Jean, Gaston Charon dit Nocher
1908 - 1967
Né le 27 septembre 1908 à Poitiers (Vienne)
Décédé le 24 juin 1967 à Bougival (Yvelines)
Député de la Loire de 1951 à 1955
Jean Nocher est né le 27 septembre 1908 à Poitiers, dans la Vienne. Fils d'un directeur d'école, il intègre les rangs de l'Ecole normale supérieure après des études à Poitiers puis au lycée Henri IV à Paris. Son engagement politique précède son entrée à la rue d'Ulm : membre de la CGTU, il participe en 1953 à la constitution du comité Amsterdam-Pleyel, organisation antifasciste créée à l'initiative de Romain Rolland et de Henri Barbusse et dominée par les communistes.
Nommé professeur de philosophie à Verdun, Jean Nocher n'a pas vingt-cinq ans lorsqu'il décide de quitter l'enseignement pour se consacrer exclusivement à l'animation du débat public : il publie plusieurs essais remarqués (Frankenstein, l'âge d'or ou la fin du monde, préfacé par Anatole de Monzie, 1935 ; Témoignage de la jeunesse qui vient, préfacé par Victor Margueritte, 1937 ; Manifeste de l'Abondance, 1938), et devient le collaborateur régulier de plusieurs journaux, au premier rang desquels L'oeuvre.
Jean Nocher est aussi à l'origine de la création d'un nouveau mouvement, les Jeunes équipes unies pour une nouvelle économie sociale (JEUNES), qui connaît une certaine fortune, à gauche, au lendemain du 6 février 1934. Les JEUNES dénoncent le stalinisme du parti communiste et apportent un soutien critique à Léon Blum ; au lendemain des accords de Munich, Jean Nocher est de ceux qui déplorent publiquement la faiblesse dont font preuve les démocraties face aux dangers du totalitarisme.
Mobilisé en septembre 1939 dans les rangs de l'armée de l'air, Jean Nocher décide après l'armistice de poursuivre le combat contre l'Allemagne nazie. En 1941, il est, dans la Loire, le premier responsable départemental des Mouvements unis de résistance (MUR). Arrêté le 29 septembre 1942 par la police française, il est emprisonné quinze mois à la prison Saint-Paul de Lyon, puis au fort de Montluc.
Après la Libération, Jean Nocher devient directeur de L'Espoir, organe du Mouvement de libération nationale ; il écrit par ailleurs dans plusieurs journaux comme La France au combat, L'Intransigeant ou Carrefour, et anime sur les antennes de la RTF une émission à succès, Plate-Forme 70. Manifestant à la fois un anticommunisme très résolu et une réticence certaine vis-à-vis des grands partis issus de la Résistance, Jean Nocher devient un partisan intransigeant du général de Gaulle ; lorsque le RPF est créé, en 1947, il en devient l'une des figures de proue, très apprécié des militants pour sa verve de polémiste et son talent d'orateur.
Les élections législatives du 17 juin 1951 sont pour Jean Nocher l'occasion de se lancer dans l'action politique de terrain : il se voit confier par le RPF la tête de la liste gaulliste dans la Loire, devant Pierre Desgranges et Lucien Neuwirth. Le scrutin est marqué par un large apparentement conclu entre la liste socialiste d'André Fieloux, la liste soutenue par le MRP, les Indépendants et l'UDSR et conduite par Georges Bidault, et la liste du Rassemblement des groupes républicains et indépendants français conduite par Jean Pupat. Si l'entente électorale échoue à recueillir la majorité des suffrages exprimés, elle prive le parti communiste d'un siège au bénéfice de Jean Pupat. Avec 66 324 voix sur 292 398 suffrages exprimés, la liste gaulliste obtient donc deux des huit sièges à pourvoir.
Très logiquement, Jean Nocher choisit de siéger au sein de la Commission de la presse ; il est aussi nommé membre de la Commission des boissons. Il n'est l'auteur que d'un texte, une proposition de résolution, déposée le 25 février 1954, dans laquelle il invite le gouvernement à « distribuer gratuitement aux vieux, aux économiquement faibles et à diverses catégories de consommateurs, une partie des stocks excédentaires de charbon qui sont en perdition sur le carreau de nos mines ». Il intervient en revanche à plusieurs reprises à la tribune de l'Assemblée, la plupart du temps pour dénoncer, en des termes très vifs qui lui valent beaucoup d'inimitiés, l'impuissance dont semblent à ses yeux frappés les gouvernements successifs.
Au cours de la législature, Jean Nocher s'éloigne provisoirement du mouvement gaulliste ; il en est exclu en 1953 pour avoir formé une liste dissidente aux élections municipales à Saint-Etienne.
Au lendemain des élections législatives du 2 janvier 1956 auxquelles il n'est pas candidat, il renoue avec ses activités de journaliste, d'essayiste et surtout de producteur de radio, livrant à partir de 1958 une chronique quotidienne très suivie, En direct avec vous. L'anticommunisme de combat qu'il y professe lui vaut d'être surnommé par L'Humanité « le Philippe Henriot de la RTF » ; accusation à coup sûr déplacée, visant un homme que ses convictions anti-nazies avaient conduit de longs mois en prison, mais qui révèle l'écart entre les premiers engagements de Jean Nocher et ceux de l'âge mûr.
Lorsque Jean Nocher décède à Bougival, le 24 juin 1967, c'est une voix familière à des millions d'auditeurs français qui s'éteint.