Bernard Murat
1946 - 2018
MURAT (Bernard)
Né le 19 février 1946 à Brive-la-Gaillarde (Corrèze)
Décédé le 27 avril 2018 à Brive-la-Gaillarde (Corrèze)
Député de la Corrèze de 1993 à 1997
Né le 19 février 1946 à Brive-la-Gaillarde, Bernard Murat est issu d’une famille briviste depuis plusieurs générations. Son père y a une petite entreprise de cuirs et peaux. Il est d’abord élève à l’école Firmin Marbeau, dont le directeur dans les années 1920 était Louis-Joseph Chirac, grand-père du futur président de la République, avenue Bourzat, puis, de 1962 à 1965, il poursuit ses études à l’abbaye-école de Sorèze avant de rejoindre le 1er RIMA de Bayonne pour son service militaire. De 1967 à 1972, il travaille comme négociant dans la société familiale de peausserie. Titulaire d’un certificat universitaire américain United States Surgical Corp (USSC), il devient directeur commercial médical de la société Merlin, puis directeur général de la même entreprise de 1973 à 1986. Il prend alors la vice-présidence d’une société de matériel chirurgical, Autosuture Europe, filiale du groupe américain USSC. Lorsqu’il quitte la direction de l’entreprise en 1992, celle-ci réalise 1,6 milliard de francs de chiffre d’affaires en Europe.
Gaulliste depuis les années 1970, Bernard Murat a appartenu au Rassemblement pour la République (RPR), et a été chiraquien dès le lancement de cette dernière formation en décembre 1976. En 1982, il devient secrétaire général de la fédération RPR du « Pays de Brive » et le reste jusqu’en 1988. Très proche de Jacques Chirac, il est l’un des relais fidèles du maire de Paris en Corrèze. En mars 1992, ce chef d’entreprise, marié avec deux enfants, est élu à la surprise générale conseiller général RPR du canton de Brive-la-Gaillarde Centre, succédant à Odette Neuville, proche de Jean Charbonnel dont elle avait été la première adjointe pendant les deux premiers mandats du maire de Brive. À l’évidence, l’influence de Jean Charbonnel (figure du gaullisme de gauche, ancien secrétaire d’État aux Affaires européennes en 1966-1967 sous de Gaulle puis secrétaire d’État chargé du Développement scientifique et industriel sous Georges Pompidou de 1972 à 1974, député de la Corrèze pendant 22 ans, de 1962 à 1967, de 1968 à 1978 puis de 1986 à 1993, maire de Brive depuis 1966 et conseiller général du canton de Brive-la-Gaillarde de 1964 à 1988) est déclinante. Si Jean Charbonnel a longtemps été intouchable dans sa circonscription, les ambiguïtés de son évolution politique (il a pris ses distances avec le RPR chiraquien pour se rapprocher du gouvernement de gauche) l’ont mis en porte-à-faux avec l’électorat de droite local.
Ayant compris que le contexte est désormais favorable, Jacques Chirac demande à Bernard Murat de porter l’estocade lors des législatives du printemps 1993. Le chef d’entreprise et conseiller général est candidat RPR dans la 2e circonscription de la Corrèze (Brive-la-Gaillarde). Avec l’aide de son suppléant, le minotier Daniel Bourzat, il affronte Jean Charbonnel, parti à la bataille sous l’étiquette « majorité présidentielle ». Le maire de Brive est éliminé dès le premier tour. En effet, Bernard Murat réunit 17 465 voix et 38,9 % des suffrages exprimés, devant le médecin socialiste Philippe Nauche (conseiller général du canton de Brive-la-Gaillarde Nord-Ouest depuis l’année précédente). Le soir du second tour, Bernard Murat l’emporte avec 24 835 voix et 56 % des suffrages exprimés. Sa bonne connaissance des problèmes locaux de l’emploi l’ont aidé, dans un contexte économique national sinistré, marqué par l’échec du Premier ministre Pierre Bérégovoy face au chômage. Bernard Murat s’inscrit à l’Assemblée au groupe RPR et rejoint la commission de la production et des échanges. Il la quitte en juin 2015 pour la commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il est membre suppléant dès mai 1993, au titre de l’Assemblée nationale, du conseil national des transports. Il siège aussi dans les commissions d’enquête sur la situation de la SNCF (à partir de décembre 1993) et sur les aides à l’emploi (à partir de mars 1996).
Durant cette législature, Bernard Murat se montre un député très actif, déposant onze propositions de loi parmi lesquelles la création d’une commission d’enquête sur les classes préparatoires à l’apprentissage en novembre 1993, l’allongement de la durée des deux sessions parlementaires ordinaires en décembre 1993, l’institution d’une taxe à l’importation des produits en provenance de pays à faible niveau de protection sociale en janvier 1994, le soutien de l’activité des distributeurs de carburant en mars 1994, l’institution d’une allocation familiale de libre choix en mars 1994, la protection du commerce dans les zones rurales en juillet 1994, l’imprescriptibilité des crimes de terrorisme en décembre 1994, la création d’un Ordre national des infirmiers et infirmières en juin 1996, la création d’un statut du sportif salarié par un groupement sportif en mars 1997. Passionné par les questions liées à la formation professionnelle et à la sécurité sociale, le député de Brive consacre la plupart de ses interventions à ces deux dossiers. En juillet 1993, il participe aux débats portant sur le projet de loi relatif au développement de l’emploi et de l’apprentissage, puis s’engage, en septembre 1993, dans l’examen du projet de loi quinquennale relatif au travail, à l’emploi et à la formation professionnelle. Concernant ce dernier texte, il présente de nombreux amendements. Bernard Murat vote, le 22 juillet 1993, la loi relative aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale. Lors de l’examen en octobre 1995 du projet de loi de finances pour 1996, et notamment du volet santé publique et assurance maladie, le député de Brive souligne la nécessité de mieux coordonner les secteurs public et privé, et de prendre en compte les problèmes de démographie médicale liée à l’instauration d’un numerus clausus trop restrictif. Il revient sur le sujet, en novembre 1995, à l’occasion des débats qui suivent la déclaration du Premier ministre, Alain Juppé, sur l’évolution de la protection sociale. Il déplore les abus de la médecine de confort (prestations sans nécessité médicale), insiste sur l’urgence d’informatiser les cabinets de médecin et de développer la médecine préventive (médecine scolaire et médecine du travail). Il s’engage activement, en octobre 1996, dans l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1997. Mais Bernard Murat peut aussi à l’occasion s’exprimer sur d’autres thèmes. En juin 1993, il intervient ainsi lors de la discussion du projet de loi relatif à la maîtrise de l’immigration et des conditions d’entrée, d’accueil et de séjour des étrangers en France. Il s’intéresse, en novembre 1994, au projet de loi relatif à la sécurité et à la modernisation des transports ainsi, le mois suivant, qu’à la proposition de loi relative au financement de la vie politique. Il suit l’examen en mars 1996 du projet de loi tendant à renforcer la répression du terrorisme.
Lors des municipales de 1995, Bernard Murat renforce son ancrage politique local. Tête de liste RPR, il rassemble 45,45 % des suffrages exprimés et bat la liste divers droite (DVD) conduite par le maire sortant Jean Charbonnel (23,61 %) et celle du socialiste Philippe Nauche (30,94 %). Élu maire de Brive à la faveur de cette triangulaire, il sera reconduit lors des municipales de mars 2001. Il restera ainsi à l’hôtel de ville jusqu’en 2008. Le socialiste Philippe Nauche prend sa revanche des législatives de 1993 et des municipales de 1995 lors des législatives anticipées du printemps 1997. Le médecin anesthésiste obtient alors 51,92 % des suffrages exprimés au soir du second tour face à Bernard Murat, victime d’un contexte politique national défavorable à la droite.
Ayant démissionné de son mandat de conseiller général en 1995 (Jean-Baptiste Dupuy lui succède), Bernard Murat décide, après sa défaite aux législatives de 1997, de se relancer politiquement à la faveur des sénatoriales de 1998. Avec l’aide du président Jacques Chirac qui lui garde toute sa confiance, il est élu sénateur RPR de la Corrèze et siège au Palais du Luxembourg jusqu’en 2008. Il appartient au groupe de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) et à la commission des affaires culturelles. Le sénateur s’oppose à la réforme du pacte civil de solidarité (PACS), dans lequel il voit « une destructuration de notre compréhension de l’être humain ». À partir de 2001, il préside la communauté d’agglomération de Brive en 2001 et conserve cette fonction jusqu’en 2008.
En 2008, le maire sortant de Brive souhaite briguer un troisième mandat mais son adversaire de toujours, le socialiste Philippe Nauche l’en empêche en emportant le second tour. Le maire sortant défait déplore ce qu’il perçoit comme un « malentendu » avec Brive, une déception qui lui inspire la même année un ouvrage, Tchao ma belle. Déçu par la politique (il ne se représente pas aux élections sénatoriales de l’automne 2008 au terme de son mandat au Palais du Luxembourg), Bernard Murat préfère se concentrer sur ses nouvelles activités professionnelles. Il devient en 2008 PDG de BJB Consulting, un cabinet en conseils et portage d'affaires, dont le siège est installé à Brive. En 2014, le chef d’entreprise se présente une dernière fois à la mairie, sous l’étiquette DVD et sans succès, pour « finir le travail accompli ». Même si les électeurs ne l’ont pas réélu en 2008 et en 2014, tous reconnaissent qu’il a géré sagement la ville à laquelle il a beaucoup apporté. Bernard Murat a de fait contribué à développer les Foires grasses qui font la réputation du marché de la Guierle, mais aussi le festival de l'élevage, sans oublier la Foire du livre, en amoureux de la lecture qu'il était.
Le 27 avril 2018, cette « figure de la chiraquie » en Corrèze selon le magazine Le Point, décède à 72 ans d’un malaise cardiaque. Philippe Nauche salue la mémoire d’un maire passionné par sa ville et qui avait toujours fait en sorte que ses activités professionnelles aient des retombées positives pour Brive. Les élus locaux mettent en avant sa bonne connaissance des dossiers, son pragmatisme, son intérêt pour la chose publique, sa convivialité et son goût pour le rugby (il avait joué à l'Aviron bayonnais à Brive et au BO Malemort). Ses obsèques religieuses ont lieu en la collégiale Saint-Martin de Brive, le 2 mai 2018. Bernard Murat était chevalier de la Légion d’honneur.