Hervé Nader
1899 - 1985
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 17 septembre 1899 à Quimper (Finistère).
Député du Finistère de 1936 à 1942.
Fils d'un transporteur, Hervé Nader naquit à Quimper en 1899. Il poursuivit dans un établissement privé, puis au lycée de cette ville, des études qui le conduisirent au baccalauréat.
Malgré son jeune âge, il tint à s'engager pendant la guerre de 1914-1918. Revenu à la vie civile, il s'orienta vers l'hôtellerie.
Il se présenta une première fois, lors des élections générales de 1932, dans la 1re circonscription de Quimper, menant seul ou presque seul une campagne que ses adversaires eux-mêmes qualifièrent de courageuse. Il n'obtint, au premier tour, que 3.667 voix contre 4.956 à M. Pouchus, radical-socialiste, maire de Quimper, sur 19.190 votants. En 1936, il se représenta comme candidat républicain d'union nationale dans la même circonscription. Il se prononçait pour la paix extérieure par une politique de collaboration internationale et intérieure par le respect des libertés individuelles, notamment en matière d'enseignement. Il préconisait le vote des femmes et la création d'un conseil national économique. Il s'affirmait partisan du syndicalisme, mais limité au terrain professionnel, et souhaitait la création de comités mixtes formés de patrons et d'ouvriers comme en Angleterre.
Deuxième au premier tour avec 4.558 voix derrière M. Guéguin qui en obtenait 4.609 sur 20.377 votants, il fut cependant élu au second tour par 7.411 voix alors que son principal adversaire n'en recueillait que 6.822 sur 20.662 votants.
Inscrit au groupe des républicains indépendants et d'action sociale, il fut membre de la commission de l'administration générale, départementale et communale et de la commission de la marine marchande ainsi que de la commission supérieure d'aménagement, d'embellissement et d'extension des villes. Il sera élu le 9 janvier 1940 secrétaire de la Chambre des députés. Hervé Nader s'intéressa avant tout aux choses de la mer.
Au cours des discussions budgétaires, il ne cessa d'appeler l'attention sur la situation de la flotte marchande et la nécessité de développer et d'aménager les petits ports. Il préconisa, en 1940, d'utiliser ces derniers pour les livraisons de charbon. Il avait vivement critiqué, en 1938, la gestion du sous-secrétariat d'Etat à la Marine marchande et la répartition des crédits favorisant par trop la région marseillaise.
Il réclama également, dès 1936, l'institution d'un contingent et une protection douanière pour l'industrie de la pêche.
Ses compétences professionnelles lui permirent de participer activement à la discussion de projets de loi relatifs au prix des hôtels, à la suppression des pourboires et à la suppression des patentes - textes contre lesquels il vota - ainsi qu'à celle d'interpellations concernant le tourisme.
Il se fit aussi le défenseur des agriculteurs. Il se prononça, en 1936 contre l'élargissement des contingents et l'importation de produits alimentaires et agricoles hors contingent. En 1940, il réclama l'extension aux agriculteurs du bénéfice des allocations militaires.
Il vota contre le projet de loi concernant la réouverture en 1938 de l'Exposition des arts et techniques dans la vie moderne et contre le projet de loi portant ouverture de crédits pour l'assistance aux réfugiés espagnols et leur hébergement.
Le 10 juillet 1940, il vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Né le 17 septembre 1899 à Quimper (Finistère)
Décédé le 28 avril 1985 à Quimper
Député du Finistère de 1936 à 1942
(Voir première partie de la biographie dans le Dictionnaire des parlementaires français, 1889-1940, Tome VII, p.2550, 2551)
Malgré son vote en faveur des pleins pouvoirs au maréchal Pétain, Hervé Nader rejoint rapidement les rangs de la Résistance. Pendant l'occupation, en collaboration avec le consul de France à Ottawa, il met en place le réseau de renseignements « Johnny » et réalise à Quimper la première liaison radio avec Londres. Il renseigne les forces alliées sur les mouvements et positions des navires allemands et contribue à l'immobilisation pendant 18 mois de croiseurs à Brest, grâce aux bombardements de la Royal Air Force.
Son réseau démantelé à la suite d'une trahison, l'ancien député du Finistère, arrêté par la gestapo le 22 février 1942, est incarcéré à Angers puis à Fresnes, avant d'être déporté au camps de Mauthausen où il restera trois ans en captivité.
De retour en France, relevé de son inéligibilité par le Jury d'honneur, présidé par René Cassin, il siège à l'Assemblée consultative provisoire au titre du groupe des républicains indépendants et d'action sociale.
Très affaibli par la déportation, Hervé Nader ne se présente à aucune élection sous la Quatrième République. Après avoir passé deux ans au sanatorium du plateau d'Assy, il crée à Quimper, les « Chais du Comigel ».
Ses faits de guerre lui valent de nombreuses distinctions : Croix de guerre avec palmes, Croix du combattant volontaire pour les deux guerres, Médaille de la Résistance, Médaille des déportés, Médaille de la France libre, rosette de la Légion d'honneur.
Sollicité en 1958, il se présente à la première élection législative de la Cinquième République, et est élu dans la première circonscription du Finistère sous l'étiquette UNR.
NADER (Hervé)
Né le 17 septembre 1899 à Quimper (Finistère)
Décédé le 28 avril 1985 à Quimper
Député du Finistère de 1936 à 1942 et de 1958 à 1962.
Après la Libération, Hervé Nader s’efforce de redonner vie à l’hôtel de luxe dont il est le propriétaire, à Quimper. Son activité se diversifie en 1950 lorsqu’il crée un entrepôt d’importation de vins puis se lance dans l’armement de navires. L’ancien parlementaire se tient en retrait de la vie politique sous la IVème République jusqu’à son élection comme conseiller municipal de Penhars aux élections partielles du 13 juillet 1958. Cette commune devait être réunie à Quimper en janvier 1960. A l’automne 1958, l’ancien résistant décide de « reprendre du service » pour soutenir le général de Gaulle, comme il s’en explique dans sa profession de foi électorale. Il se présente en effet aux législatives des 23 et 30 novembre 1958 dans la première circonscription du Finistère sous l’étiquette de l’Union pour la nouvelle République (UNR). Hervé Nader promet de soutenir le développement de la marine marchande bretonne, jusqu’à faire de sa région « la Norvège française ». Ses documents électoraux mentionnent également d’autres engagements, qu’il s’agisse de « l’application stricte des dispositions de la Constitution » ou de « la réforme de l’Enseignement » afin de « garantir aux parents le libre choix des écoles ». Son principal adversaire est le MRP André Monteil, maire de Quimper, qui obtient au premier tour 27,6% des suffrages exprimés, contre 32,7% pour Hervé Nader. Ce dernier arrive en tête dans les cantons de Fouesnant (34,6%) et de Quimper (38,1%). Une semaine plus tard, la triangulaire qui opposent les candidats gaulliste, communiste et démocrate chrétien permet à Hervé Nader d’être élu député du Finistère grâce au soutien de 46,4% des électeurs.
Il s’inscrit au groupe UNR et siège, la commission de la Marine marchande ayant disparu sous la Vème République, à celle de la Production et des échanges. Il appartient en outre à la Commission supérieure du crédit maritime mutuel et au Conseil supérieur de l’établissement national des invalides de la marine à partir de juin 1959. Il prend la parole à quatorze reprises en séances publiques au Palais-Bourbon et se distingue en mêlant considérations très techniques et traits d’humour dans le propos. Une partie de ses interventions porte sur les questions maritimes. Lors de la discussion du projet de loi de programme relative à l’équipement économique général, il reproche à son collègue Nestor Rombeaut, député MRP de Loire-Atlantique, d’avoir déposé un amendement supprimant les crédits prévus pour la réalisation d’une cale sèche à usage des très grands pétroliers à Brest (30 juin 1959). Hervé Nader souligne alors qu’il n’est « pas député de Brest » et ne « défend(…) pas sa circonscription », mais juge le procédé peu « élégant » venant d’un élu de Saint-Nazaire, port concurrent de Brest. Le 27 octobre 1960, il formule de nombreuses observations sur le budget de la Marine marchande, regrettant que « les crédits en faveur de la pêche soient maigres comme des sardines de dérive qui manqueraient de rogue et de tourteaux d’arachide ». Il salue cependant les efforts consentis en faveur « de l’apprentissage et de l’enseignement maritimes », sujet auquel il s’intéresse en qualité d’ancien directeur de l’école de pêche de Concarneau. Hervé Nader s’amuse en outre que la discussion du budget de la Marine marchande pour 1961 ait lieu devant un hémicycle presque vide. Comparant le débat à « une réunion de famille », il se souvient que sous la IIIème République, « le budget de la Marine marchande se discutait toujours soit le matin, soit devant des auditoires confidentiels », avant de constater que « les Républiques se suivent » mais que « les habitudes demeurent ». Un an plus tard, l’examen du même budget pour 1962 lui offre l’occasion de préconiser une « réforme hardie » permettant de développer le petit cabotage en France. Il suggère en effet d’appliquer à la marine marchande « l’association du capital et du travail » en accordant des prêts à long terme et à taux réduit pour l’achat de navires dont le capitaine, les officiers et une partie de l’équipage seraient propriétaires. Il met de plus l’accent sur la complémentarité entre marine de guerre et marine marchande, cette dernière permettant de ravitailler les bâtiments militaires, notamment en cas de conflit (27 octobre 1961). Le 12 juillet 1962, il invite ses collègues et l’exécutif à soutenir le petit cabotage avec plus de détermination, alors qu’un amendement de Jean Fraissinet -armateur et député des Bouches-du-Rhône- au projet de loi de finances rectificative envisage une réduction des crédits prévus pour la Marine marchande.
La législation en matière de consommation de vins et spiritueux fait également l’objet de toute l’attention du député du Finistère. Il participe ainsi à la discussion du projet de loi modifiant l’article 315 du Code général des impôts relatif aux bouilleurs de cru et appuie à cette occasion le secrétaire d’Etat aux finances Valéry Giscard d’Estaing : ce dernier ne juge pas souhaitable l’adoption d’un amendement présenté par la Commission des finances, et qui prévoit l’interdiction de toute mention du degré alcoolique pour la commercialisation des vins (3 décembre 1959). Hervé Nader ne ménage pas ses critiques à l’égard des ordonnances que le Gouvernement souhaite prendre à l’été 1960 pour lutter contre certains fléaux sociaux. Il reproche au projet de loi autorisant ces ordonnances de n’être pas « un chef d’œuvre de clarté » et demande à l’exécutif de laisser le Parlement discuter de ces sujets afin d’aboutir à « des textes clairs, discutés, amendés s’il y a lieu ». En recourant à cette procédure, l’exécutif donnerait en effet le sentiment d’ « humilier » et de « déconsidérer » les parlementaires (18 juillet 1960). Sans aller jusqu’à utiliser des mots aussi définitifs, beaucoup d’élus gaullistes refusent à cette époque d’avoir à l’égard de l’exécutif l’attitude de « sujets » face aux « princes du pouvoir », ainsi que l’a déclaré le député de la Nièvre Marius Durbet lors du premier Conseil national de l’UNR, le 25 juillet 1959. Le discours d’Hervé Nader lors de la séance publique du 18 juillet 1960 ne s’en tient pas pourtant à la question de l’équilibre des pouvoirs et du respect de la Constitution. L’armateur quimpérois y recommande par exemple de limiter la publicité en faveur des cigarettes, car « la passion du fumeur peut devenir un vice tout comme celle du buveur ». Il dénonce l’hypocrisie de la loi sur la fermeture des maisons closes votée en avril 1946 et constate que « le marché s’est simplement déplacé » et qu’ « en franchissant le rideau des persiennes closes, il est descendu sur le trottoir ». Hervé Nader note qu’ « un arsenal de textes » existe déjà pour réprimer le proxénétisme et ne dissimule pas son incompréhension face à la volonté gouvernementale de légiférer à nouveau sur le sujet. Le député du Finistère regrette enfin que le Gouvernement n’ait pas mis à profit les pleins pouvoirs dont il disposait jusqu’à fin décembre 1959 pour supprimer le privilège des bouilleurs de cru. Il conclut son propos en faisant observer « que présentement le problème des hétaïres modernes, celui du verre de l’amitié, du coup de l’étrier, du trou normand et même du privilège des bouilleurs de cru sont peu de choses au regards des bouleversements du monde ». L’urgence commanderait plutôt selon lui de « doter la France d’une force de frappe » que de légiférer sur les fléaux sociaux.
Le 16 juillet 1962, Hervé Nader intervient longuement dans le débat sur la motion de censure qui vise à empêcher l’attribution de crédits à l’usine de Pierrelatte, laquelle doit abriter des activités liées à la fabrication et à l’exploitation du combustible nucléaire. Il s’étonne d’abord que l’opposition à la force de frappe autorise « le mariage de l’eau et du feu », de la gauche et d’une partie de la droite, parmi les signataires de la motion de censure. Le député breton considère le refus de la force de frappe comme l’expression d’une politique de « facilité », le nucléaire militaire s’avérant budgétivore. Emu par « la cérémonie de la cathédrale de Reims », qui a vu quelques jours plus tôt Charles de Gaulle et Konrad Adenauer communier dans une même émotion, Hervé Nader n’en estime pas mois « que la meilleure manière de défendre l’Europe, c’est encore de se serrer autour de la France » et refuse de voter la motion de censure.
C’est sur la question de la pratique des institutions et des rapports entre pouvoirs exécutif et législatif qu’Hervé Nader bascule dans l’opposition sous la première législature. Il soutient en effet la politique algérienne des gouvernements Debré et Pompidou, ainsi qu’en témoignent son approbation de la déclaration de politique générale du Premier ministre un mois après le discours de De Gaulle sur « l’autodétermination » (séance du 15 octobre 1959) ou son vote des pouvoirs spéciaux pour ramener l’ordre en Algérie au lendemain de la semaine des barricades (2 février 1960). Il soutient le programme du Gouvernement de Georges Pompidou le 27 avril 1962 mais ne prend pas part au scrutin sur la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault (5 juillet 1962). Il rompt définitivement avec le gaullisme politique en accordant son suffrage à la motion de censure qui renverse le gouvernement Pompidou le 4 octobre 1962.
L’UNR sanctionne l’attitude d’Hervé Nader en investissant Roger Evrard dans la première circonscription du Finistère pour les législatives de novembre 1962. Le député sortant se présente sans étiquette et doit faire face à la candidature d’un autre modéré, le maire du Fouesnant Louis Le Calvez. Hervé Nader n’arrive qu’en quatrième position le 18 novembre 1962. Ses 14,4% des suffrages exprimés lui valent en effet d’être devancé par Louis le Calvez (20,7%), le communiste Daniel Trellu (21,4%) et le gaulliste Roger Evrard (25%). Le canton de Quimper, avec 16,1% des voix, lui offre son meilleur résultat. Hervé Nader n’est pas présent au second tour, qui voit l’élection de Roger Evrard (62,9%). Cinq plus tard, les élections législatives de mars 1967 sont marquées par le « parachutage » dans la première circonscription du Finistère d’Edmond Michelet, ancien ministre et membre du Conseil constitutionnel. Le député sortant Roger Evrard refuse pourtant de se retirer et se revendique du « Centre national pour la Vème République », tandis qu’Hervé Nader, battu en novembre 1962, se présente comme « Républicain indépendant » et « candidat d’action régionale et de promotion sociale ». L’ancien parlementaire ne dépasse pas les 8% des voix. Il renonce à se présenter aux élections générales qui suivent la crise de mai 1968, mais se porte candidat pour la dernière fois aux législatives de mars 1973 dans son ancienne circonscription. Soutenu par le Centre national des indépendants et paysans (CNIP), l’ancien conseiller municipal de Penhars obtient un résultat médiocre (4,6%), alors que Marc Bécam, qui a succédé à Edmond Michelet au décès de celui-ci, convainc plus du tiers (33,4%) des électeurs.
Hervé Nader renonce alors à la vie publique. Il meurt à Quimper à l’âge de 85 ans.