Jean Médecin
1890 - 1965
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 2 décembre 1890 à Nice (Alpes-Maritimes).
Député des Alpes-Maritimes de 1932 à 1939.
Sénateur des Alpes-Maritimes de 1939 à 1945.
Après une brillante conduite pendant la guerre de 1914-1918 qui lui valut la Légion d'honneur et la croix de guerre, Jean Médecin, avocat, commença sa carrière politique en 1925, comme conseiller municipal de Nice, sa ville natale, dont il devint maire trois ans plus tard. Il s'attacha avec talent à donner à sa ville, par des embellissements et des aménagements exemplaires, un lustre et un éclat quelque peu perdus. Conseiller général des Alpes-Maritimes à partir de 1931, il fut élu député de la 1re circonscription de Nice le 1er mai 1932, au premier tour de scrutin, par 11.875 voix contre 1.092 à Défaut, sur 14.209 votants. Il fut réélu le 26 avril 1936 par 10.837 voix sur 18.330 votants et siégea sur les bancs du groupe des indépendants de gauche. Membre de la commission d'administration générale, départementale et communale, il déposa un grand nombre de rapports sur des propositions et des projets de loi concernant notamment les délais d'avancement des fonctionnaires, le renforcement des moyens d'action des polices d'Etat. Lors de la discussion du budget général de l'exercice 1935, il intervint d'une part au sujet des charges imposées aux hôpitaux de province par l'hospitalisation des indigents étrangers et, d'autre part, à propos de la police de Nice.
Il prit part aussi à la discussion du budget général de l'exercice 1938 en traitant la question de la création à Nice d'une section de la Cour d'appel d'Aix.
Il fut élu sénateur des Alpes-Maritimes le 10 janvier 1939, au premier tour de scrutin, par 363 voix sur 481 votants.
A la Haute Assemblée, son activité s'est surtout déployée au sein de la commission de l'administration générale, départementale et communale et de la commission de l'enseignement.
Le 10 juillet 1940, à Vichy, il vota pour les pouvoirs constituants demandés par le maréchal Pétain.
Né le 2 décembre 1890 à Nice (Alpes-Maritimes)
Décédé le 18 décembre 1965 à Nice
Député des Alpes-Maritimes de 1932 à 1938
Sénateur des Alpes-Maritimes de 1938 à 1942
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Alpes-Maritimes)
Député des Alpes-Maritimes de 1946 à 1958
Secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement du 1er mars 1955 au 24 janvier 1956
(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des Parlementaires français 1889-1940, Tome VII, p. 2124)
Maintenu comme maire de Nice, Jean Médecin voit rapidement son action critiquée par des éléments vichystes. Une note du 31 mai 1941, relayée par les autorités, le met en cause en ce qui concerne son administration municipale, mélangeant les accusations sur sa gestion de l'Opéra, sur l'emploi de juifs dans l'administration municipale et divers reproches. Le Service d'ordre légionnaire lui reproche ensuite de refuser de débaptiser la Promenade des Anglais et le qualifie de « gaullo-communiste ». Les Italiens, qui occupent la zone jusqu'en 1943, exigent sa révocation à la suite de plusieurs attentats. En juillet 1943, sans être formellement révoqué, il se retire, son adjoint faisant fonction de maire. Il s'exile, dans le Vaucluse, se réfugiant ensuite à Annot (Basses-Alpes) où il possède une résidence. Il est arrêté le 17 juin 1944 par des agents en civil de la police allemande, avec le concours de la Milice française, en présence d'élus d'Annot. Molesté, il fait parti d'un convoi de déportés mais son périple s'achève à Belfort où il est emprisonné. De retour à Nice à la Libération, Jean Médecin perd tous ses mandats national, avec la suppression du Sénat, mais aussi locaux. Le préfet confie la délégation spéciale de Nice, municipalité qu'il dirigeait depuis 1928, au communiste Virgil Barel. Il est aussi démis de son siège à l'Assemblée départementale. Le Comité départemental de Libération (CDL), invité en janvier 1945 par le préfet Paul Escande à fournir son avis sur les conseillers généraux sortants, récuse 24 anciens conseillers, dont l'ancien sénateur-maire, élu du canton de Sospel depuis 1931. Aux élections municipales d'avril 1945, Nice lui échappe au profit de l'avocat socialiste Jacques Cotta.
Mais, réhabilité par le Jury d'honneur, Jean Médecin reste une personnalité locale bien implantée et bénéficie de l'onction résistante accordée par le Front national. Pour les cantonales de septembre, contre les socialistes, il se rapproche de Virgil Barel. Ce rapprochement est différemment jugé ; contre-nature pour les uns, il constitue un simple pacte de non-agression pour les autres. Jean Médecin se présente à l'Assemblée départementale de Nice dans le 4e canton, où il affronte le nouveau maire SFIO de la ville Jacques Cotta qui cherche à lui ôter toute chance de reconquérir la mairie et à l'éliminer définitivement de la scène politique locale. Jean Médecin l'emporte dès le premier tour et il entame alors la reconquête de ses positions dans le département.
Victorieux aux cantonales, Jean Médecin inverse ses alliances pour les élections à la pre mière Assemblée constituante du 21 octobre 1945 et rassemble les modérés, face au parti communiste qui constitue la force politique la plus active du département. Sa liste « d'Union républicaine » intègre les radicaux ; leur leader départemental, Emile Hugues, est deuxième de la liste Médecin. Celui-ci bénéficie encore de l'appui de Monseigneur Rémond. Ainsi, le MRP ne peut être un obstacle véritable à droite, car il n'a pas le soutien de la hiérarchie locale, et que l'abbé Daumas, vice-président du CDL, se présente sur une liste des Républicains indépendants. Jean Médecin arrivé en deuxième position avec 35 157 suffrages, sur 236 361 inscrits et 188 210 exprimés est élu. Le PC, avec 71 210 voix emporte trois sièges et le socialiste Roubert est le cinquième élu, avec 33 283 voix. Les trois autres listes n'ont aucun élu. A l'Assemblée, il s'inscrit au groupe des Républicains indépendants avec René Coty, Emile Gellié et Marcel Roclore.
Jean Médecin, parlementaire d'expérience, est désigné comme membre de la commission de l'intérieur, de l'Algérie et de l'administration générale, départementale et communale, il siège par ailleurs à la commission des territoires d'Outre-mer, à celle de l'éducation nationale, des beaux-arts, de la jeunesse, des sports et des loisirs et il est nommé juré de la Haute Cour de justice. Il ne dépose qu'une proposition de résolution et n'intervient guère à la tribune, se faisant surtout remarquer en justifiant les mesures exceptionnelles sur la presse en mars 1946 : « La Libération (les) exigeait (...) Il fallait à tout prix que les héroïques journalistes qui avaient travaillé dans l'ombre au péril de leur vie à la délivrance puissent poursuivre sans délai et sans à-coup leur œuvre salvatrice au grand jour ». Il vote les nationalisations, puis, fidèle à la Troisième République, se prononce contre le projet constitutionnel le 19 avril 1946.
Le 2 juin 1946, Jean Médecin conduit une liste de « Rassemblement républicain » pour l'élection à la deuxième Assemblée nationale constituante. Les petites listes de 1945 ne s'étant pas représentées, sa progression est fulgurante : il obtient 83 299 suffrages sur 237 519 inscrits et 196 361 exprimés. Il est réélu, ainsi qu'Emile Hugues, maire de Vence, qui est resté son co-listier. Les communistes (74 260 voix) n'obtiennent plus que deux sièges et les socialistes conservent le leur (38 802 voix). Jean Médecin s'inscrit au groupe de l'UDSR et Emile Hugues à celui du Parti radical-socialiste. Il a fait campagne pour le rétablissement du scrutin majoritaire à deux tours dans le cadre de l'arrondissement. Il est désigné pour siéger à la commission de l'équipement national et de la production, dépose trois textes et ne fait qu'une seule intervention, se faisant excuser de son absence le 19 juin. Le 28 septembre, il vote contre le projet constitutionnel.
Pour les élections à la première Assemblée de la IVe République, le 10 novembre 1946, la liste du « Rassemblement républicain » perd trois mille suffrages, avec 80 314 voix, sur 251 303 inscrits et 197 118 exprimés, une quatrième liste dite « de la France combattante » étant entrée dans la compétition. Mais, la SFIO reculant, avec 13 433 voix, les deux sortants de la liste Médecin sont réélus et elle gagne encore un siège pour Philippe Olmi, maire de Villefranche-sur-Mer. Il maintient son affiliation à l'UDSR et demeure dans cette formation en décembre 1948, lors de la scission qui voit le départ des membres de l'intergroupe gaulliste, avec René Capitant. Mais, rattaché au RGR, il abandonne l'UDSR un peu avant la fin de la législature pour rejoindre le Parti radical, avec Forcinal et Viollette.
Jean Médecin reprend la mairie de Nice à l'occasion des élections municipales du 26 octobre 1947. Il intègre comme maires-adjoints, deux élus gaullistes, M. Teisseire et Pasquini, mais son refus de rallier le RPF qui tente de le faire entrer dans ses rangs s'achève par des polémiques de plus en plus vives à partir de 1948. Le « système Médecin », obéissant à une logique d'émancipation départementale, est en effet exceptionnel en France, rétif à toute assimilation à une formation politique traditionnelle ou nationale. Le « rassemblement républicain » regroupe autour de lui une force politique lui permettant d'assurer son contrôle du pouvoir local difficile à caractériser selon les critères politiques nationaux classiques, nébuleuse ainsi décrite par deux historiens : « Parti local, réseau de soutien clientéliste, groupe de pression et de contrôle, il exprime l'affirmation et la suprématie recherchée de certaines valeurs politiques locales ; il est aussi un des moyens conjoncturels de la prise du pouvoir. Il est un mode de dépolitisation de la vie politique locale et l'expression privilégiée, particulariste, du refus de la politique nationale » (in Jacques Basso et Olivier Vemier, Jean Médecin en politique, le pouvoir d'un notable, la passion d'une ville, dans Nice Historique, n° 2, 1990).
Le maire de Nice conduit toujours la liste du « rassemblement républicain », présentée par le RGR, le Parti radical et radical-socialiste et le CNI le 17 juin 1951. Il fait campagne en premier lieu pour la révision de la Constitution et en second pour la défense de la propriété et de l'héritage. A son programme, il met encore la défense de la monnaie, la diminution des dépenses de l'Etat, la liberté du commerce et la défense de l'Union française. Alors que six listes s'affrontent, le Rassemblement républicain qui a conclu un apparentement avec la liste socialiste indépendante, le Rassemblement des groupes républicains et républicains indépendants et la liste RPF du général Corniglion-Molinier voit ses trois élus sortants reconduits (Médecin, Hugues et Olmi). Son résultat propre va au-delà des prévisions officielles, avec 74 209 suffrages en moyenne (76 739 pour Jean Médecin) sur 268 211 inscrits et 213 874 exprimés. Il est considéré comme un grand succès personnel, s'exerçant sur toutes les classes de la société, mais aussi au fait qu'il était seul dans le département à avoir organisé « scientifiquement » sa campagne.
Jean Médecin est nommé dans plusieurs commissions. Il entre à la commission des moyens de communication et du tourisme en juillet 1951 et y demeure jusqu'au bout de la législature. En novembre 1952, il est nommé à la commission de la marine marchande et des pêches. Il se montre de nouveau un parlementaire très actif dans des domaines très variés, comme le montrent ses textes déposés et ses interventions. Il vote pour les lois favorisant l'aide à l'école privée en 1951 et suit la majorité de l'Assemblée dans les votes majeurs comme sur le Pacte atlantique ou sur l'Europe. Il participe pourtant au rejet de la Communauté européenne de défense le 30 août 1954, puis vote les Accords de Londres et Paris. Il lui arrive aussi de contribuer à la chute de ministères, comme celui d'Edgar Faure, le 29 février 1952, ou celui de Pierre Mendès-France le 4 février 1955. On remarque ses interventions sur le tourisme ou sur l'amnistie et ses « réserves » concernant le choix des nationalistes tunisiens comme interlocuteurs valables en août 1954.
En octobre 1951, Jean Médecin a emporté la présidence du Conseil général après avoir été réélu aux cantonales, mettant fin ainsi à la parenthèse de la gauche (Virgil Barel détenant le siège de 1945 à 1947 puis le socialiste André Botton, de 1947 à 1951). Il conserve cette présidence durant dix ans, jusqu'en juin 1961. Le « Roi Jean », restauré dans tous ses mandats désormais, administrateur reconnu, réalise de grands travaux d'utilité publique dans sa ville, comme l'élargissement de la promenade des Anglais, l'assainissement de la vieille cité, l'hospice de la Charité, etc. Il a une politique culturelle active, avec la création du Centre universitaire méditerranéen, mais aussi du Centre d'études juridiques, du Conservatoire de musique et de l'Institut scientifique.
Candidat à la présidence de la République les 17-19 décembre 1953, à titre personnel, il obtient 87 voix lors du premier tour de scrutin. Il se retire, mais obtient, sans être candidat, 45 voix au quatrième tour. Il se représente officiellement comme candidat d'arbitrage entre Marcel-Edmond Naegelen et Laniel qui n'arrivent pas à se départager au cinquième tour et obtient 197 suffrages. Le député-maire de Nice persiste au sixième tour où il rassemble 171 voix, au septième tour, où il compte encore 156 suffrages puis se retire définitivement de la compétition qui ne s'achève qu'au treizième tour.
Edgar Faure, l'appelle comme secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement du gouvernement, du 1er mars 1955 au 24 janvier 1956 et il répond à ce titre à de très nombreuses questions de parlementaires. Il est nommé président du Conseil supérieur de la fonction publique le 21 mars 1955. Mais le maire de Nice devient surtout une autorité incontestée dans le domaine touristique : président du Conseil supérieur du tourisme, il appartient par ailleurs au Conseil de l'Ordre du Mérite touristique et à la commission du tourisme au Commissariat général du plan. Il est encore membre du Comité national d'urbanisme et du Conseil supérieur d'Electricité et Gaz de France.
Lors des élections du 2 janvier 1956, la liste « du Rassemblement républicain et social présenté par le RGR, le Centre national des républicains sociaux et le Parti républicain et radical et radical socialiste » s'apparente avec deux autres listes. L'une « Républicaine et socialiste indépendante » conduite par l'ancien maire de Nice, Jacques Cotta qui a rompu avec la SFIO, et l'autre du MRP qui se représente pour la première fois depuis une décennie. La liste de Jean Médecin obtient 97 442 suffrages, sur 312 015 inscrits et 253 031 exprimés. Après l'élection, il contribue à la formation, pour la première fois d'un groupe autonome du RGR, distinct du groupe radical de Pierre Mendès-France. Il retrouve sa place à la commission des moyens de communication et du tourisme, siège encore à la commission des immunités parlementaires et est élu comme représentant de la France à l'assemblée commune de la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier le 19 mars 1957. Il vote successivement l'investiture de Guy Mollet, Maurice Bourgès-Maunoury puis Félix Gaillard, mais participe à la chute de ces deux derniers. Le 13 mai 1958, après le soulèvement algérois, il vote l'investiture de Pierre Pflimlin puis le premier juin celle du général de Gaulle, lui accorde les pouvoirs constituants et la révision constitutionnelle le lendemain.
En novembre 1958, il est réélu député des Alpes-Maritimes dès le premier tour.
MéDECIN (François, Xavier, Stanislas, Horace, Jean, Antoine, Marie, Pierre, Anthème)
Né le 2 décembre 1890 à Nice (Alpes-Maritimes)
Décédé le 18 décembre 1965 à Nice
Député des Alpes-Maritimes de 1932 à 1938
Sénateur des Alpes-Maritimes de 1938 à 1942
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Alpes-Maritimes)
Député des Alpes-Maritimes de 1946 à 1962
Secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil du 1er mars 1955 au 24 janvier 1956
(Voir la première partie de la biographie dans le Dictionnaire des Parlementaires français 1889-1940, tome 7, p. 2124 et dans le Dictionnaire des Parlementaires français 1940-1958, tome 5, p. 357)
Parlementaire, Jean Médecin aura connu trois républiques. Le 23 novembre 1958, vingt-six ans après son entrée au Palais-Bourbon, il est réélu député des Alpes-Maritimes pour la huitième fois. Comme 39 députés de métropole et d’Outre-mer, il est vainqueur au premier tour de scrutin. Seul candidat des six circonscriptions de son département n’ayant pas d’adversaire gaulliste (UNR), il obtient 24 912 voix sur 41 313 suffrages exprimés, franchissant la majorité absolue de plus de 4000 voix. L’élu de la deuxième circonscription des Alpes-Maritimes est secondé dans son mandat de député par son suppléant Ferdinand Garino, directeur honoraire des services administratifs de la ville de Nice, conseiller général et maire de Falicon. Fortement ancré localement et très populaire dans sa ville qu’il administre à nouveau depuis 1947, le « roi Jean » préside le conseil général depuis 1951.
Le maire de Nice a certes voté, le 1er juin précédent, en faveur de l’investiture du général de Gaulle, auquel il a également accordé les pouvoirs constituants. Il a aussi donné sa voix à la révision constitutionnelle ; il n’en reste pas moins un antigaulliste acharné, préférant, sur le plan local, des alliances de circonstance avec le Parti communiste et sa figure locale, le député Virgile Barel, avec lequel il entretient de bonnes relations. Aucune étiquette politique ne caractérise d’ailleurs sa candidature au premier scrutin législatif de la Cinquième République ; l’ancien avocat s’y présente comme un homme indépendant, en face de trois autres candidats – communiste, socialiste et poujadiste – bien identifiés. A l’Assemblée nationale, pour marquer sa liberté politique, il s’inscrit d’abord à la formation administrative des non-inscrits.
Aussi, celui qui a fait la preuve, à de multiples reprises, que le « système Médecin » comme l’appelle ses adversaires, pouvait vivre sans être investi par une force politique nationale, entame-t-il les premières années du nouveau régime avec une méfiance ancienne et tenace pour son fondateur. D’ailleurs, son programme électoral semble porter peu de crédit à l’importance quasi exclusive prise par le pouvoir exécutif dans la nouvelle Constitution. Le candidat préfère voir assurées « la stabilité gouvernementale et l’autorité de l’Etat sous le contrôle du Parlement ». Les déclarations de Jean Médecin, proche des Républicains indépendants, prennent aussi le contre-pied de la politique étrangère du général de Gaulle. Il vote, certes, en faveur du projet de loi autorisant le gouvernement à prendre certaines mesures relatives au maintien de l’ordre, à la sauvegarde de l’Etat, à la pacification et à l’administration de l’Algérie (loi du 4 février 1960). Mais dans le questionnaire biographique qu’il adresse, comme l’ensemble de ses collègues, à l’administration parlementaire, au chapitre des « prises de position importantes », le député se déclare exclusivement « en faveur de l’Algérie française ». Par ailleurs, le maire de Nice est élu représentant du Parlement à la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) dont on sait le peu d’intérêt que le président de la République y porte. Jean Médecin ne cache pas sa « solidarité atlantiste », dans son programme électoral de 1958. Avoir rejeté le projet de Communauté européenne de défense (CED) n’est pas incompatible, dans ses propos, avec un franc soutien apporté à la construction européenne et à la politique de paix, « dans une Europe unie », où le « désarmement » doit être « strictement contrôlé ».
Président du Conseil supérieur du tourisme jusqu’en 1962, membre de la commission tourisme au Commissariat général au plan, du comité national d’urbanisme et du comité directeur d’Electricité et Gaz de France (EGF), l’ancien secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil, en charge de la fonction publique, choisit logiquement de siéger à la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales du Palais-Bourbon, mais pour quelque temps seulement. Neuf mois plus tard, le 8 octobre 1959, sans avoir réellement participé au travail de cette commission, il rejoint celle de la défense nationale et des forces armées où il est réélu en 1960, en 1961 et en 1962. Ce sont les dernières années de la carrière parlementaire de Jean Médecin, dont l’activité au Palais-Bourbon est moins soutenue, même s’il quitte son isolement pour rejoindre le groupe de l’Entente démocratique au poste de président. Son action politique se résume alors à combattre le gaullisme au plan national, comme il le fait aussi sur ses terres azuréennes où il consacre l’ensemble de ses efforts et l’essentiel de son temps à sa ville de Nice. S’il approuve la déclaration de politique générale du premier ministre Michel Debré, le 15 janvier 1959, il accomplit son dernier acte parlementaire en votant en faveur de la motion de censure, le 4 octobre 1962, qui précipite la chute du premier gouvernement de Georges Pompidou.
Quelques années plus tard, en 1965, il se prononce contre la candidature de Charles de Gaulle à la première élection présidentielle au suffrage universel, en soutenant Jean Lecanuet au premier tour et François Mitterrand au second. Septuagénaire, le co-fondateur et vice-président de l’association des maires de grandes villes de France passe progressivement le relais politique à son fils Jacques, l’un de ses quatre enfants. Pour cela, il quitte le conseil général et sa présidence, en 1961, avant de renoncer l’année d’après, à se présenter aux élections législatives. Il reste maire de sa ville natale jusqu’à sa mort, trois ans plus tard, en décembre 1965. Dans la foulée, son fils devient maire de Nice (1966) et succède à son père, à quelques années près, au Palais-Bourbon (1967) et à la présidence du Conseil général (1973), jusqu’à son exil en Amérique latine, en 1990.