose également une proposition de résolution tendant à créer une commission d’enquête sur la politique générale, la distribution et le coût du crédit.
Durant la législature, Bernard Marie s’affirme comme l’un des membres clefs de la commission des lois. Il est rapporteur : du projet de loi en faveur des Français rapatriés et des propositions de loi ayant un objet connexe ou similaire ; du projet de loi instituant des mesures de protection juridique en leur faveur, en octobre 1969 ; du projet de loi sur les sociétés civiles faisant publiquement appel à l’épargne en novembre 1970 ; du projet de loi relatif aux entreprises de crédit différé, en juin 1971 ; du projet de loi relatif à la prévention et à la répression des infractions en matière de chèques, en octobre 1971 ; du projet de loi sur le démarchage financier et les opérations de placement et d’assurance, en novembre 1971 ; de la proposition de résolution tendant à créer une commission d’enquête sur le fonctionnement des sociétés civiles de placement immobilier, en octobre 1971 ; et rapporteur pour avis du projet de loi de finances pour 1973 sur les crédits de la Justice.
Bernard Marie est aussi un orateur de référence sur les questions économiques et financières, en particulier lors de l’examen du projet de loi portant diverses dispositions d’ordre économique et financier, en novembre 1968, où il analyse la crise des changes, et sur le projet de loi portant diverses dispositions d’ordre fiscal en septembre 1969. Il intervient également sur le projet de loi portant création du SMIC en décembre 1969 et sur la préparation du VIe Plan en juin 1970, anticipant l’accroissement des relations avec l’Espagne.
Il prend part à de nombreux débats, sur le budget de la jeunesse et des sports, sur celui des affaires sociales, sur les mesures en faveur des handicapés, sur les deux projets de loi intéressant les professions artisanales (assurance vieillesse, travail clandestin) ou encore sur l'actionnariat du personnel dans les banques nationales et les entreprises nationales d'assurances. Au cours de la quatrième législature, il soutient le gouvernement, comme membre de la majorité, et se prononce notamment en faveur du projet de loi d’orientation de l’enseignement supérieur (10 octobre 1968), puis s'abstient volontairement lors du scrutin sur le projet de loi relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises (4 décembre 1968). Il vote pour le projet de loi « anti-casseurs » tendant à réprimer certaines formes nouvelles de délinquance (4 juin 1970), approuve le projet de loi relatif au service national (10 juin 1970), ainsi que le projet de loi organique modifiant l’ordonnance du 24 octobre 1958 relative aux incompatibilités parlementaires (25 novembre 1971). Il vote pour le texte portant création et organisation des régions (27 avril 1972). Bernard Marie approuve également les déclarations de politique générale du gouvernement des 15 octobre 1970 et 24 mai 1972, ainsi que le projet de loi tendant à renforcer la garantie des droits individuels des citoyens (28 mai 1970).
Candidat malheureux aux élections cantonales de mars 1970, dans le canton de Bayonne nord-ouest, où il est battu par le centriste Victor Mendiboure, qui sera maire d'Anglet de 1971 à 1992, Bernard Marie se représente aux élections législatives de 1973. Il obtient 25 056 voix, soit 33,06 % des suffrages exprimés, au premier tour, Didier Borotra, le candidat du Mouvement réformateur, 15 472 voix, le socialiste Jean-Pierre Destrade 14 706 voix, le candidat communiste 11 575 voix et le candidat Républicain indépendant-Union des républicains de progrès (RI-URP) 7 122 voix. Bernard Marie remporte la triangulaire du second tour en obtenant 35 352 voix, soit 45,6 % des suffrages exprimés, contre ses adversaires socialiste (29 097 voix ; 37,6 %) et réformateur (12 976 ; 16,8 %). Le député siège dès lors au conseil régional d'Aquitaine, également.
Bernard Marie est secrétaire de l'Assemblée nationale d'avril 1973 à avril 1974, puis vice-président du groupe parlementaire UDR, devenu Rassemblement pour la République (RPR) en décembre 1976, à partir de décembre 1974. Par ailleurs, il siège au comité central de la formation gaulliste de décembre 1971 à décembre 1976.
Il est d’abord membre de la commission des lois, puis rejoint la commission des finances, de l'économie générale et du Plan en juillet 1974. Il est membre de la commission d’enquête sur les pratiques des sociétés pétrolières en France, constituée en juin 1974. Il est aussi nommé membre du Conseil supérieur de l'électricité et du gaz en novembre 1973, de la Commission supérieure des caisses d'épargne en octobre 1974, ainsi que du conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche, en juillet 1976.
Au titre de la commission des lois, il est, en juin 1973, rapporteur : de la proposition de loi tendant à accorder un nouveau délai aux sociétés constituées avant la loi de 1966 pour se transformer ou augmenter leur capital ; de la proposition de loi relative à l’ouverture d’options de souscription ou d’achats d’actions au bénéfice du personnel des sociétés ; de la proposition de loi sur le renforcement des peines applicables aux trafiquants de drogue, puis de la proposition de loi sur la répression de l’usage de stimulants ou de tranquillisants dans les compétitions hippiques ; de la proposition de loi relative à l’obligation d’équiper d’un antivol les véhicules de tourisme ; de la proposition de loi relative aux contrats d’assurance et de celle organisant la publicité de l’acceptation par les parlementaires de certaines fonctions en cours de mandat, en juin de l’année suivante. Il est également rapporteur pour avis des crédits de la Justice pour le projet de loi de finances pour 1974 et rapporteur spécial de la commission des finances pour le budget des universités.
En séance, il prend régulièrement part à la discussion du budget de la jeunesse et des sports et intervient dans plus de cinquante débats, dont celui sur le projet de loi d'amnistie, ceux sur plusieurs textes relatifs à la sécurité sociale et celui sur le projet de loi sur l'informatique et les libertés. Pendant toute la législature, il est vice-président du groupe de « réflexions et de propositions » constitué au sein du groupe parlementaire de l'UDR et président des groupes d'amitié France-Nouvelle Zélande et France-Venezuela.
Lors de cette législature, il soutient la réduction du mandat présidentiel à cinq ans, le 16 octobre 1973, projet qui n’aboutira pas, mais ne prend pas part au vote sur l'extension de la saisine du Conseil constitutionnel, le 10 octobre 1974. Il approuve la déclaration de politique générale du Premier ministre Pierre Messmer le 12 avril 1973, apporte son soutien à Jacques Chirac, premier chef de gouvernement de Valéry Giscard d'Estaing, le 6 juin 1974, puis à Raymond Barre, le 28 avril 1977. Sur les questions de société, le député gaulliste vote contre le projet de loi Veil sur l’IVG (28 novembre 1974) mais approuve le divorce par consentement mutuel (4 juin 1975). Enfin, il vote pour le projet de loi relatif à l’élection des représentants à l’Assemblée des communautés européennes (21 juin 1977).
En 1977, le député RPR est élu maire de Biarritz. Il succède ainsi au sénateur Guy Petit (1959-1983), ancien député (1946-1958) et ancien secrétaire d'Etat (1952-1953).
Aux élections législatives de 1978, Bernard Marie (RPR) est réélu dès le premier tour, le 12 mars, avec 47 623 voix, et 51,5 % des suffrages exprimés, contre 23 540 voix au socialiste Jean-Pierre Destrade (25,5 %) et 14 945 voix à l'instituteur communiste Henri Lagarde (16,8 %), ses deux principaux concurrents. Pour cette VIe législature, la suppléante de Bernard Marie est sa fille, Michèle (qui a épousé Michel Alliot en 1971), future députée et future ministre. Dès novembre 1978, le député-maire de Biarritz entre au comité directeur de l'Association des maires de France.
Au Palais-Bourbon, il est membre du groupe RPR et siège à la commission des finances, de l'économie générale et du Plan, dont il est rapporteur spécial pour la jeunesse et les sports. Il est également membre de la commission d’enquête constituée à la suite de la catastrophe du pétrolier Amoco Cadiz, en mai 1978, et de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi créant une distribution d’actions en faveur des salariés, en juin 1980.
Auteur d'une proposition de loi portant amnistie (7 juin 1978), le député-maire de Biarritz est toujours très actif en séance. Son travail parlementaire s'oriente notamment vers les questions de fiscalité locale, de dotation globale de fonctionnement versées par l’Etat aux communes, et les sujets d'environnement et de cadre de vie.
Au cours de cette législature, il continue à présider les groupes d'amitié France-Nouvelle Zélande et France-Venezuela et le groupe parlementaire pour le sport. Bernard Marie est aussi secrétaire de l'intergroupe parlementaire de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (LICRA) en 1980-1981. A l’exception du dernier vote sur l’IVG, le 29 novembre 1979, Bernard Marie soutient les projets des derniers gouvernements Barre, dont il approuve la déclaration de politique générale, le 20 avril 1978. Le 18 avril 1978, il vote aussi en faveur de l’augmentation de la quote-part de la France au Fonds monétaire international (FMI) et s’exprime en faveur de l’aide aux travailleurs privés d’emploi, le 5 janvier 1979. Le député-maire de Biarritz ne prend pas part au vote sur l’aménagement de la fiscalité directe locale, le 18 décembre suivant, sur lequel le gouvernement engage sa responsabilité. Le 11 avril 1980, il partage l’unanimité qui définit le viol et les attentats à la pudeur afin d’en organiser la répression. Il vote aussi pour la modification du code électoral en vue de favoriser la participation des femmes aux élections municipales, le 20 novembre 1980. Enfin, le 18 décembre 1980, il approuve le projet de loi présenté par le garde des Sceaux, Alain Peyrefitte, renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes. Aux élections législatives de 1981, le député RPR des Basses-Pyrénées est battu par la vague rose qui suit l’élection de François Mitterrand comme président de la République : cette fois, le socialiste Jean-Pierre Destrade, déjà en tête du premier tour, avec 33 093 voix, soit 39,5 % des suffrages exprimés contre 29 418 voix au député sortant, l'emporte au second tour avec 48 303 voix, soit 53,7 % des suffrages.
Bernard Marie qui ne se représentera plus à une élection législative, perd son fauteuil de maire dix ans plus tard, lors d'un scrutin partiel. Ses projets urbanistiques sont à l'origine d'une crise municipale et de la vive polémique qui l'oppose à une partie de sa majorité comme à l'opposition municipale. Il défendait la construction d'un hôtel-casino, en lieu et place du Casino municipal de la cité balnéaire. Mis en minorité dans son conseil municipal après la défection, sur l'initiative de Didier Borotra, de neuf conseillers Union pour la démocratie française (UDF) qui ont rejoint les oppositions socialiste et nationaliste, Bernard Marie sollicite la démission des seize conseillers qui lui sont restés fidèles, dont sa fille. A la suite de ces démissions, de nouvelles élections sont organisées. Le centriste Didier Borotra, son premier adjoint, réunit contre lui des socialistes, des Divers droite, des écologistes et des nationalistes basques. Il est élu maire, mettant un terme à la carrière politique d’une figure du gaullisme au Pays basque.
Bernard Marie décède à Neuilly-sur-Seine le 10 février 2015, à l'âge de 97 ans. Membre fondateur de la Fondation du bénévolat, il était titulaire de la carte du combattant 1939-1945 et officier de la Légion d'honneur.