Maurice Michel

1904 - 1984

Informations générales
  • Né le 26 mai 1904 à Marsanne (Drôme - France)
  • Décédé le 15 février 1984 à Romans (Drôme - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Drôme
Groupe
Communiste
Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Drôme
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 10 novembre 1946 au 11 février 1947
Département
Drôme
Groupe
Communiste
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Drôme
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 26 mai 1904 a Marsanne (Drôme)
Décédé le 15 février 1984 à Romans (Drôme)

Membre de la première et de la seconde Assemblee nationale constituante (Drôme)
Député de la Drôme de 1946 à 1951 et de 1956 à 1958

Maurice Michel est né le 26 mai 1904 à Marsanne, dans la Drôme. Issu d'un milieu modeste (son père est cordonnier, et sa mère commerçante), il interrompt ses études après le certificat d'études primaires. Engagé comme représentant de commerce dans une maison de tissus, Maurice Michel consacre l'essentiel de son énergie à l'action politique : membre à dix-neuf ans des Jeunesses communistes, il devient d'abord secrétaire de la section de la ville de Romans, avant d'être désigné, en juillet 1937, secrétaire du Parti pour la région Drôme- Ardèche.

Mobilisé le 2 septembre 1939, Maurice Michel est fait prisonnier par les Allemands le 22 juin 1940. Il est envoyé au Stalag 3 B, au Nord de Berlin, près de la frontière polonaise ; là-bas, il prépare plusieurs tentatives d'évasion, qui toutes échouent, et qui lui valent d'être transféré, le 30 juin 1943, à l'Oflag spécial de Lübeck. De ce camp de représailles, il parvient à deux reprises à s'évader ; mais il est repris à chaque fois, et doit subir le dur régime disciplinaire réservé aux récidivistes de l'évasion. Son action pendant la guerre lui vaudra la Médaille des évadés et la croix du combattant volontaire de la Résistance.

A son retour de captivité, Maurice Michel reprend avec une pugnacité accrue ses activités politiques. D'abord élu conseiller général, il se présente, dans la Drôme, aux élections du 21 octobre 1945 pour la première Assemblée constituante ; la liste communiste qu'il conduit recueille 34 859 voix sur 126 625 suffrages exprimés, et emporte l'un des quatre sièges à pourvoir.

Maurice Michel est nommé membre de la Commission des pensions civiles et militaires et des victimes de la guerre et de la répression, et de la Commission de l'équipement national ; il est par ailleurs nommé juré à la Haute cour de justice. Entre décembre 1945 et janvier 1946, il dépose six textes (quatre rapports et deux propositions de loi), qui visent tous à améliorer le traitement réservé à ceux qui, comme lui, furent prisonniers de guerre, en leur fournissant notamment un « pécule » et une assistance médicale gratuite.

Avec ses collègues communistes, Maurice Michel vote les nationalisations et soutient, le 19 avril 1946, le premier projet de Constitution de la IVe République ; le texte est cependant rejeté lors du référendum du 5 mai, ce qui entraîne la convocation d'une nouvelle Assemblée constituante.

Les élections se tiennent le 2 juin ; la liste que conduit de nouveau Maurice Michel dans la Drôme consolide nettement ses positions, recueillant 42 641 voix sur 130 598 suffrages exprimés. Le scrutin est aussi marqué par la progression du MRP, qui obtient deux élus.

Maurice Michel retrouve la Commission des pensions, la Commission de l'équipement, ainsi que son siège de juré à la Haute cour de justice. Tout comme ses collègues du groupe communiste, il soutient le second projet de Constitution, voté par l'Assemblée le 28 septembre 1946 et ratifié par référendum le 13 octobre, et présente sa candidature aux élections législatives qui suivent quatre semaines plus tard ; les positions de sa liste sont encore en très nette progression, puisqu'elle recueille cette fois 45 012 voix sur 123 592 suffrages exprimés.

Maurice Michel est nommé membre de la Commission des pensions (1946), de la Commission de la production industrielle (1946 à 1951), de la Commission des affaires économiques (1948) et de la Commission du suffrage universel ; il continue par ailleurs à siéger à la Haute Cour de justice. Son activité parlementaire, au cours de la législature, est intense : il dépose plus d'une vingtaine de textes, dont plusieurs visent à compléter la législation applicable aux prisonniers de guerre. Le député de la Drôme intervient aussi à de nombreuses reprises à la tribune de l'Assemblée, interpellant notamment le gouvernement, le 25 novembre 1949, sur la persistance du « danger allemand », et sur l'ampleur, qu'il juge insuffisante, du processus de « dénazification » lancé outre-Rhin au lendemain de la seconde guerre mondiale.

Au cours de la législature, Maurice Michel consolide en outre son implantation électorale, en ajoutant au mandat de conseiller général celui de conseiller municipal de la ville de Romans ; il sera sans cesse réélu à cette charge jusqu'en 1958.

Le sort des urnes lui est en revanche moins favorable lors des élections législatives du 17 juin 1951 : le score réalisé par sa liste est des plus honorables (43 139 voix sur 124 380 suffrages exprimés), mais Maurice Michel est victime de l'apparentement conclu entre la liste socialiste de Marcel Cartier, la liste radicale de Raymond Valabrègue et la liste MRP de Maurice Simonnet, qui, totalisant plus de la moitié des suffrages, emportent la totalité des sièges à pourvoir.

Dépossédé de son mandat de parlementaire, Maurice Michel met à profit cette législature pour renforcer son implication dans la conduite des affaires du Parti, devenant secrétaire de la fédération communiste de la Drôme. Il tente de nouveau sa chance lors des élections législatives du 2 janvier 1956. Les positions de la liste communiste connaissent alors un léger effritement, avec 40 753 voix sur 135 224 suffrages exprimés. Le front qui s'était formé lors des précédentes élections s'est cependant disloqué, puisque deux apparentements sont conclus entre, d'une part, la liste socialiste de Marcel Cartier et la liste radicale de Raymond Valabrègue, et, d'autre part, la liste démocrate-chrétienne de Maurice Simonnet et la liste Indépendante de Henri Durand ; cette division permet à Maurice Michel de faire son retour à l'Assemblée nationale. Le scrutin est par ailleurs marqué par le succès de la liste poujadiste de Henri Durand, qui remporte 18 % des suffrages des Drômois.

Maurice Michel est nommé membre de la Commission de la justice et de la législation, de la Commission de la production industrielle et de l'énergie et de la Commission de l'intérieur. Son activité parlementaire témoigne d'un certain éclectisme, puisque le député de la Drôme se penche aussi bien sur la culture de l'olivier que sur le régime juridique de l'obligation alimentaire, ou sur le champ de compétence des conseils de prud'hommes. Maurice Michel reste néanmoins l'un des défenseurs les plus constants des intérêts des prisonniers de guerre, en faveur desquels il intervient longuement le 26 novembre 1956 à la tribune de l'Assemblée, réclamant notamment l'attribution du titre d'« interné résistant » aux prisonniers transférés pendant la guerre dans des camps de représailles allemands.

Au cours de cette législature comme au cours de la législature 1946-1951, Maurice Michel épouse, à l'occasion des grands votes à l'Assemblée, les positions de son groupe parlementaire. Opposé au retour au pouvoir du général de Gaulle, il est battu aux élections législatives de novembre 1958, victime de l'instauration du scrutin uninominal à deux tours ; il demeure néanmoins, jusqu'en 1964, secrétaire de la fédération communiste de la Drôme. Il décède le 15 février 1984 à Romans, dans cette ville à laquelle il avait consacré tant d'années de combat politique.