Edouard Ollivro

1921 - 1982

Informations générales
  • Né le 27 février 1921 à Lannion (Côtes-du-Nord - France)
  • Décédé le 27 janvier 1982 à Guingamp (Côtes-du-Nord - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 12 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Côtes-du-Nord
Groupe
Progrès et démocratie moderne
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 30 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Côtes-du-Nord
Groupe
Progrès et démocratie moderne
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 2 avril 1978
Département
Côtes-du-Nord
Groupe
Union centriste

Biographies

Biographie de la Ve République

OLLIVRO Edouard
Né le 27 février 1921 à Lannion (Morbihan)
Décédé le 27 janvier 1982 à Guingamp (Côtes-du-Nord)

Député des Côtes-du-Nord de 1967 à 1978

Orphelin de père et de mère très jeune, Edouard Ollivro grandit dans le quartier de Saint-Nicolas, à Lannion, avec ses quatre frères et sœurs. A la mort de ses parents, il habite chez son oncle, dans le Moulin de Truzugal-en-Louannec. Ce séjour lui inspirera la demeure de Picou dans son roman le plus célèbre.

Passé par le collège de Saint-Joseph à Lannion, en pension à partir de la troisième, il est marqué par l’enseignement de l’abbé Pierre Bourdellès, son professeur d’anglais. Celui-ci, maire de Louannec de 1935 à 1983, est aussi député centriste de 1951 à 1956 et de 1958 à 1978 et conseiller général de Perros-Guirec de 1949 à 1979. A partir de 1937, Edouard Ollivro joue dans le petit club de football de Louannec Sports, sur lequel l’empreinte de Pierre Bourdellès est forte. Il développe avec lui, dans les années 1950-1960, des cours d’initiation à l’économie dans le cadre des Groupes d’études économiques et sociales (GEES).

Après avoir fréquenté la faculté de lettres de Rennes, puis de Paris, Edouard Ollivro est titulaire d’une licence ès lettres et d’un diplôme d’études supérieures (DES) d’histoire. Il enseigne l’histoire au collège avant d’être nommé au lycée Félix Le Dantec de Lannion. Atteint d’une pleurésie en 1948, il passe cinq années en convalescence dans un sanatorium dans les Alpes, puis à Fontainebleau, et reprend un poste de professeur d’histoire au lycée Auguste Pavie de Guingamp en 1954.

A partir du milieu des années 1950, Edouard Ollivro se fait connaître par ses écrits. En 1954, il fait paraître, aux éditions Plon, un récit autobiographique romancé, Picou, fils de son père, publié à 200 000 exemplaires. Réédité en 1972, ce livre est adapté en feuilleton télévisé en 1974. Par la suite, il signe d’autres textes littéraires sous le pseudonyme de Darick. Un autre roman, Le Grand Bal à Cadolan, paraît en 1957, chez Plon. Il publie aussi la même année une comédie en trois actes, Grégoire est mort, suivie par Histoire de chapeau, chez l’imprimeur et éditeur Christian Anger.

Conseiller municipal de Guingamp en 1959, élu sur une liste intitulée Progrès économique et social, il devient maire entre 1961 et 1977, sous différentes étiquettes centristes. Son élection survient dans un contexte de crise municipale. Edouard Ollivro s’appuie sur Jean Bourgès, élu de l’Action travailliste puis du Parti socialiste unifié (PSU), pour emporter la mairie face au camp conservateur.

Lors des législatives de novembre 1962, Edouard Ollivro se présente dans la 4e circonscription des Côtes-du-Nord en candidat de centre droit. Il recueille 10 208 voix (23,9 % des suffrages exprimés) au premier tour, distancé à droite par le député sortant du Mouvement républicain populaire (MRP) Alain Le Guen, soutenu par les gaullistes, 12 995 voix (30,4 %), et à gauche par le communiste François Leizour, 11 383 voix (26,6 %). Léon Sérandour, conseiller général de Corlay entre 1961 et 1979, candidat du PSU, obtient 2 366 voix (5,5 %) et Alexandre Thomas, ancien député SFIO, 5 266 voix (12,3 %). Au second tour, le barrage anticommuniste assure la victoire d’Alain Le Guen, par 52 % des suffrages exprimés, sur François Leizour (24 105 voix).

Reconduit à la tête de la municipalité de Guingamp, Edouard Ollivro, représente les maires du département à la Commission de développement économique et régional (CODER) à partir de 1965, puis candidate sous l’étiquette Progrès et démocratie moderne (PDM) aux législatives de mars 1967. Les recompositions partisanes à l’œuvre dans la circonscription lui sont favorables. Edouard Ollivro recueille 15 609 voix et 30,7 % des suffrages exprimés au premier tour. Alain Le Guen obtient 13 418 voix (26,42 %). A gauche, François Leizour, avec 16 964 voix et 33,4 % des suffrages exprimés, en nette progression, distance largement le candidat de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste (FGDS), Yves Le Guyader, 4 793 voix et 9,4 % des suffrages, en l’absence d’un candidat PSU. Au second tour, Edouard Ollivro l’emporte de justesse avec 25 669 voix, soit 50,7 % des suffrages exprimés, dans un contexte de poussée électorale des gauches à l’échelle régionale et nationale.

Inscrit au groupe PDM, Edouard Ollivro siège à la commission de la production et des échanges, de 1967 à 1968. Le 26 avril 1967, il répond à la déclaration du gouvernement sur la protection du littoral contre le pétrole, consécutive au naufrage du Torrey Canyon, en appelant à la « solidarité régionale » et en soulignant « l’impossibilité d'admettre que 10 % des dépenses restent à la charge des communes ». Il soumet « l'idée d'une sorte de parrainage provisoire entre les cités touchées par la catastrophe et les autres stations balnéaires ». Le 24 mai 1967, il prend part au débat qui suit la déclaration du gouvernement relative aux problèmes de la jeunesse, en mettant en exergue « l’exemple de Lanvollon où les jeunes ont participé, par leurs suggestions et leurs dessins au nouveau modelage de la cité ». Il loue « la jeunesse se voulant européenne », « le rôle de l'Office franco-allemand » et « l’importance du service de la coopération », citant « l’exemple des jeunes normaliens de Saint-Brieuc qui ont fait une tournée de variétés dans toutes les villes du département des Côtes-du-Nord pour amener l’eau dans un village du Pérou ».

Contrairement à René Pleven, ancien président du Conseil et président du Conseil général (1949-1976), Edouard Ollivro vote, le 24 avril puis le 22 mai 1968, la motion de censure déposée contre le gouvernement de Georges Pompidou et n’hésite pas à participer à la grande manifestation d’action régionale, sans rapport avec le mouvement étudiant parisien, qui réunit à Saint-Brieuc, le 8 mai 1968, les syndicats et certains notables. Lors des législatives de juin 1968 qui suivent la dissolution de l’Assemblée nationale, ce positionnement, sans lui faire perdre de voix à droite en raison d’un report fondé sur l’anticommunisme, lui permet de capter une frange de l’électorat au centre gauche.

Il obtient 15 470 voix, soit 31 % des suffrages exprimés, au premier tour, creusant l’écart avec le candidat de l’Union pour la défense de la république (UDR), Alain Le Guen (11 177 voix). A gauche, François Leizour (15 855 voix) marque la prééminence du camp communiste sur le candidat FGDS Alexandre Thomas, 3 903 voix comme sur le candidat PSU Yvon Le Merrer, 3 534 voix. Au second tour, Edouard Ollivro l’emporte très nettement face à François Leizour par 27 413 voix, et 54 % des suffrages exprimés, dans un contexte de reflux des gauches bretonnes.

Membre de la commission de la production et des échanges, puis de la commission des affaires étrangères à partir de 1969, Edouard Ollivro est président du groupe centriste PDM à l’Assemblée nationale et vice-président du groupe parlementaire d’amitié paneuropéen en 1970. Le 27 juin 1969, il dépose une proposition de loi en vue de permettre l'attribution d'une pension de vieillesse au taux de 40 %, dès l'âge de soixante ans, aux assurés anciens prisonniers de guerre. Il intervient, le 4 novembre 1968, pour souligner la nécessité de disposer d’outils statistiques les plus à jour possibles, dans une perspective de « rentabilité de l’aménagement du territoire ». Le 12 décembre 1968, il livre ses observations sur la Bretagne, pointant « la nécessité que la réforme accorde à la région des possibilités de s'exprimer dans le domaine de l'aménagement du territoire, de la culture, de l'information et de l'éducation ». Le 20 novembre 1969, il expose son point de vue sur l’Europe dans le cadre des débats sur la politique extérieure suivant le sommet de La Haye, mettant l’accent sur « le désir de la culture » et « la découverte faite par les Français de leur patrimoine », avant d’insister sur le nécessaire « rôle des équipes régionales » en la matière. Soulevant « la question d'une épreuve facultative de langue régionale au baccalauréat », il appelle à la « création de collèges régionaux de la culture » et critique « les pillages de nos richesses » avant de réclamer « une politique de défense de nos trésors culturels ». Lors des débats sur la deuxième partie du projet de loi de finances pour 1973, il intervient, le 17 novembre 1972, de nouveau, en faveur de la région, envisageant « la création de 50 000 emplois en Bretagne », en liaison avec les enjeux de l’aménagement du territoire (problème de la région parisienne, désenclavement de la Bretagne). Il réclame une « rénovation rurale et un développement des structures maritimes » pour la Bretagne face à l’entrée de la Grande-Bretagne et de l’Irlande (voire à terme de l’Espagne et du Portugal) dans la CEE ».

Entre 1969 et 1975, il est vice-président du Comité d’entente et de liaison des intérêts bretons (CELIB). En mars 1970, Edouard Ollivro connaît un échec électoral, lors des élections cantonales, face à François Leizour, qui l’emporte dès le premier tour. En novembre 1970, Edouard Ollivro devient secrétaire de l’association du groupe Bretagne des normaliens. Lors des municipales de mars 1971, il parvient à conserver la mairie de Guingamp de la présence d’une liste PSU menée par Jean Bourgès face à lui.

Aux législatives de mars 1973, Edouard Ollivro, avec comme suppléant, Jean Goubil, le maire de Paule entre 1963 et 1977, est en tête à l’issue du premier tour, avec 22 792 voix, soit 45,1 % des suffrages exprimés, en l’absence d’un candidat gaulliste. A gauche, François Leizour recueille 18 781 voix, tandis que le candidat du nouveau PS, Yves Le Guyader, avec 3 758 voix (7,4 %), bénéficie de dynamiques électorales favorables, par rapport à celui du PSU, Yves Guillou, 2 958 voix. Un autre candidat, Réformateur, Yves Tourbin, présent lors de ce scrutin, rassemble 2 199 voix. Au second tour, Edouard Ollivro, avec 27 151 voix, soit 51,7 % des suffrages exprimés, l’emporte face à François Leizour. Mais l’écart se resserre à nouveau dans un contexte de progression de la gauche dans les Côtes-du-Nord comme au niveau national.

Edouard Ollivro s’inscrit d’abord au groupe Union centriste, puis en juillet 1974 à la suite de l’élection de Valéry Giscard d’Estaing au président de la République, au groupe nouvellement créé des Réformateurs et des démocrates sociaux, qui devient en 1975 celui des Réformateurs, centristes et démocrates sociaux. D’abord vice-président, il en devient président en octobre 1977.

Il siège d’abord à la commission des affaires culturelles, avant de rejoindre en avril 1977 la commission des affaires étrangères qui le désigne comme rapporteur du projet de loi autorisant l’adhésion de la France à la commission interaméricaine du thon tropical.

La commission des affaires culturelles l’avait auparavant nommé à la délégation parlementaire pour l’office de la radiodiffusion-télévision française (ORTF).

Il réaffirme ses positions, considérant que l'établissement public de diffusion doit aussi être décentralisé, lors de l’examen du projet de loi relatif à la radiodiffusion et à la télévision (24 juillet 1974).

Très actif à l’Assemblée nationale, Edouard Ollivro intervient principalement sur trois thèmes : les enjeux maritimes, les affaires européennes et les questions économiques et sociales en Bretagne. Le 30 avril 1975, il pose ainsi une question orale sans débat sur la recherche pétrolière en mer d'Iroise, sujet essentiel dans le contexte de la crise consécutive au premier choc pétrolier de 1973. Le 12 décembre 1977, il intervient lors de la discussion du projet de loi portant statut des Sociétés coopératives ouvrières de production (SCOP), exposant les raisons du vote favorable du groupe Réformateurs, centristes et démocrates sociaux, en prenant exemple de l’Association ouvrière en instruments de précisions (AOIP) de Guingamp.

Aux municipales de 1977, battu par une liste d’union de la gauche, conduite par François Leizour, Edouard Ollivro devient conseiller d’opposition.

En mars 1978, il subit aux législatives une nouvelle défaite électorale majeure, face à François Leizour. Au premier tour, il est certes en tête avec 19 536 voix, soit 33,9 % des suffrages exprimés. A gauche, le candidat du PCF François Leizour, fort de ses victoires aux cantonales de 1976 et aux municipales de 1977 et bénéficiant des ressources militantes de son suppléant Félix Leyzour, vice-président du conseil général, obtient 16 938 voix (29,4 %). Le phénomène marquant du scrutin reste la première percée du PS (12 827 voix, 12 %), dont le candidat, Maurice Briand, est d’ailleurs un ancien élève de François Leizour et d’Edouard Ollivro au lycée de Guingamp. Au second tour, la dynamique d’union de la gauche donne la victoire à François Leizour, seul député du PCF en Bretagne, avec 30 090 voix et 51 % des suffrages exprimés.

Dès lors, Edouard Ollivro ne se présente plus à aucune élection jusqu’à son décès d’une crise cardiaque, le 27 janvier 1982. Avec sa femme, Joséphine Clech, il a quatre enfants dont Jean Ollivro, figure universitaire de la géographie en Bretagne.

A intervalles réguliers, Edouard Ollivro avait publié des chroniques dans Le Monde, intitulées « Sur le carnet d’un député » dans les années 1970. Auteur de plusieurs nouvelles publiées par Marie-Claire, il laisse deux œuvres posthumes, La Grande moisson de la mer, un recueil de nouvelles publié par les Presses bretonnes de Saint-Brieuc en 1992 et Les Vieux chevaux tirent leurs chaînes, un roman publié en 2003 par les éditions Diabase de Plancoët.