Henri de Monti de Rezé
1874 - 1965
Né le 19 août 1874 à Paris.
Député de la Mayenne de 1906 à 1910 et de 1914 à 1924.
Sénateur de la Mayenne de 1925 à 1941.
Issu d'une famille de vieille noblesse depuis longtemps connue et estimée dans le pays de Laval, le comte Henri de Monti de Rezé fit de bonnes études secondaires que couronna le diplôme de bachelier ès lettres et mathématiques. Voué, par tradition, au métier des armes, il devint officier de cavalerie, fit campagne en Afrique. Il démissionna en 1905 pour s'occuper du domaine familial.
Attiré par la politique il profita de ce que le comte d'Elva, élu sénateur, laissait son siège de député vacant, pour se présenter dans la 1re circonscription de Laval lors des élections législatives de 1906. Candidat conservateur rallié à la République, il fut élu au premier tour par 9.072 voix sur 16.057 votants, contre 6.822 à son concurrent principal Chapelet.
Siégeant à droite, il s'inscrivit au groupe de l'action libérale. Si, lors de son premier mandat, il ne fit partie d'aucune commission, en revanche il intervint en séance, notamment pour défendre le maintien des effectifs de la cavalerie africaine, pour traiter des problèmes agricoles lors des débats budgétaires. Il vota contre la réintégration du capitaine Dreyfus, contre le transfert des cendres de Zola au Panthéon, contre le principe de l'impôt sur le revenu, contre le rachat par l'Etat du réseau ferré de l'Ouest.
En 1908, lors du long débat ouvert sur l'institution de l'impôt sur le revenu, il intervint pour obtenir qu'on tînt compte des charges de famille dans l'établissement de l'impôt sur les salaires et qu'on plaçât sur un pied d'égalité les ouvriers des grandes villes et ceux des petites localités.
Ayant, lors des élections générales de 1910, sollicité le renouvellement de son mandat, il fut battu au premier tour par Victor Boissel, vice-président du Conseil général, maire de Laval, républicain de gauche, qui le distança de 574 voix (sur 16.089 votants) ; il prit sa revanche en 1914, obtenant au premier tour 7.707 voix sur 15.192 votants contre 7.200 à Boissel.
Il n'adhéra à aucun groupe politique, mais il prit une part plus active au travail législatif, d'abord au sein des commissions des douanes, des mines, de l'administration générale ; ensuite en séance publique par ses interventions. A vrai dire ce militaire de tradition fut plus souvent au front qu'au Palais Bourbon puisque dès le début de la guerre il partit avec le 2e chasseurs ; passant ensuite dans l'infanterie il fut décoré de la Légion d'honneur pour faits de guerre. Blessé en Champagne, en 1915, il fut cité à l'ordre de l'armée. Guéri il retourna au front : Verdun en 1916-1917 et participa aux offensives de la victoire, lesquelles lui valurent encore la croix de guerre.
Le renouvellement de la Chambre élue en 1914 eut lieu au scrutin de liste départemental avec représentation proportionnelle, le 16 novembre 1919. La liste d'union nationale et républicaine dont il faisait partie enleva les cinq sièges à pourvoir, avec une moyenne de 28.875 voix sur 59.379 votants, contre une moyenne de 24.972 à la liste d'union républicaine et démocratique et une moyenne de 878 voix à la liste du parti socialiste unifié. Dans cette Chambre « bleu horizon », Monti de Rezé s'inscrivit au groupe des indépendants et fit partie de la commission des douanes et de la commission de l'administration générale. En séance il intervint le plus souvent dans les débats économiques et financiers.
Un siège de député ayant été supprimé il ne se représenta pas aux élections de 1924, se réservant pour la Haute Assemblée.
Il était voué par le sort à occuper les sièges abandonnés, dans l'une et l'autre Assemblée, par le comte d'Elva qu'il avait remplacé à la Chambre en 1906 lorsque celui-ci se fit élire sénateur. La mort ayant mis fin à son mandat, Monti de Rezé se porta candidat au siège vacant ; il fut élu au premier tour, le 14 juin 1925, par 394 voix sur 620 votants, contre 74 à « divers ».
D'abord non inscrit à un groupe, il ne tarda pas à adhérer au groupe de la gauche républicaine puis au groupe d'action nationale républicaine et sociale. Il fit partie de plusieurs commissions : douanes et conventions commerciales, armée et, à partir de 1932, agriculture.
Au nombre des textes dont il prit l'initiative durant son premier mandat sénatorial il faut citer : une proposition de loi interdisant les actions à vote plural (1927), un contreprojet à la loi sur les assurances sociales (1930). Il déposa plusieurs amendements à des textes importants : loyers, blé, lois de finances de 1930 et 1931-1932.
En séance publique aussi il se fit entendre au cours des discussions budgétaires, chaque année, et notamment en matière fiscale.
Il conserva son siège au renouvellement en 1932 ; candidat d'une liste modérée, il obtint au premier tour, le 16 octobre, 408 voix sur 623 votants.
Il continua de faire partie du groupe de la gauche républicaine, de la commission de l'agriculture - pour laquelle il rédigea des rapports sur le recrutement des gardes des eaux et forêts, sur le reboisement des terrains incultes, sur la police de la chasse, etc. - puis des commissions des travaux publics (1936), d'administration générale (1937). Des nombreuses interventions qui marquèrent son second mandat au Luxembourg, les plus importantes furent : sur les baux à ferme, sur le prix des céréales, sur le marché du blé, sur la police de la chasse.
Son dernier acte parlementaire au Sénat fut de s'associer, le 14 mars 1940, au dépôt d'un ordre du jour par lequel la Haute Assemblée « adressait à l'héroïque Finlande l'hommage de son admiration » et accordait sa confiance au gouvernement de Daladier.
Il ne prit pas part au vote par lequel l'Assemblée nationale, réunie à Vichy le 10 juillet 1940, accorda les pouvoirs constituants au maréchal Pétain.
Il était chevalier de la Légion d'honneur, titulaire de la croix de guerre et de la médaille coloniale.
Né le 19 octobre 1874 à Paris
Décédé le 20 décembre 1965 à Montjean (Mayenne)
Député de la Mayenne de 1906 à 1910 et de 1914 à 1924
Sénateur de la Mayenne de 1925 à 1941
(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français 1889-1940, Tome VII, p. 2505)
Le 10 juillet 1940, Henri de Monti de Rezé ne prend pas part au vote du projet de loi accordant les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Retiré de la vie politique, il meurt le 20 décembre 1965 à Montjean, à l'âge de 91 ans.