Prosper Môquet
1897 - 1986
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 6 janvier 1897 à Chanteloup (Manche). Député de la Seine de 1936 à 1940.
Fils de cultivateurs, Prosper Môquet participe dès son plus jeune âge aux travaux des champs. A 16 ans, il est placé dans une grande exploitation agricole. En janvier 1916, à l'âge de 19 ans, il est incorporé au 36e régiment d'infanterie à Caen, puis rejoint le 338e R.I. en ligne sur la Somme. Il est blessé à la Fère-en-Tardenois le 25 juillet 1918 et démobilisé en septembre 1919.
En 1920, il est employé comme cheminot sur le réseau de l'Etat. Militant du parti communiste, il prend une part active au mouvement syndical ; membre du conseil syndical, il est élu en 1933 délégué au personnel et à la sécurité. Il prend place successivement à la section fédérale unitaire d'Etat comme secrétaire adjoint, puis comme conseiller fédéral de la fédération unitaire des cheminots, au conseil d'administration et à la commission exécutive de l'union des syndicats du réseau d'Etat et au conseil d'administration de l'union départementale de la Seine et de la Seine-et-Oise.
Il se présente aux élections générales de 1936 comme candidat du parti communiste dans la 3e circonscription du XVIIe arrondissement. Arrivé en deuxième position au premier tour de scrutin, après le candidat de l'entente républicaine mais en tête des candidats du front populaire, le jeu des désistements lui vaut d’être élu au second tour, avec 7.646 voix contre 6.116 à Fourrés sur 13.922 suffrages exprimés.
A la Chambre des députés, il fait partie de plusieurs commissions : aéronautique, comptes et économies, législation civile et criminelle. Il intervient dans la discussion du projet de budget pour l'exercice 1939, où il soutient un amendement relatif aux sanctions consécutives à la grève du 30 novembre 1938. Il dépose une demande d'interpellation sur la situation des réfugiés des brigades internationales dans les camps de concentration.
Comme les autres députés communistes, il est déchu de son mandat le 20 février 1940.
Né le 6 janvier 1897 à Chanteloup (Manche)
Décédé le 31 juillet 1986 à Bréhal (Manche)
Député de la Seine de 1936 à 1940
Membre de la première et de la seconde Assemblée nationale constituante (Yonne)
Député de l'Yonne de 1946 à 1951
(Voir la première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français, 1889-1940, Tome VII, pp. 2511, 2512)
Parlementaire communiste, partisan du pacte germano-soviétique, Prosper Môquet est arrêté sur ordre du gouvernement, et condamné par un jugement du tribunal de Paris en date du 3 avril 1940 à cinq ans d'emprisonnement pour « reconstitution de ligue dissoute ». De la prison du Puy, où il est incarcéré, il apprend en octobre l'arrestation de son fils Guy, âgé d'à peine seize ans, accusé d'avoir distribué des tracts contre l'occupant allemand. Interné à Fresnes, à la Santé puis à Clairvaux, Guy Môquet est finalement transféré au camp de Chateaubriant, en Bretagne, où il est fusillé le 22 octobre 1941 ; « Sache que j'ai fait de mon mieux pour suivre la voie que tu m'avais tracée », écrit-il à son père quelques heures avant l'exécution.
Déporté en 1941 au bagne de Maison-Carrée, en Algérie, en même temps que vingt-six autres députés communistes, Prosper Môquet ne recouvre la liberté qu'après le débarquement des troupes alliées en Afrique du Nord. De retour en France à la fin de l'année 1944, il y reprend aussitôt ses activités politiques, mais choisit, plutôt que de revenir dans son ancienne circonscription de la Seine, de s'implanter dans l'Yonne. Il y conduit la liste communiste aux élections pour la première Assemblée constituante du 21 octobre 1945. Avec 34 930 voix sur 132 268 suffrages exprimés, sa liste emporte l'un des quatre sièges à pourvoir ; elle est néanmoins devancée par la liste socialiste de Gérard Vée (un élu) et par la liste « d'action républicaine et sociale » de Jean Moreau (deux élus).
Nommé membre de la Commission de la famille, de la population et de la santé publique et de la Commission de la justice et de la législation générale, Prosper Môquet est aussi nommé juré à la Haute cour de justice. Avec ses collègues communistes, il vote les nationalisations et soutient, le 19 avril 1946, le premier projet de Constitution de la IVe République ; le texte est cependant rejeté par le référendum du 5 mai, ce qui donne lieu à la convocation d'une nouvelle Assemblée constituante.
Les élections se tiennent le 2 juin ; Prosper Môquet conduit de nouveau la liste communiste dans l'Yonne, dont les positions sont stables, avec 35 422 voix sur 136 648 suffrages exprimés ; les quatre députés sortants sont réélus.
Prosper Môquet retrouve la Commission de la famille, de la population et de la santé publique et la Commission de la justice et de la législation générale, ainsi que son siège de juré à la Haute cour de justice. Il est entendu lors de la discussion du rapport du député radical de l'Aude, Gabriel Cudenet, sur les opérations électorales dans le département du Vaucluse, le 18 juillet 1946. À cette occasion, il s'oppose avec virulence à Edouard Daladier, qui venait de déclarer qu'il avait fallu attendre le déclenchement de l'opération Barbarossa, le 22 juin 1941, pour voir le Parti communiste s'engager résolument dans la lutte contre l'Allemagne nazie : « Il [le Parti communiste] n'avait pas attendu cette date pour y prendre sa place. Il l'a a prise dès 1939, après que vous m'avez eu jeté en prison, ainsi que mes collègues communistes, et nous l'avons conservée, cette place, en 1940 », croit devoir rectifier le député de l'Yonne.
Tout comme ses collègues du groupe communiste, Prosper Môquet soutient le second projet de Constitution, voté par l'Assemblée le 28 septembre 1946 et ratifié par référendum le 13 octobre. Il sollicite le renouvellement de son mandat lors des élections législatives du 10 novembre. Dans un scrutin marqué par une participation en légère baisse, les positions de sa liste sont en nette progression, avec 37 655 voix sur 128 820 suffrages exprimés ; il reste néanmoins nettement devancée par la liste d'Action républicaine et sociale conduite Jean Moreau, qui, bien que ne bénéficiant plus du soutien du MRP, recueille près de 50 000 suffrages, et obtient deux élus.
Prosper Môquet siège à la Commission de la famille, de la population et de la santé publique (1946), à la Commission de la justice et de la législation (1946) et à la Commission des moyens de communication (1948, 1949, 1950, 1951) ; il est encore une fois désigné pour siéger comme juré à la Haute cour de justice. Il dépose au cours de la législature quatre propositions de résolution, l'une en 1947 et les trois autres en 1950, toutes relatives à des catastrophes naturelles - grêle, ouragan - qui se sont abattues sur le département de l'Yonne.
Prosper Môquet épouse, à l'occasion des grands votes de la législature, les positions de son groupe parlementaire : il vote la confiance à Léon Blum (17 décembre 1946), puis la refuse à Paul Ramadier (4 mai 1947) ; il s'abstient volontairement sur le statut de l'Algérie (27 août) et se prononce contre le texte du gouvernement sur les écoles privées des houillères nationalisées (14 mai 1948) ; il vote contre le plan Marshall (7 juillet) et contre le projet relatif à la constitution du conseil de l'Europe (9 juillet 1949) ; il vote aussi contre la ratification du pacte Atlantique (26 juillet), puis contre la réforme électorale instituant le régime des apparentements (7 mai 1951).
Candidat au renouvellement de son mandat aux élections législatives du 17 juin 1951, Prosper Môquet est victime de l'apparentement conclu entre la liste du Rassemblement des gauches républicaines (RGR), conduite par André Jais, la liste de l'Union des Indépendants et Paysans conduite par le maire d'Auxerre, Jean Moreau, et la liste du Rassemblement du peuple français, conduite par l'ancien ambassadeur de France à Varsovie, Léon Noël : les trois listes apparentées recueillent 64 114 voix sur 124 774 suffrages exprimés, et emportent la totalité des quatre sièges à pourvoir. Malgré un score honorable de 29 536 voix, la liste communiste n'obtient donc aucun élu.
Cette élection marque la fin de la carrière de Prosper Môquet ; celui ci se retire en 1965 à Bréhal, dans son département natal de la Manche, où il continue à militer jusqu'à son décès, le 31 juillet 1986.