Henry Orrion

1891 - 1971

Informations générales
  • Né le 14 juillet 1891 à Les sables-d'olonne (Loire-Inférieure - France)
  • Décédé le 22 mars 1971 à Nantes (Loire-Atlantique - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Loire-Atlantique
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale

Biographies

Biographie de la Ve République

ORRION (Henry, Joseph, Xavier)
Né le 14 juillet 1891 aux Sables d’Olonne (Vendée)
Décédé le 7 septembre 1971 à Nantes (Loire-Atlantique)

Député de la Loire-Atlantique de 1958 à 1962

Maire de Nantes de 1942 à 1944 puis de 1947 à 1965, et député de la 2ème circonscription de Loire-Atlantique de 1958 à 1962, Henry Orrion entra relativement tard en politique.
Né en 1891 dans le sud de la Vendée, licencié en droit, combattant de la Grande Guerre (croix de guerre 1914-1918), marié à Thérèse Banzain le 7 septembre 1920, sans enfant, il était négociant à Nantes et fortement engagé dans le syndicalisme professionnel en tant que président du Syndicat des droguistes en gros de l’Ouest et de membre du conseil d’administration puis de vice-président de l’Union des fabricants et négociants en couleurs. Fervent maréchaliste, il entra dans la municipalité nommée par Vichy en mai 1941 et conduite par Gaëtan Rondeau pour succéder à la municipalité de Front populaire qu’avait menée Auguste Pageot. Henry Orrion fut d’abord membre de la commission de l’instruction publique puis de la commission des finances. Quand Gaëtan Rondeau démissionna en octobre 1942, Henry Orrion fut désigné pour le remplacer à la tête de la délégation municipale spéciale. Il demeura en fonction jusqu’en août 1944 sans trop se compromettre avec la Collaboration mais en servant du mieux qu’il put ses administrés, soumis aux bombardements ravageurs des Alliés anglo-saxons qui voulaient détruire les chantiers navals travaillant pour le IIIème Reich.
Dès la Libération, il entra au Comité d’Union nationale et républicaine (Comité d’UNR), la grande organisation des droites départementales – Mouvement républicain populaire exclu – présidée par l’armateur Louis de Gibon. Le Comité d’UNR, où dominaient les grands notables aristocratiques ralliés depuis plus ou moins longtemps à la République, adhéra au Parti républicain de la liberté (PRL) quand celui-ci fut fondé en décembre 1945. Une partie de ses membres, et notamment nombre de ceux qui avaient milité au Parti social français avant-guerre, s’engagèrent bientôt dans le Rassemblement du peuple français (RPF), lancé par Charles de Gaulle au printemps 1947. Quand vinrent les élections municipales de l’automne 1947, le responsable gaulliste de Loire-Inférieure, Philippe Ragueneau, compagnon de la Libération, sollicita Henry Orrion pour conduire la liste du RPF qui l’emporta aisément face aux quatre autres listes en présence (Front national-PCF, Jean Philippot ; SFIO, Jean Lepage ; MRP, Georges Aguesse ; Parti radical, André Morice). Comment expliquer cet étonnant succès ? L’ancien maire vichyste avait soutenu la Résistance en temps utile – Philippe Ragueneau s’en porta d’ailleurs personnellement garant par écrit et en figurant en deuxième position sur la liste – et il avait acquis une solide réputation de dévouement à ses administrés depuis les bombardements des 16 et 23 septembre 1943.
Henry Orrion suivit l’évolution partisane du Comité d’UNR. Étroitement associé au RPF jusqu’en 1951, celui-ci se rapprocha, sous l’influence de Michel Raingeard, adjoint au maire et conseiller général de Nantes, du Centre national des indépendants et paysans (CNIP) quand Antoine Pinay arriva à Matignon. En mars 1953, juste avant les élections municipales, l’accord fut officialisé et le Comité d’UNR devint la fédération départementale du CNIP. Le maire de Nantes entra au bureau du Comité. La municipalité sortante fut reconduite en avril mais avec une majorité réduite, ce qui gêna à plusieurs reprises le maire pour faire adopter le budget de la ville.
Henry Orrion fut investi par le CNIP dans la 2ème circonscription de Loire-Atlantique (4ème, 5ème et 6ème cantons de Nantes) en vue des élections législatives de novembre 1958. Au premier tour, il affronta cinq adversaires : Gilles Gravoille (ouvrier qualifié, PCF, député sortant : 7 378 voix), Christian Chauvel (agent EDF, SFIO : 7 452), Pierre Le Foll (ouvrier qualifié présenté par l’Union pour la nouvelle République : 6 493 voix), Marcel Barre (professeur, MRP : 2 997) et Bernard de Tinguy (dessinateur, divers droite : 2 342). Avec 15 740 suffrages, le maire de Nantes arriva nettement en tête des candidats. Il améliorait sensiblement (+ 60%) le score du CNIP en janvier 1956. Son suppléant, Alexis Clément, cadre commercial, était un ancien combattant de la Grande Guerre et un ancien résistant, déporté et condamné à mort par les nazis, titulaire des croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945, de la médaille de la Résistance et chevalier de la Légion d’honneur. Le 30 novembre, face aux deux seuls candidats restés en lice (PCF : 7 114 voix ; SFIO : 9 113), Henry Orrion fut brillamment élu en recueillant 24 212 suffrages. Son succès était à l’image de celui du CNIP à l’échelle de la Loire-Atlantique tout entière où le parti conquit quatre des huit sièges à pourvoir.
Le nouveau député s’inscrivit au groupe Indépendant et paysan d’action sociale (IPAS), présidé par Henry Bergasse. Élu membre de la Commission de la production et des échanges en janvier 1959, il la quitta en mai pour rejoindre la Commission des affaires culturelles où il siégea jusqu’en 1962 et essaya de faire avancer le dossier de la refondation de l’université de Nantes. Il fut aussi membre de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi (n° 1788, 13 juillet 1962) relatif à la construction d’immeubles à usage d’habitation et aux sociétés immobilières d’acquisition ou de construction. Ses interventions à la tribune du Palais-Bourbon furent peu nombreuses. Le 17 novembre 1959, il prend la parole dans le débat sur le budget de 1960 pour évoquer la crise de la construction navale et les difficultés de la reconversion ; le 5 novembre 1960, il participe à la discussion sur le budget de 1961 soulignant les difficultés financières des théâtres lyriques municipaux et, le 29 mai 1962, à l’occasion de l’examen du projet de loi portant approbation du IVème Plan, il demande un effort supplémentaire pour aménager la Basse-Loire. Il prône le développement du complexe portuaire de Nantes-Donges-Saint-Nazaire, la création d’une usine sidérurgique et la canalisation de la Loire afin d’ouvrir une voie navigable de Nantes à Bâle.
Ses interventions à l’Assemblée nationale, bien que rares, étaient directement liées aux enjeux de sa gestion municipale. En mars 1959, il avait été réélu pour la troisième fois maire de Nantes mais les attaques d’André Morice, son concurrent le plus redoutable, avaient été vives quant à l’inefficacité de la municipalité pour faire avancer rapidement les dossiers les plus urgents : université, arrivée du gaz de Lacq, desserte du complexe pétrochimique de Donges, remblaiement de l’île Beaulieu, la création du Marché d’intérêt national (MIN), etc. En septembre 1960, avec un certain retard par rapport aux autres grandes villes de l’arc Atlantique, le conseil municipal vota en faveur de l’adhésion de la ville au Groupement d’urbanisme de l’agglomération, afin de pousser les feux des principaux chantiers d’aménagement de façon mieux coordonnée.
En tant que député, Henry Orrion se montra presque jusqu’à la fin de la législature un fidèle soutien du pouvoir gaulliste. Il ne s’opposa jamais au gouvernement de Michel Debré. Contre les tenants du maintien à tout prix de l’Algérie française, nombreux au CNIP, il s’opposa à la motion adoptée lors du IVe congrès du parti en décembre 1960 et appela, comme une petite cinquantaine de députés IPAS emmenés par Paul Reynaud, à voter « oui » au référendum du 8 janvier 1961 sur le principe de l’autodétermination de l’Algérie. Quand survint le « putsch des généraux » en avril 1961, il fit adopter par son conseil municipal une motion de soutien sans ambiguïté au chef de l’État, ce qui fut loin d’être le cas de toutes les municipalités tenues par le CNIP dans le département et ailleurs. Dans le débat, long et houleux, qui se déroula en novembre et décembre 1961 en vue de l’adoption du budget de 1962, il fut l’un des vingt cinq députés IPAS (sur 123) qui soutint avec constance le gouvernement. Le 8 avril 1962, il vota « oui » au référendum de ratification des accords d’Évian, tout comme Olivier de Sesmaisons, Abel Durand et Albert Boucher, tandis que les trois autres parlementaires Indépendants du département – René Dubois, Jean de Grandmaison et Henri Robichon – votèrent « non ». Il fit aussi partie de la minorité IPAS qui accorda sa confiance au nouveau Premier ministre, Georges Pompidou, à l’issue de sa déclaration de politique générale le 27 avril 1962, puis qui vota en faveur de la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault, le 5 juillet 1962. Cependant, le projet de réforme de la Constitution, visant à faire élire désormais le président de la République au suffrage universel direct, le choqua profondément. Le 4 octobre 1962, il vota la motion de censure qui entraîna sur-le-champ la dissolution de l’Assemblée nationale, et il appela à voter « non » au référendum du 28 octobre 1962.
À nouveau candidat du CNIP dans la 2ème circonscription de Loire-Atlantique, il affronta trois candidats. Les deux candidats de gauche étaient les mêmes qu’en 1958 : Gilles Gravoille, ancien député communiste, recueillit 6 924 voix et Christian Chauvel, SFIO, en recueillit 7 013. L’Union pour la nouvelle République choisit de conduire une offensive de grande ampleur contre le CNIP nantais. Henri Rey, ancien membre du Comité d’UNR et ancien dirigeant local du RPF, avait été élu en 1958 contre le député sortant du CNIP Michel Raingeard et dirigeait désormais les gaullistes dans le département. Il envoya son suppléant, Albert Dassie, chef d’entreprise et conseiller général, affronter personnellement le maire de Nantes. Celui-ci rallia à lui une large fraction de l’électorat modéré, inquiet des risques de déstabilisation du chef de l’État et désorienté par les prises de position nationales du CNIP qui avait appelé à voter « non » au référendum du 28 octobre précédent, tout comme les communistes : il obtint 15 009 voix, soit presque le double d’Henry Orrion qui n’en recueillit que 8 571. Ce dernier choisit de se retirer au soir du 18 novembre et Albert Dassie fut aisément élu, le 25, face au candidat unique des gauches, Christian Chauvel (15 903 voix).
Le maire de Nantes conserva son mandat municipal jusqu’aux élections de mars 1965 qui virent lui succéder à l’Hôtel de Ville l’ancien député radical, devenu sénateur en 1959, André Morice. Henry Orrion était membre du Conseil supérieur d’Électricité de France depuis 1952 et chevalier de la Légion d’honneur depuis 1954.