Charles Beauquier
1833 - 1916
Député depuis 1880, né à Besançon (Doubs), le 19 décembre 1833, il suivit les cours de l'Ecole de Droit à Paris, et entra à l'Ecole des Chartes. Ayant obtenu les diplômes de licencié en droit et d'archiviste-paléographe, il s'occupa d'abord de critique musicale, puis de politique, collabora à la Gazette musicale, au Ménestrel, aux revues britannique, générale, libérale, et des traditions populaires, au Réveil (1870), à la Marseillaise, au Mot d'ordre, à la Constitution, etc., et fonda, à Besançon, le journal le Doubs (1868).
Sous-préfet de Pontarlier, le 6 septembre 1870, il donna sa démission à la signature de la paix (1871), devint rédacteur en chef, à Besançon, du Républicain de l'Est, qui ne put résister que quelques années aux condamnations qui le frappèrent, entra au conseil général du Doubs (1871), au conseil municipal de Besançon (1873) et fonda le journal la Fraternité (1875).
Candidat dans la 1re circonscription électorale de Besançon, en remplacement de M. Albert Grévy, nommé sénateur inamovible, il fut élu député, le 25 avril 1880, au 2e tour de scrutin, par 3 989 voix sur 7 797 votants et 13 677 inscrits, contre M. Olivier Ordinaire (3 560 voix). Il siégea à la gauche radicale et vota constamment avec ce groupe, s'appliquant particulièrement aux questions de réforme administrative. Dans la discussion du projet Bardoux relatif au rétablissement du scrutin de liste, il déposa (avril 1881) une proposition tendant à déclarer la Chambre incompétente en matière électorale, tant que le pays n'aura pas été directement consulté.
Candidat aux élections générales du 21 août 1881, il fut élu au scrutin de ballottage, le 4 septembre, dans la même circonscription, par 4 162 voix, sur 8 446 votants et 14 023 inscrits, contre 4 135 voix données à M. Olivier Ordinaire, et réélu aux élections générales du 4 octobre 1885, par le département du Doubs, le 5e et dernier de la liste, avec 35 409 voix sur 64 794 votants et 81 221 inscrits ; il a conservé sa place dans les rangs de la gauche radicale. En février 1886, il demanda l'institution auprès de chaque ministère d'une commission de réforme et d'épuration administrative, vota, en juin, l'expulsion totale des princes, et proposa, à ce propos, l'abolition des titres de noblesse, motion qui fut écartée par la Chambre.
Dans la dernière session, il a voté :
- pour le rétablissement du scrutin uninominal (11 février 1889),
- contre l'ajournement indéfini de la révision des lois constitutionnelles (14 février, chute du ministère Floquet),
- pour l'autorisation des poursuites contre trois députés membres de la ligue des Patriotes (14 mars),
- pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse (2 avril),
- pour l'autorisation de poursuites contre le général Boulanger (4 avril).
M. Beauquier a publié :
- Notice historique et pittoresque sur le Raincy (1860),
- Philosophie de la Musique (1866),
- Les dernières campagnes de l'Est (1872),
- Dictionnaire étymologique des provincialismes franc-comtois (1881),
- La musique et le drame (1884),
- et des notices sur Emile Vernier, peintre et lithographe et sur Les musiciens franc-comtois (1837).
Il est aussi l'auteur du livret d'un grand opéra : Fiesque musique de Lalo, et d'un livret d'opéra-comique : Ruses d'amour, musique de Ratez ; ce dernier a été représenté à Besançon en 1884.
Né à Besancon (Doubs), le 19 décembre 1833, mort à Besançon, le 12 août 1916.
Député du Doubs de 1880 à 1914.
(Voir premiére partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. 1, p. 226.)
Charles Beauquier est réélu député de la première circonscription de Besançon aux élections générales des 22 septembre et 6 octobre 1889, au deuxième tour de scrutin.
Membre de la Commission chargée d'étudier la révision des services administratifs, il dépose des propositions concernant: la réforme administrative (1890); la réduction du nombre des départements (1890) ; la réorganisation des douanes (1890) ; de l'enregistrement (1890) ; des services administrafis de l'armée (1891). Il soutient ces idées de réforme lors de la discussion du budget de 1891 en ce qui concerne l'enregistrement - sous forme d'amendement - et de 1892 en ce qui concerne les douanes.
Favorable aux idées socialistes, il intervient au cours de la discussion d'un texte relatif au travail des femmes et des enfants pour demander le contrôle des comités de travail élus par les ouvriers (1891).
Il manifeste, une fois plus, son anticléricalisme en demandant la réduction de la subvention accordée aux maîtrises des églises (loi de finances de l'exercice 1893).
Il est réélu aux élections générales du 20 août 1893, au premier tour de scrutin. C'est alors l'allocation des vicaires généraux qu'il souhaite voir supprimer (budget de 1898). Il se préoccupe de la situation des professeurs de dessin - budgets de 1895 et de 1896 - et demande l'institution d'un enseignement agricole dans les écoles primaires.
Réélu aux élections générales du 8 mai 1898, au premier tour de scrutin, il rédige plusieurs rapports sur des propositions relatives au permis de chasse. Il commence à s'intéresser à la protection des sites, dépose une proposition de loi sur ce sujet, en 1901, et développe son point de vue lors de la discussion du budget des Beaux-Arts de 1902.
Membre de la Commission de décentralisation et de la Commission des économies administratives, il rapporte, en 1899, une proposition de loi qui, adoptée par le Sénat, tend à donner aux commissions départementales des conseils généraux le droit de nommer leur président. En 1902, il établit un important rapport sur sa proposition de loi tendant à remplacer les départements par des régions et sur une proposition relative à la suppression de la tutelle administrative. Dès 1898, il avait demandé la création d'une grande Commission de décentralisation à la Chambre.
Réélu, aux élections générales du 27 avril 1902, toujours au premier tour de scrutin, il s'inscrit à l'extrême-gauche radicale et socialiste. Membre de la Commission du suffrage universel et de la Commission de l'administration, des cultes et de la décentralisation, il dépose un projet de résolution sur les économies à réaliser par la réforme administrative (1902) et une proposition de loi tendant à remplacer les départements par 25 régions (1902). Lors de la discussion du budget de 1903, il exprime le souhait que la Chambre discute de la réforme des justices de paix (1904) et publie un rapport sur la réorganisation des Archives de France.
Il continue à intervenir en faveur de la protection des sites « pittoresques, historiques ou légendaires » - pour reprendre les termes de sa proposition de loi de 1903 - et demande chaque année une subvention pour la Société de protection des paysages de France (budgets de 1904, 1905 et 1906).
En 1905, il dépose une proposition de loi tendant à supprimer l'incapacité légale de la femme mariée.
Enfin, il souhaitait que. le temps de parole des députés fût limité (1905).
Réélu aux élections générales du 6 mai 1906, au premier tour de scrutin, il s'inscrit à la gauche radicale-socialiste. Il est nommé membre de la Commission de l'enseignemnet et de la Commission de l'administration générale - dont il deviendra président en 1907. C'est à ce dernier titre qu'il est chargé, en 1910, d'un rapport sur son projet de réforme régionaliste. Il s'intéresse toujours à la réorganisation du service des douanes (budget de 1908). Il intervient en séance à propos : de la création d'un Ministère du Travail (1906), de l'amnistie (1908), de la révision de la loi de séparation (1908), de l'impôt sur le revenu (1909). Au cours de cette neuvième législature, il s'intéresse notamment à la protection des beautés naturelles du pays. En 1907, il prend la parole sur ce sujet à l'occasion de la discussion du budget des Beaux-Arts. En 1908, Il dépose des propositions contre l'abus de l'affiche-réclame, pour la création de réserves nationales boisées et pour la réglementation des occupations temporaires sur les terrains classés parmi les sites à protéger. A l'occasion de la discussion du budget des Beaux-Arts, de 1909 et de 1910, il dépose des amendements tendant à l'achat de sites pittoresques. En 1909, ses préoccupations s'étendent à l'urbanisme et il propose d'obliger les Villes à dresser des plans d'extension et d'embellissement. En 1910, il rapporte une proposition de loi tendant a interdire l'affichage sur les monuments historiques et dans les sites artistiques.
Réélu aux élections générales du 24 avril 1910, au premier tour de scrutin, il s'inscrit au groupe des républicains radicaux-socialistes. Il reste président, de la Commission de l'administration. Vice président du groupe de défense forestière et pastorale, il dépose, en 1912, une proposition de loi tendant à compléter la loi de 1906 sur la protection des sites; il intervient à ce sujet lors de la discussion du budget de 1913 et demande la création d'une « Caisse des beaux sites et des monuments naturels ». Président du groupe pour la protection des animaux maltraités, il se joint, en 1910, à une demande d'interpellation sur l'observation des lois relatives à la protection des animaux, puis, en 1912, demande à interpeller le Gouvernement sur les mesures à prendre pour rendre plus efficace l'application de la loi Grammont. Il intervient encore à propos de l'application de la loi concernant les oiseaux migrateurs et de l'édification d'un palais de l'agriculture (budget de 1911).
Il se retire de la vie publique en 1914 et ne se représente pas aux élections. Du point de vue politique, il s'était rangé du côté des « révisionnistes » lors de l'affaire Dreyfus et avait soutenu de ses votes les Cabinets de défense républicaine. Il était président de l'Association nationale des libres penseurs.
Il avait publié, en 1894, Les chansons populaires recueillies en Franche-Comté et, en 1900, Les mois en Franche-Comté.