Gérard Ouradou

1896 - 1952

Informations générales
  • Né le 20 janvier 1896 à Montesquieu-lauragais (Haute-Garonne - France)
  • Décédé le 29 janvier 1952 à Suresnes (France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
2e Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 2 juin 1946 au 27 novembre 1946
Département
Seine
Groupe
Socialiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 20 janvier 1896 à Montesquieu-Lauragais (Haute-Garonne)
Décédé le 29 janvier 1952 à Suresnes (Seine)

Membre de la seconde Assemblée nationale constituante (Seine)

Fils d'un cantonnier et d'une ménagère, Gérard Ouradou naît le 2 janvier 1896 à Montesquieu-Lauragais, terre de longue tradition socialiste. Il commence de travailler comme cheminot dès son plus jeune âge à la Compagnie de chemin de fer du réseau de l'Est. Appartenant à la génération du feu, il est mobilisé dès 1914 et combattra notamment à Verdun comme ser gent-chef. Rendu à la vie civile en 1919, il se marie le 27 janvier 1920 à Castres avec Jeanne Ameau dont il aura un fils, Jean-Robert, deux ans plus tard. Concurremment, il retrouve son emploi en qualité cette fois de rédacteur principal puis de contrôleur technique principal.

L'action politique et syndicale, indissociables dans son esprit, ne tarde pas à s'imposer à lui. Au lendemain du Congrès de Tours, il adhère à la SFIO qu'il ne quittera plus dès lors. En outre, il se syndique dès 1920 et devient, en 1928, membre du conseil de la fédération CGT des cheminots. Gérard Ouradou habite alors à Bondy, dans la banlieue est de Paris, où il prend une part active à la vie de la commune. Il est élu conseiller municipal socialiste le 12 mai 1929 et reconduit lors des élections suivantes sur une liste réunissant socialistes et communistes en 1935, devenant à cette occasion troisième adjoint de Bondy.

Epris de vie associative et de militantisme laïque, il décide également, à la fin des années 1920, de devenir animateur aux « Faucons rouges », l'organisation de jeunesse de la SFIO, regroupant et encadrant les enfants, jeunes ou adolescents, des militants socialistes. Son activisme remarqué dans les rangs de la CGT-cheminots lui valut par ailleurs une belle promotion puisqu'en 1939, Ouradou occupait les fonctions de secrétaire de la région Est dudit syndicat.

L'entrée en guerre de la France, autant en raison de son âge que du statut dérogatoire de la SNCF créée deux ans plus tôt, épargna certes à Ouradou la mobilisation mais ne le dissuada pas d'entrer en résistance. Il rejoint le comité d'action socialiste de Daniel Mayer fondé dans un premier temps en zone non occupée puis contribue à la création des cheminots du réseau de résistance Libération-Nord. Comme responsable national, il signe, au nom de la Fédération CGT des cheminots, le 17 août 1944 au café « Au Cadran Bleu » à Paris, l'appel à la grève générale. Transmis immédiatement à Londres, l'appel est annoncé le soir même par la BBC et dès le lendemain la grève générale prend forme et s'étend.

Sa proximité avec Daniel Mayer lui vaut d'être nommé le 7 novembre suivant à l'Assemblée consultative provisoire. Il est membre de la Commission de l'équipement et de la production et des communications et de la Commission de l'agriculture et du ravitaillement. Il intervient à plusieurs reprises lors des débats budgétaires.

Il se présente dans la deuxième circonscription de la Seine le 21 octobre 1945 sur une liste d'union entre les socialistes de la SFIO et ceux de l'UDSR dirigée par Daniel Mayer (SFIO) et Maurice Pouvrasseau (UDSR). Elle arrive en troisième position derrière le MRP et les communistes, avec 81 516 suffrages, sur 522 641 inscrits et 443 058 exprimés, soit 18,4 %. Seuls Daniel Mayer et son colistier Maurice Pouvrasseau sont élus.

Aux élections à la seconde Assemblée nationale constituante, Gérard Ouradou se présente - cette fois ci en deuxième position - sur la liste socialiste conduite par Daniel Mayer, dans la deuxième circonscription de la Seine. Pour dix sièges à pourvoir, sept listes s'opposent. Avec 119 350 suffrages, le Parti républicain de la liberté (PRL) arrive en tête et emporte trois sièges, suivi dans l'ordre, par le MRP, avec 107 796 suffrages, le PCF, avec 98 866 suffrages, et la SFIO, avec 75 139 voix, soit 16,6 % des suffrages exprimés, qui ont chacun deux élus, le dernier siège allant au Rassemblement des gauches républicaines avec 43 568 suffrages. Daniel Mayer est réélu et Gérard Ouradou élu.

Son élection validée le 13 juin 1946 et il rejoint la commission des moyens de communication et des postes, télégraphes et téléphones ainsi que celle du travail et de la sécurité sociale. Son activité parlementaire se révèle des plus maigres puisqu'il n'intervient à aucune occasion en séance et se contente de rapporter à deux reprises sur le régime des retraites des cheminots et sur l'amélioration de la matérielle de ces mêmes bénéficiaires de pensions.

Il vote fidèlement avec son parti pour la Constitution du 28 septembre 1946, mais le 10 novembre 1946, la SFIO subit un fort recul et les 49 956 voix, soit 11 % des suffrages exprimés, qu'elle obtient dans la deuxième circonscription de la Seine la prive de son second siège et ne permettent pas à Gérard Ouradou d'être réélu à l'Assemblée nationale.

Si cet échec met un terme à la carrière politique et parlementaire d'Ouradou, ses activités syndicales prennent en revanche une tournure autrement plus importante.

Au sein de la CGT, Gérard Ouradou se sent de moins en moins à l'aise face à l'attitude et aux méthodes des communistes majoritaires. Il n'est plus secrétaire général adjoint de la fédération. Il se rapproche des amis de Léon Jouhaux qui disposent d'un journal, Force ouvrière, qui prolonge l'organe de la tendance des confédérés minoritaires pendant la clandestinité : Résistance ouvrière. Ensemble ils s'unissent au sein d'un Groupe fédéral FO.

Le malaise grandit lorsque Paul Ramadier, le 4 mai 1947, après avoir demandé et obtenu la confiance à l'Assemblée, provoque le départ des ministres communistes qui la lui ont refusée. Ainsi éliminés, les communistes entraînent une volte-face de la part de la CGT. La consigne de cette dernière est désormais au durcissement des positions ; la grève dénoncée la veille comme arme des trusts est à nouveau recommandée comme moyen d'action directe des travailleurs. Un grand mouvement de grève se déclenche en novembre et décembre 1947, notamment chez les cheminots.

Le 25 décembre, le journal Force Ouvrière publie un « Appel aux cheminots », signé au nom du Groupe fédéral FO, par Gérard Ouradou, René Clerc et Jean Bosmel. « Depuis la Libération, les dirigeants communistes de la Fédération, par des manœuvres sans nom, en éliminant les militants syndicalistes, quand ils ne les salissaient pas, des postes de direction des syndicats, des délégations du personnel, des comités mixtes, en bafouant la démocratie syndicale, avaient porté une atteinte grave à l'unité syndicale. (...) Malgré tout, attachés à la vieille CGT, nous vous avions demandé d'organiser la lutte à l'intérieur de cette dernière, afin, en reprenant la direction de notre Fédération, de lui redonner sa véritable figure syndicaliste, libre et indépendante.

« Les événements qui viennent de se dérouler ont montré le véritable visage des majoritaires, tant de la Fédération que de la CGT. En violant les décisions prises par eux-mêmes au dernier comité confédéral national, en essayant d'entraîner la classe ouvrière dans une aventure qui pouvait être catastrophique, ils ont montré, une fois de plus, leur peu de souci des intérêts de cette classe ouvrière et leur soumission aux directives d'un parti politique.

« Pour répondre au désir exprimé par des milliers de cheminots, le Groupe fédéral « Force Ouvrière » des cheminots vous invite à constituer immédiatement, sur la base locale, le groupe « Force Ouvrière » qui, demain, constituera le syndicat adhérant à la nouvelle Fédération. »

Du fait de sa fonction d'administrateur de la SNCF, Gérard Ouradou ne prit aucune responsabilité au sein de la nouvelle Fédération syndicaliste confédérée (FO) qui se constitua en mars 1948 et à la création de laquelle il avait cependant tant participé. Il se contenta de siéger au bureau à titre consultatif.

Il meurt le 29 janvier 1952 à Suresnes alors qu'il occupait les fonctions d'inspecteur honoraire de la compagnie ferroviaire.