Victor Michaut
1909 - 1974
Né le 28 octobre 1909 à Paris
Décédé le 16 avril 1974 à Clamart (Hauts-de-Seine)
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Seine-Inférieure)
Député de la Seine-Inférieure de 1946 à 1951
Victor Michaut est issu d'une famille ouvrière. Elevé par l'Assistance publique, le père fut ouvrier agricole avant de s'établir à Paris où il exerça divers métiers : charbonnier, cheminot, tailleur de pierre. Il adhéra au parti communiste dès sa création. Couturière, sa mère prit sa carte en 1929. Également membre du PC, son frère Roger allait participer aux brigades internationales en Espagne.
Après son certificat d'études, Victor Michaut suit trois ans de cours complémentaire. Il commence à travailler à l'âge de 14 ans, tour à tour apprenti-graveur, employé de la halle aux vins, ouvrier de Gnôme et Rhône, polisseur et scieur de pierres. En 1929, il devient un permanent des jeunesses communistes (auxquelles il a adhéré en 1925). Durant l'été 1929, il est inculpé de complot contre la sûreté de l'Etat et passe quelques jours en prison. Un an après, il se rend en URSS pendant six mois pour compléter sa formation idéologique. Instructeur des Jeunesses communistes de la zone Nord-Pas-de-Calais, il participe aux grèves de 1931 dans le textile et les mines. En 1932, il est élu membre du comité central du PC. En 1933, il prend la tête du journal des JC, l'Avant-garde. Au début de l'année 1939, il abandonne les Jeunesses communistes ainsi que la direction de leur journal. Il travaille comme rédacteur politique à L'Humanité.
Réformé en 1932 pour tuberculose pulmonaire, Victor Michaut n'est pas mobilisé. Durant la « drôle de guerre », il joue un rôle dans la direction clandestine du parti et à L'Humanité. Chargé de développer la propagande du PC au sein de l'armée, avec Danielle Casanova, il fait paraître le journal Le Trait d'Union. Après l'armistice, il appartient au petit groupe qui reprend en main le parti en zone non occupée. Arrêté en juin 1941, il est condamné aux travaux forcés à perpétuité. Il est emprisonné dans divers établissements et finalement à Eysses (Lot-et-Garonne). Il participe à l'insurrection des détenus en février 1944. A la suite de cette vaine tentative, il est déporté en Allemagne. Il est rapatrié en mai 1945.
Il s'occupe alors du retour des déportés. Nommé en juillet 1945 membre de l'Assemblée consultative, il siège à la Commission de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports ainsi qu'à la commission de l'intérieur et de la santé publique. En juin 1945, Victor Michaut a été réélu au comité central du parti. Celui-ci l'a chargé de la direction de la fédération de la Seine-Inférieure.
Qualifié d'ouvrier marbrier, il dirige la liste communiste dans la première circonscription du département (Rouen) lors des élections du 21 octobre 1945 à la première Constituante. La liste arrive nettement en tête. Elle obtient 51 456 voix sur 191 036 suffrages exprimés. Élu (ainsi qu'une de ses colistières, Lucie Guérin), Victor Michaut siège à la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre. Durant ce mandat, il s'intéresse particulièrement au sort des sinistrés et à la réparation intégrale des dommages de guerre. Lors du scrutin du 2 juin 1946 pour la seconde Assemblée nationale constituante, la liste Michaut améliore son score (57 855 voix). Le progrès est confirmé en novembre 1946 : aux élections à l'Assemblée nationale, la liste communiste recueille 62 496 suffrages. Ces oscillations n'affectent pas la représentation de la circonscription qui gardent les six mêmes députés.
Victor Michaut retrouve la Commission de la reconstruction et des dommages de guerre où il n'a cessé de siéger depuis 1945, il en devient le vice-président. Il est également désigné en décembre 1946 comme membre de la Commission de la production industrielle et comme membre de la Commission chargée d'enquêter sur les événements survenus en France de 1933 à 1945. En mai 1947, il dépose une proposition de loi portant sur la définition du statut des internés et déportés de la Résistance. En juin de la même année, il est élu membre suppléant du bureau politique du PC.
En juin 1951, Victor Michaut dirige à nouveau la liste communiste dans la première circonscription de la Seine-Inférieure. Avec 54 382 voix la liste devance largement ses concurrentes. Victor Michaut est donné comme élu. Mais un recours est déposé par les candidats des listes apparentées (SFIO, radicale-socialiste, MRP, Indépendants). Ce qui est contesté, ce n'est pas le résultat de chaque liste, mais le mode de calcul de la majorité absolue. D'après les requérants, la majorité absolue dans la circonscription est non de 97 347, mais de 96 220 voix. Dans ce cas l'apparentement aurait dépassé la barre fatidique et s'assurerait tous les sièges. L'Assemblée débat du différend les 20, 24 et 26 juillet 1951. Par 292 voix contre 196 (PC et RPF), l'Assemblée donne satisfaction à l'interprétation des listes apparentées. Ainsi sont invalidées les élections des deux communistes (dont Victor Michaut) et d'un gaulliste. A leur place sont déclarés élus un radical (Georges Heuillard), un démocrate-chrétien (Jean Lecanuet) et un Républicain indépendant (Pierre Detœuf).
Directeur des Cahiers du communisme et membre du comité de direction de la Nouvelle Critique, Victor Michaut cesse d'être membre du Bureau politique en 1954 et abandonne le Comité central en 1964 du fait de son état de santé. Il demeure rédacteur en chef des Cahiers de l'Institut Maurice Thorez jusqu'à sa mort. Dans son Journal le président Auriol note qu'en janvier 1952 Victor Michaut a mis en garde la direction du parti contre certains excès d'antisémitisme.
En 1937, Victor Michaut a épousé Claudine Chomat, membre de la direction des Jeunesses Communistes et future dirigeante de l'Union des femmes françaises. Il en a eu une fille. Il a divorcé et s'est remarié en 1947 avec Paulette Lefebvre. Son ex-femme, quant à elle, a convolé avec une autre figure du PC, Laurent Casanova.