Michel, Alfred Maurice-Bokanowski
1912 - 2005
- Informations générales
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- Né le 6 novembre 1912 à Paris (Seine - France)
- Décédé le 3 mai 2005 à Paris (Paris - France)
1912 - 2005
Né le 6 novembre 1912 à Paris
Décédé le 3 mai 2005 à Paris
Député de la Seine de 1951 à 1958
Né à Paris le 6 novembre 1912, Michel Maurice-Bokanowski est le fils de l'homme politique et ancien ministre de la IIIe République, mort accidentellement en 1928. Après des études au lycée Condorcet, il s'initie aux affaires dans l'entourage d'André Citroën (1932-1937) puis entre, comme chef de service, dans la société Philips France. Mobilisé en 1939, il est affecté, en raison de sa bonne connaissance de l'anglais, dans une école de formation d'agents de liaisons auprès de l'armée britannique. Embarqué à Dunkerque en juin 1940, il regagne la France à la fin de l'été. A l'instigation de son beau-frère, pilote de chasse, il gagne Alger fin 1942 et s'engage dans le Special Detachment, commando mixte franco-britannique rattaché à la 1re armée britannique. Il participe à la campagne de Tunisie et intègre la 1re division française libre. Affecté dans les fusiliers-marins puis dans l'armée blindée dont il commande un groupe de chars pendant la campagne d'Alsace, il termine la guerre avec le grade de lieutenant de vaisseau, la Croix de guerre et sept citations. Le général de Gaulle le nomme Compagnon de la Libération le 19 octobre 1945.
Rendu à la vie civile, il administre un certain nombre de sociétés et exerce également la profession d'ingénieur conseil. Il entre en 1947 au conseil municipal d'Asnières, ville dont il deviendra maire en 1959. Ses convictions gaullistes l'ont fait adhérer au Rassemblement du peuple français (RPF) dont il devient secrétaire général pour la région parisienne. Aux élections du 17 juin 1951 il se présente dans le 5e secteur du département de la Seine, en seconde position derrière Edmond Barrachin, député sortant élu PRL (Parti républicain de la liberté) en 1946 et rallié au RPF. Sa liste obtient 97 325 voix, soit 28,5 % des suffrages exprimés, et trois élus.
Membre de la Commission des affaires économiques puis de la Commission des finances de juillet 1953 à la fin de la législature, il dépose divers rapports et propositions à caractère économique et social concernant notamment la fiscalité des entreprises et la condition des travailleurs indépendants. Ses interventions en séance sont relativement nombreuses, attentives surtout à la politique économique des gouvernements successifs dont il déplore l'insuffisante volonté expansionniste et la faiblesse persistante des bas salaires. Il s'associe en 1953 à la proposition Soustelle-Vallon en faveur d'une participation des salariés aux bénéfices de l'entreprise (séance du 8 octobre). En qualité de rapporteur de la Commission des finances, il rapporte divers crédits du ministère des affaires étrangères des exercices budgétaires de 1954 et 1955. Il intervient également à plusieurs reprises pour dénoncer le désordre administratif et financier de la Radio Télévision Française et plaide en faveur d'un statut.
Ses votes obéissent dans l'ensemble, au moins jusqu'en 1953, à la discipline de son groupe. Après avoir voté les lois Marie et Barangé de soutien à l'enseignement privé, il s'abstient volontairement lors des votes d'investitures des gouvernements Faure et Pinay. Il vote l'investiture de Joseph Laniel le 26 juin 1953 mais se prononce contre sa politique indochinoise et lui refuse sa confiance le 12 juin 1954. Il soutient de ses votes l'ensemble de l'expérience Mendès France. Il vote l'investiture d'Edgar Faure le 31 mars 1955, ainsi que la loi d'urgence en Algérie, mais participe à sa chute le 29 novembre. Peu favorable à la construction européenne, il a voté contre la ratification de la CECA (Communauté européenne charbon acier) en 1951 et contre la CED (Communauté européenne de défense) en 1954.
Les élections du 2 janvier 1956 se présentent dans des conditions difficiles. En raison d'abord du très grand nombre de listes - pas moins de douze pour neuf sièges à pourvoir- qui peut inciter à la dispersion ; en raison surtout de la division des partenaires de 1951. Edmond Barrachin qui, avec 26 députés RPF, a apporté son suffrage à l'investiture d'Antoine Pinay le 6 mars 1952, a formé le groupe « scissionniste » de l'ARS. Comme tel, il se présente à la tête d'une liste nettement située à droite soutenue par le CNI (Centre national des indépendants). Michel Maurice-Bokanowski, à la tête d'une liste des Républicains sociaux, doit donc défendre les positions d'un gaullisme assez proche du mendésisme ce qui ne peut manquer de lui aliéner une partie de son électorat. De fait, avec 19 253 voix sur 422 225 suffrages exprimés, soit 4,6 %, il est élu d'extrême justesse.
Inscrit à la Commission de la production industrielle et de l'énergie, puis en 1957 aux commissions des pensions et des boissons, il est également représentant de la France à l'Assemblée unique des Communautés européennes le 13 mars 1958. Il dépose en son nom propre un certain nombre de propositions à caractère fiscal ou social. Toujours attentif au développement des entreprises (automobiles notamment), il incite le gouvernement à reprendre les échanges commerciaux entre la France et les pays de l'Est (5 décembre 1957). Ses interventions en séance revêtent un caractère essentiellement technique, hormis deux interpellations. Le 10 mars 1957, il critique vivement le gouvernement Mollet sur sa politique des prix, la diminution des réserves de change et de déficit chronique des entreprises nationalisées. Le 10 juillet 1957, il met en garde le gouvernement Bourgès-Maunoury contre toute création d'institution européenne coiffant le secteur de l'énergie atomique. Il refuse de ce fait la ratification des Traités de Rome. Pour le reste, ses votes ont été dans l'ensemble favorables au gouvernement Mollet, plus circonspects à l'égard de ses successeurs : il s'est abstenu lors de l'investiture de Maurice Bourgès-Maunoury et de Félix Gaillard et leur a refusé sa confiance le 30 septembre 1957 et le 15 avril 1958. Il refuse même sa confiance à Pierre Pflimlin le 13 mai et vote, à l'inverse, l'investiture du général de Gaulle, les pleins pouvoirs et la révision constitutionnelle les 1er et 2 juin.
La carrière parlementaire et politique de Michel Maurice-Bokanowski s'est poursuivie sous la Ve République. Elu député UNR de la 37e circonscription de la Seine (Asnières-Bois-Colombes) en novembre 1958 - et réélu en 1962, il devient sénateur en 1968. Il entre comme secrétaire d'Etat à l'intérieur dans le gouvernement Debré en janvier 1959 et a été plusieurs fois ministre par la suite.
MAURICE-BOKANOWSKI (Michel)
Né le 6 novembre 1912 à Paris
Décédé le 3 mai 2005 à Paris
Voir la première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1940-1958.
Député de la Seine en 1958 et 1962
Sénateur des Hauts-de-Seine de 1968 à 1995
Secrétaire d’État à l’Intérieur du 8 janvier 1959 au 5 février 1960
Ministre des Postes et télécommunications du 5 février 1960 au 14 avril 1962
Ministre de l’Industrie du 15 avril 1962 au 28 novembre 1962, et du 6 décembre 1962 au 8 janvier 1966
Député de la Seine depuis 1951 et ardent gaulliste, Michel Maurice-Bokanowski aborde les élections législatives de 1958 dans de bonnes conditions. Il se présente dans la 37e circonscription comprenant une partie d’Asnières et de Bois-Colombes. Décrit dans la circulaire qu’il adresse à ses électeurs comme un « héros de la France libre » et « un homme qui a vu clair quand ses collègues s’enferraient dans leurs solutions à courte vue et leurs combinaisons de couloir », Michel Maurice-Bokanowski rappelle surtout « sa constante fidélité » à l’égard du général de Gaulle et son implantation ancienne à Bois-Colombes. Dès le premier tour, le député sortant recueille 20 436 suffrages, soit 36,77 % des suffrages exprimés, loin devant la sénatrice communiste Renée Dervaux (12 234 voix), le maire socialiste d’Asnières, Jean Huet (10 481 voix), le centriste Robert Roux (4 106 voix), le candidat du Mouvement républicain populaire (MRP), Auguste Huntzinger (2 679 voix) ou encore l’adjoint au maire d’Asnières, André Gatefait, qui se présente sans étiquette (5 283 voix). Au second tour, Michel Maurice-Bokanowski est réélu confortablement avec 71,3 % des suffrages exprimés contre 29,7 % pour son adversaire communiste, restée seule candidate de la gauche.
Dès janvier 1959, le député de la Seine est nommé secrétaire d'État à l'Intérieur dans le gouvernement Debré puis, très rapidement, ministre des Postes et télécommunications de 1960 à 1962. Il est remplacé par son suppléant Jacques Sanglier, un éditeur de 40 ans. En sa qualité de ministre, Michel Maurice-Bokanowski est amené à répondre à de nombreuses questions orales. En séance, il intervient en particulier pour souligner la nécessité de moderniser les infrastructures françaises de communication, notamment à l’occasion de l’examen des projets de loi de finances. Peu de temps ministre de l’Industrie dans le cabinet Pompidou en 1962, l’ancien député de la Seine prend la parole lors d’une question orale avec débat d’Alfred Coste-Floret sur la crise de la bonneterie dans l’Hérault et le Gard.
La dissolution de l’Assemblée nationale conduit Michel Maurice-Bokanowski, devenu maire d’Asnières en 1959, à se présenter une nouvelle fois devant les électeurs de la 37e circonscription de la Seine. Il est réélu dès le premier tour avec 52,5 % des suffrages exprimés, loin devant le communiste Claude Denis (22,2 %), le socialiste Jean Huet (14,6 %) et Jean-Louis Martin, représentant du Centre national des indépendants (10,4 %).
Cependant, comme il retrouve le ministère de l’Industrie, Michel Maurice-Bokanowski est remplacé au Palais-Bourbon par son suppléant, Emile Tricon, conseiller bancaire, maire de Bois-Colombes et conseiller général.
Ce portefeuille ministériel est essentiel car la France doit alors faire face dans ce secteur à cinq défis : répondre aux besoins des industries automobiles, de la radio, de la télévision, qui passe à la couleur, et des appareils ménagers emblématiques de l’augmentation du niveau de vie ; moderniser la production énergétique, avec le remplacement du charbon par les hydrocarbures et le nucléaire ; maintenir la compétitivité, notamment celle de la sidérurgie dans le cadre du Marché commun, ainsi que la réduction des tarifs douaniers dans celui du GATT ; développer les secteurs d’avenir, notamment l’aérien, avec le Concorde, et le spatial ; rééquilibrer le tissu industriel avec le renforcement de l’aménagement du territoire (la DATAR est créée en 1964).
À l’Assemblée, Michel Maurice-Bokanowski présente, au titre de ses fonctions gouvernementales, deux projets de loi, le premier en avril 1965 relatif au transport des produits chimiques par canalisations, et le second en octobre relatif à la protection des appellations d'origine s'appliquant aux produits industriels. Michel Maurice-Bokanowski est amené à prendre souvent la parole, surtout lors de l’examen des crédits prévus par les projets de loi de finances, pour son département ministériel. À chaque fois, il souligne la bonne santé de l’industrie malgré des crises sectorielles qui commencent à toucher la France, l’augmentation de la consommation d’énergie qui conduit notamment à intensifier la prospection pétrolière ou encore la nécessaire entente entre voisins européens afin de contrer la concurrence de la production américaine. Il doit aussi répondre aux interrogations sur les conséquences de l’ouverture des frontières à la concurrence des producteurs des pays voisins dans le cadre de la mise en place du Marché commun. Il intervient lors de l’examen en mai 1965 de la proposition de loi de Gaston Palewski, relative aux marques de fabrique, de commerce ou de service.
En janvier 1966, à la suite du remaniement qui suit l’élection présidentielle, Michel Maurice-Bokanowski perd son portefeuille de ministre. Il se consacre alors à son mandat municipal et à l’administration de plusieurs sociétés.
Pour autant, l’ancien député gaulliste n’abandonne pas sa carrière politique d’envergure nationale : en septembre 1968, il est élu sénateur et siège au Palais du Luxembourg. Il sera réélu en 1977 et en 1986.
Sénateur des Hauts-de-Seine pendant 27 ans, il déploie une intense activité parlementaire, notamment au sein de la commission des affaires étrangères de 1968 à 1980 puis, de 1989 à 1995, à celle des affaires culturelles de 1980 à 1983 et de 1986 à 1989, ainsi qu’à celle des finances de 1983 à 1986. Michel Maurice-Bokanowski est notamment rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères sur les crédits de la défense consacrés aux dépenses d'équipement, lors de l'examen des projets de loi de finances en 1969 et 1970, puis des crédits de la marine en 1974 et 1975. De 1983 à 1985, il est également rapporteur spécial, au nom de la commission des finances, du budget des Anciens combattants. Ce gaulliste historique est par ailleurs nommé vice-président de son groupe parlementaire de 1971 à 1980.
Michel Maurice-Bokanowski dépose plusieurs propositions de lois au Sénat visant notamment à interdire la publication et la distribution gratuite de journaux en 1976, à créer en 1980 un contingent de croix de la Légion d'honneur au profit des anciens combattants de 1914-1918 ou encore à accorder le bénéfice de la campagne double aux fonctionnaires, anciens combattants d'Afrique du Nord en 1984.
En séance, le sénateur des Hauts-de-Seine s’intéresse à des sujets très divers qui portent notamment sur l’industrie, l’investissement dans la recherche scientifique, le droit des incapables majeurs ou bien l’audiovisuel.
Lors des grands scrutins, le maire d'Asnières se montre favorable au projet de loi portant création et organisation des régions en 1972, au projet de loi « Royer » en 1973 sur la préservation de l'artisanat et du commerce, au projet de loi abaissant la majorité à 18 ans en 1974, au projet de loi « Veil » relatif à l'interruption volontaire de grossesse cette même année et à celui facilitant le divorce en 1975, ainsi qu’au projet de loi « Peyrefitte » sur la sécurité et la liberté des personnes en 1980.
Dans l’opposition à la suite de l’élection présidentielle de 1981, Michel Maurice-Bokanowski vote l'abolition de la peine de mort en 1981, le projet de loi Defferre de décentralisation en 1982, la réforme des prestations de vieillesse, d'invalidité et de veuvage en 1983. Après l’élection présidentielle de 1988, il est à nouveau dans l’opposition, mais vote en faveur de la création du revenu minimum d’insertion (RMI) en 1988. En revanche, il est opposé au traité de Maastricht en 1992.
En 1994, Michel Maurice-Bokanowski perd la mairie d’Asnières lors d’une élection municipale anticipée. Âgé de 83 ans, il décide alors de se retirer de la vie politique et ne sollicite pas le renouvellement de son mandat de sénateur l’année suivante.
Michel Maurice-Bokanowski décède le 3 mai 2005 à Paris. Il était grand Officier de la Légion d'honneur, compagnon de la Libération et décoré de la Croix de guerre 1939-1945.