Roger Noiret

1895 - 1976

Informations générales
  • Né le 10 août 1895 à Prosnes (Marne - France)
  • Décédé le 8 août 1976 à Rémilly-les-pothées (Ardennes - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Ardennes
Groupe
Union pour la nouvelle République
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Ardennes
Groupe
Union pour la nouvelle République-UDT

Biographies

Biographie de la Ve République

NOIRET (Charles, Jean, Roger)
Né le 10 août 1895 à Prosnes (Marne)
Décédé le 8 août 1976 à Remilly-les-Pothées (Ardennes)

Député des Ardennes de 1958 à 1967

Le père de Roger Noiret est lieutenant au 31ème régiment de dragons de Mourmelon-le-Grand au moment de sa naissance. Le futur parlementaire grandit dans l’atmosphère des garnisons de l’Est de la France, entre patriotisme vigoureux, fierté de servir l’Etat et ennui de la routine militaire. Il choisit la carrière des armes et entre à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr en 1913.
Mobilisé comme sous-lieutenant de cavalerie en 1914, il passe rapidement dans l’artillerie. Elle demeure son arme pour une grande partie de sa carrière. Après avoir combattu sur le front occidental, il rejoint l’armée d’Orient et est capitaine au moment des armistices de l’automne 1918. Il sert ensuite pendant quelques années au sein des forces d’occupation en Allemagne, puis connaît une première expérience en Afrique du Nord. La fin des années 1930 lui permet de regagner la métropole où il dirige le 93ème régiment d’artillerie à Grenoble. Au moment où s’ouvre la campagne de France, le lieutenant-colonel Noiret est à la tête du 3ème bureau de l’Etat-major du commandant du front Nord-Est, le général Joseph Georges. Il ressent très durement la défaite des armées françaises mais accepte de prendre le commandement du 2ème régiment d’artillerie à Grenoble et à Lyon, après l’armistice de Rethondes. C’est en 1942 que le parcours de Roger Noiret perd son caractère rectiligne. Promu colonel en 1942, Roger Noiret choisit en effet de rompre avec le pouvoir du Maréchal Pétain et profite d’un congé d’armistice pour gagner le Maroc par l’Espagne. A partir de novembre 1942, l’Afrique du Nord se trouve sous l’autorité de la France Libre. Le colonel Noiret y est nommé commandant supérieur de la base de Casablanca, où débarque le matériel américain destiné au corps expéditionnaire français. Son autorité et son efficacité lui valent d’être promu général de brigade, en charge de l’artillerie de la 5ème division blindée, puis de celle du 1er corps d’armée. Le CFLN l’envoie à Londres en 1943 comme adjoint au général Koenig. Le général Noiret assume les fonctions de chef de la mission militaire française et de commandant des forces terrestres de la France Libre en Grande-Bretagne.
Après le débarquement des forces alliées en Normandie, il prépare l’installation de l’état-major des armées à Paris. Chef de la 3ème division blindée, il est nommé général de division en 1945. Roger Noiret suit le général Koenig comme adjoint au commandant en chef des forces françaises en Allemagne. Il retrouve ce pays comme occupant, plus de vingt années après l’avoir quitté. En 1949, il est élevé au grade de général de corps d’armée et prend la responsabilité de la 8ème région comme Gouverneur militaire de Lyon. Il participe à l’élaboration de la politique de défense nationale en siégeant au Conseil supérieur de la Guerre de 1950 à 1955. Commandant en chef des forces françaises en Allemagne en 1951, Roger Noiret arrive au faîte de sa carrière avec sa nomination comme général d’armée en 1955. Il entre alors dans le cadre de réserve, après 42 années de service sous l’uniforme. Elles lui ont valu d’être décoré des croix de guerre 1914-1914, 1939-1945 et des théâtres d’opération extérieures (TOE). Titulaire de nombreuses décorations étrangères, il est grand-croix dans l’ordre de la Légion d’honneur à l’heure de son retour à la vie civile.
Après le retour au pouvoir du général de Gaulle, le général Noiret s’engage dans la vie publique et soutient l’action de l’ancien chef de la France Libre. Il se porte candidat aux élections législatives de novembre 1958 dans la 3ème circonscription des Ardennes et se veut un candidat « d’Union nationale et républicaine ». Cette désignation évoque le sigle de l’UNR sans lui correspondre parfaitement (Union pour la nouvelle République). Roger Noiret se présente aux électeurs comme un militaire « revenu au pays » « après bien des années consacrées au service de la France ». Dans sa profession de foi, il critique avec vigueur la IVème République et estime que le nouveau régime a besoin d’hommes « qui n’ont jamais été discrédités par des compromissions politiques » et « qui n’ont jamais fait passer l’intérêt d’un parti avant celui de la Nation ». Son programme reste très général, même s’il mentionne le problème algérien et souhaite une solution qui permette « le prompt retour de nos fils », c’est-à-dire des soldats du contingent. Le siège de député est particulièrement disputé dans la 3ème circonscription des Ardennes. L’implantation des socialistes et de la gauche en général y apparaît solide. Outre le député sortant Guy Desson, qui a rompu avec la SFIO après avoir refusé la confiance au général de Gaulle le 1er juin 1958, Roger Noiret affronte cinq concurrents, dont René Dumay, maire de Sedan, qui se réclame des modérés, et Jacques Rousseau, investi par le Centre de la réforme républicaine. Le 23 novembre 1958, 9677 suffrages se portent sur le nom de Roger Noiret, soit 23,3%. Il est devancé par René Dumay (23,8%) mais l’emporte dans six des treize cantons de la circonscription. Le général Noiret bénéficie notamment du retrait du « gaulliste de gauche » Jacques Rousseau, qui appelle à voter pour lui entre les deux tours. Il est élu député des Ardennes par 43,1% des électeurs le 30 novembre 1958, dans le cadre d’une triangulaire contre le sortant Guy Desson (37,6%) et René Dumay (19,4%).
L’ancien Français Libre s’inscrit au groupe UNR à l’Assemblée nationale. Il y appartient jusqu’en 1967. Son activité au sein des commissions parlementaires est plus complexe : il siège à la Commission de la défense nationale et des forces armées de janvier 1959 à juillet 1961, d’avril à juin 1962, puis de juillet à octobre 1962. Il en assure la vice-présidence en 1959-1960. De décembre 1961 au printemps 1962, Roger Noiret travaille en revanche au sein de la Commission des affaires étrangères. Il est brièvement membre de la Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République en juin-juillet 1962. En juillet 1959, le général Noiret est élu juge titulaire à la Haute Cour de justice. Il ne prend la parole qu’à trois reprises dans l’hémicycle sous la première législature de la Vème République. Le 1er décembre 1960, il intervient dans la discussion en troisième lecture de la loi de programme relative à certains équipements militaires. Le député des Ardennes se veut aussi le défenseur des préoccupations de ses électeurs. Il insiste ainsi le 19 juin 1962 sur la nécessité d’un aménagement de la Meuse française, afin qu’elle puisse participer de la jonction entre la mer du Nord et la Méditerranée.
Les votes du général Noiret témoignent de son soutien au pouvoir gaullien entre 1958 et 1962. Il approuve le programme du gouvernement Debré (16 janvier 1959), comme le règlement définitif de l’Assemblée nationale (3 juin 1959) et la déclaration de politique générale du Premier ministre (15 octobre 1959). L’élu ardennais accorde les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie, après la semaine des barricades (2 février 1960) et soutient le programme du gouvernement de Georges Pompidou (27 avril 1962). Il ne prend pas part au vote concernant la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault (5 juillet 1962). On peut imaginer que son respect pour l’ancien président du Conseil national de la Résistance ou l’ancien Président du Conseil a dissuadé Roger Noiret de faire le choix d’une condamnation implicite. Il ne vote pas la motion de censure qui renverse le gouvernement Pompidou, le 4 octobre 1962.
Après la dissolution de l’Assemblée nationale et la victoire du « oui » le 28 octobre 1962, le général Noiret sollicite le renouvellement de son mandat parlementaire. Il dispose d’un mandat local dans la circonscription depuis son élection comme maire de Remilly-les-Pothées. Le député sortant, qui préside le comité militaire des parlementaires de l’OTAN, demande aux électeurs de lui accorder leurs suffrages « pour que le général de Gaulle puisse continuer sa tâche ». Il arrive nettement en tête des sept candidats le 18 novembre 1962 avec 11290 voix, soit 31,3% des suffrages exprimés. Il obtient son meilleur résultat dans le petit canton de Tourteron (38,4%). L’un des principaux enseignements du scrutin est le mauvais résultat de l’ancien député MRP René Penoy (9,5%). La hausse de la participation entre les deux tours (+ 5,5%) et la qualité des reports de voix à gauche manquent de coûter son siège à Roger Noiret le 25 novembre 1962. Il ne devance l’ancien député Guy Desson, passé au PSU, que de 395 voix et rassemble 50,5% des suffrages exprimés.
Réélu, Roger Noiret travaille au sein de la Commission de la défense nationale de décembre 1962 à avril 1964. Il rejoint à cette date la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale. Peu nombreuses, ses interventions dans l’hémicycle portent exclusivement sur des questions d’aménagement du territoire et de travaux publics intéressant son département d’élection. Les 15 et 17 janvier 1963, il souligne par exemple la nécessité de reconstruire certains ponts sur la Meuse pour améliorer le réseau de transports ardennais. Le général Noiret revient devant ses collègues députés sur la question de la branche meusienne de la liaison fluviale Méditerranée-Mer du Nord, en octobre et novembre 1965.
Le député des Ardennes respecte la discipline de vote du groupe gaulliste sous la deuxième législature. Il autorise la ratification du traité de l’Elysée, qui consacre la réconciliation franco-allemande (13 juin 1963) et se prononce en faveur d’un encadrement renforcé de la grève dans les services publics (26 juillet 1963). Il soutient la réforme du service national le 26 mai 1965.
Les élections législatives de mars 1967 sont difficiles pour la majorité. Dans la 3ème circonscription des Ardennes, le général Noiret est devancé au premier tour par son adversaire habituel, l’ancien député Guy Desson. Le candidat des gaullistes n’obtient en effet que 12498 voix (30,2%) contre 12888 (31,2%) pour celui du PSU et de la FGDS. Seuls quatre cantons sur treize ont placé Roger Noiret en tête le 5 mars 1967, dont les deux cantons de Sedan. Le 13 mars 1967, Guy Desson l’emporte sur le sortant par 57,1% des suffrages exprimés. Il a bénéficié du soutien des électeurs communistes et d’une partie des voix centristes qui s’étaient portées sur l’ingénieur Robert Chazelle au premier tour de scrutin.
Battu sur le terrain électoral, Roger Noiret rentre dans la vie privée. Il s’éteint dans les Ardennes, deux jours avant son 81ème anniversaire.