Alfred, Jean, François Mézières
1826 - 1915
Député depuis 1881, né à Réhon (Moselle) le 19 novembre 1826, fils d'un ancien recteur de l'académie de Metz, il fit ses études au lycée de cette ville, entra à l'Ecole normale en 1845, à l'Ecole d'Athènes en 1850, fut Professeur de rhétorique au lycée de Toulouse en 1853, et soutint sa thèse de doctorat ès lettres. Sa thèse française : Etudes sur les œuvres politiques de Paul Parruta et sa thèse latine : De fluminibus inferorum attirèrent l'attention des érudits.
Chargé du cours de littérature étrangère à la faculté des lettres de Nancy en 1854, il fut appelé, en 1861, à la Sorbonne, comme suppléant de la même chaire, dont il devint professeur titulaire le 18 juin 1863. En cette qualité, il représenta l'université de France au jubilé de Shakespeare en 1864, et au jubilé de Dante en 1865. C'est du reste à ces deux hommes illustres que M. Mézières consacra la plupart de ses travaux littéraires. Membre de l'Académie française le 29 janvier 1874, en remplacement de Saint-Marc-Girardin, ce fut sur sa proposition que cette compagnie, jugeant toute conciliation impossible avec M. E. Ollivier, chargea M. X. Marmier de répondre au discours de M. Henri Martin, le 13 novembre 1879.
Membre et vice-président du conseil général de Meurthe-et-Moselle, M. Mézières avait été souvent sollicité d'accepter un mandat politique. Conseiller général du canton de Longwy depuis 1874, il se présenta à la députation, le 14 octobre 1877, dans l'arrondissement de Briey, où il échoua avec 7,142 voix contre 7,860 à M. de Ladoucette, conservateur; mais il fut plus heureux le 21 août 1881, dans le même arrondissement, et fut élu par 11,657 voix (13,118 votants, 17,469 Inscrits).
Il siégea dans le groupe opportuniste, vota les crédits du Tonkin, présida la commission de l'armée, fut membre de la commission d'enquête sur la situation des ouvriers, et de la commission d'étude du régime douanier de l'Algérie et des colonies, demanda en vain (juin 1888), lors de la discussion de la loi militaire, le maintien du volontariat sous des conditions plus sévères que celles de la loi de 1872, et protesta (juin 1885), dans une interpellation, contre le système des acquits, à-caution à l'équivalent pour l'admission temporaire des fers. Il avait été nommé président de l'association des journalistes parisiens et vice-président de la Ligue des patriotes, dont il se sépara, quand cette ligue prit parti dans les luttes politiques du jour.
Porté sur la liste républicaine de Meurthe-et-Moselle, aux élections du 4 octobre 1885, M. Mézières fut élu, le 1er sur 6, par 48,308 voix (88,011 votants, et 111,226 inscrits) ; il reprit sa place à la gauche opportuniste, parla sur l'instruction publique, contre l'expulsion des princes, interpella le gouvernement (février 1880) sur les modifications apportées à l'organisation de l'Ecole forestière de Nancy, et se prononça, en dernier lieu,
- pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889),
- pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution,
- pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour les poursuites contre le général Boulanger.
Président du conseil général de Meurthe-et-Moselle, administrateur du Crédit foncier, M. Mézières est chevalier de la Légion d'honneur du 12 août 1865, et officier du 9 août 1877. Il a publié : Shakespeare, ses œuvres, ses critiques (1861) ; Prédécesseurs et contemporaine de Shakespeare (1863) ; Contemporains et successeurs de Shakespeare (1864) ; Dante et l'Italie nouvelle (1865) ; Pétrarque (1867) ; La société française (1869) ; Récits de l'invasion (1871) ; Gœthe, ses œuvres expliquées par sa vie (1872-73) ; En France XVIIIe et XIVe siècles (1883) ; Hors de France (Angleterre, Italie, Grèce moderne) (1883) ; Education morale et instruction civique à l'usage des écoles primaires (1883) ; il est le collaborateur assidu de la Revue des Deux-Mondes et du Temps.
Né le 19 novembre 1826 à Réhon (Moselle), mort le 10 octobre 1915 à Réhon.
Député de Meurthe-et-Moselle de 1881 à 1900.
Sénateur de Meurthe-et-Moselle de 1900 à 1915.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. IV, p. 362.)
En 1889, Alfred Mézières fut réélu député au premier tour, sans concurrent, par 10.290 voix sur 12.327 votants. Il est réélu en 1893, au premier tour, par 9.674 voix contre 3.151 à M. de Ladonchamp, conservateur. Le 8 mai 1898, ses électeurs de Briey lui renouvellent une fois encore leur confiance en le renvoyant à la Chambre des députés par 11.616 voix contre 2.251 au même Ladonchamp. Le 17 novembre, il est nommé membre et, le lendemain, président de la commission de l'armée.
A la Chambre, Alfred Mézières vote avec la gauche modérée. Il s'occupe surtout des questions littéraires, industrielles et militaires. Membre de l'Académie française, il rapporte la plupart des projets qui ont trait à la propriété artistique ou littéraire. Il combat les mesures prises contre les princes ayant régné en France et l'obligation du service militaire pour les séminaristes.
Il n'achève pas son dernier mandat de député car, le 26 août 1900, il se présente à la Haute Assemblée, en remplacement de M. Volland, décédé. Il est élu sénateur de Meurthe-et-Moselle par 667 voix, contre 294 à M. Papelier, sur 969 votants, au premier tour. Il siège au centre gauche. Il sera réélu le 7 janvier 1906, au premier tour, par 680 voix sur 981 votants. Parlementaire assidu au milieu d'une France déchirée par les luttes politiques et religieuses, il vote contre la séparation des Eglises et de l'Etat. Son intérêt pour les questions militaires ne se relâche pas.
Le champ de ses activités est vaste et on le retrouve au sein ou à la tête de nombreux organismes, notamment du comité supérieur de la caisse des offrandes nationales en faveur des armées de terre et de mer, du denier des veuves et des vieillards, du conseil d'administration du crédit foncier, du conseil d'administration de l'Urbaine-accidents, de l'Urbaine-vie et de l'Urbaine-incendie, de l'orphelinat de l'enseignement primaire, du conseil des conservateurs du musée de Condé à Chantilly.
Son activité d'écrivain ne se ralentit pas davantage et il publie encore de nombreux ouvrages. Citons, entre autres, Vie de Mirabeau (1891), Morts et Vivants (1897), Au temps passé (1906), Hommes et Femmes d'hier et d'avant-hier (1907), Silhouettes de soldats (1907), De tout un peu (1909), Pages d'automne (1911), Sites délaissés d'Orient (1911), Ultima verba (1914).
Il meurt en 1915 dans sa ville natale, en territoire occupé, où il se trouvait à la déclaration de guerre. Considéré comme otage par les Allemands, il était prisonnier dans la maison qui le vit naître. Les demandes faites par les ambassades neutres, en particulier celle d'Espagne, pour son rapatriement échouèrent toutes. Il était âgé de 89 ans.
Il était officier de la Légion d'honneur, officier de l'Instruction publique, commandeur de l'ordre de Léopold, de Sainte-Anne, de Saint-Stanislas et de nombreux ordres étrangers.
Rare et insigne honneur : au cours de sa séance du 15 juin 1917, le Sénat, sur proposition de Chapuis, décida d'ériger le buste d'Alfred Mézières dans la galerie qui précède la salle des séances.