Léon, Philippe, Jules, Arthur Noël

1888 - 1987

Informations générales
  • Né le 28 mars 1888 à Paris (Seine - France)
  • Décédé le 6 août 1987 à Toucy (Yonne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Yonne
Groupe
Rassemblement du peuple français

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 26 mars 1888 à Paris (9ème)
Décédé le 6 août 1987 à Toucy (Yonne)

Député de l'Yonne de 1951 à 1955

Léon Noël est né le 26 mars 1888 à Paris, dans le IXe arrondissement. Fils d'un Conseiller d'Etat, il s'oriente lui-même, après son doctorat (La Condition juridique des officiers de réserve, 1912), vers le Palais Royal : il y entre comme auditeur en 1913, devient auditeur de première classe en 1919 puis commissaire adjoint du gouvernement l'année suivante.

Léon Noël délaisse le contentieux au début des années vingt pour devenir chef adjoint du cabinet de Maurice Colrat de Montrozier, député de la gauche républicaine démocratique, qui occupe successivement, de 1921 à 1924, les fonctions de sous-secrétaire d'Etat à l'intérieur, de sous-secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil et aux affaires étrangères puis de ministre de la justice.

Après un nouveau passage par le Conseil d'Etat, cette fois en tant que maître des requêtes, Léon Noël est nommé chef du cabinet civil du général Guillaumat, ministre de la guerre dans l'éphémère dixième gouvernement Briand (24 juin - 17 juillet 1926). De décembre 1927 à juin 1930, il occupe les fonctions, très sensibles dans le contexte des relations franco-allemandes, de délégué général du haut-commissariat de la République française dans les provinces du Rhin. Nommé préfet du Haut-Rhin le 11 juillet 1930, il n'occupe pas longtemps ce poste : appelé six mois plus tard à la présidence du Conseil, Pierre Laval lui confie de façon officieuse le rôle de directeur de son cabinet, avant de le nommer, officiellement cette fois, secrétaire général du ministère de l'Intérieur et directeur de la Sûreté générale.

L'accession de Pierre Laval au ministère des affaires étrangères, en 1932, détermine l'entrée de Léon Noël dans la carrière diplomatique : d'abord ministre plénipotentiaire à Prague, il devient, après un bref passage par le secrétariat général à la présidence du Conseil, ambassadeur à Varsovie. Il livrera un témoignage sur ses années à Varsovie dans L'Agression allemande contre la Pologne (1946).

Le 9 juillet 1940, le maréchal Pétain lui marque son estime en le nommant délégué général du régime de Vichy en zone occupée ; mais, fidèle aux principes de la République, il donne sa démission dix jours plus tard, et se rallie bientôt au gaullisme. Il livrera en 1945 son interprétation de la défaite de l'été 1940 dans Le Diktat de Rethondes et l'armistice franco-italien de juin 1940.

Au lendemain de la guerre, Léon Noël délaisse la diplomatie pour rejoindre le milieu des affaires : il siège au conseil d'administration de Rhône-Poulenc, d'Esso-Standard, des Chemins de fer du Midi et de plusieurs autres grandes entreprises.

Il est cependant vite repris par son goût des affaires publiques : lorsque le RPF est fondé par le général de Gaulle en avril 1947, il en prend aussitôt la présidence de la Commission des affaires étrangères ; il est aussi nommé membre et vice-président du conseil national du mouvement, au sein duquel il retrouve, notamment, Paul Claudel et Raymond Aron.

Léon Noël se présente pour la première fois au suffrage lors des élections législatives du 17 juin 1951. Il choisit de s'implanter dans le département de l'Yonne, où il possède une maison, et dont son beau-père Marcel Ribière fut successivement député puis sénateur. Placé à la tête de la liste du RPF, il conclut un apparentement avec la liste radicale d'André Jais et la liste Indépendante conduite par le maire d'Auxerre Jean Moreau. Les listes apparentées recueillent 64 114 voix sur 124 774 suffrages exprimés (37 556 voix pour la liste de Jean Moreau, 22 742 voix pour celle de Léon Noël) ; elles emportent donc la totalité des quatre sièges à pourvoir.

Léon Noël rejoint la Commission des affaires étrangères et la Commission de la justice et de la législation. Sa première intervention à la tribune de l'Assemblée est pour prendre position, le 6 décembre 1951, sur le traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) : sur un ton mesuré mais ferme, il souligne les extrêmes réserves que lui inspire le texte, insistant en particulier sur le danger qu'il y a, à ses yeux, de « voir se constituer, à la faveur du plan Schuman, s'il est appliqué tel quel, une technocratie irresponsable, qui échappera au contrôle parlementaire, et qui risquera de constituer en soi une puissance susceptible de se mettre au service de certains intérêts. (...) En réalité, on se prépare à nous demander d'approuver par fragments une certaine politique générale », conclut-il.

Léon Noël intervient par la suite à quelques reprises pour exposer les positions du groupe gaulliste sur l'Europe ; il dénonce en particulier avec vigueur le projet de Communauté européenne de défense (CED), dans laquelle il dénonce à la fois un programme de réarmement de l'Allemagne et une entreprise de mise en place d'une Europe supra-nationale.

Peu séduit par la fonction parlementaire, découragé par l'effondrement du parti gaulliste (qu'il évoque en 1956 dans Notre dernière chance), Léon Noël ne sollicite pas le renouvellement de son mandat aux élections législatives du 2 janvier 1956, organisées après la dissolu tion décidée par Edgar Faure. Il est de ceux qui favorisent et accompagnent le retour au pouvoir du général de Gaulle ; élu courant 1958 président de l'Académie des sciences morales et politiques, il y prononce en décembre un discours très favorable aux changements apportés par le nouveau Chef de l'Etat aux institutions de la France.

Léon Noël devient en fait l'un des juristes les plus écoutés du nouveau régime. Le général de Gaulle, qui l'avait invité à siéger entre juillet et août 1958 au sein du Comité constitutionnel chargé d'examiner l'avant-projet de Constitution, le nomme président du nouveau Conseil constitutionnel. Pendant six ans, Léon Noël préside cette institution qui pratique un contrôle de constitutionnalité inédit mais peu contraignant pour le législateur ; délibérément, il se place au service du « parlementarisme rationalisé » voulu par le général de Gaulle (voir son témoignage dans De Gaulle et les débuts de la Ve République, 1976).

Quelques mois après avoir quitté la présidence du Conseil constitutionnel, en janvier 1966, Léon Noël remplit une dernière mission pour le compte du gouvernement, en rédigeant une proposition de réforme des services de police - sujet qu'il connaît bien pour l'avoir suivi de près depuis son passage à la tête de la Sûreté générale.

Essayiste prolifique (Comprendre de Gaulle, 1972 ; L'Enigmatique Tayllerand, 1975, Les Illusions de Stresa, 1975 ; La Tché coslovaquie d'avant Munich, 1982), président actif de l'Académie des sciences morales et politiques, Léon Noël décède le 6 août 1987 dans sa maison de Toucy, dans l'Yonne.

Il était grand-croix de la Légion d'honneur et de l'ordre du Mérite.