Jacques, Robert Baumel
1918 - 2006
Le fonds Jacques Baumel, qui représente 2 mètres linéaires, est conservé aux Archives de l’Assemblée nationale, sous la cote 3 J. Il a été donné par Jacques Baumel en 2004. Les archives couvrent la période 1979-2002 et concernent notamment ses activités de parlementaire. Elles sont décrites dans un répertoire numérique détaillé et sont soumises à un délai de communicabilité de 25 ans.
Né le 6 mars 1916 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
Membre de la Première Assemblée nationale Constituante (Moselle) et de la seconde Assemblée nationale Constituante (Creuse)
Jacques Baumel est né en 1916 à Marseille. Suivant la tradition de ses ancêtres des Cévennes et de l'Aveyron, il entreprend des études de médecine. Il est interne à Marseille lorsqu'il est mobilisé comme médecin auxiliaire en 1940. Survient l'armistice. Après avoir vainement tenté de rejoindre la France libre, Jacques Baumel prend part à la Résistance, entrant dans les organisations « Petites Ailes » et « Vérité ». Sous le nom de « Berneix », il est le responsable civil pour la région de Marseille du mouvement « Combat » d'Henri Frenay, dont il devient secrétaire politique en 1943. Lorsque les mouvements « Combat », « Franc-Tireur », « Libération » et « Résistance » se groupent en 1943 dans les M.U.R. (Mouvements Unis de Résistance), ils choisissent Jacques Baumel comme secrétaire. Après l'arrestation de Brulard, il joue un rôle actif dans la mise en place clandestine des pouvoirs en vue de la Libération. Ces activités valent à Jacques Baumel la Médaille de la Résistance, la Croix de guerre et la Croix de la Libération. Jacques Baumel est Compagnon de la Libération.
C'est tout naturellement qu'il passe de la Résistance à la vie politique. Nommé secrétaire général du M.L.N. en octobre 1945, il s'oppose avec succès, aux côtés d'Henri Frenay, de Léo Hamon, d'Eugène Claudius-Petit et d'André Philip, à sa fusion avec le Front national que préconisent les communistes. Le 25 juin 1945, il participe à la création de l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (U.D.S.R.), qui réunit les anciens du M.L.N., de Défense de la France et de l'O.C.M.
Jacques Baumel représente « Combat » à l'Assemblée consultative provisoire depuis octobre 1944. Il participe aux travaux des commissions des Prisonniers et Déportés, de la France d'outre-mer et surtout des Affaires étrangères. Il suggère une réforme du recrutement des fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères. Le 27 mars 1945, il exprime ses espoirs dans la création de l'O.N.U. où il voit - en particulier dans le Conseil économique et social où règne l'égalité des petites et des grandes nations - la promesse d'une reconstruction démocratique et libre du monde.
Le 21 octobre 1945, sa liste d'Action démocratique recueille en Moselle 63 134 suffrages sur 237 421 suffrages exprimés. Elle a deux élus, tandis que la liste d'Entente républicaine, conduite par Robert Schuman, a quatre élus avec 103 254 suffrages, et la liste communiste un élu avec 47 143 suffrages. Le nouveau député est de ceux qui, le 19 novembre 1945, demandent au général de Gaulle de reprendre les négociations avec les partis afin de former un gouvernement tripartite. Il obtient d'autre part que soit déplacé à Metz le siège de la 6e région militaire, jusque là installée à Nancy.
Chargé par le comité directeur de son parti de fonder une fédération de l'U.D.S.R. dans la Creuse, c'est dans ce département qu'il se présente aux élections à la seconde Assemblée nationale Constituante à la tête d'une liste de Rassemblement des gauches républicaines qui obtient 21 316 suffrages sur 94 441 suffrages exprimés. Jacques Baumel obtient l'un des trois sièges à pourvoir, les autres allant respectivement à la tête de liste communiste, avec 33 108 suffrages, et à la tête de liste S.F.I.O. avec 25 343 suffrages. Il sera membre de la Commission des affaires étrangères, de la Commission des pensions et de la Commission de la Constitution. Président du groupe parlementaire de l'U.D.S.R., il prend position dans le débat constitutionnel. Après avoir combattu le premier projet de Constitution, il regrette la situation diminuée du Sénat, demande un renforcement de l'exécutif ainsi que l'indépendance du pouvoir judiciaire (débat du 23 août 1946) et vote contre le projet de constitution (28 septembre). Il dénonce la représentation proportionnelle et le tripartisme. Jacques Baumel continue à veiller aux intérêts moraux des résistants, demandant de maintenir les inéligibilités pour faits de collaboration aux élections municipales et cantonales, d'intégrer les fonctionnaires nommés à la Libération dans le corps préfectoral, et de rapatrier les corps des Français tombés pour la patrie sur une terre étrangère entre 1939 et 1945.
Le 10 novembre 1946, il n'est pas réélu dans la Creuse qui envoie à l'Assemblée nationale deux députés communistes et un député socialiste. La liste du Rassemblement des gauches qu'il conduit ne recueille que 16 096 voix sur 89 065 suffrages exprimés. Dès l'hiver de 1946, Jacques Baumel entame avec Jacques Soustelle une campagne de recrutement parmi les gaullistes. Il contribue à ce que l'U.D.S.R. autorise ses membres à adhérer individuellement au R.P.F., fondé le 7 avril 1947 à Strasbourg. Adjoint de Jacques Soustelle, secrétaire général du R.P.F., il en est le délégué général pour la région parisienne en 1950 et se consacre à l'organisation professionnelle et aux groupes sociaux. Secrétaire général du groupement des patrons intéressés par la réforme des relations dans l'entreprise, il mène aussi une activité de publiciste, dirigeant notamment l'hebdomadaire Terre des hommes et le Panorama du monde et des sciences.
BAUMEL (Jacques)
Né le 6 mars1918 à Marseille (Bouches-du-Rhône)
Décédé le 17 février 2006 à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine)
Sénateur de la Seine de 1959 à 1967
Député des Hauts-de-Seine de 1967 à 1969 et de 1973 à 2002
Secrétaire d’État auprès du Premier ministre du 22 juin 1969 au 5 juillet 1972
(Suite de la biographie portant sur la IVe République)
À la rentrée 1958, Jacques Baumel, ancien délégué général du RPF pour la région parisienne, participe à la fondation de l’Union pour la nouvelle République (UNR), le nouveau parti gaulliste créé pour les législatives de novembre. Nommé secrétaire général adjoint de l’UNR (où il seconde le secrétaire général Roger Frey), il entre au même moment au comité central de l’organisation. Il supervise la campagne électorale des législatives (responsable des investitures pour la région parisienne, il laisse la province à Jacques Marette) qui voient l’UNR remporter 189 sièges de députés et constituer le groupe parlementaire le plus nombreux au Palais-Bourbon. En mars 1959, il est candidat aux sénatoriales et est élu sénateur UNR de la Seine. Membre du groupe UNR, il rejoint ses 36 collègues gaullistes au Palais du Luxembourg où le parti du général de Gaulle reste minoritaire au sein de la nouvelle majorité. Il appartient à la commission des affaires culturelles et, à ce titre, est rapporteur pour avis lors de l’examen des projets de lois de finances (notamment sur le budget de la RTF en novembre 1960 et novembre 1961). En mai 1961, le sénateur gaulliste (élu délégué de la France à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe) dépose un avis sur le projet de loi de programme relative à des actions coordonnées en matière de recherche scientifique et technique. À l’occasion des questions au gouvernement, il interroge le gouvernement sur la politique étrangère de la France (juin 1962 et mai 1963). À partir de 1964, il participe moins activement aux travaux du Sénat.
Sur le plan politique, le 7 décembre 1962, Jacques Baumel devient secrétaire général de l’UNR après avoir contribué à la nette victoire de son parti aux législatives de novembre (en 1960, il était parti aux États-Unis suivre la campagne présidentielle à l’issue de laquelle le démocrate Kennedy s’imposa face au candidat républicain et conservateur Nixon). Il conserve cette fonction jusqu’en juin 1967, s’occupant notamment du choix sensible des secrétaires de fédérations départementales. À l’automne 1967, la transformation de l’UNR en Union des démocrates pour la Vème République (UD.Ve) lors des assises de Lille (qui confirment la montée en puissance politique de Georges Pompidou au sein du parti), voit la formation gaulliste se doter d’une structure de commandement collégiale. Cinq secrétaires nationaux se réunissent désormais chaque semaine auprès du Premier ministre Pompidou, du ministre chargé des relations avec le Parlement, des présidents des groupes gaullistes à l’Assemblée et au Sénat, ainsi que des « barons ». Jacques Baumel fait les frais de cette réorganisation militante qui rattache directement le mouvement gaulliste à la personne du Premier ministre. Si au secrétariat général de l’UNR l’ancien compagnon de la Libération n’avait pas, selon l’expression de Robert Poujade, fait preuve d’une « activité débordante » (les effectifs d’adhérents n’avaient pas augmenté), il avait du moins stabilisé le parti au pouvoir après la période difficile de la guerre d’Algérie.
En mars 1967, Jacques Baumel est candidat sous l’étiquette UNR lors des législatives dans la 8e circonscription des Hauts-de-Seine (Garches, Rueil-Malmaison, Saint-Cloud). Il est en tête à l’issue du premier tour avec 18 789 voix et 43,69 % des suffrages exprimés et l’emporte au deuxième tour avec 22 214 voix et 56,7 % des suffrages exprimés, face au communiste Michel Duffour. Sa victoire renforce la domination gaulliste dans un département où l’UNR compte 7 élus pour 13 sièges (Albin Chalandon dans la 2ème circonscription, Émile Tricon dans la 3e, Achille Peretti dans la 6e, Claude Labbé dans la 9e, Georges Gorse dans la 10e et Paul Mainguy dans la 13e). Dans la foulée, en octobre de la même année, Jacques Baumel entre au conseil général des Hauts-de-Seine (canton de Garches) dont il devient aussitôt vice-président. Deux mois plus tard, il devient administrateur du district de la Région parisienne. Au Palais-Bourbon, il entre au groupe de l’UD.Ve et rejoint la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, qu’il quitte le 16 mai 1967 pour celle des affaires étrangères. Durant cette courte législature, Jacques Baumel dépose au nom de sa commission un rapport sur le projet de loi autorisant la ratification de la convention consulaire signée en 1966 entre la France et l’URSS. Il participe aussi le 7 mai 1968 au débat qui suit la déclaration du gouvernement en matière de recherche scientifique. Il insiste sur la nécessité d’augmenter les effectifs de chercheurs au CNRS, souligne l’importance du secteur informatique, évoque les avancées du Plan Calcul, s’intéresse aux satellites de télécommunication, à la filière de l’uranium enrichi et à la recherche biomédicale.
Membre du comité central de l’UD.Ve depuis novembre 1967, Jacques Baumel est facilement réélu député sous l’étiquette UDR (Union pour la défense de la République) lors des législatives anticipées de juin 1968. Il s’impose au second tour, avec 23 181 voix et 62,73 % des suffrages exprimés, contre le candidat communiste Michel Duffour (13 823 voix), après avoir largement dominé le premier tour, avec 20 193 voix et près de 47 % des suffrages exprimés, dans la 8e circonscription des Hauts-de-Seine. Il rejoint le groupe UDR (il entre à son bureau politique en septembre 1968) et la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. À partir d’octobre 1968, il représente la France au Parlement européen et y siège jusqu’en juin 1969. Le 25 juillet 1968, il prend part au débat sur la déclaration du gouvernement relative à l’éducation nationale (organisation de la rentrée, syndicalisme étudiant, liens avec les associations de parents d’élèves, dialogue avec les étudiants réformistes, autonomie de gestion et centralisation). Lors de la discussion du projet de loi Edgar Faure d’orientation de l’enseignement supérieur, le 10 octobre 1968, il met en garde contre un risque de politisation des locaux universitaires, mais il vote en faveur du texte. Ce gaulliste réformiste exprime également en décembre 1968 son soutien au projet de loi relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises. Au printemps 1969, il s’engage dans la campagne référendaire en faveur de la réforme sur la régionalisation et le Sénat.
Après le général de Gaulle, l’autre grand homme de Jacques Baumel est incontestablement Jacques Chaban-Delmas. Intime du maire de Bordeaux qu’il a connu dans la Résistance puis à l’époque du Rassemblement du peuple français (RPF), acquis à son gaullisme humaniste et réformateur, le député des Hauts-de-Seine entre au gouvernement que constitue Jacques Chaban-Delmas en juin 1969. Il renonce le 22 juillet à son mandat parlementaire pour exercer ses fonctions ministérielles et se voit remplacé au Palais-Bourbon par son suppléant, le chirurgien Jean-Marie Toutain. Sans affectation particulière (« parce que c’était Chaban »), Jacques Baumel sera secrétaire d’État auprès du Premier ministre jusqu’à la démission du « duc d’Aquitaine » en juillet 1972. Pendant trois ans, le secrétaire d’État intervient rarement à l’Assemblée. Il répond en octobre 1969 et mai 1972 à des questions orales sur la prévention des accidents de la route, il répond également en avril et novembre 1971 à des questions d’actualité portant sur la diplomatie française. Si le départ de Jacques Chaban-Delmas lui est politiquement fatal, le député des Hauts-de-Seine tombe aussi en raison de son opposition à un projet immobilier sur l’hippodrome de Saint-Cloud soutenu par la majorité. Préférant défendre les intérêts de sa ville plutôt que de préserver sa carrière ministérielle, il se voit écarté. C’est son unique expérience gouvernementale.
Dès mars 1970, Jacques Baumel améliore son implantation politique locale en prenant la présidence du conseil général des Hauts-de-Seine (qu’il exerce jusqu’en octobre 1973). À l’occasion des municipales du printemps 1971, il succède au carrossier gaulliste Marcel Pourtout, sous l’étiquette UDR, comme maire de Rueil-Malmaison, une importante commune de l’ouest parisien située dans sa circonscription et comptant alors près de 60 000 habitants. La ville devient rapidement son bastion politique à partir duquel il rayonne sur tout le département.
Jacques Baumel est reconduit à l’Assemblée lors des législatives du printemps 1973. S’étant présenté sous l’étiquette UDR, il s’impose au second tour dans la 8e circonscription des Hauts-de-Seine en obtenant 55,1 % des suffrages face au socialiste Jacques Fournier et au réformateur Henri Magnin. Jacques Baumel reste dans le groupe UDR, et il siège à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales avant d’opter en octobre 1976 pour la commission des affaires étrangères. Il est, en juin 1975, rapporteur du projet de loi sur l’institut médico-légal et, en octobre suivant, du projet de loi autorisant la ratification de l’accord maritime avec le Brésil, qui concerne la Guyane. Il vote, en 1973, en faveur du projet de loi dit Royer d’orientation du commerce et de l’artisanat. Fervent soutien de Jacques Chaban-Delmas lors de la campagne présidentielle de 1974, Jacques Baumel ne cautionne pas l’opération politicienne des 43 par laquelle Jacques Chirac achève d’affaiblir la candidature du maire de Bordeaux au sein de la majorité au profit de Valéry Giscard d’Estaing, l’homme du « non » à de Gaulle en 1969. Le député de Rueil-Malmaison ne pardonnera jamais à Jacques Chirac ce qu’il perçoit d’emblée comme une trahison. Réélu conseiller général au printemps 1976, Jacques Baumel retrouve dans la foulée la présidence de l’assemblée départementale. Il entre aussi au même moment au conseil régional d’Ile-de-France. Il assure dès octobre 1976 la vice-présidence pour les espaces verts d’Ile-de-France.
Au Palais-Bourbon, le député gaulliste interroge souvent l’exécutif à l’occasion de questions orales (il demande en octobre 1976 un délai en faveur des contribuables pour le paiement de la taxe d’habitation, il souhaite en mai 1977 que l’on établisse un bilan de l’action de l’Agence nationale pour l’emploi) et de questions au gouvernement (il s’inquiète en juin et octobre 1974 de la multiplication des grèves dans les centres de tri postal et des problèmes qui en résultent dans l’acheminement du courrier ; il s’insurge en novembre 1976 contre les crédits accordés à certaines Maisons de la Culture pour des spectacles idéologiquement orientés). Estimant que ses dispositions dissuasives sont « trop modestes », il vote contre le projet de loi relatif à l’IVG (la loi Veil du 17 janvier 1975). Il approuve en revanche le projet de loi instituant le divorce par consentement mutuel (la loi du 11 juillet 1975 portant réforme du divorce). Jacques Baumel prolonge à l’Assemblée le combat écologiste qu’il mène de manière très pionnière au conseil général et dans sa commune. En avril 1976, il prend une part active à la discussion du projet de loi sur la protection de la nature. En novembre 1976, il profite des débats autour du projet de loi de finances pour 1977 pour souligner les liens entre équipements urbains, environnement et qualité de la vie (prenant comme exemple la construction de la rocade A 86). Il déplore la pollution croissante en banlieue, appelle de ses vœux une meilleure défense des espaces verts et la création d’une agence verte de la région parisienne.
Réélu en mars 1977 maire de Rueil-Malmaison, Jacques Baumel est de nouveau candidat aux législatives de mars 1978 dans la 8e circonscription des Hauts-de-Seine sous l’étiquette Rassemblement pour la République (RPR), avec pour suppléant Patrick Ollier, maire-adjoint de Rueil-Malmaison, attaché au cabinet ministériel d’Alain Peyrefitte et ancien responsable de l’Union des jeunes pour le progrès (UJP), le mouvement de jeunes gaullistes des années 1960-1970. Il est facilement élu au second tour en recueillant 59,7 % des suffrages exprimés face au socialiste Jacques Fournier. Il rejoint le groupe RPR et la commission des affaires étrangères. Il est en mai 1978 rapporteur du projet de loi autorisant la ratification de l’accord de coopération militaire entre la France et le Togo et s’intéresse de près, le mois suivant, aux discussions de l’assemblée autour de cette coopération. Il prend part en décembre 1979 à l’examen du projet de loi ratifiant le traité d’adhésion de la Grèce à la CEE, perspective à laquelle il adhère fortement. Les questions au gouvernement lui donnent l’occasion d’intervenir sur divers sujets (les conditions d’agrément de la création d’entreprises en région parisienne en mai 1978, le manque d’institutrices dans les Hauts-de-Seine en avril 1979, la politique française au Tchad en mai et novembre 1980, la protection des animaux domestiques en juin 1980). Il soutient en 1978 le projet de loi relatif à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, il approuve également en 1980 le projet de loi dit Peyrefitte, renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes. À partir de mai 1978, il est représentant suppléant à l’assemblée consultative du conseil de l’Europe. En septembre 1978, il intègre la délégation française à la XXXIIIe session de l’Assemblée générale des Nations unies. Il préside enfin le groupe français de l’Union interparlementaire.
Le député de Rueil-Malmaison multiplie à partir des années 1970 les engagements associatifs. Administrateur de la Croix Rouge française depuis 1972, il préside à partir de 1976 l’Académie diplomatique internationale (il dirige de décembre 1984 à 1993 la revue Diplomatie) et le Centre d’information féminin. À partir de 1980, ce passionné de géopolitique et de géostratégie fonde et dirige le Forum du futur, un cercle d’analyse et de prospective qui appréhende de manière indépendante les grands bouleversements démographiques, socio-économiques et géopolitiques. Certains de ses engagements ont un caractère politique plus marqué. En avril 1980, il rejoint ainsi le Nouveau contrat social, club politique rassemblant des radicaux (Edgar Faure, Jean-Jacques Servan-Schreiber) et des gaullistes (Bernard Marie) autour de la promotion d’un lien citoyen fait de consentement réfléchi à la loi et de justice sociale.
Lors des législatives de 1981, Jacques Baumel, solidement implanté localement, résiste facilement à la vague rose qui donne au parti socialiste la majorité absolue à l’Assemblée. Dans la 8e circonscription des Hauts-de-Seine, il est réélu dès le premier tour en rassemblant plus de 57 % des suffrages exprimés. Membre du groupe RPR, il reste à la commission des affaires étrangères avant de la quitter en décembre 1983 pour la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, qu’il abandonne en février 1984 pour revenir à la commission des affaires étrangères. À partir de juillet 1981, il est représentant titulaire de l’Assemblée consultative du conseil de l’Europe. Au Palais-Bourbon, Jacques Baumel se révèle un opposant déterminé au nouveau gouvernement de gauche. Il vote en septembre 1981 contre le projet de loi portant abolition de la peine de mort (il a déposé un amendement proposant le maintien de la peine de mort dans certains cas) et ensuite contre le projet de loi Defferre de décentralisation, relatif aux droits et libertés des communes, des départements et des régions. Comme la quasi-totalité des députés de l’opposition, il soutient en revanche en 1982 le projet de loi relatif aux prestations de vieillesse, d’invalidité et de veuvage. Sensible à la dégradation de la situation en Nouvelle-Calédonie à partir de 1983-1984, il en tient pour responsable le gouvernement. Après avoir interrogé ce dernier, en avril 1985, en l’accusant de favoriser le camp indépendantiste, il n’hésite pas à déclarer, lors de l’examen en août 1985 du projet de loi sur l’évolution de ce territoire d’outre-mer, qu’Edgard Pisani a « du sang sur les mains ». Il suit de près les dossiers liés à la défense (il rappelle l’importance de la dissuasion nucléaire lors de l’examen en mai 1983 du projet de loi portant approbation de la programmation militaire pour les années 1984-1988) et à la diplomatie française (notamment dans ses aspects culturels).
Assurant la vice-présidence du groupe parlementaire d’étude des problèmes de l’information, Jacques Baumel se montre de plus en plus intéressé par l’audiovisuel (même s’il suit aussi les dossiers de la presse écrite, comme le montre son longue et minutieuse intervention critique en décembre 1983 et janvier 1984 lors des débats sur le projet de loi visant à limiter la concentration et à assurer la transparence et le pluralisme des entreprises de presse). Il craint que le nouveau pouvoir de gauche ne prenne le contrôle politique de la télévision pour en faire le relais de sa communication auprès des masses. Membre de la commission spéciale chargée d’examiner au printemps 1982 le projet de loi sur la communication audiovisuelle, le député dénonce des bulletins d’information tendancieux. Il reviendra à plusieurs reprises sur ce texte à l’occasion de débats sur les projets de loi le modifiant (janvier 1984, octobre et décembre 1985). Lors de questions au gouvernement, il réclame un libre accès de toutes les tendances politiques à la radio et à la télévision notamment dans la perspective des prochaines municipales (octobre 1982) et un service minimum lors des grèves à la télévision (décembre 1982), il dénonce la part trop grande de la publicité à la télévision (octobre 1983) et la gabegie de la gestion des chaînes de l’audiovisuel (décembre 1983). Lors des discussions sur les projets de loi de finances, il intervient souvent lorsque le débat porte sur la communication, comme en novembre 1984 à propos de la chaîne Canal +. Concernant cette dernière, le député dépose en avril 1985 une proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête chargée d'examiner les conditions de fonctionnement, la situation financière de cette société de télévision privée et l'usage fait par celle-ci des fonds publics provenant des actionnaires majoritaires de cette société : entreprises nationales, sociétés d'économie mixte et banques nationalisées. Jacques Baumel fonde et préside en 1982 l’Association pour une télévision de libre expression (ATTELE). Selon lui, « la mise au point de l’audiovisuel ne saurait être limitée aux membres du gouvernement, aux parlementaires, aux fonctionnaires et aux syndicalistes, il est important d’élargir la discussion à l’ensemble des téléspectateurs ». Il invite donc ceux-ci à se regrouper en comités locaux de l’Association pour une télévision de libre-expression. L’ATTELE regroupera rapidement plusieurs dizaines de milliers d’adhérents. Jacques Baumel devient en mars de la même année délégué national du RPR en charge de l’audiovisuel (puis chargé de mission pour l’audiovisuel à partir d’avril 1985). Il préside la commission politique de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe à partir de 1984.
En mars 1982, estimant que les nouvelles dispositions de la loi sur la décentralisation font de la présidence d’un conseil général un poste à temps plein et de responsabilité administrative, Jacques Baumel, qui exerce par ailleurs plusieurs mandats (député et maire de Rueil-Malmaison), cède la présidence du conseil général des Hauts-de-Seine à l’un de ses amis et autre grognard gaulliste, Charles Pasqua. Celui-ci prend le contrôle d’une assemblée départementale où, depuis les cantonales de mars 1982, l’opposition de droite possède 26 sièges (15 pour le RPR) contre seulement 14 à la gauche. Membre du conseil politique du RPR depuis avril 1982, Jacques Baumel est réélu en mars 1983 maire de Rueil-Malmaison sous l’étiquette RPR. Il reste intéressé par les questions audiovisuelles. En juin 1985, avec l’aide de Thierry Saussez (PDG d’Image et stratégie et maire-adjoint chargé de la communication de Rueil-Malmaison) et de Denis Huisman (directeur de l’Ecole française des attachés de presse), il crée un Institut supérieur de la communication. Présidé par Jacques Baumel, ce nouvel institut installé à Rueil-Malmaison, est destiné aux étudiants, élus, directeurs de l’information des collectivités et responsables d’entreprises. Un enseignement théorique et pratique y est assuré via des sessions régulières par des personnalités du monde de la communication. En juin 1986, il est nommé secrétaire général du Conseil national des collectivités territoriales pour l’audiovisuel (le CNCTA qui réunit des élus régionaux et départementaux proches de l’opposition autour des questions de communication) avant d’en prendre la présidence en juillet 1989, succédant à Raymond Marcellin (le président UDF de la région Midi-Pyrénées, Jacques Blanc, prenant le secrétariat général). Membre de l’Assemblée partementaire du Conseil de l’Europe, il y préside enfin la commission européenne des médias.
En troisième position sur la liste RPR dans les Hauts-de-Seine pour les législatives du 16 mars 1986 (le scrutin a lieu au suffrage proportionnel départemental de liste), Jacques Baumel est réélu député. Il retrouve le groupe RPR et choisit la commission de la défense nationale et des forces armées, dont il devient en avril 1987 l’un des vice-présidents. Il reste représentant titulaire de l’Assemblée nationale à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe. Jacques Baumel est rapporteur pour avis du projet de loi de finances pour 1987 et 1988 sur les crédits consacrés aux « espaces et forces nucléaires » sur le budget de la défense. À l’Assemblée nationale, le député gaulliste soutient en juin puis en août 1986 la suppression du monopole d’État sur les programmes audiovisuels et appelle de ses vœux un meilleur équilibre entre les chaînes privées et publiques lors des débats du projet de loi relatif à la liberté de communication (perspective de privatisation de TF1). Il soutient la politique menée par la nouvelle majorité en Nouvelle-Calédonie à l’occasion des discussions, en avril 1987, du projet de loi organisant la consultation des populations intéressées de la Nouvelle-Calédonie et Dépendances. Il vote, en 1986, en faveur du projet de loi relatif aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France.
Le 5 juin 1988, Jacques Baumel, avec pour suppléant Jacques Gautier, est réélu député RPR dans la nouvelle 7e circonscription des Hauts-de-Seine dès le premier tour avec 59,4 % des suffrages exprimés. En octobre 1988, il doit céder son siège de conseiller général conformément à la loi sur le cumul des mandats. Le député des Hauts-de-Seine reste au groupe RPR et à la commission de la défense nationale et des forces armées. Il se révèle un adversaire résolu de la nouvelle majorité de gauche emmenée par le Premier ministre Michel Rocard. Début mai 1989, il réclame une « réunion exceptionnelle et urgente » de sa commission avec « audition » du ministre de la Défense, Jean-Pierre Chevènement, estimant qu’on ne peut envisager d’amputer la loi de programmation militaire de 70 milliards de francs et prétendre, comme le fait le ministre, que « les principes de base de la Défense ne sont pas remis en question ». Il participe activement en octobre 1989 aux discussions autour du projet de loi de programmation relatif à l’équipement militaire pour les années 1990-1993 (char Leclerc, modernisation de l’arme nucléaire, porte-avion nucléaire). Il intervient également dans les débats qui suivent, en juin 1991, la déclaration du gouvernement sur les orientations de la politique de défense (enseignements de la guerre du Golfe) et donne sa position lors de l’examen du projet de loi modifiant le code du service national (favorable à une évolution de celui-ci, il note que l’opération Daguet n’a pas vu la participation d’appelés du contingent). Toujours très réactif sur les questions de médias, il intègre en juin 1992 la commission d’enquête parlementaire sur les perspectives de la presse et de l’audiovisuel. Il affirme le même mois sa solidarité avec les journalistes licenciés de la chaîne de télévision privée, La Cinq. En avril 1992, il intervient dans les débats qui suivent la déclaration du gouvernement sur la presse et l’audiovisuel (chaîne culturelle européenne ARTE, contenus et qualité des chaînes privées).
Sur le plan militant, Jacques Baumel fait partie des gaullistes qui profitent de l’affaiblissement de Jacques Chirac après la double défaite du printemps 1988 (présidentielle puis législatives) pour critiquer le leadership du maire de Paris à la tête du RPR. Aux côtés de Jacques Chaban-Delmas, il donne de la voix pour réclamer un retour aux sources du gaullisme. Mais bien qu’ébranlé par cette contestation (à laquelle participe aussi la nouvelle génération incarnée par Philippe Séguin, Michel Noir, Alain Carignon), Jacques Chirac parvient à conserver la direction du parti grâce au soutien de fidèles comme Alain Juppé, Bernard Pons et Jacques Toubon. Jacques Baumel prend aussi part à la campagne référendaire sur le traité de Maastricht. À l’encontre de Jacques Chirac et Alain Juppé, il s’engage pour le « non » aux côtés de figures gaullistes comme les trois anciens Premiers ministres du Général (Michel Debré, Pierre Messmer et Maurice Couve de Murville), Maurice Schumann (la voix de la France libre et ministre des Affaires étrangères sous Georges Pompidou), Philippe de Gaulle, ainsi que l’ancien secrétaire général du parti gaulliste Yves Guéna. Tous participent à la lutte menée par Philippe Séguin et Charles Pasqua au nom de la fidélité à un gaullisme souverainiste. Comme attendu, le député de Rueil-Malmaison s’abstient lors du vote en mai 1992 sur le projet de loi constitutionnelle ajoutant à la Constitution un titre « De l’Union européenne ». Il soutient en 1988 le projet de loi relatif au revenu minimum d’insertion.
Jacques Baumel se représente une nouvelle fois lors des législatives de mars 1993 sous l’étiquette RPR dans la 7e circonscription des Hauts-de-Seine. Profitant d’une dynamique nationale très favorable à l’opposition, il est réélu dès le premier tour avec 55,2 % des voix. Il retrouve le groupe RPR et la commission de la défense nationale et des forces armées, dont il est de nouveau vice-président à partir du 8 avril 1993. Dès le mois de mai, il est vice-président de l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe au titre de la France. Durant cette législature, Jacques Baumel est rapporteur pour avis du volet dissuasion des crédits de la défense. Il suit de près l’évolution des équipements, comme en novembre 1996 où il évoque les hélicoptères Tigre et NH90, le missile Hadès, les programmes de simulation de tirs nucléaires Palen, les missiles air-sol de moyenne portée ASMP, avant de traiter de la restructuration industrielle autour de la défense et de la situation des chantiers navals de la Direction de la construction navale (DCN). En novembre 1994, il intervient dans les discussions sur le projet de loi relatif aux programmes militaires pour les années 1995-2000, en soulignant la nécessité de prendre en compte le nouveau contexte géopolitique de l’après-URSS et les leçons de la guerre du Golfe, il recommande une plus grande professionnalisation de l’armée de terre. Comme d’autres gaullistes (Alain Peyrefitte et Pierre Messmer), Jacques Baumel se montre critique à l’égard de l’intervention française au Rwanda en juin 1994, l’estimant « mal fondée, inefficace et dangereuse ». Il continue de suivre les dossiers de l’audiovisuel, notamment en novembre 1996 à l’occasion de l’examen du volet « médias » du projet de loi de finances pour 1997 (il évoque la communication audiovisuelle de la France vers l’étranger via RFO, RFI et TV5 avant d’aborder les nouvelles exigences éthiques via les codes de signalétique pour le jeune public édictés par le Conseil supérieur de l’audiovisuel). Il approuve en 1993 le projet de loi relatif aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale.
Lors de la campagne présidentielle de 1995, Jacques Baumel est l’un des rares gaullistes historiques à soutenir Édouard Balladur, alors que la ligne politique de ce dernier ne correspond pourtant pas totalement à sa conception du gaullisme. Il entre dans ce choix une volonté de revanche à l’encontre de celui qui avait torpillé la candidature de Jacques Chaban-Delmas en 1974 : le député des Hauts-de-Seine n’hésite pas à demander publiquement au maire de Paris de se retirer de la course à la présidentielle.
Reconduit à la mairie de Rueil-Malmaison lors des municipales de juin 1995, Jacques Baumel est réélu député de la 7e circonscription des Hauts-de-Seine avec pour suppléant Jacques Gautier. Sous l’étiquette RPR, il frôle l’élection au premier tour avec 23 699 voix et 49,9 % des suffrages exprimés, et s’impose au second tour, le 1er juin 1997 avec 67,1 % des suffrages face à la socialiste Christiane Maulion. Il fait partie des rares « vieux compagnons » du général de Gaulle à sauver son siège lors d’un scrutin marqué par un fort renouvellement générationnel. Il reste fidèle au groupe RPR et à la commission de la défense nationale et des forces armées dont il est secrétaire à partir de juin 1997. Il participe en septembre 1997 aux débats autour du projet de loi portant sur la réforme du service national. Représentant titulaire de la délégation française à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe et membre de l’Assemblée de l’UEO, Jacques Baumel ne cache pas ses inquiétudes en 1998 lors de l’arrivée au pouvoir en Allemagne du chancelier Gerhard Schröder en qui il voit un atlantiste partisan d’un axe Bonn-Londres-Washington qui affaiblirait Paris. Cette perspective remet en discussion selon lui la ratification du traité d’Amsterdam. Il vote en 1998 contre le projet de loi d’orientation et d’incitation relative à la réduction du temps de travail et en 1999 contre la proposition de loi relative au pacte civil de solidarité. Il approuve en revanche, comme la quasi-totalité des députés de l’opposition, la loi constitutionnelle du 8 juillet 1999 relative à l’égalité entre les femmes et les hommes. À partir de 1999, Jacques Baumel participe moins activement aux travaux de l’Assemblée.
Sur le plan militant, Jacques Baumel rejoint en juillet 1998 le comité politique du RPR comme membre de droit en tant qu’ancien secrétaire général de l’UNR. L’ancien compagnon de la Libération intègre le même mois la commission des sages du parti gaulliste. Il est nommé, en février 2000, responsable des cercles de réflexion du RPR. Constamment réélu député des Hauts-de-Seine depuis 1967, Jacques Baumel renonce à son siège de député en 2002 au profit de son ancien suppléant Patrick Ollier (conjoint de Michèle Alliot-Marie). Les médias relèvent alors que l’Assemblée perd ainsi le dernier député issu de la Résistance et de la France libre, après les départs de Pierre Messmer et Robert Galley. Deux ans plus tard, à la date symbolique pour l’ancien gaulliste du 18 juin 2004, il annonce qu’il abandonne la mairie de Rueil-Malmaison (après avoir de nouveau remporté les municipales en mars 2001) au profit là encore de Patrick Ollier, après 34 ans d’un mandat qui a marqué l’histoire de la ville. Jacques Baumel a modernisé et embelli cette « ville de province aux portes de Paris » selon son expression, augmentant les espaces verts, les écoles et les crèches, améliorant la circulation grâce au percement du tunnel de l’A 86, favorisant l’installation de sièges sociaux d’importantes entreprises françaises et étrangères, encourageant les jumelages avec des villes étrangères (avec 15 jumelages, sa cité est alors la plus jumelée de France), créant une médiathèque qui portera son nom par la suite. Lors de la cérémonie du départ, près de 10 000 Rueillois (un habitant sur six) ovationnent celui qui, en 1989, avait reçu une Marianne d’or pour son action à la tête de la mairie.
Retiré de la vie politique, Jacques Baumel continue de participer aux activités du Forum du futur et revient sur ses années de Résistance dans un nouvel ouvrage La Liberté guidait nos pas (Plon, 2004). Expliquant que la Résistance fut à la fois « une épopée héroïque et un roman noir », il relate de manière simple « la vie, la lutte et la mort du peuple de la nuit ». Il évoque avec émotion ses compagnons d’armes, illustres ou oubliés, et retrace les chapitres parfois étonnants d’une « guerre de l’ombre avec ses grandeurs, ses misères et ses élans passionnels ». Dans les années précédentes, Jacques Baumel avait déjà écrit trois ouvrages marqués autant par la nostalgie que par la fidélité : Une certaine idée de la France (Editions Vaugirard, 1985), un recueil d’articles rassemblés par la Fondation du futur et portant sur l’avenir de la France confrontée à un nouvel équilibre mondial ; Résister, histoire secrète des années d’occupation (Albin Michel, 1999, où avec un art consommé du portrait et de l’anecdote, Jacques Baumel campait Jean Moulin, Henri Fresnay, le colonel Rémy, François Mitterrand et bien d’autres) ; De Gaulle, l’exil intérieur (Albin Michel, 2001). Dans ce dernier livre, l’auteur rappelait comment au lendemain de la guerre, le libérateur de la France s’était heurté à la mauvaise volonté des partis politiques qui entravèrent son action au point de provoquer son départ. Celui qui accompagna le Général dans son « exil intérieur » et participa au sein de l’état-major gaulliste à l’aventure avortée du RPF, apportait un témoignage personnel et unique sur les réactions de l’ancien chef de la France libre devant les événements marquants de la IVe République : l’entrée dans la Guerre froide, le bourbier indochinois puis la perte de la Tunisie et du Maroc, l’échec de la CED, les débuts de la guerre d’Algérie.
Facilement identifiable lors des cérémonies rassemblant les anciens compagnons de la Libération dans la cour de l’hôtel des Invalides par sa stature droite, sa fine moustache et sa crinière de jais, Jacques Baumel meurt à 87 ans dans la nuit du 16 au 17 février 2006 d’une broncho-pneumonie. Celui qui se faisait appeler Berneix dans la Résistance n’a pas exaucé son vœu le plus cher : être le dernier survivant des compagnons de la Libération, ce qui lui aurait permis d’être enterré dans la crypte du mont Valérien, haut lieu de la France combattante, situé sur les hauteurs de Suresnes, à quelques kilomètres de Rueil-Malmaison. Ses obsèques, célébrées par Mgr Lustiger, ont lieu à l’église Saint-Louis des Invalides en présence de nombreuses personnalités (Michèle Alliot-Marie, Charles Pasqua, le général de Boissieu) et d’une foule de Rueillois qui lui rendent un dernier hommage. Maurice Druon prononce son éloge funèbre tandis que les honneurs militaires sont rendus à l’ancien résistant devant une délégation d’anciens combattants et compagnons de la Libération.
Officier de la Légion d’honneur et croix de guerre 1939-1945, médaillé de la Résistance, Jacques Baumel était un des derniers grognards du gaullisme dont il avait marqué l’histoire par son franc-parler et sa pugnacité. Au conseil général des Hauts-de-Seine qu’il a présidé neuf ans (de 1970 à 1973 puis de 1976 à 1982) comme à l’Assemblée nationale, où il avait siégé 35 ans (en 1945-1946 puis de 1967 à 2002 sans interruption si ce n’est en 1969-1972) et au Sénat (qu’il avait fréquenté plus de 9 ans de 1959 à 1967), il était apprécié pour sa connaissance des dossiers relatifs à la défense et à l’audiovisuel, ainsi que pour son indépendance d’esprit loin des allégeances partisanes. Marié à Louise-Jacqueline Bachelot, il était père de deux filles.