Gustave Cunéo d'Ornano
1845 - 1906
Député de 1876 à 1889, né à Rome (Italie), le 17 novembre 1845, il est le petit-fils d'un ancien compagnon d'armes de Napoléon Ier, qui était reste attaché à la famille Bonaparte et l'avait suivie à Rome.
Il étudia le droit, se fit recevoir licencié et fut employé, sous l'Empire, à la préfecture de la Seine. Pendant le siège, il servit à Paris comme lieutenant dans un bataillon de mobiles. Il fit partie ensuite de l'armée de Versailles et prit part à la répression de la Commune
M. Cuneo d'Ornano devint, en 1872, un des rédacteurs du Courrier de France. L'année suivante, il se rendit à Angoulême, où il rédigea le Charentais, qu'il quitta vers la fin de 1874. Après avoir collaboré peu de temps à la Presse, il retourna dans la Charente, où il s'était marié, et y fonda un journal bonapartiste, le Suffrage universel des Charentes, dont les polémiques, d'une extrême vivacité, attirèrent sur lui l'attention.
Lors des élections législatives de 1876, M. Cunéo d'Ornano, devenu un des chefs les plus en vue du parti impérialiste dans la Charente, fut le candidat de ce parti dans l'arrondissement de Cognac. Il se livra, pendant la période électorale, à des manifestations bruyantes contre le gouvernement républicain, et fut élu député, au second tour de scrutin, le 5 mars, par 8 318 voix (16 204 votants, 19 830 inscrits), contre 6 491 à M. Planat, républicain, et 1 278 à M. Martell. Dans sa profession de foi, il avait déclaré qu'il soutiendrait avec énergie le maréchal de Mac-Mahon, sous la réserve d'une solennelle consultation du pays par l'appel au peuple. De nombreuses protestations s'étant élevées contre son élection, elle fut invalidée par la Chambre le 5 avril, pour placards diffamatoires et attaques contre la Constitution.
Réélu, le 21 mai 1876, par la même circonscription, avec 9 496 voix (16 465 votants, 20 960 inscrits), contre M. Planat, 6 627, il siégea dans le groupe de l'appel au peuple, et vota constamment avec la minorité monarchique, où il se fit remarquer par la fréquence de ses interruptions. Cette même année, à la suite d'un article publié dans son journal le Suffrage universel, il eut un duel avec M. Duclaud, député républicain du même département. M. Cunéo d'Ornano applaudit à l'acte du 16 mai 1877, et prêta son concours à la politique du cabinet de Broglie-Fourtou, approuvant les coups de force et annonçant le rétablissement du gouvernement impérial à bref délai.
Candidat officiel aux élections du 14 octobre 1877, il se signala par la profession de foi, restée célèbre, ou il promettait de faire bientôt « de la République et des républicains une pâtée dont les chiens eux-mêmes ne voudraient pas. » 9 911 voix sur 17 762 votants et 20 847 inscrits, contre 7 704 à M. Delamain, républicain, le renvoyèrent à la Chambre nouvelle, où il continua ses interruptions et son opposition. Souvent rappelé à l'ordre, il provoqua plus d'une fois des scènes tumultueuses et vota contre tous les ministères soutenus par la majorité parlementaire, se prononça contre l'élection de M. Jules Grévy à la présidence de la République, contre l'amnistie, contre l'article 7, contre les lois nouvelles sur la presse, le droit de réunion, etc., et ne cessa de faire campagne, au Palais-Bourbon, comme au dehors, en faveur de « l'appel au peuple ».
Les élections du 21 août 1881 lui donnèrent, dans le même arrondissement, 8 621 voix contre 8 132 à M. Delamain, républicain, (16 926 votants, 21 637 inscrits). Il opina contre l'abrogation du Concordat, contre le ministère Ferry, contre les crédits du Tonkin, etc. En février 1883, il combattit le projet de M. Floquet tendant à interdire le séjour du territoire français aux membres des familles ayant régné en France et à les priver de leurs droits politiques, et interpella le gouvernement sur l'arrestation du prince Jérôme Napoléon et sur la saisie de son manifeste. Une nouvelle interpellation dont il fut l'auteur (1884), au sujet des annonces légales, fournit peu de matière aux polémiques. La même année, il chercha vainement à introduire dans les délibérations du Congrès, réuni à Versailles pour procéder à une révision très limitée de la Constitution, un amendement plébiscitaire.
Porté aux élections du 4 octobre 1885, sur la liste conservatrice de la Charente, il fut élu, le 4e sur 6, par 47 893 voix (88 972 votants, 112 037 inscrits). Dans la nouvelle assemblée, son opposition infatigable saisit, comme par le passé, toutes les occasions de se manifester ; il interpella le gouvernement: sur l'abus des loteries (1887), sur le « désordre administratif et judiciaire en Corse » (même année), et revint à la charge, en octobre, le jour même de la rentrée des Chambres, à propos des scandales de l'affaire Wilson. Le député de la Charente déposa une proposition tendant à la nomination d'une commission parlementaire chargée de faire une enquête « sur les faits de trafic des fonctions publiques et des décorations signalés par la presse ». Malgré les efforts de M. Rouvier, président du Conseil, et grâce à l'appoint des voix de l'extrême-gauche et de quelques modérés, l'urgence fut votée par 338 voix contre 130. Le 5 novembre, la Chambre discuta, sur un rapport favorable de M. Salis, le fond de la proposition Cunéo d'Ornano, qui fut écartée alors, comme trop spéciale, pour faire place à une motion plus générale de M. Colfavru. (V. ce nom). En mars 1888, M. Cunéo d'Ornano, après avoir contribué à la chute du ministère Tirard, demanda, sans succès, que la commission de révision fut immédiatement nommée. A la fin de l'année, il demanda et obtint la publication de la liste des pensionnés comme victimes du 2 décembre. Il a voté, à la fin de la législature, contre le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889), pour l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution, contre les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes, contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, contre les poursuites contre le général Boulanger.
Né le 15 novembre 1845 à Rome (Italie), mort le 17 mai 1906 à Paris (17e).
Député de la Charente en 1876 (invalidé) et de 1876 à 1906. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. II, p. 230 (à Cunéo d'Ornano), et t. IV, p. 521.)
Devenu moins ardent depuis quelques années, Cunéo d'Ornano se défendit en même temps de vouloir renverser la République, « qu'il désirait conserver, à la condition qu'elle devienne démocratique et plébiscitaire, c'est-à-dire soumise au référendum national ».
C'est avec un programme basé sur ces nouvelles idées, qu'il avait adoptées depuis, que le baron d'Ornano se représenta aux élections du 22 septembre 1889, dans son ancienne circonscription de Cognac, sous l'étiquette « bonapartiste et révisionniste ». Au premier tour, il obtint 8.811 voix, contre 7.705 au général Tricoche, républicain, sur 16.663 votants. A la Chambre, il reprit sa place sur les bancs des partisans à l'Appel au peuple.
Il s'occupa particulièrement de la réforme des boissons, à propos de laquelle il prit souvent la parole pour défendre la liberté des bouilleurs de cru et pour combattre la surtaxe de l'alcool et l'exercice de la régie. Il fit notamment adopter des dispositions législatives qui autorisaient les tribunaux à modérer le montant des amendes et les confiscations de régie, grâce à l'admission des circonstances atténuantes lorsque le contrevenant était de bonne foi.
Il fut réélu au premier tour des élections du 20 août 1893, par 7.955 voix contre 7 757 à Robin, républicain, et 131 à Rousseau, socialiste, sur 15 991 votants. Infatigable défenseur des bouilleurs de cru, il déposa de nombreuses propositions de loi en leur faveur.
Aux élections générales de 1898, au premier tour, le 8 mai, il obtint 8 757 voix, contre 7 674 à Robin et 111 à Rousseau, sur 16.907 votants. Membre de la commission de la réforme judiciaire et de la commission du droit d'association, il déposa, outre des textes relatifs au commerce des boissons, une proposition de loi sur les engagements volontaires dans l'armée, une proposition de loi sur les incompatibilités parlementaires et ministérielles, et prit part à la discussion du projet de loi concernant le régime des boissons et à la discussion des projets de résolution concernant la déchéance de Paul Déroulède et Marcel Habert.
Le 27 avril 1902, au premier tour des élections générales, il fut de nouveau réélu, avec 8 445 voix contre 8 283 à Brisson, sur 16 899 votants. Déployant une grande activité au sein des commissions, il déposa, entre autres, une proposition de loi sur le recrutement de l'armée. Au cours de la discussion du budget de l'exercice 1903, il se fit encore le défenseur acharné des bouilleurs de cru et déposa un contreprojet, puis un amendement relatif à une taxation différentielle des eaux-de-vie naturelles et des alcools d'industrie. A l'occasion de la discussion du budget du ministère de la Guerre pour l'exercice 1904, il déposa un projet de résolution relatif aux demandes de sursis présentées par les réservistes et les territoriaux, ainsi qu'un amendement tendant à supprimer, en 1904, les appels des réservistes et des territoriaux. Il prit part à la discussion d'un projet de loi sur le recrutement de l'armée et déposa un contreprojet, ainsi qu'un amendement tendant au renvoi d'une partie des hommes après un an de service. Il intervint encore dans la discussion d'un projet et de propositions de loi sur la séparation des Eglises et de l'Etat, déposant un amendement relatif à la diffamation commise par les ministres du culte.
Ses fidèles électeurs de Cognac devaient lui manifester encore leur confiance au premier tour des élections du 6 mai 1906, puisqu'il fut réélu par 8.880 voix, contre 6 712 à Barraud, 1 209 à Fougerat, 875 à Le Bourgo, sur 17 819 votants. Mais Cunéo d'Ornano décédait à Paris le 17 mai suivant, d'une attaque d'apoplexie, avant même la réunion de la nouvelle Chambre.
Outre Les associations religieuses et le fisc (1890), il avait publié les ouvrages suivants : Le peuple et l'empereur (1875), La République de Napoléon (1894), Gambetta plébiscitaire (1895), Napoléon, l'homme, sa république, paix sociale (1900), ainsi qu'un volume des discours qu'il avait prononcés à la Chambre ou dans les réunions publiques.