Raymond Offroy
1909 - 2003
OFFROY (Raymond)
Né le 3 mai 1909 à Paris
Décédé le 23 juillet 2003 à Nice (Alpes-Maritimes)
Député de la Seine-Maritime de 1967 à 1978
Originaire de Normandie, Raymond Offroy naît le 3 mai 1909 à Paris dans le 8e arrondissement de Paris d’un père banquier, prénommé Georges, et de Marguerite Bernier, mère au foyer. Il fait sa scolarité au lycée Victor Hugo à Besançon, puis au lycée Janson-de-Sailly à Paris, où il se distingue par ses bons résultats scolaires. Licencié ès lettres de la faculté de Paris, puis docteur en droit, il est également diplômé de l’Ecole libre des sciences politiques. Le 6 août 1929, il épouse Geneviève Saint-Fort-Paillard avec laquelle il aura trois enfants.
Raymond Offroy embrasse la carrière diplomatique en 1937 après avoir été reçu au grand concours. Il est d’abord attaché d’ambassade à Bucarest, poste auquel il est maintenu à la déclaration de guerre. En 1940, il est nommé secrétaire d’ambassade à Athènes avant d’être envoyé, au début de l’année 1941, comme consul à Salonique par l’amiral Darlan. Après avoir rencontré le général de Gaulle au Caire en avril 1941, Raymond Offroy décide de rallier la France libre en mai 1941. Après un long périple qui le mène de l’Egypte à l’Equateur, en passant par l’Afrique du Sud, il rejoint Londres en novembre de la même année. Le diplomate est aussitôt appelé à servir Maurice Dejean, Commissaire national aux Affaires étrangères, en tant que chef du service des affaires administratives et consulaires. Son rôle au sein d’un mouvement français libre alors en quête de reconnaissance internationale, est de créer les Comités de la France Libre dans le monde entier. Il est aussi porte-parole diplomatique du mouvement à la BBC de 1941 à 1943. Raymond Offroy suit le général de Gaulle à Alger en 1943. Le 15 juin, celui-ci le nomme par décret secrétaire général adjoint du Comité Français de la Libération nationale (CFLN) aux côtés de Louis Joxe puis, en juillet 1944, du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF).
Après le retour du gouvernement à Paris à l’automne 1944, Raymond Offroy devient chef du service d’information et de presse du Quai d’Orsay. Il suit particulièrement les grandes conférences internationales de l’après-guerre, notamment la conférence de San Francisco à l’été 1945 qui met en place l’Organisation des Nations Unies. En 1949, le diplomate part pour Milan, où il est nommé consul général. A partir de 1951, il est conseiller diplomatique du général de Lattre de Tassigny, Haut-commissaire de France en Indochine. Sa bonne connaissance de la péninsule lui permet de devenir ensuite adjoint au Commissaire général de France en Indochine en 1953, où il retrouve Maurice Dejean. Après l’indépendance du Vietnam, du Laos et du Cambodge en 1954, Raymond Offroy est nommé ambassadeur de France en Thaïlande. Il est par ailleurs représentant permanent de la France à l’Organisation du traité de l’Asie du sud-Est (OTASE). En 1957, le président du Conseil Bourgès-Maunoury le charge de créer le Centre de diffusion française (CDF) qui devait être, selon Raymond Offroy, « un grand service de relations publiques dont tous les États modernes ont besoin ». Il en prend la présidence pour deux ans afin, notamment, de permettre à la France de faire face aux attaques internationales sur l’Algérie. La suppression du service en 1959 par le général de Gaulle est une réelle déception pour le diplomate, qui est alors chargé des affaires de la Communauté au ministère des Affaires étrangères. Devenu président du Comité des rapports de la Communauté avec les organisations internationales, Raymond Offroy passe les années suivantes à l’étranger comme ambassadeur de France au Nigéria de 1960 à 1961, puis au Mexique de 1962 à 1965.
En 1967, sa carrière diplomatique marquant le pas, Raymond Offroy se lance dans la politique à l’occasion des élections législatives. Il se présente dans la neuvième circonscription de Seine-Maritime, celle de Dieppe et du Tréport, comme le « compagnon de la première heure du général de Gaulle ». Gaulliste social, son discours est pourtant très offensif à l’égard du député sortant, le socialiste Louis Boisson, dépeint comme « l’otage des communistes », alors que le socialiste se présente avant tout comme un anti-communiste.
Le diplomate se place en tête du premier tour avec 14 362 voix, devant Louis Boisson (12 787 voix), le communiste Léon Rogé (13 443) et Paul Caron, candidat du Centre démocrate (4 179). Le second tour s’annonce serré. Raymond Offroy l’emporte avec 51,1 % des suffrages exprimés face au député sortant, resté le seul candidat de la gauche en lice.
Inscrit au groupe d’Union démocratique pour la Ve République dès son arrivée au Palais-Bourbon, Raymond Offroy est membre de la commission de la production et des échanges durant toute la législature. C’est pourtant sur les affaires extérieures que se concentrent les interventions de l’ancien diplomate. En 1967, à l’occasion de la déclaration du gouvernement sur la politique étrangère, il préconise l’internationalisation de l’ancienne Indochine française afin de mettre un terme au conflit qui ravage la péninsule. L’ancien ambassadeur de France à Mexico est nommé président du groupe parlementaire d’amitié France-Mexique. Raymond Offroy défend également ses administrés à la tribune, obtenant des résultats concrets. Grâce à son amitié avec Edgar Faure, il participe personnellement aux travaux sur le prix des viandes, du beurre et du lait. Le député de Seine-Maritime obtient par ailleurs que le réseau téléphonique soit amélioré dans la région Eu-Le Tréport et que le téléphone automatique y soit installé rapidement. Par ailleurs, en tant que député gaulliste, le député ne s’associe pas aux trois motions de censure des 20 mai, 9 et 16 juin 1967 sur l’habilitation donnée au gouvernement de prendre des ordonnances en matière économique et sociale, ni à celles des 24 avril et 22 mai 1968.
La dissolution de l'Assemblée nationale au printemps 1968 conduit Raymond Offroy à se présenter une nouvelle fois aux électeurs de Normandie. Le candidat de l’Union pour la défense de la République (UDR) est à nouveau en tête du premier tour avec 18 413 voix et 39,3 % des suffrages exprimés, loin devant le socialiste Louis Boisson (12 287 voix, 26,2 %), le communiste Léon Rogé (10 606 voix, 22,6 %) et le candidat de Progrès et démocratie moderne (PDM), Michel Fihue (5 526 voix, 11,8 %). La campagne de l’entre-deux tours est très tendue. Au second tour, le député sortant est réélu avec une courte majorité de 50,9 %, soit un score moins bon qu’en 1967 malgré la vague gaulliste du printemps 1968.
Raymond Offroy retrouve le groupe gaulliste de l’Assemblée et la commission de la Production et des échanges dans laquelle il siège de juillet 1968 à octobre 1969. Le diplomate rejoint alors la commission des Affaires étrangères où il demeure jusqu’à la fin de la législature. Il est par ailleurs élu représentant de la France au Parlement européen en 1969 et 1970, puis à l’Assemblée parlementaire des communautés européennes en 1972.
Le 25 novembre 1971, le député gaulliste dépose une proposition de loi tendant à modifier les dispositions du Code de la sécurité sociale relatives au recours de la victime d’un accident du travail contre l’employeur. Ses thèmes de prédilection à la tribune sont surtout l’information, la diplomatie et la défense de sa région. En juillet 1968, lors du débat sur la déclaration du gouvernement relative à sa politique générale, l’ancien directeur du Centre de diffusion préconise d’utiliser les techniques modernes pour expliquer les décisions du gouvernement et de confier la diffusion de l’information sur les grands problèmes nationaux à un organisme apolitique. Il réitère cette proposition en novembre 1968 à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances pour 1969, puis en juin 1972 lors de l’examen du projet de loi portant statut de la radiodiffusion-télévision française. La construction européenne intéresse également le diplomate qui défend à plusieurs reprises une « Europe sociale », notamment en novembre 1972, lors de l’examen de la deuxième partie du projet de loi de finances pour 1973. L’ancien ambassadeur de France au Nigéria intervient également deux fois pour évoquer la situation du Biafra, en novembre 1969 et 1970. Cet intérêt pour la question se prolonge en dehors de l’Assemblée par son engagement humanitaire dans le Comité d’action pour le Biafra dont il est président de 1968 à 1971. Enfin, le député de Seine-Maritime intervient à de nombreuses reprises pour soulever des problèmes locaux. Il obtient notamment le reclassement de la zone industrielle de Dieppe et l’aménagement de son port.
Lors des grands scrutins de la législature, Raymond Offroy vote dans un sens favorable aux gouvernements successifs, qu’il s’agisse de l’exercice du droit syndical dans les entreprises (4 décembre 1968), du renforcement de la garantie des droits individuels des citoyens (28 mai 1970), de la réduction du service national à douze mois (10 juin 1970), des déclarations de politique générale du gouvernement Chaban-Delmas (16 septembre 1969, 15 octobre 1970 et 24 mai 1972), ainsi que la création des régions le 27 avril 1972. Néanmoins, il s’abstient volontairement lors du vote de la loi Pleven dite « anticasseurs » (4 juin 1970).
Aux élections législatives de 1973, Raymond Offroy se présente une troisième fois dans sa circonscription normande. Il est à nouveau en tête du premier tour avec 15 600 voix et 31,1 % des suffrages exprimés contre 15 190 voix (30,3 %) au communiste Irénée Bourgois, 7 161 voix (14,3 %) au socialiste Maurice Seveno ou encore 11 025 voix (22 %) à Louis Boisson désormais candidat du Mouvement réformateur. Sa victoire au second tour est plus large : l’ambassadeur est réélu avec 52,1 % des voix face au candidat du Parti communiste alors maire de Dieppe.
De retour au Palais-Bourbon, Raymond Offroy retrouve le groupe gaulliste et la commission des Affaires étrangères à laquelle il siège pendant toute la durée de la législature. Il est par ailleurs nommé membre de la commission nationale pour l’éducation, la science et la culture en 1973, ainsi que de la commission d'enquête sur la pollution du littoral méditerranéen et sur les mesures à mettre en œuvre pour la combattre et assurer la défense de la nature l’année suivante.
Les interventions du député se concentrent toujours sur ses quelques thèmes de prédilection. Il continue ainsi de défendre activement les intérêts de ses administrés, évoquant notamment la nécessité de développer davantage le port de Dieppe, de protéger le littoral, ainsi que de défendre la pêche et les pêcheurs. Surtout, le diplomate s’engage dans un nouveau combat : la cause palestinienne. Après la guerre du Kippour, Raymond Offroy œuvre activement à l’Assemblée et ailleurs à la création d’un État palestinien. En novembre 1973, il prend la parole pour défendre « le droit à l’autodétermination du peuple palestinien », dénonçant la situation déplorable dans laquelle se trouvent les Palestiniens. Il crée dans la foulée l’association France-Pays arabes à l’Assemblée et en prend la tête pendant toute la durée de son mandat. L’année suivante, afin d’inciter l’Europe à s’engager dans la résolution du conflit, il crée à l’échelle européenne l’Association parlementaire pour la coopération euro-arabe, dont il est président de 1975 à 1978, puis président d’honneur. La plupart de ses interventions sont dès lors tournées vers le Moyen-Orient et concernent la situation des Palestiniens. Multipliant les voyages et les rencontres avec de nombreuses personnalités, en particulier Yasser Arafat, Raymond Offroy se bat pour faire progresser la cause de la paix dans la région.
Lors des grands scrutins nationaux, le député de Seine-Maritime suit les positions de la majorité dans le soutien au gouvernement. Cependant, s’il approuve la déclaration de politique générale du Premier ministre Jacques Chirac, le 6 juin 1974, il s’abstient volontairement sur le programme du gouvernement de Raymond Barre le 28 avril 1977. Le 10 octobre 1974, le député se prononce en faveur de l’extension de la saisine du Conseil constitutionnel et, le 21 juin 1977, en faveur de l’élection des membres de l'Assemblée des communautés européennes au suffrage universel. Il soutient également les réformes voulues par le nouveau chef de l’État en matière de mœurs, votant le projet de loi « Veil » relatif à l’interruption volontaire de grossesse le 28 novembre 1974 et la réforme du divorce le 4 juin 1975. En revanche, à l’image de Maurice Couve de Murville, il juge la réforme du quinquennat peu conforme à l’orthodoxie gaulliste et la rejette le 16 octobre 1973. Cette réforme constitutionnelle voulue par le président Pompidou n’aboutira d’ailleurs pas, à l’époque.
En 1978, le député de Seine-Maritime sollicite le renouvellement de son mandat. Pour la première fois de sa carrière politique, il est placé en seconde place du premier tour avec 20 372 voix et 34,2 % des suffrages exprimés, derrière le communiste Irénée Bourgois qui a recueilli 21 028 voix, soit 35,4 % des suffrages. Le candidat socialiste Jean Beaufils a obtenu un score de 14,2 % avec 8 923 voix. Au second tour, le maire communiste de Dieppe, bénéficiaire d’un désistement de Jean Beaufils, bat le député sortant avec 50,7 % des suffrages.
Admis depuis 1973 à prendre sa retraite anticipée en qualité de ministre plénipotentiaire hors classe, l’ancien député de Seine-Maritime se consacre alors à la rédaction d’ouvrages. Déjà auteur du Problème de l’eau en Syrie (1934), d’Au service de l’ennemi (1941), de La France combattante à l’étranger (1943), de Quand le cœur a raison (1973) et de De Gaulle et le service de l’Etat (1977), cette figure du gaullisme de gauche s’attelle à la rédaction de ses mémoires. Il publie Passer outre, le génie du gaullisme en 1989, puis Amour de diplomate en 1999.
Raymond Offroy s’éteint le 23 juillet 2003 à l’âge de 94 ans. Il était officier de la Légion d’honneur, rosette de la Résistance, Grand-croix de l’Eléphant blanc et de l’Aigle aztèque, du Mérite syrien, Grand officier du Mérite qatari et commandeur de nombreux ordres étrangers.