Armand Nass
1919 - 2008
NASS (Armand)
Né le 9 janvier 1919 à Hagondange (Moselle)
Décédé le 7 juin 2008 à Moyeuvre-Grande (Moselle)
Député de la Moselle de 1969 à 1973
Armand Nass naît le 9 janvier 1919 à Hagondange, petite ville minière et industrielle de Moselle, entre Metz et Thionville. Son père, Armand Henri Nass, originaire de Saint-Privat-lès-Metz, est maître-artisan du bâtiment tandis que sa mère, Joséphine Stéphano, née à Villerupt en Meurthe-et-Moselle, est commerçante. Après son baccalauréat et son service militaire - il sera par la suite officier de réserve-, Armand Nass suit des études de droit à la Faculté de Nancy et obtient parallèlement un diplôme en économie politique. Mobilisé en septembre 1939, il participe à la campagne de mai-juin 1940. En juin 1941, il se marie avec Alice Bauchel qui lui donnera quatre enfants (Henri, Marguerite, Christiane et Michel). Il s’établit comme entrepreneur en chauffage-ventilation et installations sanitaires à Rombas et dirige bientôt une société de 135 salariés. La ville, située dans la basse vallée de l’Orne, au nord de Metz, s’est tournée vers la sidérurgie et l’extraction du fer à partir des années 1860. Ses hauts-fourneaux emploient après-guerre une part importante de la population locale et le dynamisme des aciéries explique l’augmentation sensible de la population de Rombas entre les années 1950 et 1960 qui passe de 6 à 10 000 habitants.
Appartenant au courant modéré - il est secrétaire départemental du Centre national des indépendants et paysans (CNIP), Armand Nass entre en 1953 au conseil municipal de Rombas comme adjoint au maire Albert Zuber. Très connu dans sa ville, il est élu maire en 1955. Il renforce son ancrage en devenant conseiller général du canton de Rombas en 1967 sous l’étiquette Républicains indépendants (RI). Il est réélu maire en 1971. Pendant 14 ans, il doit faire face à l’accroissement démographique de la ville qui gagne alors près de 500 habitants chaque année, ce qui pose des problèmes de logement. Il agrandit l’hôtel de ville, fait construire une salle des fêtes, un foyer social et une maison des jeunes et de la culture, il multiplie les infrastructures scolaires : nouvelles écoles primaires de Villers, Petit-Moulin, Rond-Bois, maternelle de Chanteclerc. Armand Nass est proche de l’homme fort du département, Raymond Mondon, dont il est le suppléant depuis 1964. Raymond Mondon, maire de Metz depuis 1947, député de Moselle depuis 1946, a quitté le Rassemblement du peuple français (RPF) au milieu des années 1950 pour rejoindre le courant des modérés. Il est l’un des fondateurs à l’Assemblée nationale du groupe politique des Républicains indépendants qu’il préside. Resté lié toutefois aux gaullistes, Raymond Mondon vote oui au référendum du 27 avril 1969 sur la régionalisation et la réforme du Sénat et soutient Georges Pompidou à l’élection présidentielle de 1969. Le nouveau président le fait entrer dans le gouvernement Chaban-Delmas en juin 1969 comme ministre des Transports.
Remplaçant ainsi Raymond Mondon le 23 juillet 1969, Armand Nass est proclamé député de la 1ère circonscription de Moselle. L’Assemblée en prend acte le 16 septembre. Armand Nass s’inscrit au groupe des Républicains indépendants, désormais présidé par Aimé Paquet, et entre à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République. Il prend part à la discussion du projet de loi de finances pour 1971, déplorant les problèmes rencontrés en matière de sous-traitance des marchés par les petites sociétés face aux grands groupes du BTP. Il souhaite rendre obligatoire la transparence de la sous-traitance. Dans cette perspective, il dépose en juin 1971 une proposition de loi tendant à réglementer la sous-traitance en matière de marché de travaux public et de bâtiment. Dans la discussion du projet de loi de finances pour 1972, il intervient sur les questions d’enseignement, évoque le manque de personnel de direction dans les collèges d’enseignement secondaire (CES), regrette l’insuffisance de la formation professionnelle et insiste sur la sous-scolarisation de la Moselle de la maternelle jusqu’à l’Université. Il vote pour le projet de loi portant création et organisation des régions.
Aux élections législatives de mars 1973, Armand Nass décide de se représenter dans la 1ère circonscription de la Moselle (Ars, Metz I et II, Metz Campagne). En dépit de sa position de député sortant, Armand Nass est en difficulté. Son parrain politique, Raymond Mondon avait été emporté par un cancer en septembre 1970. Sans notoriété personnelle suffisante, il fait campagne sous l’étiquette « Républicain indépendant » avec le soutien de son suppléant, un jeune cadre, William Lhomme. Dans cette circonscription qu’il connaît mal et dans laquelle il est perçu comme « l’homme de Rombas », le député giscardien affronte deux figures politiques locales très influentes, le nouveau maire Centre démocratie et progrès (CDP) de Metz, Jean-Marie Rausch, et le maire Réformateur d’Amnéville, Jean Kiffer. Armand Nass est éliminé dès le premier tour, ne totalisant que 11 395 voix, soit 15,8 % des suffrages exprimés, face au socialiste Jean Laurain, à Jean-Marie Rausch et à Jean Kiffer qui, au second tour remporte la triangulaire de justesse avec 37,8 % des voix.
Politiquement affaibli, Armand Nass perd dans la foulée, en septembre 1973, son siège au conseil général de Moselle au profit du nouveau député Jean Kiffer. Le maire de Rombas se replie sur sa commune. Mais les problèmes socio-économiques qui touchent le pays minier et sidérurgique mosellan pénalisent les candidats de la majorité gouvernementale. Orientées vers la fabrication des produits destinés à l’exportation, les aciéries de Rombas subissent dès 1963 la concurrence internationale. La crise se traduit par des licenciements et la fermeture de mines de fer. Après 1968, l’amélioration des conditions de travail du fait de la hausse des salaires et de la diminution du temps de travail, dans le cadre de la politique des contrats de progrès mise en œuvre par le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas ainsi que celle des concentrations dans l’industrie avec la création du groupe Wendel-Sidelor, relancent un temps les aciéries locales ; mais une nouvelle récession détériore le marché du travail local en 1971. La crise favorise politiquement l’opposition de gauche ; aussi aux élections municipales de mars 1977, est-ce l’instituteur socialiste Marcel Jehl qui l’emporte. Armand Nass abandonne alors toute activité politique et se concentre sur ses importantes responsabilités syndicales dans le secteur du bâtiment. Il est en effet président du syndicat général des entrepreneurs de Travaux Publics et Bâtiments de la Moselle depuis 1955, vice-président de la Fédération lorraine du Bâtiment et administrateur de la Fédération nationale du Bâtiment.
Ce passionné de musique et de voile meurt le 7 juin 2008 à Moyeuvre-Grande. Armand Nass était chevalier de la Légion d’honneur et chevalier des Palmes académiques.