Félix Mayer

1901 - 1972

Informations générales
  • Né le 29 octobre 1901 à Creutzwald-la-Croix ( - District de Moselle - Empire allemand)
  • Décédé le 11 mai 1972 à Metz (Moselle - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Moselle
Groupe
Républicains populaires et centre démocratique

Biographies

Biographie de la Ve République

MAYER (Félix)
Né le 29 octobre 1901 à Creutzwald-la-Croix (District de Moselle, Empire allemand)
Décédé le 11 mai 1972 à Metz (Moselle)

Député de la Moselle de 1958 à 1962

Félix Mayer voit le jour dans une famille de mineurs lorrains, alors que la Moselle et l’Alsace font partie du Reich allemand. Son enfance est assombrie par le décès de son père en 1905, dans un accident qui frappe une mine de charbon. Félix Mayer fréquente d’abord le petit séminaire de Montigny-les-Metz, puis le Collège Saint-Augustin de Bitche. Bachelier et capacitaire en droit, il travaille à la Société alsacienne d’électricité de Creutzwald après le rattachement de l’Alsace-Moselle à la France, avant d’effectuer son service militaire de 1921 à 1923. Cette expérience convainc Félix Mayer de poursuivre son engagement comme militaire réserviste : il est nommé lieutenant dès 1930. En septembre 1939, l’officier Félix Mayer est mobilisé. Son comportement au front puis dans la Résistance lui vaut d’obtenir la Légion d’honneur à titre militaire et la croix de guerre à la Libération.
Nommé maire de Creutzwald-la-Croix en 1944, Félix Mayer prend la tête d’une liste composée de Républicains indépendants, d’Indépendants de gauche et de MRP au printemps 1945. Il conserve alors la mairie de Creutzwald-la-Croix : cette ville frontalière compte à l’époque un peu plus de 7.000 habitants. Ce succès est confirmé à l’occasion des élections cantonales de septembre 1945, dans le canton de Bouzonville. Félix Mayer restera maire de Creutzwald-la-Croix et conseiller général de Bouzonville jusqu’au début des années 1970. Il présidera un temps la Commission des Finances, puis la Commission départementale du Conseil général de la Moselle. Sous la IVe République, l’ancien officier devenu Ingénieur aux Houillères du bassin de Lorraine (HBL) se réclame des Républicains indépendants, tout en partageant beaucoup des valeurs du Mouvement républicain populaire.
Le passage au vote uninominal à deux tours pour les législatives de novembre 1958 offre une prime aux élus bien implantés et réduit, dans un premier temps, l’influence des partis politiques sur le scrutin. Ces considérations incitent Félix Mayer à poser sa candidature comme « Démocrate-chrétien indépendant soutenu par le MRP » dans la nouvelle 5e circonscription de la Moselle. Il s’en explique ainsi dans sa profession de foi : « Chrétien parce que je place sur une base chrétienne ; démocrate parce que je suis d’avis que tout pouvoir doit venir par le peuple, pour et avec lui ; indépendant parce que je n’appartiens à aucun parti ». Outre l’accent mis sur les questions sociales et éducatives, Félix Mayer se distingue des deux autres candidats « modérés » en insistant sur la nécessité d’un désarmement mondial, qui passerait par « l’arrêt des expériences et de la fabrication de la bombe atomique ». Sa circonscription ayant approuvé la Constitution de la Ve République à plus de 92% des suffrages exprimés, le maire de Creutzwald-la-Croix affiche cependant son soutien au général de Gaulle « dans son œuvre de redressement de la France ».
Félix Mayer et son suppléant Pierre Potier, maire de Freyming, manquent de peu l’élection au premier tour de scrutin le 23 novembre 1958. Ils réunissent sur leurs noms 20.393, soit 49,4% des suffrages exprimés. Félix Mayer obtient jusqu’à 71,9% des voix dans son canton de Bouzonville. Le maire de Creutwald-la-Croix est facilement élu député de la Moselle au second tour de scrutin (57% des suffrages exprimés) le 30 novembre 1958, malgré une triangulaire imposée par le candidat des Indépendants Alex Wiltzer.
Fidèle à ses principes, Félix Mayer siège jusqu’en 1962 au groupe des Républicains populaires et du Centre démocrate comme apparenté. Sous la première législature de la Ve République, le député de la Moselle est chargé par ses collègues de la Commission des finances, de l’économie générale et du plan de plusieurs rapports sur les problèmes d’équipement scolaire et sportif, notamment à l’occasion de lois de programme. L’intérêt de Félix Mayer pour ces questions remonte au début des années 1920, date à laquelle il avait fondé un club sportif à Creutzwald-la-Croix. Avec d’autres députés mosellans dont Robert Schuman, il dépose également une proposition de résolution tendant à inviter le Gouvernement Debré à renforcer les mesures de protection dans les mines, le 3 juin 1959, au lendemain d’une terrible catastrophe dans le bassin houiller de Lorraine.
Dans l’hémicycle, Félix Mayer se montre un député assez actif, qui consacre son énergie aux problèmes du monde minier (caisses de secours et de retraites des mineurs ; reconversion des anciens bassins houillers), aux équipements sportifs et socio-éducatifs ainsi qu’à la douloureuse question des « malgré nous », ces Alsaciens-Mosellans contraints d’intégrer l’armée allemande après l’armistice de l’été 1940. Le 25 octobre 1961, Félix Mayer plaide ainsi en faveur de la reconnaissance du bénéfice de campagne pour les « malgré nous ». A cette occasion, le député de la Moselle déclare vouloir « simplement qu’il n’y ait aucune discrimination entre ceux qui ont servi dans l’armée allemande de 1914-1918 et ceux qui ont été abandonnés par la France et incorporés de force pendant la période de 1940 à 1945 ».
Si Félix Mayer soutient la politique algérienne du général de Gaulle pendant toute la législature, il désapprouve l’évolution du régime vers un renforcement des pouvoirs du Président de la République au détriment du régime parlementaire imaginé par nombre des constituants de 1958. Le député de la Moselle rejette le nouveau règlement de l’Assemblée nationale (3 juin 1959), mais vote la confiance après la déclaration de politique générale de Michel Debré (15 octobre 1959). Il se prononce en faveur de la loi sur l’enseignement privé (23 décembre 1959), mais s’abstient volontairement lors du scrutin qui suit la présentation du programme de Georges Pompidou, nouveau Premier ministre (27 avril 1962). A l’instar de beaucoup d’élus se réclamant de la démocratie-chrétienne, Félix Mayer choisit de voter la motion de censure du 4 octobre 1962, afin de dénoncer ce qu’il considère comme une violation de la Constitution.
Après que l’Assemblée nationale a été dissoute et que les Français ont dit « oui » à l’élection du Président au suffrage universel direct le 28 octobre 1962, Félix Mayer choisit de se représenter aux élections législatives de l’automne 1962. Le conseiller général de Boulay, Julien Schwartz, reçoit alors l’investiture de l’UNR, et appelle les électeurs mosellans à sanctionner «la coalition MRP, SFIO, PC». Les socialistes ont en effet renoncé à présenter un candidat dans cette 5e circonscription de la Moselle, contrairement à novembre 1958. Julien Schwartz est élu dès le premier tour de scrutin le 18 novembre 1962 : avec 60,3% des suffrages exprimés, il devance Félix Mayer (32,9%) jusque dans son canton de Bouzonville.
Le maire de Creutzwald-la-Croix se consacre dès lors à ses mandats locaux, renonçant à se porter candidat aux législatives de 1967 ou de 1968. La maladie le contraint à abandonner toute responsabilité publique en décembre 1971.