François Missoffe

1919 - 2003

Informations générales
  • Né le 13 octobre 1919 à Toulon (Var - France)
  • Décédé le 28 août 2003 à Rouen (Seine-Maritime - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 9 décembre 1958 au 25 septembre 1961
Département
Seine
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 6 janvier 1963
Département
Seine
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 7 mai 1967
Département
Paris
Groupe
Union démocratique pour la V° République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 30 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Paris
Groupe
Union des démocrates pour la République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 26 juillet 1974
Département
Paris
Groupe
Union des démocrates pour la République

Biographies

Biographie de la Ve République

MISSOFFE François
Né le 13/10/1919 à Toulon (Var)
Décédé le 28/08/2003 à Rouen (Seine-Maritime)

Député de la Seine puis de Paris de 1958 à 1974

Secrétaire d’État chargé du Commerce intérieur du 24 août 1961 au 28 novembre 1962
Ministre des Rapatriés du 28 novembre 1962 au 23 juillet 1964
Ministre de la Jeunesse et des sports 8 janvier 1966 au 10 juillet 1968

François Missoffe est né le 13 octobre 1919 à Toulon. Il est le fils du vice-amiral d’escadre, Jacques Missoffe. Le jeune homme fait ses études au Prytanée militaire de la Flèche. Passionné de guitare, il fonde un orchestre de jazz, Accords Jazz, avec son jeune camarade, Boris Vian. Quand la guerre survient, François Missoffe abandonne ses études. Comme ses frères Jean Pierre et Dominique, il s’engage dans l’aventure de la Résistance. En service dans les forces françaises combattantes à partir de 1943, François Missoffe est envoyé en mission spéciale avec Jean Sainteny en Indochine à l’été 1945. Le 22 août, il est fait prisonnier par l’armée nipponne. Il est libéré par les troupes chinoises en avril 1946 après plus de sept mois de captivité. En août de la même année, il devient membre de la mission Sainteny et prend part à la conférence de Fontainebleau qui réunit le gouvernement français et le Vietminh en vue de trouver une solution au conflit en Indochine. À son retour, il épouse Hélène de Mitry, descendante de la famille de Wendel, dont il aura huit enfants.

En 1947, François Missoffe entre dans le groupe Unilever. Cependant, ce gaulliste de la première heure ne renonce pas à ses engagements politiques : il adhère au Rassemblement du peuple français (RPF) en 1949. La naissance de la Ve République offre à François Missoffe un destin politique national. Devenu trésorier de l’Union pour la nouvelle République (UNR) en octobre 1958, il se présente en novembre aux élections législatives dans la 24e circonscription de la Seine, circonscription populaire du XVIIème arrondissement de Paris, comprenant une partie du quartier des Batignolles et celui des Epinettes. À ses électeurs, il explique son choix : « Hier, comme vous, j’ai été écœuré par la politique. Les partis avaient accaparé tous les pouvoirs et j’ai toujours refusé de me mêler à ces professionnels de la politique. Aujourd'hui, grâce à de Gaulle, je crois qu’il est possible de faire du bon travail dans un Parlement d’hommes nouveaux, compétents et dévoués à la démocratie. C’est pourquoi, répondant à l’appel de l’UNR, je me présente à vos suffrages ». François Missoffe recueille 9 423 voix au premier tour, talonnant le candidat du Centre Républicain Paul Faber (10 039 voix) mais loin devant le communiste Léon Treins (7 244 voix) et le socialiste Maurice Weill (3 697 voix). Avec 41,1 % des suffrages, le candidat de l’UNR est élu député au terme d’une triangulaire l’opposant à ses adversaires communiste (23,5 %) et du Centre républicain (35,4 %).

À son arrivée au Palais-Bourbon, le jeune député gaulliste de la Seine accède à la commission des affaires étrangères à laquelle il siège pendant un an avant d’être nommé, en décembre 1959, à la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. En mai 1959, François Missoffe dépose une proposition de loi tendant à assurer la répression des ventes illicites dites ventes à la sauvette. Le député de la Seine soutient activement le gouvernement, approuvant le programme du gouvernement Debré, le 16 janvier 1959, votant également pour le projet de règlement définitif de l’Assemblée nationale, le 3 juin 1959, pour la déclaration de politique générale du gouvernement, le 15 octobre 1959, quelques semaines après le discours du général de Gaulle évoquant l’« autodétermination » de l’Algérie, pour le projet de loi Debré sur les rapports entre l’État et les établissements d’enseignement privés, le 23 décembre 1959, et pour le projet de loi sur les pouvoirs spéciaux au gouvernement, le 2 février 1960, en vue de ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades. Appelé au gouvernement par le Premier ministre Michel Debré en août 1961, le député de la Seine abandonne son mandat parlementaire à son suppléant, Jean de Préaumont. François Missoffe exerce, en effet, jusqu’en 1962 les fonctions de secrétaire d’État au Commerce intérieur. Son action est popularisée par la diffusion du slogan « Suivez le bœuf » dans le cadre de la campagne publicitaire lancée par son prédécesseur Joseph Fontanet et destinée à accompagner la politique de baisse du prix de la viande bovine.

Les élections de 1962 se présentent sous un jour favorable pour le secrétaire d’État. Ayant recueilli 49,5 % des suffrages, il lui a manqué seulement 148 voix pour être élu dès le premier tour. Au second tour, François Missoffe est confortablement réélu avec 62,7 % des voix contre 37,3 % pour le communiste Léon Treins. L’Assemblée prend acte de l’élection du député de la Seine le 6 décembre 1962, jour même où il devient secrétaire d’État aux Rapatriés. François Missoffe, qui a abandonné son mandat à son suppléant, Robert Trémollières, a alors la lourde charge d’organiser l’accueil du million de Français ayant quitté l’Algérie. À ce titre, il dépose deux projets de loi en octobre 1963, l’un instituant des mesures de protection juridique en faveur des Français rapatriés et l’autre prorogeant les dispositions de l’ordonnance du 10 septembre 1962 relative au logement des personnes rapatriées d'Algérie. Les enjeux du retour des rapatriés et des harkis sont multiples comme le souligne François Missoffe, le 14 janvier 1963, lors de l’examen de la deuxième partie du projet de loi de finances pour 1963 : il s’agit de loger les Français d’Afrique du Nord, de leur trouver un emploi et d’aider à leur reconversion ou encore de scolariser les plus jeunes.

Les fonctions exercées par le secrétaire d’État cessent le 23 juillet 1964, car il est nommé ambassadeur de France au Japon, succédant à Etienne Dennery, nommé directeur des bibliothèques de France et administrateur général de la Bibliothèque nationale. Cette nomination consacre la grande passion de François Missoffe pour l’Asie, où il a effectué de nombreux séjours et plusieurs missions gouvernementales. Rappelé en France en 1966, François Missoffe est nommé ministre de la Jeunesse et des sports dans le dernier gouvernement de Georges Pompidou. En 1967, il est réélu avec plus de 57,9 % des voix au second tour face au communiste Louis Régulier. Nommé ministre aux mêmes fonctions, dans le quatrième gouvernement Pompidou, il laisse son siège à son suppléant André Roulland.
François Missoffe est le premier ministre de plein exercice de la Jeunesse et des sports, portefeuille qui n’était alors qu’un secrétariat d’État depuis 1963, détenu par le célèbre alpiniste, Maurice Herzog. François Missoffe entend profiter de cette évolution pour fonder une politique de la jeunesse à la suite d’une vaste consultation, déclarant dans un premier « Message à la Jeunesse française » qu’il serait l’homme du dialogue dont il ferait une priorité. Un Livre blanc sur la jeunesse, publié en 1967, envisage une politique de la jeunesse très ambitieuse. Le ministre en développe les objectifs et les grandes lignes à la tribune de l’Assemblée nationale, le 24 mai 1967, à l’occasion du débat sur la déclaration du gouvernement sur les problèmes de la jeunesse. De nombreux sujets y sont évoqués, tels que l’éventualité de l’abaissement de la majorité civile, la prise en charge des mineurs handicapés, la nécessité de mieux former les élèves et les étudiants de France, le rôle du sport parmi les activités de la jeunesse française. Le 8 janvier 1968, lors de l’inauguration de la piscine du campus de Nanterre, le ministre est pris à partie par un groupe d’étudiants, dont Daniel Cohn-Bendit, l’apostrophant sur le fait qu’en trois cents pages du Livre blanc sur la jeunesse, il n’y ait « pas un seul mot sur les problèmes sexuels des jeunes ». L’épisode a pu être considéré comme un prélude aux événements de Mai 1968.

Réélu dans le XVIIe arrondissement de Paris aux élections législatives de juin 1968 consécutives à la dissolution de l’Assemblée nationale, le député sortant manque, à 800 voix près, d’être réélu dès le premier tour. Au second tour, ayant recueilli 14 792 suffrages, il bat le communiste Louis Régulier (8 612 voix) et le candidat du Centre progrès et démocratie moderne, Gérard Heuchon (4 491 voix). François Missoffe entame ainsi son quatrième mandat de député, le seul qu’il exerce durant toute la législature. De 1968 à 1972, le député gaulliste, inscrit au groupe Union des démocrates pour la République (UDR), siège à la commission des affaires étrangères qu’il quitte pour celle des finances, de l'économie générale et du plan. Il est rapporteur spécial du projet de loi de finances pour 1973 sur la fonction publique. Par ailleurs, François Missoffe dépose deux propositions de loi, l’une en décembre 1969 visant à instituer un service civique national et la seconde, en avril 1972, tendant à améliorer la protection sociale des veuves qu’il défend en séance publique. Il vote pour le projet de loi relatif à l’exercice du droit syndical dans les entreprises, le 4 décembre 1968, pour le projet de loi renforçant la garantie des droits individuels des citoyens, le 28 mai 1970, pour le projet de loi dit anticasseurs réprimant certaines formes nouvelles de délinquance, le 4 juin 1970, pour le projet de loi relatif au service national, le 10 juin 1970, pour la déclaration de politique générale du gouvernement Chaban-Delmas, les 15 octobre 1970 et 24 mai 1972, et pour le projet de loi portant organisation et création des régions, le 27 avril 1972.

Aux élections législatives de 1973, le député sortant affronte dix candidats, ce qui explique un faible score au premier tour : pourtant placé premier, il ne recueille que 35,9 % des voix, bien en deçà de ses résultats précédents. Cela ne l’empêche toutefois pas de battre le candidat communiste, Louis Régulier, au second tour avec 55 % des suffrages exprimés. À son retour au Palais-Bourbon, le député de Paris retrouve les bancs du groupe UDR et de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. En avril 1974, il dépose une proposition de loi organique afin de permettre la représentation des familles les plus défavorisées au Conseil économique et social. Il vote pour le projet de loi constitutionnelle de réduction à cinq ans du mandat présidentiel, le 16 octobre 1973, tout comme pour la déclaration de politique générale présentée par Pierre Messmer, le 12 avril 1973, et pour celle présentée par Jacques Chirac, le 6 juin 1974. François Missoffe continue de parcourir l’Asie, continent auquel il demeure très attaché. De 1970 à 1973, il est ainsi président de Japon Investissements et du Japan Pacific Fund. Chargé de mission temporaire auprès du ministre des Affaires étrangères en 1973, le député du XVIIe arrondissement poursuit ses séjours en Asie. Du fait de la prolongation de cette mission, il cède son mandat le 26 juillet 1974 à sa femme Hélène, sa suppléante. Élue députée dans la même circonscription du XVIIe arrondissement en 1978 à la suite de son mari, elle sera membre trois ans plus tard du gouvernement de Raymond Barre en qualité de secrétaire d’État auprès du ministre de la Santé et de la sécurité sociale et siègera au Sénat de1986 à 1995.

François Missoffe a évoqué son choix de quitter le Palais-Bourbon, dans l’émission Radioscopie, diffusée en 1977 à l’occasion de la parution de ses mémoires d’Asie, Duel Rouge. Il confie que l’activité parlementaire n’était pas « sa vocation » car il se sentait « plus orienté vers l’action que vers l’étude des dossiers ». De 1979 à 1981, l’ancien député retrouve le Japon, chargé par le gouvernement d’une mission d’étude visant à améliorer les échanges commerciaux avec la France. À partir de 1978, il prend aussi la tête de la Fédération nationale des syndicats de sociétés de commerce extérieur puis, en 1986, de celle de l’Union pour le financement des industries de la mer et des régions portuaires. En 1988, il est nommé président-directeur général de Sofinasia puis, l’année suivante, président du conseil d’administration de Partner Tigre-Sicav.

François Missoffe s’éteint, le 28 août 2003, à l’âge de 83 ans à Rouen où il était hospitalisé, ayant une résidence secondaire à Saint-Pierre-en-Port, dans le pays de Caux. Il était Grand officier de la Légion d'honneur, Croix de guerre 1939-1945, médaillé de la Résistance et titulaire d’un grand nombre de décorations étrangères. Il était notamment le père de l’ancienne ministre Françoise de Panafieu, députée et conseillère de Paris ainsi que maire du 17e arrondissement de la capitale, et d’Alain Missoffe, candidat aux élections législatives dans la 8ème circonscription de la Moselle. Il était par ailleurs le frère de Michel Missoffe, ancien président de la société Firmenich, ancien conseiller de Paris et de Jean-Pierre Missoffe, ancien président du directoire de Generali France, ainsi que le beau-frère de l’ancien ministre Jean François-Poncet, sénateur et président du Conseil général de Lot-et-Garonne. En 2016 une rue du XVIIème arrondissement de Paris, près de la porte Pouchet, est nommée « rue Hélène-et-François-Missoffe ».