Jean Mazel

1910 - 1962

Informations générales
  • Né le 10 mai 1910 à Pnom-penh (Cambodge)
  • Décédé le 19 août 1962 à Pnom-penh (Cambodge)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Lozère
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Lozère
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Lozère
Groupe
Mouvement républicain populaire
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Lozère
Groupe
Centre républicain d'action paysanne et sociale et des démocrates indépendants

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 10 mai 1910 à Pnom-Penh (Cambodge)
Décédé le 19 août 1962 à Pnom-Penh

Membre de la première et à la seconde Assemblée nationale constituante (Lozère)
Député de la Lozère de 1946 à 1955

Fils d'Octave Mazel et de Dang Thi Nhieu, Jean Mazel, docteur en droit, exerce comme avoué près du tribunal civil de Mende (Lozère) avant la seconde guerre mondiale. Il n'a alors aucune activité politique. Combattant en 1939-1940, il obtient la Croix de guerre et l'armée le démobilise avec le grade de sous-lieutenant de réserve. Marié et père de deux enfants, il est désigné par Vichy comme conseiller municipal de Mende et deuxième adjoint. Mais il vote contre une motion de confiance au président Laval le 1er mai 1942. Sa demande de démission, adressée au préfet de Lozère, est refusée par l'intéressé. Entré dans la Résistance, il fait l'objet d'un avis de recherche de la direction générale de la police nationale en date du 7 mars 1944. La circulaire policière le décrit ainsi : « Taille 1 m 70, cheveux noirs, front dégarni, yeux gris. Porte souvent un costume sport raglan et un chapeau gris bleu. Se fait appeler Michel ».

A la Libération, Jean Mazel, qui préside le Comité local de Libération et le Mouvement de libération nationale (MLN) du chef-lieu du département, est élu maire de Mende, le 29 avril 1945, et conseiller général du canton de Bleymard, le 23 septembre suivant. Président de la fédération lozérienne du Mouvement républicain populaire dès sa formation dans le département, il conduit la liste de ce jeune parti et se fait élire député à la première Assemblée nationale constituante en octobre 1945. Sa liste bénéficie du soutien de la majorité du Conseil général et du clergé, en dépit de ses origines protestantes. Elle arrive en tête, avec 25 600 suffrages sur 63 203 inscrits et 47 241 exprimés, devançant celle de Gilbert de Chambrun, qui, avec 21 641 voix, emporte le deuxième siège. La liste d'union des gauches s'était retirée avant l'ouverture du scrutin. Cette situation, contraire aux traditions locales, donne naissance à cette réflexion populaire : « C'est la première fois que les Cévennes votent pour un marquis, catholique de surcroît, et la Haute-Lozère pour un protestant ».

A l'Assemblée, Jean Mazel est désigné pour siéger à la commission de la justice et de législation générale et à celle des territoires d'outre-mer. Mais, il ne fait pas d'intervention publique, ne dépose aucune proposition ou rapport et le bulletin des commissions ne signale aucune activité spécifique personnelle. Il demande et obtient un congé dès la première séance de l'Assemblée, le 16 décembre 1945, et un second, le 7 février suivant. Le 19 avril 1946, il vote contre le projet constitutionnel.

Pour les élections à la deuxième Assemblée constituante, Jean Mazel mène une campagne résolument libérale et anticommuniste, de défense des valeurs chrétiennes. Il se présente comme un défenseur de la liberté d'enseignement, de la propriété agricole, de la famille française, des libertés syndicales et économiques, concluant une de ses deux professions de foi par cette phrase : « En face de la dictature sous toutes ses formes qu'imposerait à notre pays le communisme, nous présentons notre doctrine spiritualiste de liberté, de justice et de fraternité au service de laquelle nous voulons mettre notre idéal chrétien ». La liste MRP conduite par Jean Mazel arrive encore largement en tête dans le département, mais perd 6 000 voix. Il obtient 19 431 suffrages sur 61 406 inscrits et 47 733 exprimés. La présence de quatre listes, dont une liste dite « Républicaine populaire indépendante », conduite par son ancienne colistière Emerantienne de Lagrange, explique ce recul ; de Chambrun, lui aussi réélu, subissant pour sa part la concurrence d'une liste RGR (Rassemblement des gauches républicaines). Mazel retrouve sa place à la Commission des territoires d'outre-mer et entre à la Commission de grâce amnistiante en Algérie. Mais il ne s'y manifeste guère.

Dans une configuration politique identique à celle de juin 1946, Jean Mazel est réélu plus difficilement à la première législature de la IVe République en novembre 1946. Il rassemble 16 863 suffrages sur 61 273 inscrits et 46 138 exprimés, soit deux mille six cents voix de moins que six mois plus tôt ; la liste républicaine populaire indépendante progressant, elle, de deux mille suffrages. Il siège de nouveau dans la commission de la justice et de législation et dans celle des territoires d'outre-mer. Mais il entre dans la commission des pensions et dans la commission de la production industrielle. Il est par ailleurs nommé juré à la Haute Cour de justice le 26 janvier 1948. Cette fois, il intervient brièvement, dans la discussion du projet de loi portant statut du personnel des communes, et sur les secrétaires de mairies. Le 30 décembre 1947, il obtient un nouveau congé de l'Assemblée.

Après avoir démissionné du MRP et de la présidence de la fédération départementale du mouvement en décembre 1948, à la suite du vote par son groupe de la loi des « maxima », Jean Mazel s'est rallié au groupe du Centre républicain d'action paysanne et sociale. Il est réélu à la deuxième législature de la IVe République le 17 juin 1951 sur la liste d'Union des indépendants, des paysans et des républicains nationaux, grâce à l'apparentement conclu avec les listes MRP et RPF. Ce changement d'étiquette et le doublement de l'offre politique, avec huit listes en compétition, conduisent à une brutale réduction de ses résultats : il rassemble 9 485 suffrages (8 427 en moyenne pour sa liste) sur 57 513 inscrits et 44 447 exprimés. La liste MRP orthodoxe n'a rassemblé, elle, que 2 974 voix en moyenne et celle du RPF, 6647 suffrages en moyenne. Jean Mazel a tenu une nouvelle fois des positions anticommunistes très affirmées, proposant notamment l'exclusion de l'administration de « tous les fonctionnaires d'autorité inféodés au parti communiste » dont il dénonce les « entreprises antifrançaises ». Il prône une réforme scolaire « assurant la liberté effective de l'enseignement » et le libre choix des parents, propose de restituer au secteur privé « toutes les entreprises que l'Etat est incapable de gérer sainement », de supprimer le droit de grève aux agents d'autorité et préconise de nombreuses mesures libérales en matière fiscale et une politique de soutien pour le monde rural. Le député sortant est réélu grâce à l'apparentement.

Durant les élections Mazel a eu à Mende une violente polémique publique avec Henri Trémolet de Villers qui l'a devancé de quelques centaines de suffrages. Après les élections, le 19 juillet 1951, Henri Trémolet de Villers dépose une demande en autorisation de poursuite pour injure et diffamation (N° 269, annexe au procès-verbal de la séance du 24 juillet 1951). Mais le rapport n° 3846 de la commission des immunités parlementaires (annexe au procès-verbal du 26 juin 1952) considère que les faits rapportés « ne semblent pas sérieux » et liés à la campagne électorale et propose le rejet des poursuites. Son influence s'est « considérablement réduite », selon les rapports préfectoraux.

Toujours membre de la commission de la Justice et de législation, Jean Mazel entre à la commission des moyens de communication et du tourisme le 21 janvier 1953 et s'y trouve reconduit les deux années suivantes. Il ne dépose ni proposition ni rapport et n'intervient pas à la tribune de l'Assemblée.

Jean Mazel, après avoir été battu aux cantonales du 7 octobre 1951, est réélu maire de Mende en avril 1953, à la tête d'une coalition réunissant tous les groupes politiques de la SFIO à la droite. Mais, peu après, il vend son étude d'avoué et quitte définitivement la Lozère pour aller résider à Saint-Raphaël (Var). Il ne se représente pas aux élections législatives du 2 janvier 1956 et démissionne de ses fonctions de maire ; démission acceptée par le préfet le 6 février 1956. Il se retire de la compétition électorale à quarante-six ans seulement. Elu local bien implanté, défenseur des valeurs chrétiennes et libérales traditionnelles en Haute-Lozère, a été élu durant dix années à l'Assemblée nationale mais fort peu présent au Palais-Bourbon selon les témoignages. Cet ancien résistant n'a eu qu'une activité au niveau national extrêmement réduite, en dehors de sa présence sporadique dans les commissions parlementaires.

Jean Mazel, chevalier de la Légion d'honneur au titre de la Résistance, a été décoré de la croix de guerre, 1939-1945.