Philippe, Félicien, Léopold Monin
1906 - 1971
Né le 13 avril 1906 à Joigny (Yonne)
Décédé le 11 juillet 1971 à Paris (13ème)
Député de l'Orne de 1946 à 1958
Secrétaire d'Etat au commerce du 12 novembre 1954 au 23 février 1955
Marié, sans enfant, Philippe Monin est journaliste dans la presse agricole. Il tente d'abord de se faire élire à la première Constituante en Haute-Garonne. Dite d'entente républicaine, la liste qu'il conduit affronte des listes communiste, socialiste, radicale, MRP et la liste Hauriou (union républicaine). Sa liste ne recueille que 8 794 voix pour 229 719 suffrages exprimés. PC, SFIO et MRP se partagent la représentation du département. Aux législatives de novembre 1946, Philippe Monin change de département. Il se présente dans l'Orne. Il y dirige la liste de droite, dite d'entente républicaine, dont le second est Jacques Roulleaux-Dugage, figure du conservatisme local avant la guerre. Cette liste affronte une liste communiste, une liste socialiste conduite par le député sortant Raymond Guesdon et surtout une liste MRP-républicains indépendants comprenant les trois autres députés sortants (Louis Terrenoire, Etienne Le Sassier-Boisauné et Emile Halbout). La liste d'entente républicaine obtient 27 712 voix sur 127 435 suffrages exprimés. Philippe Monin devient député. Il s'inscrit au groupe des républicains indépendants.
En décembre 1946 il est nommé membre de la Commission de l'agriculture. En juin 1948 celle-ci le désigne en vue de la représenter au sein du Conseil supérieur des alcools. Philippe Monin siège à partir de janvier 1949 à la Commission des territoires d'outre-mer. En juin de la même année, il accède à la vice-présidence de cette Commission des boissons dont il a appelé la création de ses vœux. Enfin, en janvier 1951, il est désigné pour faire partie de la Commission de comptabilité.
Député actif, Philippe Monin est l'auteur de onze propositions de résolution, de dix propositions de loi, de cinq demandes d'interpellation du gouvernement. Son action se concentre sur la défense des intérêts agricoles. Ainsi sa proposition de loi du 25 janvier 1951 tend à « dégrever les héritiers de tout bien foncier du payement des droits de succession y afférant en ligne directe et entre époux, à condition qu'ils s'engagent à employer sur leur fonds le montant desdits droits en investissements agricoles. » Bien que membre de la Commission des territoires d'outre-mer, il n'intervient pas dans le débat colonial. Philippe Monin vote rarement en faveur des gouvernements. Le premier scrutin d'importance auquel il prend part concerne l'élection de Léon Blum comme président du gouvernement provisoire le 12 décembre 1946. Philippe Monin est un des rares députés à refuser l'investiture. Il s'abstient, comme il s'abstient lors d'autres séances fameuses : question de confiance posée par Ramadier le 4 mai 1947, question de confiance posée par le même Ramadier le 30 octobre 1947, approbation du plan Marshall, approbation du pacte atlantique... Philippe Monin vote contre le statut de l'Algérie et contre la loi sur les apparentements.
En novembre 1948 Philippe Monin a vainement tenté de se faire élire au Conseil de la République. En juin 1951 il est de nouveau candidat aux législatives dans l'Orne. La liste qu'il dirige est dite « d'union nationale, présentée par l'union des indépendants, des paysans et des républicains nationaux et le groupement de défense des libertés professionnelles et des contribuables ». La profession de foi de la liste d'union nationale rend compte du mandat de Philippe Monin. Ainsi celui-ci précise : « J'ai été désigné avec quatre autres de mes collègues pour représenter l'Assemblée nationale au Conseil supérieur des alcools, président de la commission chargée de la question de l'alcool de pomme, j'ai la fierté de dire que dans des circonstances difficiles j'ai défendu efficacement la position de notre département. » Dans l'Orne - où aucun apparentement n'est conclu - le scrutin est marqué par la percée du RPF. Celui-ci obtient deux députés contre un seul au MRP. Philippe Monin est réélu. Mais, par rapport à novembre 1946, sa liste perd plus de 9 000 voix.
Philippe Monin s'inscrit au groupe des indépendants et paysans. Il retrouve la Commission des territoires d'outre-mer et celle des boissons. Président cette dernière, il continue aussi à siéger au Conseil supérieur des alcools. Durant la législature il dépose trois propositions de résolution et six propositions de loi. Sa proposition de loi du 18 mars 1955 est relative à l'élection des députés au scrutin uninominal majoritaire dans le cadre de l'arrondissement. Le 9 avril 1954 il s'abstient sur le projet d'institution de la TVA. Mais, plus que durant la précédente législature, Philippe Monin se montre porté au soutien gouvernemental. Il vote la plupart des investitures, y compris celles de Pierre Mendès France en juin 1953 et en juin 1954. Le 30 août 1954 il se prononce contre la question préalable proposée par le général Aumeran et Edouard Herriot, refusant ainsi d'enterrer la Communauté européenne de défense (CED). C'est Pierre Mendès France qui permet à Philippe Monin de connaître sa seule expérience ministérielle. Le 12 novembre 1954 le directeur de L'Echo paysan de France est nommé secrétaire d'Etat au commerce auprès du ministre de l'industrie et du commerce, Henri Ulver. Il reste trois mois à ce poste. Le 29 novembre 1955 Philippe Monin refuse la confiance au cabinet Faure, contribuant à la chute d'un gouvernement dont il a voté naguère l'investiture. Le 31 mars 1955 il a été un des rares députés de droite à voter contre le projet de loi établissant l'état d'urgence en Algérie. Durant la législature Philippe Monin a accompli plusieurs voyages aux Etats-Unis, en 1952 au titre de membre de la délégation française à la session de l'ONU.
Aux législatives du 2 janvier 1956 les listes prolifèrent. L'Orne en compte dix. Philippe Monin dirige la « liste d'union des indépendants d'action démocratique et paysanne, présentée par le groupement national des indépendants d'action démocratique et paysanne ». Il doit tenir compte d'une liste de sensibilité très proche : « la liste d'union des indépendants et des paysans présentée par le centre national des indépendants des paysans et de l'action républicaine et sociale ». Cette liste est dirigée par Paul Pelleray et Pierre Couinaud qui en 1951 ont été élus sous l'étiquette RPF. Dans sa première profession de foi Philippe Monin donne un compte rendu de mandat. La seconde fournit des éléments de programme : celui-ci va du retour au scrutin d'arrondissement à l'interdiction de l'armement atomique en passant par la défense des privilèges des bouilleurs et « la suppression des polyvalents et des procédés inquisitoriaux ». Un apparentement est conclu entre les listes dirigées par les députés sortants : liste Monin, liste Halbout (MRP), liste Pelleray. La majorité absolue est atteinte. L'alliance se partage tous les sièges du département. Philippe Monin est réélu bien que sa liste n'ait obtenu que 10 % des suffrages exprimés, contre 26 % à la liste Pelleray. Il faut dire que Paul Pelleray et Pierre Couinaud ont, dans l'Orne, des assises locales plus solides que Philippe Monin : l'un est maire de Condé-sur-Huisne, l'autre maire d'Argentan alors que Philippe Monin ne jouit d'aucun mandat local. Le département retrouve la même représentation que dans la précédente législature.
En janvier 1956 Philippe Monin est nommé à la Commission de la reconstruction, des dommages de guerre et du logement ainsi qu'à celle des boissons. Il siège brièvement à la Commission des affaires étrangères à la fin de l'année 1957. De nouveau il dépose une proposition de loi tendant à accorder une promotion dans l'ordre de la Légion d'honneur aux grands mutilés de guerre. Philippe Monin s'inscrit au groupe paysan : apparenté au groupe IPAS (Indépendants et paysans d'action sociale) au début et à la fin de cette courte législature, le groupe paysan va être un temps apparenté au groupe poujadiste (UFF). Philippe Monin s'abstient lors de l'investiture de Guy Mollet le 31 janvier 1956 et contribue à sa chute le 21 mai 1957 en refusant la confiance. En juillet 1957 il se prononce contre la ratification des traités de Rome. Il contribue à la chute des gouvernements Bourgès-Maunoury et Gaillard. Le 13 mai 1958 il ne prend pas part au scrutin d'investiture de Pierre Pflimlin, mais vote le 16 mai la loi sur l'état d'urgence. Lors du retour au pouvoir du général de Gaulle, il ne prend pas part au vote d'investiture, mais s'oppose à l'adoption de la loi sur les pleins pouvoirs comme à la révision constitutionnelle. Aux législatives de novembre 1958 Philippe Monin tente sa chance dans la 30e circonscription de la Seine (partie du XXe arrondissement). Il ne recueille que 1 811 voix (pour 39 982 suffrages exprimés). Cet échec met un terme à sa carrière politique.