Charles Metzinger
1929 - 1996
METZINGER (Charles)
Né le 13 août 1929 à Freyming (Moselle)
Décédé le 10 septembre 1996 à Nancy (Meurthe-et-Moselle)
Député de la Moselle de 1981 à 1992
Fils de mineur, Charles Metzinger naît le 13 août 1929 à Freyming, petite cité minière de l’est mosellan, près de Sarrebruck en Allemagne. Réformé du service militaire, il entreprend des études à l’école normale d’Avignon, puis passe une licence d’allemand à l’Université de Nancy et à l’université de la Sarre. Après avoir exercé dans l’enseignement primaire de 1949 à 1964, il réussit le CAPES d’allemand et devient professeur certifié au collège de Freyming, au lycée Robert Schuman à Metz, puis au lycée Blaise Pascal de Forbach.
Homme de gauche, mais rétif à tout dogmatisme idéologique, Charles Metzinger entre au conseil municipal de Freyming en mars 1965. Il améliore son implantation en étant élu conseiller général du canton de Freyming-Merlebach en septembre 1967. Il le reste jusqu’en 1985. En mars 1971, c’est sous l’étiquette « Divers gauches » qu’il devient maire de Freyming-Merlebach alors que les deux communes viennent alors de fusionner. Réélu en 1977, 1983 et 1989, il se maintient à l’hôtel de ville jusqu’en 1995. Devant faire face à l’accroissement démographique important de sa commune, qui passe de 9 700 habitants en 1968 à 16 200 en 1982, il s’engage sur le terrain du logement tout en développant les infrastructures éducatives et culturelles de la commune.
Lors des législatives de 1973, il est suppléant du candidat « Réformateur », Roger Hesse, dans la 5e circonscription de la Moselle. C’est seulement en 1974, à l’occasion de la campagne présidentielle, que Charles Metzinger prend sa carte au Parti socialiste (PS). Son choix correspond à la montée en puissance du parti en Lorraine. Entre la fin des années 1960 et la fin des années 1970, le PS s’impose comme la force dominante face à un Parti communiste victime de la désindustrialisation. Il mobilise efficacement les classes moyennes composées de fonctionnaires et d’employés. Il attire les voix des jeunes et des femmes. Il joue des relais associatifs et syndicaux, en particulier ceux de la CFDT. A partir de 1975 et jusqu’en 1995, Charles Metzinger préside le district de Freyming-Merlebach.
Aux législatives de juin 1981, il se présente sous l’étiquette socialiste dans la 5e circonscription de la Moselle, celle de Saint-Avold. Son suppléant est l’agriculteur Roger Hesling. Bénéficiant d’une vague rose particulièrement forte en Lorraine, il recueille 30 781 voix au premier tour, devance son adversaire RPR Julien Schvartz, qui obtient 24 795 voix, et le candidat du Parti communiste français (PCF) Marcel Zieder, qui reçoit 3 643 voix et s’impose ainsi au premier tour, dès le 14 juin, en rassemblant 52 % des suffrages exprimés face au député gaulliste sortant.
Le nouveau député devient le même mois conseiller régional. Au Palais-Bourbon, il s’inscrit au groupe socialiste et rejoint la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, dont il est vice-président à partir d’avril 1983. Il est le rapporteur du projet de loi modifiant certaines dispositions du code des pensions civiles et militaires de retraite et relatives à la cessation d’activité des fonctionnaires et des agents de l’Etat et des établissements publics de l’Etat à caractère administratif (décembre 1983 et novembre 1984). Cet enseignant se spécialise vite sur les questions liées à l’enseignement et à la culture. Lors de la discussion des projets de lois de finances, il intervient pour dénoncer les disparités entre académies, citant, en novembre 1981, l’exemple de la Moselle, pour rappeler l’importance de la formation continue pour l’insertion professionnelle (novembre 1981 et novembre 1982), pour insister sur l’utilité du fonds d’intervention culturelle et la nécessité d’une diffusion sociale de la culture (octobre 1984) et pour saluer la réintroduction de la culture dans le Plan et le développement des conservatoires et écoles de musique (octobre 1985). Il participe aux débats sur le projet de loi relatif aux droits d’auteurs et artistes-interprètes (juin 1984 et mai 1985) et sur le projet de loi modifiant la loi du 10 août 1981 relative au prix du livre (mai 1985).
Charles Metzinger se montre aussi attentif aux questions sociales. Il suit de près le projet de loi modifiant certaines dispositions du code du travail relatives aux conseils de prud’hommes (janvier-avril 1982). Il interroge régulièrement le gouvernement sur l’insuffisance de l’aide de l’Etat en matière de relance de la production charbonnière et suggère, en novembre 1983, la mise en place d’une mission parlementaire d’information sur les coûts réels de l’exploitation et de la commercialisation du charbon (novembre 1983). Il vote en septembre 1981 en faveur du projet de loi portant abolition de la peine de mort. Il approuve le projet de loi dit Defferre de décentralisation relatif aux droits et libertés des communes, des départements et des régions. Il soutient en 1982 le projet de loi relatif aux prestations de vieillesse, d’invalidité et de veuvage.
Charles Metzinger est reconduit au Palais-Bourbon le 16 mars 1986, à la faveur des législatives organisées au scrutin proportionnel départemental. Il figure en 3e place sur la liste socialiste en Moselle, qui recueille 27,29 % des suffrages exprimés. Il reste fidèle au groupe socialiste et à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Le 14 mai 1986, il interroge le gouvernement à propos de l’accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl, déplore le manque d’autorité de l’Etat face à la rétention de l’information et s’inquiète pour les départements du Nord-Est, les plus exposés aux retombées radioactives. Lors de la discussion du projet de loi autorisant le gouvernement à prendre diverses mesures d’ordre économique et social, il suggère l’allègement des charges fiscales dans les zones où la situation de l’emploi est particulièrement grave (avril 1986). Au cours de l’examen du projet du projet de loi de finances pour 1987, il déplore la tendance au désengagement de l’Etat, la réduction des crédits pour les grands travaux et le fonctionnement des théâtres et l’abandon de la priorité nationale donnée à la culture (octobre 1986). Avec Jean Laurain, autre figure de l’opposition de la gauche lorraine à la nouvelle majorité Rassemblement pour la République (RPR)-Union pour la démocratie française (UDF), il interroge régulièrement le gouvernement sur l’évolution de la situation dans le bassin d’emploi de la région. Il vote en 1986 contre le projet de loi relatif aux conditions d’entrée et de séjour des étrangers en France.
Lors des législatives de juin 1988, Charles Metzinger se représente dans la nouvelle 6e circonscription de la Moselle, celle de Forbach, sous l’étiquette « Majorité présidentielle-PS ». Son suppléant est le fonctionnaire Alain Morisse. Il obtient 16 848 voix au premier tour, soit 45,36 % des suffrages exprimés. L’UDF Charles Stirnweiss, qui sera maire de Forbach en 1995 et recueille 12 273 voix, lui dispute le second tour, tandis que les candidats du Front national (FN) et du PCF, avec 6 047 et 1 635 voix, sont éliminés. Totalisant 22 472 voix, soit 54,61 % des suffrages exprimés, Charles Metzinger est réélu député le 12 juin 1988. Il retrouve le groupe socialiste et la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. S’intéressant tout particulièrement aux questions culturelles, il est rapporteur des projets de lois relatifs à l'enseignement de la danse (avril 1989) et à la réunion des musées nationaux (mai 1990). Il est également rapporteur du projet de loi relatif à la sécurité sociale et à la formation continue des personnels médicaux hospitaliers en juin et juillet 1989. Lors de l’examen du projet de loi de finances pour 1989, il intervient sur la formation professionnelle, les maisons de la culture et les centres d’animation culturelle, la situation sociale des artistes.
Toujours attentif aux questions énergétiques et de reconversion industrielle, Charles Metzinger s’intéresse également aux problèmes des frontaliers des Français qui travaillent en Allemagne et au Luxembourg (mai 1991). De 1988 à 1994, Charles Metzinger préside d’ailleurs Comregio, une association transfrontalière de quarante-six communes et groupements de communes de l'espace Lorraine-Luxembourg-Rhénanie-Sarre. À partir de 1992, le député siège au conseil d’orientation du Centre national d’art et de culture Georges Pompidou. Charles Metzinger soutient les orientations et les projets de loi présentés par le gouvernement. Il vote ainsi en 1988 en faveur du projet de loi relatif au revenu minimum d’insertion. Il soutient également en 1992 la révision constitutionnelle qui ajoute à la Constitution un titre : « De l’Union européenne », en préalable à la ratification référendaire du traité de Maastricht.
A l’automne 1992, Charles Metzinger décide de se tourner vers le Palais du Luxembourg sur la suggestion du sénateur sortant Jean-Pierre Masseret. Il figure en deuxième position sur la liste mosellane du PS pour les sénatoriales. Profitant de la division de la droite locale en sept listes, il est élu sénateur le 27 septembre 1992. A moins d’un an des législatives, il n’est pas remplacé au Palais-Bourbon. Au Sénat, il est vice-président de la commission des affaires sociales et participe à la délégation pour l’Union européenne, dont il en devient le secrétaire en 1995. Il se fait remarquer par sa défense des Houillères de Lorraine, alors en crise profonde, et par sa critique de la réforme Pasqua sur la nationalité. Orateur du groupe socialiste sur les questions sociales, il intervient lors des débats sur les pensions de retraite et la sécurité sociale.
En juin 1995, sa défaite aux municipales de Freyming-Merlebach face au député UDF Pierre Lang l’ébranle. Marié à Marie-Jeanne Girill, père de trois enfants, Charles Metzinger décède le 10 septembre 1996 à l’hôpital de Nancy, où il avait été admis la veille à la suite d’une attaque cérébrale. Il est remplacé au Palais du Luxembourg par Gisèle Printz, conseillère générale socialiste du canton d’Hayange et adjointe au maire de Sermange. Titulaire des Palmes académiques, cet homme de lettres écrivait des nouvelles à ses rares moments perdus. Il était chevalier des Arts et des Lettres.