André Noël
1915 - 1964
Né le 16 mars 1915 à Maisons-Alfort (Seine)
Décédé le 9 août 1964 à Vitoria (Espagne)
Membre de la première Assemblée nationale constituante (Vaucluse)
Député du Puy-de-Dôme de 1946 à 1951
André Noël est né le 16 mars 1915 à Mai sons-Alfort, dans le Val-de-Marne. Son père meurt au combat au cours de la première guerre mondiale ; c'est donc sa mère qui pourvoit, seule, à son éducation. Après des études au lycée Charlemagne à Paris, il intègre l'Ecole nationale de la France d'outre-mer.
Mobilisé en septembre 1939, André Noël est blessé et fait prisonnier par les Allemands en juin 1940 ; il s'évade deux mois plus tard et rejoint les rangs de la Résistance. Pour s'abstraire quelques heures par jour du lourd climat de la clandestinité, il s'adonne à l'écriture de livres pour enfants (Châteaux en Auvergne, Le Pays du roi captif) et de romans policiers (Les Vacances de M. Maistre et Les Crimes de Paillargue).
André Noël s'engage dans l'action publique au lendemain de la Libération. Animé alors par de fortes convictions démocrates-chrétiennes, il prend la tête de la liste du MRP dans le Vaucluse aux élections du 21 octobre 1945 pour la première Assemblée constituante. Celle-ci recueille 26 126 voix sur 116 176 suffrages exprimés ; André Noël est élu grâce au système de la répartition des restes à la plus forte moyenne. Les autres sièges de la circonscription échoient à la liste socialiste de Charles Lussy (deux élus) et à la liste communiste de René Arthaud (un élu).
André Noël est nommé membre de la Commission de l'intérieur et de la Commission de la défense nationale. Avec ses collègues démocrates-chrétiens, il vote les nationalisations mais s'oppose, le 19 avril 1946, au premier projet de Constitution de la IVe République ; le texte est de toute façon rejeté lors du référendum du 5 mai, ce qui entraîne la convocation d'une nouvelle Assemblée constituante.
Les élections se tiennent le 2 juin. André Noël se lance à l'assaut d'un autre département en prenant la tête de la liste du MRP dans le Puy-de-Dôme. Avec 23 648 voix sur 235 890 suffrages exprimés, il essuie une sérieuse défaite : les six sièges à pourvoir échoient au communiste Pierre Besset, au socialiste Adrien Mabrut, aux radicaux Alexandre Varenne et Jacques Chassaing et aux Indépendants Jacques Bardoux et Joseph Dixmier.
André Noël se montre plus heureux lorsqu'il retente sa chance aux élections législatives du 10 novembre 1946. Sa liste enregistre un léger progrès, avec 25 315 voix sur 221 749 suffrages exprimés, mais il bénéficie surtout du fait que ce sont cette fois sept sièges qui sont à pourvoir dans le Puy-de-Dôme.
André Noël est nommé membre de la Commission des territoires d'outre-mer et de la Commission de la presse ; il est par ailleurs appelé à figurer sur la liste des jurés de la Haute cour de justice. Son activité parlementaire, au cours de la législature, est assez variée, puisqu'elle touche aussi bien aux questions électorales (il est l'auteur, le 22 septembre 1948, d'une proposition de loi tendant à instaurer l'élection des conseillers généraux à la représentation proportionnelle) qu'aux affaires coloniales : anticommuniste farouche, il intervient longuement à la tribune de l'Assemblée, le 28 janvier 1950, pour expliquer que « si la France quittait le Vietnam, elle le livrerait à l'invasion étrangère, à l'invasion de ces Chinois dont, par une expérience séculaire, les peuples du Vietnam ont horreur tout autant que les Polonais des envahisseurs soviétiques ».
Ses votes à l'occasion des principaux scrutins de la législature sont en conformité avec les orientations arrêtées par le MRP : André Noël accorde sa confiance à Paul Ramadier le 4 mai 1947, le jour où le Président du Conseil se sépare de ses ministres communistes, il vote en faveur du projet de loi sur le statut de l'Algérie (27 août 1947), en faveur du plan Marshall (juillet 1948), et de la constitution du Conseil de l'Europe le 9 juillet 1949. Il ratifie le Pacte de l'Atlantique quelques jours plus tard, et vote enfin pour le système des apparentements qui, le 7 mai 1951, modifie la loi électorale en faveur des partis de la Troisième force.
Au cours de la législature, André Noël entame, parallèlement à ses activités de parlementaire, une carrière de publiciste : il fonde en 1947 la Lettre d'information politique, publication confidentielle diffusée par abonnement et qui, deux fois par semaine, présente sous forme de synthèses les principaux événements de la vie politique.
André Noël sollicite en vain le renouvellement de son mandat aux élections législatives du 17 juin 1951 ; le MRP n'obtient que 6 pour cent des suffrages exprimés et n'a aucun élu. André Noël se consacre alors entièrement à ses activités d'homme de presse, mais renoue quelques années plus tard avec l'action publique en devenant en 1958 maire de la commune d'Echandelys, dans le Puy-de-Dôme. Tout comme Georges Bidault, André Noël s'éloigne du mouvement démocrate-chrétien à mesure que se radicalise le conflit algérien : dans les colonnes de publications comme Minute ou Le Spectacle du Monde, il attaque la politique algérienne menée par le général de Gaulle avec une virulence qui lui vaut de sérieux démêlés avec la justice, et même un court séjour derrière les barreaux.
Il décède le 9 août 1964 à Vitoria, en Espagne, dans un accident de voiture. Il était père de sept jeunes enfants.