Emile Muller
1915 - 1988
MULLER (Emile, Eugène)
Né le 20 avril 1915 à Mulhouse (District de Haute-Alsace, Empire allemand)
Décédé le 11 novembre 1988 à Mulhouse (Haut-Rhin)
Député du Haut-Rhin de 1958 à 1962 et de 1973 à 1981
Emile Muller aura été une grande figure de la vie politique alsacienne. Né le 20 avril 1915 à Mulhouse (Haut-Rhin), il est le fils d’un secrétaire de syndicat. Après une scolarité au collège technique de sa ville natale, il commence à travailler dès l’âge de 14 ans dans l’imprimerie familiale. Ouvrier typographe à compter de 1934, il débute ses activités de militant à cette même date. Le 15 octobre 1936, il épouse Louise Walter, union de laquelle naissent trois enfants en 1937, 1939 et 1948.
La carrière politique d’Emile Muller prend son envol après la Seconde guerre mondiale, aux élections municipales de 1945, scrutin à la suite duquel il entre au Conseil municipal de Mulhouse comme benjamin de l’assemblée locale. Un an plus tard, il est adjoint au maire. Chef de file des luttes sociales à Mulhouse, adhérent à la SFIO via les Jeunesses socialistes, il siège au comité directeur de la SFIO de 1954 à 1966. Si les gaullistes du Rassemblement du peuple français (RPF) reprennent la mairie aux élections de 1947, l’alliance réalisée entre la SFIO, le MRP et certains gaullistes locaux contribue au rappel de l’ancienne majorité à la tête de la mairie aux élections municipales de 1953. Trois ans plus tard, Emile Muller devient le premier magistrat de la ville, fonction qu’il occupe vingt-et-un ans. Ayant gravi tous les échelons de la hiérarchie professionnelle, directeur de l’imprimerie périodique socialiste Le Républicain d’Alsace, à partir de 1952, il est un élu particulièrement bien ancré dans la vie politique locale. L’année 1958 et les élections cantonales du 27 avril renforcent son implantation politique, en en faisant un conseiller général du Haut-Rhin, représentant du canton de Mulhouse-nord. Il devient d’emblée vice-président du Conseil général.
Avec le retour au pouvoir du général de Gaulle, Emile Muller est candidat aux premières élections législatives, dans la 4ème circonscription du Haut-Rhin, qui regroupe les quatre cantons de Mulhouse. Il a choisi Adolphe May, l’un de ses adjoints à la mairie, pour être son suppléant. Au soir du premier tour, Emile Muller arrive en tête des cinq candidats en lice, en rassemblant 21 465 des 50 972 suffrages exprimés. La semaine suivante, il triomphe de son concurrent le plus sérieux, Jean Balestreri, député sortant démocrate-chrétien (MRP) qu’il devance de 7 000 voix. Avec 27 105 des 50 850 suffrages exprimés, il est élu député du Haut-Rhin.
Emile Muller rejoint l’Assemblée nationale ; il est nommé membre de la commission des affaires étrangères et y siège durant toute la législature. Le 29 janvier 1959, il est élu représentant suppléant à l’Assemblée consultative du Conseil de l’Europe. À compter du 9 décembre 1958, il est trésorier du groupe socialiste du Palais-Bourbon. Au cours de son mandat, il dépose une proposition de loi relative à l’attribution de la majoration pour tierce personne aux pensionnés ayant dépassé l’âge de 65 ans. Mais son investissement au Parlement touche essentiellement aux activités de la commission à laquelle il appartient. En effet, au cours de douze discussions différentes, il prend la parole en séance publique sur ces questions-là. Le 16 décembre 1959, il intervient dans la discussion du projet de loi autorisant la ratification d’un traité relatif au chemin de fer reliant Djibouti à Addis-Abeba. Il monte à la tribune, le 15 juin 1960, pour exprimer le point de vue du groupe socialiste, à la suite de la déclaration du gouvernement sur la politique étrangère. Il rappelle alors l’importance de l’Europe, l’intérêt qu’elle aurait à être totalement intégrée, à être dotée d’un gouvernement supranational et d’un Parlement élu au suffrage universel. Il va plus loin, le 19 octobre 1960, dans les débats sur le projet de loi programme relatif à certains équipements militaires, au cours desquels il démontre la nécessité de la construction européenne et d’un renforcement du Pacte atlantique. Il regrette à plusieurs reprises la faiblesse du caractère européen de la politique étrangère de la France et le dit, notamment dans les délibérations sur l’approbation de la Convention relative à l’organisation de la coopération et du développement économiques, le 18 mai 1961. À cette occasion, il regrette l’absence d’un large débat sur l’ensemble des aspects de la politique européenne et internationale du gouvernement. Il réitère le souhait de l’élection au suffrage universel d’une assemblée européenne aux pouvoirs élargis. Pour ce faire, le gouvernement serait inspiré de « prendre l’initiative d’une nouvelle relance européenne », d’une coopération entre l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) et le Conseil de l’Europe, en vue d’une « unification économique et politique de l’Europe ». S’il s’intéresse aussi à l’association de la Grèce au Marché commun et au projet de loi sur les objecteurs de conscience qu’il soutient et qu’il qualifie d’ « opportun », Emile Muller s’investit aussi dans les discussions budgétaires relatives au ministère des affaires étrangères. C’est le cas pour la discussion des projets de loi de finances pour 1961 et 1962. Le 4 novembre 1960, il souhaite une affectation, en priorité, des crédits destinés au Vietnam et au Laos, ainsi qu’aux relations culturelles et à la coopération technique, et rejette, a contrario, l’aide financière considérée comme « inopportune », accordée à l’instruction de l’armée laotienne. Sa prise de parole est plus forte encore, à l’occasion des débats sur le projet de loi de finances pour 1962. Il condamne la politique extérieure de la France appliquée par Maurice Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères du général de Gaulle. Ce qui compte, aux yeux du député de Mulhouse, réélu maire de la commune en mars 1959, c’est précisément de prévoir les crédits nécessaires dont le Quai d’Orsay a besoin pour gagner la bataille de la culture française à travers le monde. En séance publique, le 6 novembre 1961, il propose la création qu’il estime « souhaitable » d’une direction des affaires européennes auprès du ministre des affaires étrangères. Entre-temps, imprimeur de profession, il dépose et défend un amendement dans la discussion du projet de loi ratifiant un décret relatif à la réduction provisoire de la perception des droits de douane sur certaines pâtes à papier. Aussi, propose-t-il le dépôt d’un plan d’équipement permettant de mettre en valeur la forêt française, lors de la séance du 22 juillet 1960.
Emile Muller est candidat au renouvellement de son mandat de député aux élections législatives de l’automne 1962, consécutives à la dissolution de l’Assemblée nationale. Investi par la SFIO et secondé par le même suppléant, il est largement devancé, au premier tour de scrutin, par l’avocat gaulliste Raymond Zimmermann qui obtient 5 500 voix de plus. Avec 14 837 des 49 687 suffrages exprimés, Emile Muller devance certes le démocrate chrétien Charles Stoessel et le communiste Jean-Paul Steible, mais l’écart avec son concurrent direct se creuse encore la semaine suivante. Plus de 10 000 voix séparent les deux hommes. Raymond Zimmermann est élu député de la quatrième circonscription du Haut-Rhin. Le maire de Mulhouse reste toutefois solidement implanté localement. En mars 1964, il est réélu conseiller général et l’année d’après, il est reconduit dans ses fonctions de premier magistrat. Aux scrutins des 5 et 12 mars 1967, il tente de reconquérir son siège de député. Investi par la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), secondé par le docteur Alphonse Kienzler, son nouveau suppléant, il réunit au premier tour 18 124 des 57 302 suffrages exprimés : le même écart de 5 500 voix sépare Emile Muller et Raymond Zimmermann. Emile Muller ne parvient pas à rattraper son retard dans la semaine qui suit, même si au soir du second tour, la distance entre le vainqueur – le député sortant Zimmermann – et le vaincu n’est plus que de 4 000 voix. L’ancien député socialiste ne rassemble que 26 150 des 58 106 suffrages exprimés. Il ne parvient pas davantage à retrouver son siège, l’année d’après, à la suite des événements du mois de mai 1968. Il est même exclu dès le premier tour de la compétition législative par Raymond Zimmermann. Il en tire les conséquences politiques. Homme de conviction et de ténacité, il condamne le rapprochement progressif et finalement effectif en 1972, entre les socialistes et les communistes. Social-démocrate déclaré, il quitte la SFIO à l’occasion du congrès d’Issy-les-Moulineaux, en 1969, et fonde avec Auguste Lecœur sa propre formation, le Parti de la démocratie socialiste (PDS), sous l’étiquette duquel il est réélu conseiller général (mars 1970), puis maire de Mulhouse (mars 1971). « L’Emile », comme ses administrés l’appellent affectueusement, réussit sa reconquête du Palais-Bourbon en 1973 comme candidat du Mouvement réformateur, au bureau national duquel il appartient, depuis le mois de novembre 1972. Les 4 et 11 mars 1973, il se présente dans la même quatrième circonscription du Haut-Rhin, accompagné d’un nouveau suppléant, le professeur André Erbland. Deuxième des huit candidats en lice au premier tour, il est encore devancé par le député sortant de 1 400 voix. Avec 18 943 des 55 098 suffrages exprimés, le maire de Mulhouse obtient 34,4% des voix. Investi par son seul parti et affrontant également un candidat socialiste, en la personne d’Edouard Boeglin, Emile Muller parvient tout de même à remporter la victoire, la semaine suivante. Avec 25 732 voix, soit 51,6% des suffrages, il retrouve son siège de député du Haut-Rhin.
À son retour à l’Assemblée nationale, il s’inscrit au groupe des réformateurs démocrates sociaux, dont il est le vice-président, entre le mois d’avril 1973 et le mois de juillet 1974. Vice-président du groupe des députés-maires et du bureau politique du Mouvement démocrate socialiste de France (MDSF), à compter du mois de mai 1973, il est membre de la commission des affaires étrangères du Palais-Bourbon jusqu’en 1974. À cette date, il rejoint pour trois mois la commission des lois, avant de regagner sa commission d’origine, à la suite de l’élection présidentielle de 1974 à laquelle il est candidat réformateur et démocrate-socialiste. Se prévalant du soutien de Max Lejeune, il défend une alternative centriste en dehors de la bipolarisation politique droite-gauche. Il ne recueille que 176 279 voix, soit 0,69% des suffrages exprimés ; il est huitième des douze candidats en lice. Il siège aussi à l’Assemblée parlementaire des Communautés européennes à partir du 13 juin 1973. Au cours de ce mandat, Emile Muller dépose trois propositions de loi, l’une tendant à modifier le Code de la sécurité sociale, le 8 octobre 1975, l’autre tendant à la création d’une fondation nationale du musée de l’automobile, le 4 mai 1977, la dernière, enfin, relative à l’intégration dans la fonction publique de certaines catégories de personnels en fonction auprès des écoles nationales supérieures d’ingénieurs de Mulhouse, le 14 décembre 1977. Il intervient à seize reprises, en séance publique, au cours de la législature 1973-1978, essentiellement sur des questions touchant au budget du ministère de l’Intérieur et du Quai d’Orsay. Au sujet du premier, le 19 novembre 1973, dans la discussion du projet de loi de finances pour 1974, il prend la parole au sujet de la réforme des finances locales, qui vise à déterminer les relations financières entre les collectivités locales et l’Etat. D’ailleurs, il prend la parole, au nom du groupe des réformateurs, au conseil national et au bureau politique desquels il appartient depuis le mois de juin 1975, dans la discussion du projet de loi portant suppression de la patente et institution d’une taxe professionnelle, dans la séance du 10 juin 1975. Il souhaite redéfinir clairement les tâches des collectivités nationales et locales. Il s’interroge aussi, à ce propos, sur la participation des communes aux dépenses de la police étatisée. La sécurité dans les villes et les villages le préoccupe également, raison pour laquelle il préconise, le 19 novembre 1974, dans les débats sur le projet de loi de finances pour 1975, la création d’emplois de police à Mulhouse. Il fonde ses espoirs sur le fonds d’intervention pour l’aménagement du territoire (FIAT). Rendant un hommage appuyé à la police, il souligne le malaise profond de ce corps et manifeste le souhait de le voir jouer un rôle plus grand au sein des collectivités locales (projet de loi de finances pour 1977, séance du 18 novembre 1976), notamment dans les villes des régions frontalières (projet de loi de finances pour 1976, séance du 13 novembre 1975). Il monte à la tribune, le 29 juin 1976, pour faire entendre la position de son groupe dans la discussion du projet de loi portant approbation du VIIe plan de développement économique et social. Il souligne l’urgence de l’amélioration des communications fluviales, routières, aériennes et la nécessité de stimulation du secteur tertiaire.
Il consacre l’autre partie de son temps aux questions diplomatiques. Le 6 novembre 1974, dans les débats sur le projet de loi de finances pour 1975, il suggère la création d’un secrétariat d’Etat aux affaires européennes, de manière à ce que les partenaires européens puissent être facilement gagnés à un certain nombre de vues françaises. A cet égard, il regrette l’insuffisance du budget des affaires étrangères, et exprime lors de la discussion du projet de loi de finances pour 1978, les vues du groupe des réformateurs sur la construction européenne à laquelle il estime qu’une impulsion nouvelle devrait être donnée (le 8 novembre 1977). Un domaine lui tient à cœur tout particulièrement : la solidarité en matière de lutte contre le terrorisme.
Enfin, il prend part aux discussions de trois projets de loi. Le premier vise à autoriser l’approbation des dispositions annexées à la décision du Conseil des Communautés européennes du 20 septembre 1976 et relatives à l’élection des représentants à l’Assemblée des Communautés européennes au suffrage universel direct. Le 14 juin 1977, en effet, il met en garde le gouvernement devant la tentation de sacrifier les chances de l’Europe à des considérations d’ordre intérieur, montrant par là la nécessité d’une « approbation massive » du projet. Il fait ici allusion aux mauvaises relations entre membres de la majorité parlementaire, giscardiens d’une part, chiraquiens du tout nouveau Rassemblement pour la République (RPR), de l’autre. Il est rapporteur suppléant du deuxième projet de loi visant à autoriser l’approbation de la convention entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République socialiste de Roumanie, sur l’encouragement, la protection et la garantie réciproques des investissements. Dans la discussion qui s’ouvre le 17 décembre 1977, Emile Muller souligne le bien-fondé des accords de coopération économique et industrielle entre les deux pays, et défend le développement de la coopération dans le secteur de l’automobile, de l’aéronautique et de l’électronique. Enfin, le député de Mulhouse rapporte les projets de loi autorisant la ratification des protocoles additionnels aux accords entre la Communauté économique européenne et Israël et le Portugal. Il met en évidence les conséquences bénéfiques de l’établissement d’une coopération économique et industrielle entre les trois pays.
Au cours de la législature 1973-1978, Emile Muller fait preuve d’indépendance dans les votes qu’il émet. Il s’oppose, le 16 octobre 1973, à l’ensemble du projet de loi constitutionnelle portant modification de l’article 6 de la Constitution sur l’élection du président de la République, et vote pour la déclaration de politique générale du gouvernement Chirac, le 6 juin 1974. Le 10 octobre suivant, il vote pour l’ensemble du projet de loi constitutionnelle portant révision de l’article 25 de la Constitution, visant à permettre aux parlementaires devenus membres du gouvernement et ayant cessé d’y appartenir à exercer de nouveau un mandat parlementaire. Dans la troisième séance du 28 novembre 1974, il vote en faveur du projet défendu par la ministre de la santé Simone Veil relatif à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Il fait de même, le 4 juin 1975, sur l’ensemble du projet de loi portant réforme du divorce. Le 8 juin 1976, il vote pour l’ensemble du projet de loi constitutionnelle modifiant l’article 7 de la Constitution, et relatif aux règles de la campagne électorale de l’élection du président de la République. Le 28 avril 1977, il vote en faveur du programme du gouvernement de Raymond Barre. Comme il l’a longtemps défendu, il accueille avec émotion l’inscription à l’ordre du jour de la réforme de l’élection d’un Parlement européen au suffrage universel. Aussi, le 21 juin 1977, vote-t-il pour l’ensemble du projet de loi relatif à l’élection des représentants à l’Assemblée des Communautés européennes au suffrage universel.
Emile Muller, vice-président du Conseil régional d’Alsace et vice-président du Conseil général du Haut-Rhin, dans ces deux fonctions depuis janvier et avril 1976, s’est éloigné de la gauche et rapproché de la majorité présidentielle, à la gauche de laquelle il se situe. Depuis le mois de juin 1976, il est membre du comité de coordination des socialistes « hors programme commun ». Aux élections municipales du mois de mars 1977, il est réélu maire de Mulhouse.
Il est candidat au renouvellement de son mandat de député aux élections des 12 et 19 mars 1978. Accompagné d’un nouveau suppléant, directeur d’un Institut universitaire technologique et conseiller général du Haut-Rhin, le maire de Mulhouse arrive largement en tête des 9 candidats en lice au premier tour, dans la 4ème circonscription du Haut-Rhin. Il recueille 23 381 des 55 929 suffrages exprimés, soit 41,8% des voix. Candidat de la « majorité présidentielle », au nom de laquelle, comme l’a dit le président Giscard d’Estaing le 27 janvier 1978 dans son discours de Verdun-sur-le-Doubs, il appelle les Français à « faire le bon choix pour la France », Emile Muller est opposé, principalement, au socialiste Jean-Louis Hoffet, directeur d’université populaire. L’écart entre les deux hommes est confortable (11 500 voix) ; il est porté à 12 500 voix au second tour de scrutin. Emile Muller, qui se définit comme « homme de terroir » et se veut l’apôtre de « la réforme dans la calme », obtient 34 272 des 55 984 suffrages exprimés. Il est réélu député MSDF du Haut-Rhin.
À l’Assemblée nationale, avec la nouvelle législature, il s’apparente au groupe parlementaire de l’Union pour la démocratie française (UDF), et retrouve la commission des affaires étrangères. Dès le 18 mai 1978, il est nommé représentant à l’Assemblée parlementaire des communautés européennes. Il ne dépose aucune proposition de loi, au cours de cette législature, mais intervient à l’occasion de deux discussions différentes. La première, le 18 mai 1978, est relative au projet de loi autorisant l’approbation de la convention relative à la protection du Rhin contre la pollution par les chlorures. Il regrette alors le retard avec lequel le projet de loi vient en discussion, mais souligne l’absence d’autres solutions valables au problème de l’élimination des saumures. La seconde intervention de ce mandat, il la consacre à la discussion du projet de loi de finances pour 1980, au chapitre budgétaire des Universités. S’il se réjouit des progrès accomplis dans les relations entre le monde universitaire et industriel, il regrette le problème du développement de l’Université de Haute-Alsace. Aussi demande-t-il la publication rapide des décrets d’application de la loi relative à l’intégration dans la fonction publique des personnels des écoles d’ingénieurs de Mulhouse.
Au fil de la législature, Emile Muller, vice-président de la fédération UDF du Haut-Rhin, soutient les réformes voulues par le gouvernement et le président de la République. Il vote pour la déclaration de politique générale du gouvernement de Raymond Barre, le 20 avril 1978. Le 5 janvier 1979, il fait de même lors du vote solennel sur le projet de loi relatif à l’aide aux travailleurs privés d’emploi. Comme il l’a fait en novembre 1974, il réitère un vote favorable sur le projet de loi rendant définitives les dispositions de la loi sur l’IVG, le 29 novembre 1979. Le 18 décembre suivant, il vote pour le projet de loi portant aménagement de la fiscalité directe locale, et le 11 avril 1980, il donne sa voix à la proposition de loi relative au viol et aux attentats à la pudeur, à l’image de la représentation nationale à sa presque unanimité. En revanche, comme Maurice Couve de Murville, Xavier Deniau ou Philippe Séguin, il s’abstient volontairement, le 20 novembre 1980, dans la discussion du projet de loi modifiant le Code électoral, en vue de favoriser la participation des femmes aux élections municipales. Enfin, le 18 décembre suivant, il vote pour le projet de loi renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes.
Emile Muller est candidat aux élections législatives du mois de juin 1981, qui amènent une « vague rose » au Palais-Bourbon. C’est précisément un « jeune loup » de 30 ans, Jean-Marie Bockel, membre du Parti socialiste, via son aile du CERES, qui l’emporte dans la quatrième circonscription du Haut-Rhin. Emile Muller n’est arrivé qu’en troisième position au premier tour de scrutin, derrière le docteur Alphonse Kienzler, conseiller général du Haut-Rhin, et le candidat PS. Le député apparenté UDF sortant ne recueille que 8 097 des 42 943 suffrages exprimés. Il ne maintient pas sa candidature pour le second tour.
Quelque temps auparavant, en janvier 1981, il démissionne de la mairie de Mulhouse, et fait de son ami Joseph Klifa son successeur à la tête de la mairie. Dans cette ville, Emile Muller laisse le souvenir d’un « grand bâtisseur », qui a profondément modifié l’image de la cité alsacienne, du centre hospitalier à la caserne de pompiers, des universités aux zones à urbaniser en priorité. L’arrivée de l’entreprise Peugeot lui doit beaucoup ; les multiples équipements sportifs et de loisirs sont au crédit de son action locale.
Emile Muller s’éloigne progressivement de la vie politique, et au terme de plusieurs mois de maladie, disparaît le 11 novembre 1988, à l’âge de 73 ans. Il était aussi vice-président de l’Association des maires de France, de la fédération hospitalière de France et président de l’Union hospitalière du Nord-Est. Il était officier du mérite sportif, chevalier du Mérite social, chevalier dans l’ordre italien du Mérite, et chevalier dans l’ordre du Mérite de la République Fédérale d’Allemagne. En 1989 l’hôpital longtemps désigné sous le nom du site où il est édifié, le Mœnschberg, a pris le nom d'Emile Muller.