Pierre Meunier
1908 - 1996
Né le 15 août 1908 à Dijon (Côte-d'Or)
Décédé le 16 avril 1996 à Arnay-le-Duc (Côte-d'Or)
Député de la Côte-d'Or de 1946 à 1958
Pierre Meunier est issu d'une famille paysanne d'Amay-le-Duc (Côte-d'Or). Son père était ce qu'il est convenu d'appeler un vieux républicain. Pierre Meunier est reçu en 1929 au concours de rédacteur au ministère des finances. Il adhère au parti radical. Il fait partie des collaborateurs de Pierre Cot.
Dans la Résistance Pierre Meunier retrouve des hommes qu'il a connus dans l'entourage du ministre de l'air : Robert Chambeiron, Jean Moulin. Meunier et Chambeiron secondent activement le délégué de De Gaulle, notamment dans la création du Conseil national de la résistance (CNR). Lorsque celui-ci est constitué en mai 1943, Meunier (alias Marmay ou Morlet) en est le secrétaire, Chambeiron le secrétaire-adjoint. Tous deux gardent ces fonctions après la mort de Jean Moulin. Etroitement associés à la vie et aux travaux du CNR, ils n'y ont cependant pas le droit de vote.
A la Libération, Pierre Meunier est intégré à l'Assemblée consultative. Il siège à diverses commissions : à celle des finances, à celle de la France d'outre-mer, à celle de la réforme de l'Etat et de la législation, à celle du règlement et à la commission supérieure des caisses d'épargne. En mars 1945, il dépose un projet de résolution invitant le gouvernement à taxer les accroissements de fortune réalisés depuis le début de la guerre. En septembre 1945, il est élu conseiller général du canton d'Amay-le-Duc. Il prend la présidence de la Commission des finances du conseil général
Il se présente aux élections du 21 octobre 1945 à la première Constituante à la tête d'une liste radicale-socialiste. La liste obtient 3 945 voix (sur 164 219 suffrages exprimés). De même que la liste Meunier, celles du PC et du MRP n'obtiennent aucun siège. Proche du parti communiste à la fin de 1945, le parti radical donne un coup de barre à droite au printemps 1946. Il s'épure ainsi de sa fraction la plus marquée à gauche, de ceux qui autour de Pierre Cot considèrent qu'il convient de ne pas oublier le qualificatif socialiste associé au mot radical et qui sont marqués par une sorte d'esprit de Front populaire. Alors vice-président de la fédération radicale de Côte-d'Or, Pierre Meunier a signé le Manifeste des dissidents qui appuyait notamment le projet constitutionnel socialo-communiste. C'est cette signature qui lui vaut d'être exclu du parti le 2 mai 1946. Pierre Meunier qui a fait campagne pour le Oui au scrutin référendaire, n'est pas candidat aux élections du 2 juin pour la seconde Assemblée nationale constituante.
Aux élections de novembre 1946 trois listes seulement se disputent les suffrages des électeurs de Côte-d'Or : une liste de droite dirigée par le chanoine Kir, la liste socialiste de Jean Bouhey, enfin une liste dite du parti communiste et d'union républicaine et résistante. A la tête de cette dernière, Pierre Meunier revendique hautement ses titres actuels : directeur de cabinet du vice-président du Conseil, Maurice Thorez; secrétaire général du CNR. La liste Meunier recueille 28 503 voix (pour 160 591 suffrages exprimés). Elle est largement supplantée par la liste Kir (84 887 voix) et par la liste Bouhey (47 201 voix). La Côte d'Or réélit ses quatre députés sortants. Le siège supplémentaire dont elle dispose désormais échoit à Pierre Meunier. Celui-ci est nommé à la Commission des finances et du contrôle budgétaire. Il va accessoirement faire également partie de la Commission de la réforme administrative et de la commission des boissons. Meunier appartient au petit groupe des députés progressistes qui, apparentés au parti communiste, votent systématiquement comme lui. Durant la législature, Pierre Meunier dépose quatre propositions de loi. Citons celle de mars 1950 : elle tend à ce que les collectivités locales ne soient pas assujetties aux impôts sur les sociétés. Pierre Meunier rédige une série de rapports pour la Commission des finances. Il intervient régulièrement dans le débat budgétaire. A plusieurs reprises il interpelle le gouvernement : ainsi en juillet 1949 pour protester contre l'acquittement d'un général allemand ; ou en décembre de la même année sur « les violences policières exercées le 25 novembre à Dijon contre les travailleurs par les CRS ».
Aux législatives de juin 1951, cinq listes s'affrontent en Côte-d'Or : une liste socialiste, une liste gaulliste RPF, deux listes représentant la droite classique et la liste Meunier, dite cette fois-ci d'union républicaine résistante et antifasciste pour l'indépendance nationale, le pain, la paix et la liberté. La profession de foi de cette liste ne se distingue en rien des professions de foi communistes de l'époque. En cette période paroxystique d'affrontements entre les blocs la nuance n'est pas de mise : « Les élections ont été brusquées et fixées au 17 juin sous la pression des bellicistes américains qui voudraient avoir au plus vite en France une assemblée de fascisme et de guerre en prévision des mois d'été qui ont été à plusieurs reprises des mois de déclenchement de guerre. » En léger recul par rapport à novembre 1946, la liste progressiste-communiste, avec 25 830 voix sur 156 694 suffrages exprimés, obtient 16,5 % des suffrages exprimés. Pierre Meunier est élu ainsi que chaque tête de liste. Pierre Meunier est de nouveau nommé à la Commission des boissons et à celle des finances. Il devient secrétaire de l'Assemblée nationale. Des cinq propositions de loi qu'il dépose durant la législature, citons celle de novembre 1952 tendant à assurer la communication aux assemblées d'actionnaires du montant des rémunérations versées aux administrateurs. En séance, il prend souvent la parole quand il est question d'affaires financières. Par quatre fois il interpelle le gouvernement : en 1951, il s'agit de mettre l'accent sur les problèmes de rentrée scolaire en Côte-d'Or ; en 1952, il s'en prend au retard apporté à améliorer le sort des rentiers viagers de l'Etat ; en 1953, il dénonce l'exclusion du concours d'entrée à l'ENA de candidats « progressistes » ; le 25 mai 1954, Meunier accuse Georges. Bidault de vouloir généraliser la guerre en Extrême-Orient en y engageant les Américains.
A chaque élection législative s'accroît le nombre de listes en lice dans le département de Côte-d'Or. En 1956 elle sont neuf et trois apparentements ont été conclus : au centre gauche, au centre droit et entre poujadistes. Comme de juste, la liste Meunier fait cavalier seul. Elle s'intitule liste d'union républicaine présentée par l'union progressiste et le parti communiste français. Par rapport à 1951 tous les candidats de la liste ont été changés, sauf bien sûr Meunier. La profession de foi de la liste progressiste-communiste fait de nombreuses promesses sociales, tend la main à la SFIO et prône la négociation avec les « représentants qualifiés des peuples d'Algérie et du Maroc ». Avec 31 353 voix sur 169 836 suffrages exprimés, la liste Meunier gagne deux points de 1951 à 1956. Elle arrive en tête dans le canton d'Arnay-le-Duc. Pas plus qu'en 1951 l'apparentement ne joue. Réélu, Meunier est de nouveau nommé à la commission des finances, il va en prendre la vice-présidence. Par ses deux propositions de loi comme dans ses interventions lors de la discussion budgétaire, il manifeste son intérêt pour les fonctionnaires. Ainsi le 28 novembre 1956 il demande l'intégration des indemnités dans le traitement de base servant au calcul de la retraite.
Comme nombre de compagnons de route du PC, Pierre Meunier condamne l'intervention de l'armée soviétique à Budapest à l'automne 1956.
Pierre Meunier s'oppose au retour au pouvoir du général de Gaulle. Candidat aux législatives dans la 3e circonscription de Côte-d'Or (Beaune), il est battu. Sa carrière politique nationale est terminée, mais il reste conseiller général du canton d'Arnay-le-Duc jusqu'en 1985. En 1971, Pierre Meunier prend sa retraite. La même année il est élu maire d'Arnay-le-Duc. Il reste à la tête de la ville de 1971 à 1983 et en demeure conseiller municipal jusqu'en 1989. Il siège également au conseil régional de Bourgogne entre 1976 et 1979. A la fin de sa vie, Pierre Meunier se consacre au parc du Morvan. Il préside sa commission des finances.
Titulaire de nombreuses décorations, Pierre Meunier était notamment commandeur de l'Ordre national du mérite (au titre du ministère de l'économie et des finances) et grand-officier de la Légion d'honneur. Il avait reçu cette dernière distinction des mains du Président Mitterrand en 1989.