Jean-Louis Beaumont
1925 - 2013
BEAUMONT (Jean-Louis)
Né le 1er novembre 1925 à Paris
Décédé le 1er septembre 2013 à Saint-Maur-des-Fossés (Val de Marne)
Député du Val-de-Marne de 1978 à 1981 et de 1993 à 1997
Jean-Louis Beaumont est né le 1er novembre 1925 à Paris. Après des études de médecine commencées pendant la guerre, il obtient son doctorat en 1954 avant d’être nommé, l’année suivante, chef du laboratoire sur l’athérosclérose à l’hôpital Boucicaut à Paris. En 1960, il devient interne des hôpitaux de Paris et, deux ans plus tard, professeur agrégé à la faculté de médecine. Il est nommé, en 1963, directeur de l’unité de recherche sur l’athérosclérose à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM). Doyen de la faculté de médecine de Créteil de 1968 à 1971, professeur de pathologie interne, il est également chef de service à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil. Jean-Louis Beaumont est enfin nommé président de l’assemblée constitutive des universités de Paris-XII et Paris XIII dès leur création. De 1971 à 1975, il préside l’université de Paris Val-de-Marne et finit sa carrière comme directeur de l’Institut de recherche sur les maladies vasculaires de cette même université en 1975.
Cette brillante carrière de médecin universitaire se double d’une carrière politique. Jean-Louis Beaumont se présente aux élections municipales en 1977 à Saint-Maur-des-Fossés contre Gilbert Noël, maire depuis 1959 et soutenu par Pierre Billotte, député-maire Rassemblement pour la République (RPR) de Créteil. Jean-Louis Beaumont se fait le porte-parole de certains administrés et d’une partie de la majorité municipale, mécontents du programme de « redéfinition de l’urbanisme » conçu par le maire sortant pour moderniser la ville et la rendre plus attractive. Jean-Louis Beaumont propose un « urbanisme village » plus cohérent, selon lui, avec le caractère résidentiel de la cité. Il remporte finalement ces élections et sera constamment réélu jusqu’en 2008. Fort de ce succès local, Jean-Louis Beaumont se présente aux élections législatives des 12 et 19 mars 1978 dans la 5e circonscription du Val-de-Marne (Créteil-Nord, Bonneuil, Joinville-le-Pont, Saint-Maur-des-Fossés) face à Pierre Billotte, député depuis 1962, ancien ministre, gaulliste de gauche fondateur du Mouvement pour le socialisme par la participation en 1971, et soutien de Jacques Chaban-Delmas à l’élection présidentielle de 1974. Pierre Billotte est très affaibli non seulement par son propre échec aux dernières élections municipales à Créteil mais encore par la défaite très nette de Gilbert Noël qu’il soutenait contre Jean-Louis Beaumont. Le scrutin est marqué d’une part par les tiraillements au sein de la majorité sortante et d’autre part par l’union de la gauche autour du Programme commun. Jean-Louis Beaumont se réclame de la majorité présidentielle bien qu’il n’ait l’investiture ni du RPR ni de l’Union pour la démocratie française (UDF). En réalité, comme cela est précisé dans sa profession de foi, il dit être soutenu par le Parti républicain (PR) giscardien, le Centre démocrate (CD) de Jean Lecanuet, le Centre national des indépendants (CNIP), les radicaux opposés au Programme commun et à l’entente avec les communistes, et des gaullistes de gauche appartenant à l’Union travailliste. Ces divers soutiens dessinent le portrait d’un centriste. Ils expriment également, et de manière univoque, un rejet du Programme commun dont les sondages et les observateurs prévoient la victoire à l’occasion de ces élections, alors que la position de Pierre Billotte (RPR) paraît fragilisée. Jean-Louis Beaumont ne s’y trompe pas qui, mettant en garde les électeurs contre « la planification technocratique et les nationalisations », fustige les « doctrinaires » de la circonscription parmi lesquels Laurent Cathala, nouveau maire socialiste de Créteil, et Guy Gibout, maire communiste de Joinville-le-Pont. Bien différente de celle de Pierre Billotte évoquant les thèmes sociaux, la profession de foi de Jean-Louis Beaumont est d’inspiration libérale et très hostile à toute forme d’étatisme, qu’il soit de droite ou de gauche. Catherine Lalumière, la candidate du Parti socialiste (PS) et du Parti radical de gauche (PRG), qui a pour suppléant Laurent Cathala, infirmier à l’hôpital Henri-Mondor, en appelle au changement radical. Au premier tour, Pierre Billotte, avec 18,69 % des suffrages exprimés (15 916 voix), n’arrive qu’en quatrième position derrière Jean-Louis Beaumont (26,12 %, soit 22 241 voix), Catherine Laumière (21,25%, soit 18 097 voix), le communiste Michel Germa (19,39%, soit 16 512 voix), l’écologiste Pierre Cuesta (6,29%, soit 5 638 voix ), le Front national (FN) René Lagagneux (3,02%, soit 2 568 voix), le trotskiste Eric Chevobbe (1,75%, soit 1 490 voix), le démocrate Marcel Monin (1,48%, soit 1 258 voix), l’autogestionnaire Jean-Michel Moreau (1,43%, soit 1 215 voix), et le jobertiste Pierre Salvaudon (0,6%, soit 509 voix). Dans leur profession de foi du second tour, les deux qualifiés ne font pas mention de ralliements. Pourtant, à ce second tour, Jean-Louis Beaumont est élu avec 53,09 % des suffrages exprimés (46 159 voix), tirant avantage d’un bon report des suffrages de Pierre Billotte et d’appoints en provenance principalement des électorats lepéniste, démocrate et jobertiste. Catherine Laumière bénéficie de l’appoint des suffrages communistes, trotskistes et écologistes.
A son entrée à l’Assemblée nationale, Jean-Louis Beaumont ne s’inscrit dans aucun groupe. Il est membre de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il rejoint, le 3 avril 1981, la commission des affaires étrangères. Il dépose, le 28 mai 1980, une proposition de loi définissant la participation personnelle des Français à la gestion des actions de santé. Lors de la discussion suivant la déclaration du gouvernement sur les problèmes de la sécurité sociale, le 24 mai 1978, il rappelle que le système français est fondé sur l'égalité, la solidarité et le financement par l'activité des entreprises et que, pour cette raison, le manque de maîtrise par l’Etat de la croissance des dépenses de sécurité sociale menace directement l'équilibre économique et social du pays. L’Etat et ses élus ne sont en réalité pas capables, selon lui, de limiter la croissance des dépenses de santé. C'est pourquoi ce sont les assurés eux-mêmes qui doivent mettre en place un pouvoir de contrôle. Dans le projet de loi de finances pour 1979, en première lecture, à nouveau au sujet de la santé, lors de la discussion du 27 octobre 1978, il reproche au budget proposé de trop souligner le rôle des organismes de contrôle au détriment de l'action des personnes. La croissance des dépenses de santé est engendrée, selon lui, par les mécanismes mis en place par l'ordonnance de 1945. C’est pourquoi il refuse « l'étatisation de l'ensemble des actions de santé » et souhaite à nouveau « la personnalisation du contrôle des actions de santé ». Il réitère ces observations lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1980. Dans le domaine de l’éducation, le 13 novembre 1978, Jean-Louis Beaumont fustige l’agitation et l’intolérance régnant dans l'Education nationale. Cela s’explique notamment, d’après lui, par la trop grande centralisation de l'enseignement, l'absence d'indemnité de responsabilité de direction pour les chefs d'établissements du second degré, l’inexistence du grade de principal de collège et la non-reconnaissance de la qualité de chef d'établissement pour les directeurs et directrices des écoles élémentaires et maternelles. Lors de la discussion du 22 mai 1979 autour du projet de loi relatif aux études médicales, Jean-Louis Beaumont déplore l’incapacité du nouveau troisième cycle à remettre en honneur la médecine générale. La sous-évaluation par la tarification de la sécurité sociale de la consultation du généraliste est, d’après lui, la cause principale du déclin de la pratique de la médecine générale.
A l’occasion du débat parlementaire sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG), Jean-Louis Beaumont crée, au début du mois de novembre 1979, un comité « pour une politique familiale » dont font partie, entre autres, Florence d’Harcourt (UDF) et Pierre Chaunu, universitaire reconnu. Des raisons religieuses et morales les motivent, comme Jean-Louis Beaumont, fervent chrétien, mais aussi des raisons démographiques. L’objectif du comité est de rendre aux familles « confiance en elles », en reconnaissant la place qui est la leur dans la société, et leur donner les moyens matériels d’accomplir leur rôle. Comme les intérêts des familles ne sont pas représentés dans les grandes instances de décision nationale, le comité propose la création de « chambres de famille » dont « les représentants sont élus au suffrage familial par l’ensemble des familles françaises ». Une conférence annuelle de la famille serait également instaurée et le nombre de représentants familiaux dans les organismes consultatifs serait par ailleurs augmenté. Parmi les moyens matériels recommandés, figurent « le salaire maternel », le droit à l’assurance maladie et à la retraite pour la mère d’au moins trois enfants ou d’un enfant handicapé ainsi qu’un quota réservé de logements sociaux. Cela exige une refonte complète du système des prestations familiales avec l’instauration d’une allocation unique, attribuée à toutes les familles sans critère de ressources à partir du premier enfant et revalorisé à partir du troisième. Cette allocation serait égale à la moitié du SMIC pour une famille de trois enfants. Des comités d’accueil aux futures mères, de la grossesse jusqu’aux six mois après la naissance, seraient également à prévoir. Le comité dit enfin travailler à l’élaboration d’une loi d’orientation sur l’IVG qui reprendrait l’ensemble de ces propositions pour remplacer la loi provisoire du 17 janvier 1975 « dont cinq années d’expérimentation montrent qu’elle est inapplicable et dangereuse, par des dispositions nouvelles conformes aux intentions émises lors du débat de 1974 : la liberté et la protection de la mère et de l’enfant, avant et après la naissance. »
Au sujet du projet de loi relatif à l'interruption volontaire de grossesse, en première lecture, lors de la discussion générale du 28 novembre 1979, Jean-Louis Beaumont soutient que la loi Veil de 1975 laisse les femmes seules face aux problèmes de l'avortement et pêche par sa méconnaissance des conséquences socio-économiques et médicales que la politique familiale ne peut compenser. Il souhaite qu'un meilleur projet sur l'IVG soit intégré dans un projet de loi plus vaste pour les femmes, les enfants et la famille. En attendant, il suggère la reconduction pour un an de la loi de 1975. La motion de renvoi en commission est rejetée par scrutin public. A l’occasion de la discussion des articles, Jean-Louis Beaumont s’alarme du fait que l'éducation sexuelle devienne une éducation de masse. Il s'oppose à l'amendement d'Alexandre Bolo (RPR) interdisant de donner suite à la demande d'interruption volontaire de grossesse si le père qui fait opposition à cette demande prend par écrit l'engagement d'élever l'enfant. Cependant, il conteste un amendement de la commission créant l’impossibilité pour le médecin chef de service d'un établissement public hospitalier de s'opposer à la réalisation d'IVG dans son service. Dans la discussion générale suivante, au cours de la navette, le 19 décembre 1979, Jean-Louis Beaumont hausse le ton. Il proteste contre l'exclusion de la commission mixte paritaire des députés hostiles à la légalisation définitive de l'avortement et estime que la loi est « hors la loi » parce qu'elle porte atteinte à la personne humaine. Pour lui, enfin, la loi sur l’IVG ne représente qu’une « somme de mensonges ». Le 22 novembre 1979, à la suite de la déclaration du gouvernement sur la politique familiale, Jean-Louis Beaumont rappelle l’importance de la famille pour l'avenir de l'humanité et propose une réforme personnalisée de la Sécurité sociale permettant de dégager des moyens matériels et humains très importants au service de la famille. Il regrette que le débat ne soit pas conclu par un vote et proteste contre la façon dont la télévision en a rendu compte.
Dans le projet de loi de finances pour 1981, en première lecture, le 22 octobre 1980, à propos des crédits de la santé, Jean-Louis Beaumont parle de l’importance de l'expérimentation dans la formation des jeunes. Dans le domaine des affaires étrangères, il s'oppose à la participation de la France à la conférence paneuropéenne de Madrid prévue le 11 novembre 1980 pour remédier aux entorses faites à l’acte final d’Helsinki. A ce sujet, le 3 octobre 1980, il adresse une question à Pierre Bernard-Reymond, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Affaires étrangères. Dans la mesure où la représentativité des dirigeants pro-soviétiques des pays d’Europe de l’est est problématique, il semble difficile, selon Jean-Louis Beaumont, d’entrer en pourparlers avec eux tout en désirant rester fidèle au principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Jean-Louis Beaumont est de nouveau candidat, avec Bastien Mosacra pour suppléant, lors des élections législatives anticipées des 14 et 21 juin 1981 après l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République. Cette fois-ci, il est soutenu par la majorité sortante réunie sous l’étiquette de l’Union pour la nouvelle majorité (UNM) conduite par Jacques Chirac. Ce soutien lui est d’autant plus indispensable que les médias et les instituts de sondage prévoient une nette percée des candidats du Programme commun. Son principal rival est Laurent Cathala, conseiller général et maire de Créteil, dont la notoriété, le sens tactique et les soutiens sont de considérables atouts. Pour Jean-Louis Beaumont, le socialisme non seulement ne peut résoudre la crise mais il l’aggravera nécessairement avec la hausse des salaires, des impositions et la dévaluation. Le député sortant précise : « Ce n’est pas en socialisant notre temps libre, nos écoles libres, notre médecine libre, nos entreprises libres que le gouvernement socialiste libèrera nos énergies ». Au premier tour, avec 43,25 % des suffrages exprimés, il devance le socialiste Laurent Cathala (37,22 %), la communiste Annick Devisse (10,35 %), l’écologiste Philippe Grosjean (4,21 %), le Parti socialiste unifié (PSU) Michel Jousset (1,44 %), Gérard Lahire, candidat du Parti des forces nouvelles (PFN) en rupture avec le FN (1,3 %), Jean Charpentier (1,07 %), ainsi que les trotskistes Philippe Vollot (0,65 %) et Daniel Gendre (0,5 %). Au second tour, pour lequel Philippe Grosjean ne donne aucune consigne de vote, les suffrages de gauche se rassemblent largement autour de la candidature de Laurent Cathala qui l’emporte avec 52,56% des suffrages exprimés. Le sursaut de la participation, plutôt favorable à Jean-Louis Beaumont, n’est pas suffisant pour résister victorieusement à la vague rose.
Jean-Louis Beaumont est ensuite candidat sans succès à l’élection cantonale du 17 mars 1985. Cette défaite, ajoutée au fait que la prochaine élection législative du 16 mars 1986 se déroule selon le mode de scrutin proportionnel plurinominal dans un département où il est, par ses idées comme par son non alignement politique, assez isolé, explique que Jean-Louis Beaumont ne peut envisager de se porter à nouveau candidat à la députation. Il se rapproche néanmoins d’Alain Griotteray (UDF) qui partage, à peu de choses près, ses opinions en matière de bioéthique sans pour autant que celui-ci l’intègre dans sa liste en vue des élections. Aux élections législatives de 1988, Jean-Louis Beaumont ne peut s’imposer, malgré le soutien de l’UDF, comme candidat face à Christiane Papon (RPR), élue en 1986. Il prend en quelque sorte sa revanche contre le RPR lors des élections municipales de 1989 en étant réélu maire, face à Lucien Lanier, sénateur (RPR) et ancien préfet d’Ile-de-France, qu’il bat largement. Jean-Louis Beaumont se trouve ainsi en position de force en vue des prochaines élections législatives. Le RPR sacrifie Christiane Papon à son alliance avec l’UDF et à l’ « impérialisme », suivant le mot du journal Le Monde, de Jean-Louis Beaumont. Son principal adversaire est André Maurin (PS), maire-adjoint de Créteil, conseiller général, déjà candidat contre Christiane Papon en 1988. Dans sa profession de foi, Jean-Louis Beaumont précise ses soutiens (UDF, RPR, Indépendants) tout en rappelant qu’il n’est d’aucun parti politique. Sa thèse n’a pas varié : il s’agit de libérer « les immenses ressources d’énergie personnelle des Français » contre « l’expropriation généralisée » par l’Etat dans tous les domaines de l’existence. Au premier tour, Jean-Louis Beaumont arrive largement en tête avec 13 839 voix (41,87 % des suffrages exprimés) contre 9 485 voix pour André Maurin (28,7 %). Michel Gobicchi (FN) arrive troisième avec 4 239 voix (12,82 %). Les deux premiers progressent autant l’un que l’autre au second tour, André Maurin bénéficiant du report d’une partie des 3 784 voix (11,45 %) de Bernard Ywanne (PCF) et de celle des 1 618 voix (4,9 %) de Philippe Devisme (Entente des écologistes), maire-adjoint de Créteil, auxquelles prétend également Jean-Louis Beaumont en plus des voix du FN. Celui-ci est largement élu député le 12 juin 1988 avec 19 856 voix (56,39 % des suffrages exprimés) contre 15 356 voix (43,61 %) pour André Maurin. A l’échelle départementale, le PS perd deux sièges au profit du RPR et du Parti communiste français (PCF). Seul Laurent Cathala (PS), dans la 2e circonscription, se maintient. Quant à l’UDF, elle conserve ses deux sièges (Alain Griotteray et Jean-Jacques Jégou). En juin 1993, Jean-Louis Beaumont devient délégué national, chargé de la santé, des clubs Perspectives et Réalités, mouvement d’orientation nettement libérale créé autour de Valéry Giscard d’Estaing en 1965.
A son retour à l’Assemblée nationale, Jean-Louis Beaumont s'inscrit au groupe de l'Union pour la démocratie française et du Centre. Il est à nouveau membre de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales, ainsi que membre de la délégation parlementaire pour les problèmes démographiques. Il dépose, le 2 novembre 1993, la même proposition de loi qu’en 1978, à savoir celle qui tend à abroger le monopole de la sécurité sociale et à encourager la participation personnelle des Français à la gestion de leur assurance maladie. Le 4 février 1994, Jean-Louis Beaumont est en outre nommé membre de la commission spéciale chargée d'examiner deux projets de loi sur la bioéthique. Le 3 novembre 1994, il soumet une autre proposition de loi constitutionnelle complétant le préambule de la Constitution du 4 octobre 1958, et tendant à ce qu'y soit inscrit le principe de la protection de la vie humaine, de son commencement jusqu'à sa fin naturelle.
Dans le projet de loi de finances pour 1994, lors de sa première lecture, Jean-Louis Beaumont fait quelques observations sur certains articles, notamment pour ce qui concerne le logement, l’habitat et l’épargne. Ses différents amendements sont finalement retirés. Au sujet du projet de loi relatif à la santé publique et à la protection sociale, en première lecture, le 29 novembre 1993, il évoque la nécessité de soins médicaux plus systématiques pour les détenus. A l’occasion de la discussion des articles, le même jour, il dépose en vain un amendement imposant la déclaration et le dépistage de la contamination par le virus du sida de l'immunodéficience « dans tous les cas où cette contamination peut avoir des conséquences pour d'autres personnes que celle qui est directement concernée ».
Au sujet du projet de loi relatif au don et à l’utilisation des éléments et produits du corps humain (prélèvements d’organes, greffes et fécondations in vitro), à l’assistance médicale et au diagnostic prénatal ainsi que sur le projet de loi relatif au respect du corps humain, en deuxième lecture, le 7 avril 1994, et avant la discussion des articles, Jean-Louis Beaumont dépose trois exceptions d’irrecevabilité. Pour Simone Veil (UDF), ministre de la Santé comme pour Jean-François Mattei (UDF), rapporteur spécial de la commission, il s’agit de tirer profit des progrès de la science en l’encadrant juridiquement et en préservant les grands principes éthiques autour du corps et de la personne humaine. Ainsi, la thérapie génique et la médecine prédictive ne doivent pas aboutir nécessairement à l’eugénisme. Cependant, bien des problèmes soulevés par les projets de loi sont critiqués par Jean-Louis Beaumont avec le soutien d’Alain Griotteray (UDF) et de Christine Boutin (UDF), tel celui du tiers donnant, de la filiation ou celui de la congélation des embryons « surnuméraires ». Jean-Louis Beaumont en appelle aux valeurs spirituelles qui fondent les engagements du mariage et de la maternité, ainsi que le dévouement aux plus faibles. Ces valeurs, « à la source des lois constitutionnelles des Etats », sont aussi à l’origine, selon Jean-Louis Beaumont, des « droits inaliénables et sacrés de l'homme ». Par conséquent, ces projets de loi menacent, d’après lui, la conception occidentale du droit dans son fondement même : la défense et la promotion de l’être humain dans son intégralité. L’homme serait ainsi réduit à ses seules dimensions matérielles. Jean-Louis Beaumont cite un passage d’une lettre du pape, en hommage au professeur Jérôme Lejeune, dans laquelle il dénonce l’usurpation des parlements à devoir dire qui doit vivre ou mourir. Enfin, Jean-Louis Beaumont dit sa crainte de voir dériver les Etats vers un certain totalitarisme en la matière. Le ministre de la Santé réagit de manière assez ferme à ce qu’il interprète comme des digressions ou des exagérations de la part de Jean-Louis Beaumont. Son exception d'irrecevabilité est rejetée. Lors de la discussion des articles, le 14 avril 1994, Jean-Louis Beaumont dépose un amendement, rejeté, sur l’obligation de faire porter à la connaissance du receveur et de son conjoint l’identité du donneur. Concernant l’article sur les conditions des prélèvements post mortem, il dépose un amendement, rejeté lui aussi, qui rend nécessaire l’accord exprès exprimé du vivant du donneur ou, dans certains cas, le consentement de la famille. Enfin, Jean-Louis Beaumont est défavorable à la plupart des amendements de la commission, l’un d’eux, notamment, au sujet de l’article sur la finalité de l'assistance médicale à la procréation, qui supprime la condition de durée de mariage ou de vie commune du couple. De même, pour des raisons à peu près semblables, Jean-Louis Beaumont oppose une exception d’irrecevabilité, le 19 avril 1994, au projet de loi relatif au traitement de données nominatives ayant pour fin la recherche en vue de la protection ou l'amélioration de la santé et modifiant la loi du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés. Dans le projet de loi relatif à l'emploi de la langue française, en première lecture, le 4 mai 1994, il dépose un amendement, rejeté, tendant à imposer l’examen des publications individuelles en langue française avant la titularisation ou l’avancement dans un organisme public d'enseignement ou de recherche.
Le 27 octobre 1995, Jean-Louis Beaumont est nommé membre de la mission d'information commune sur la Sécurité sociale en vue d’un projet de loi portant réforme de la Sécurité sociale. Il est tout à fait opposé au contenu du projet et, plus largement, à la politique du gouvernement d’Alain Juppé dont il juge qu’ « il n’a pas rompu avec le socialisme ». En conséquence, il soutient tacitement le dépôt d’une motion de censure sans la soutenir de son vote lors du scrutin du 12 décembre 1995.
Jean-Louis Beaumont présente, le 11 janvier 1996, une proposition de loi tendant à la reconnaissance de l'objection de conscience au bénéfice des membres du personnel non médical des établissements de soins dans les cas d'avortement, ainsi qu’une autre, le 11 mars 1996, abrogeant la loi du 31 décembre 1982 relative à la couverture des frais afférents à l'interruption volontaire de grossesse non thérapeutique et aux modalités de financement de cette mesure. Sur le projet de loi portant diverses mesures d'ordre sanitaire, social et statutaire et présenté le 14 mars 1986 en première lecture, Jean-Louis Beaumont est favorable à l'amendement de Christine Boutin (UDF) donnant le droit d'ester en justice aux associations de défense et de promotion du droit à la vie. Enfin, au sujet du projet de loi organique relatif aux lois de financement de la Sécurité sociale, en première lecture, le 24 avril 1996, avant la discussion des articles et après avoir voté défavorablement à la loi de financement de la Sécurité sociale du 22 février 1996 et portant modification de la Constitution, Jean-Louis Beaumont met à nouveau en garde contre l’étatisation en la matière. Il confie au journal Le Figaro que la politique du gouvernement en matière de dépenses de santé « mène le pays au désastre ». Il répète que la seule solution est de « libérer les énergies et de restituer aux personnes le pouvoir d’agir ». Le 2 octobre 1996, il est enfin nommé rapporteur de la proposition de résolution tendant à créer une commission d'enquête visant à établir les responsabilités dans la propagation de l'encéphalopathie spongiforme bovine en France. Après la dissolution de l’Assemblée nationale du 21 avril 1997, Jean-Louis Beaumont laisse son suppléant, maire adjoint de Saint-Maur-des-Fossés depuis 1989, Henri Plagnol, se présenter à la députation lors des élections anticipées des 25 mai et 1er juin 1997.
En tant que maire de Saint-de-Maur-des-Fossés, Jean-Louis Beaumont prend une mesure que le préfet du Val-de-Marne annule : la création d’une prime de naissance de 3 000 francs pour des Français mariés votant et résidant dans sa commune depuis 6 mois. Cette mesure lui vaut d’être qualifié par le journal Le Monde d’ultra-conservateur. Lors des élections municipales de 2001, alors que les observateurs prévoient son retrait, Jean-Louis Beaumont est candidat à sa propre succession pour contrer l’ambition d’Henri Plagnol. Il confie que sa « référence fondamentale est l’Evangile » et qu’il ne consent à remettre son sort qu’« entre les mains du Seigneur ». Il est finalement réélu pour un ultime mandat qui s’achève en 2008. Il décède dans sa ville cinq ans plus tard.
Brillant médecin et universitaire reconnu, Jean-Louis Beaumont a une carrière politique originale qui doit beaucoup à sa solide implantation à Saint-Maur-des-Fossés, ville prospère de la banlieue parisienne où il trouve ses plus fidèles électeurs. Il est un allié indispensable pour l’UDF qui réussit à rivaliser avec le RPR dans le département. Toutefois, son libéralisme se teinte d’aspirations spirituelles où il trouve sa véritable signification. Jean-Louis Beaumont parle en effet davantage de la personne humaine que de l’individu. Intransigeant dans ses convictions, son alliance avec l’UDF est de circonstance, même s’il est idéologiquement proche d’Alain Griotteray ou de Christine Boutin. Ses déclarations renouvelées sur l’IVG, la fécondation in vitro ou la gestion de la sécurité sociale l’illustrent bien.