Ernest Noël
1847 - 1930
Né le 26 août 1847 à Paris, mort le 25 décembre 1930 à Paris.
Député de l'Oise de 1893 à 1906.
Sénateur de l'Oise de 1906 à 1930.
De brillantes études conduisent Ernest Noël à l'Ecole centrale des arts et manufactures. A sa sortie de l'Ecole, c'est la guerre de 1870. Il fait campagne comme officier d'artillerie mobile. A la fin des hostilités, il entre comme ingénieur aux chemins de fer de Turquie d'Europe. Il reste à ce poste jusqu'en 1875 puis il prend la direction d'une usine de produits chimiques à Noyon, dans l'Oise. C'est dans cette ville, et dans ce département, que commence la carrière politique d'Ernest Noël. Ses concitoyens l'élisent conseiller général du canton en 1886 puis le portent en 1888 au fauteuil de maire de Noyon. Il présidera le Conseil général de l'Oise jusqu'à sa mort.
En 1889, il se présente sans succès aux élections législatives. Il sera élu député de Compiègne en 1893, au premier tour, par 10.898 voix contre 10.294 au marquis de l'Aigle qui l'avait battu en 1889. Ernest Noël est un républicain ferme mais modéré. Dans sa profession de foi, il se prononce pour une protection efficace de la production nationale, pour la suppression des impôts intérieurs sur les produits de consommation, l'organisation du crédit agricole, la création de chambres d'agriculture, le dégrèvement de la propriété foncière, le développement de l'assistance publique dans les campagnes.
Ernest Noël sera réélu le 8 mai 1898 par 13.526 voix contre 3.589 au candidat socialiste. Aux élections de 1902, il est battu de 8 voix par un républicain nationaliste, le colonel de cavalerie Bougon. Mais celui-ci est invalidé. De nouvelles élections ont lieu le 28 septembre. Cette fois Ernest Noël l'emporte par 11.687 voix contre 11.535.
Spécialisé dans les questions économique et douanières, il s'était fait remarquer, au cours de la législature 1898-1902 en déposant un certain nombre de propositions de loi et en présentant divers rapports les concernant. Ses collègues reconnurent sa compétence en le nommant à la présidence de la commission des douanes qu'il assura de 1902 à 1906. A ce titre, il interviendra notamment dans la discussion de la proposition de loi Méline tendant à modifier la loi de douanes du 11 janvier 1892.
Ernest Noël se présente aux élections sénatoriales du 7 janvier 1906. Il est élu au premier tour par 567 voix sur 1.109 votants, en remplacement de Franck Chauveau qui n'obtient que 538 voix. Le nouveau sénateur s'inscrit au groupe de la gauche démocratique. Il fait partie aussitôt de la commission des douanes, intervenant en qualité de rapporteur général, poste officieux, mais qui lui permettait de faire profiter ses collègues de sa longue expérience et de son inlassable activité, notamment lorsqu'il fut chargé de défendre la révision douanière de 1910.
Survient la guerre de 1914. Ernest Noël, maire de Noyon, reste dans sa ville quand celle-ci est occupée par l'ennemi le 30 août 1914. Il est arrêté comme otage, maltraité. Les Allemands menacent de le fusiller mais il continue de défendre ses concitoyens. En février 1915, il est de nouveau arrêté, puis incarcéré au fort d'Hirson jusqu'en juin. Transféré à la prison militaire de Rastadt, il y est mis en cellule jusqu'en décembre. Nouveau transfert, dans un camp d'officiers cette fois, à Singen. Il sera libéré en janvier 1916, en même temps que Jean Lebas, à la suite d'un échange d'otages.
Lorsqu'il reprend sa place au Sénat, le 20 janvier 1916, l'Assemblée unanime se lève et l'applaudit.
L'Académie française avait décerné à Ernest Noël son prix d'héroïsme le 21 novembre 1915. Le 27 mars 1917, le président Poincaré lui remettait la croix de la Légion d'honneur devant l'hôtel de ville de Noyon libérée par les troupes alliées.
Au retour de captivité, Ernest Noël avait également repris ses fonctions de directeur de l'Ecole centrale des arts-et-manufactures, poste qu'il occupa jusqu'en 1920. L'expérience acquise dans ce domaine lui sera particulièrement utile lorsqu'il participera aux travaux de la commission de l'enseignement supérieur au Sénat.
Aux élections du 11 janvier 1920, Ernest Noël est réélu au premier tour, par 573 voix sur 1.105 votants et le 6 janvier 1924, au premier tour également, par 568 voix.
Jusqu'à sa mort, le 25 décembre 1930, à l'âge de 83 ans, il donnera un bel exemple d'activité parlementaire, tant au sein des commissions, de celle des douanes en particulier, qu'au cours des séances publiques.