Jean Meunier

1906 - 1975

Informations générales
  • Né le 19 mai 1906 à Bourges (Cher - France)
  • Décédé le 26 juillet 1975 à Tours (Indre-et-Loire - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Troisième République - Chambre des députés
Législature
XVIe législature
Mandat
Du 3 mai 1936 au 31 mai 1942 *
Département
Indre-et-Loire
Groupe
Socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Indre-et-Loire
Groupe
Socialiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Indre-et-Loire
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 4 juillet 1951
Département
Indre-et-Loire
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Indre-et-Loire
Groupe
Socialiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Indre-et-Loire
Groupe
Socialiste

* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936

Biographies

Né le 19 mai 1906 à Bourges (Cher).

Député d'Indre-et-Loire de 1936 à 1942.

Imprimeur, secrétaire de la fédération socialiste d'Indre-et-Loire, Jean Meunier fut élu conseiller municipal de Tours en 1935. Aux élections législatives de 1936, venant en seconde position au premier tour, il était élu au scrutin de ballottage, le 3 mai, dans la 3e circonscription de la ville, par 6.594 voix contre 4.767 à Hervé et 2.838 au député sortant, Faure.

Le jeune parlementaire, membre de la commission d'assurance et de prévoyance sociales et de la commission du commerce et de l'industrie, aborda la tribune en 1939 à l'occasion d'un projet de loi créant des allocations de solidarité en faveur des travailleurs exclus des assurances sociales en raison de leur âge.

Engagé volontaire dès le déclenchement des hostilités il fut fait prisonnier en juin 1940.




Né le 19 mai 1906 à Bourges (Cher)
Décédé le 26 juillet 1975 à Tours (Indre-et-Loire)

Député d'Indre-et-Loire de 1936 à 1942
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Indre-et-Loire)
Député d'Indre-et-Loire de 1946 à 1958
Sous-secrétaire d'Etat aux travaux publics et aux transports du 16 décembre 1946 au 22 janvier 1947
Secrétaire d'Etat à l'intérieur du 29 octobre 1949 au 7 février 1950
Secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil chargé de la fonction publique et de la réforme administrative du 13 juin 1957 au 6 novembre 1957.

(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, Tome VII, p. 2448)

Jean Meunier est le fils de Marcel Meunier. Issu d'une famille pauvre, celui-ci réussit à devenir imprimeur à Bourges. Militant socialiste, il resta fidèle à la SFIO après la création du parti communiste. Il finit par s'installer à Tours. Aux côtés de son père, Jean Meunier apprend le métier d'imprimeur et aussi le socialisme. Il se marie en 1926 avec la fille d'un cheminot licencié à la suite des grandes grèves de 1920. Un fils naît de cette union. Devenu secrétaire de la fédération SFIO d'Indre-et-Loire, Jean Meunier est élu conseiller municipal de Tours en 1935. Aux législatives de 1936, il est candidat SFIO dans la 3e circonscription d'Indre-et-Loire. Avec 6 594 voix il bat, au second tour, le républicain indépendant, Hervé (4 767 voix) et le sortant, le radical Emile Faure (2 838 voix). Il s'inscrit à la commission du commerce et de l'industrie ainsi qu'à la commission d'assurance et de prévoyance sociales. A la veille de la guerre il se montre hostile à la fraction pacifiste de la SFIO, fraction incarnée dans son département par un autre député, Ferdinand Morin. En 1939 il participe au débat engagé à la Chambre sur le projet créant des allocations en faveur des travailleurs exclus des assurances sociales en raison de leur âge.

Quand éclate le conflit mondial, Jean Meunier n'est pas mobilisable. Il s'engage. Fait prisonnier par les Allemands durant la campagne de France, il est libéré pour raisons sanitaires après quelques mois de captivité. Vichy le prive de ses mandats. Jean Meunier se sert de l'imprimerie familiale pour diffuser de la propagande contre les Allemands et contre le régime pétainiste. Il s'emploie à la renaissance de son parti. Il entre progressivement dans une résistance de plus en plus active. Responsable local du mouvement Libération Nord (qu'il a été chargé d'implanter dans son département), il participe aussi à un réseau de renseignements (CND Cas tille). Recherché, il passe dans la clandestinité en septembre 1943.

Fondateur du journal résistant La Nouvelle République, président du comité départemental de libération, Jean Meunier assume les fonctions de maire de Tours à partir de septembre 1944. Appelé à siéger à l'Assemblée consultative il est nommé membre de trois commissions : celle de l'information et de la propagande, celle du travail et des affaires sociales, celle de l'Alsace et de la Lorraine. Il est confirmé dans ses fonctions de maire après les municipales du printemps 1945 : composée de communistes et surtout de socialistes, sa liste (dite d'Union républicaine de la Résistance) l'a emporté sur une liste MRP et sur une liste de notables radicalisants. Jean Meunier entre au conseil général d'Indre-et-Loire après les cantonales de septembre 1945. La lourdeur de ses responsabilités le conduit à déléguer la direction de son journal à son ami Pierre Archambault.

Sa forte assise locale désigne naturellement Jean Meunier pour diriger la liste SFIO d'Indre-et-Loire aux élections du 21 octobre 1945 à la première Constituante. La liste obtient 52 804 voix sur 163 840 suffrages exprimés. Jean Meunier est élu ainsi que son second, André Quénard. Jean Meunier est nommé membre de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique et aussi membre de la Commission du travail et de la sécurité sociale. Aux élections de juin 1946 la liste socialiste de nouveau dirigée par Jean Meunier enregistre un certain recul. Elle ne recueille que 45 124 voix (sur 170 395 suffrages exprimés). Mais les deux députés SFIO sont réélus. Jean Meunier siège désormais à la Commission de l'intérieur, de l'Algérie et de l'administration générale, départementale et communale ainsi qu'à la Commission de la famille, de la population et de la santé publique. Rapporteur de la Commission de l'intérieur, il participe au débat sur la proposition de loi tendant à instituer le vote par correspondance pour les élections locales. Aux législatives de novembre 1946, l'effritement des voix socialistes se confirme. La liste dirigée par Pierre Meunier tombe à 38 208 voix (sur 161 084 suffrages exprimés). Pour la première fois elle est devancée par la liste communiste. Du coup cette dernière fait élire un second député et André Quénard perd son siège. Comme lors des deux élections précédentes, les cinq sièges du département se répartissent entre les formations du tripartisme. Membre de la Commission du règlement et du suffrage universel ainsi que de la Commission de l'intérieur, Jean Meunier va participer (à partir de février 1947) aux travaux de la Commission des moyens de communication ainsi qu'à celle de la famille, de la population et de la santé publique, puis (à partir de janvier 1948) il est membre de la Commission de la presse.

Durant cette législature Jean Meunier dépose deux propositions de loi. La première (en décembre 1946) vise à abroger une loi de Vichy (la loi du 22 décembre 1940) ; la seconde tend à ce que soit « commémoré l'armistice du 8 mai 1945 dans les mêmes conditions que celui du 11 novembre 1918 ». Jean Meunier connaît sa première expérience ministérielle presque immédiatement après son élection à l'Assemblée nationale. Il est nommé le 17 décembre 1946 sous-secrétaire d'Etat dans le gouvernement socialiste homogène de Léon Blum. Il est placé sous l'autorité de Jules Moch, le ministre des travaux publics, des transports et de la reconstruction. L'expérience ne dure qu'un mois. En octobre 1949 il prend part au débat d'investiture de Georges Bidault. Le 29 octobre, il entre dans le nouveau gouvernement en tant que secrétaire d'Etat à l'intérieur. A ce titre, il se trouve à nouveau sous la tutelle de Jules Moch. Comme secrétaire d'Etat, Jean Meunier participe à la discussion du projet de loi portant sur l'organisation des services de police dans les départements d'outre-mer, à la discussion du projet de loi ayant trait au statut du personnel des communes et à la discussion du projet de loi relatif aux conventions collectives. A l'instar de ses collègues socialistes il démissionne du gouvernement Bidault le 7 février 1950.

A la veille des municipales d'octobre 1947, Jean Meunier faisait paraître un opuscule en forme de bilan, La Municipalité de la Libération. Trois ans de travail en équipe au service de la ville de Tours. Dans cet opuscule, il montrait l'ampleur de la tâche et la diversité des réalisations. Apparemment le bilan n'a pas convaincu. Si elle bat la liste MRP (13 % des voix), la liste socialiste de Meunier (22 % des voix) est largement distancée par celle du PC (25 % des voix) et surtout par celle du Rassemblement du peuple français (RPF). Cette dernière - qui compte des dissidents de la SFIO - triomphe avec 40 % des suffrages. Son chef, le docteur Leccia, n'accède pas pour autant à la mairie. Après de laborieuses tractations, c'est le socialiste Marcel Tribut qui est élu, Jean Meunier devant se contenter d'une place d'adjoint. Depuis 1949 il n'est plus conseiller général de Tours-Sud.

C'est donc avec des positions locales affaiblies que Jean Meunier affronte les législatives de juin 1951 à la tête de la liste SFIO d'Indre-et-Loire. Il participe à un vaste apparentement puisque, sur les sept listes présentées dans le département, cinq se sont alliées, laissant dans l'isolement seulement le PCF et le RPF. Avec 17,1 % des suffrages exprimées, la liste socialiste vient nettement derrière les listes gaulliste et communiste. Mais les apparentés ont obtenu la majorité absolue. Du coup la SFIO fait élire deux députés : Pierre Meunier et André Quénard. Durant la nouvelle législature Jean Meunier ne siège qu'à la Commission de la presse. En mai 1954, il prend part au débat sur le transfert des biens d'entreprises de presse. Il fait partie de la fraction de la SFIO hostile à la Communauté européenne de défense (CED). Aussi vote-t-il le 30 août 1954 la motion préalable qui enterre le projet d'armée européenne. Le 29 décembre 1954, avec la majorité du groupe, il vote la confiance au gouvernement Mendès France qui a engagé sa responsabilité sur les accords de Paris (portant sur le réarmement de l'Allemagne). En novembre 1955 il participe à la discussion sur le système électoral. Dans son contre-projet, il propose le retour au mode de scrutin en vigueur aux législatives de 1946. Aux municipales de 1953 la liste socialiste de Jean Meunier a été largement battue par une liste de rassemblement dirigée par le maire sortant lequel avait quitté la SFIO. Jean Meunier n'est plus à Tours qu'un conseiller municipal d'opposition.

Aux législatives de janvier 1956, Jean Meunier dirige à nouveau la liste socialiste en Indre-et-Loire. Cette fois-ci la liste n'est apparentée qu'à celle du parti radical. Cette alliance affronte les quatre listes apparentées de droite, trois listes apparentées relevant du poujadisme et les communistes. Dans leurs professions de foi les socialistes d'Indre-et-Loire abandonnent l'anticommunisme virulent des élections de 1951. On se contente de cette formule : « Avec le parti communiste (qui nous avait proposé l'apparentement) nous avons eu les controverses traditionnelles. » Sur les problèmes brûlants d'Afrique du Nord on se réfugie dans des formules prudentes : « Politique de négociation avec le gouvernement marocain. Elaboration de conventions de type tunisien. Recherche de nouveaux rapports d'association avec le peuple algérien. » La liste Meunier obtient 15,4 % des suffrages exprimés. Elle est largement devancée par la liste communiste. Avec 26,7 % des voix, l'apparentement conclu sous l'égide du Front républicain est loin de la majorité absolue ; il fait pratiquement jeu égal avec l'apparentement de droite. Meunier est réélu, mais pas son colistier Quénard. Jean Meunier siège à nouveau à la Commission de la presse. Il connaît sa troisième expérience ministérielle dans le cabinet Bourgès-Maunoury. En qualité de secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil, il prend part à la discussion du projet de loi relatif à l'affectation ou au détachement de fonctionnaires hors du territoire métropolitain.

Jean Meunier fait partie des socialistes qui approuvent le retour au pouvoir du général de Gaulle. De même il se prononce en faveur de la constitution de la Ve République. Aux législatives de novembre 1958 il est largement battu au second tour par Jean Royer. L'ex-maire de Tours n'obtient que 6 065 voix pour 49 145 suffrages exprimés.

Sa carrière parlementaire terminée, Jean Meunier continue de militer à la SFIO. Il se consacre aussi à l'Association France-Israël, à la LICRA, au planning familial et à l'Association de la presse démocratique (laquelle association avait été fondée par lui en 1949). Socialiste, il suit l'évolution de son parti : il se prononce contre l'élection présidentielle au suffrage universel direct, soutient en 1965 la candidature de François Mitterrand, se déclare pour le non au référendum de 1969... En matière internationale il manifeste à plusieurs reprises sa sympathie à l'égard d'Israël et sa méfiance face à un monde islamo-arabe volontiers vu comme impérialiste et rétif à la démocratie. Il dénonce la violation par l'Algérie des accords d'Evian. Jusqu'à la fin il continue à diriger son journal. Il meurt subitement d'une crise cardiaque. Il est alors président du directoire de La Nouvelle République du Centre-Ouest. Les funérailles sont civiles. N'en sont pas absents les insignes de la franc-maçonnerie dont Jean Meunier très jeune avait rejoint les rangs. Il était titulaire de plusieurs décorations : Légion d'honneur, Croix de guerre 1939-1945, Médaille de la Résistance.