Bernard Outin
1944 - 2008
OUTIN (Bernard)
Né le 26 janvier 1944 à Firminy (Loire)
Décédé le 24 mars 2008 à Firminy (Loire)
Député de la Loire de 1997 à 2002
Bernard Outin naît le 26 janvier 1944 à Firminy au sein d’une famille de mineurs. Il est très tôt marqué par l’engagement communiste de son père, Marcel. Elu conseiller municipal de Firminy aux côtés de Marcel Combe (13 mai 1945), futur maire de la ville, celui-ci n’hésite pas à s’engager en 1948, comme l’ensemble du conseil municipal, aux côtés des mineurs grévistes et condamne les violences provoquées par les forces de l’ordre, en adressant une virulente motion de protestation au ministre de l’Intérieur (23 octobre 1948). Le jeune garçon assiste alors à l’arrestation de son père au domicile familial, puis à son incarcération pendant plusieurs mois à la prison de Saint-Etienne. Des événements qui, au-delà de leurs conséquences immédiates (la destitution du maire et de la dissolution du conseil municipal par le préfet), laissent des traces dans la ville (bien que le maire communiste soit finalement réélu dans la foulée). Bernard Outin restera profondément marqué par cette défaite subie par les mineurs.
Alors que sa mère élève la famille grâce à la solidarité minière, il suit sa scolarité à l’école primaire, puis au collège de Firminy. Il réussit le concours d’entrée à l’Ecole normale de garçons de Montbrison et, après quatre ans d’études, devient instituteur à Firminy, à l’école des Noyers. Soucieux des défis que doit relever une « cité noire » minière et sidérurgique confrontée à une délicate reconversion économique, il participe à la création du premier centre aéré de Firminy, au sein du mouvement d’éducation populaire des Francs et Franches Camarades (créé en 1944). Promouvant ainsi les projets d’accueil et d’activités à l’intention des enfants, participant de ce fait à une fédération des centres et structures de loisirs répondant aux besoins des familles, Bernard Outin y rencontre Marie-Edith Quentel, également enseignante, avec laquelle il se marie en juillet 1974. Il termine sa carrière comme secrétaire général de la Fédération des œuvres laïques de la Loire, responsable de dizaines de colonies et de milliers d’enfants en vacances et particularité du département, gérant de plusieurs centres médico-psycho-pédagogiques.
Il faut toutefois attendre les élections municipales de mars 1983 pour que l’instituteur franchisse le pas et s’investisse en politique. Agé de 39 ans, il rejoint alors l’équipe municipale du maire communiste Théo Vial-Massat, figure politique locale – lui aussi fils de mineur, métallurgiste puis marchand de cycles, député de la 4e circonscription de la Loire (1962-1967, réélu en 1978 et 1981), conseiller général (depuis 1970) et maire de Firminy depuis une décennie (1971) – qui va très vite devenir son mentor. Conforté par la réélection aisée du maire sortant lors des municipales de mars 1989 (remportées au second tour avec de plus de 21 points d’avance sur son rival Divers droite), Bernard Outin devient le 1er adjoint du maire Théo Vial-Massat, avant de lui succéder en avril 1992 quand ce dernier, démissionnaire, décide de lui passer le relais comme annoncé trois ans auparavant. Accusé par l’opposition d’être « mal élu », le nouveau maire arrive pourtant en tête lors des élections municipales de juin 1995 et manque de peu d’être élu dès le premier tour (49% des suffrages exprimés). Le second tour confirme sa percée électorale. Affrontant ses adversaires Exbrayat (Divers droite, 34,29% des suffrages) et Reynard (Divers gauche, 13,09%) lors d’une triangulaire, le maire sortant récolte 52,62% des suffrages exprimés. Ce dernier n’en reste pas moins confronté à un double défi : déclin démographique, d’une part ; endettement de la ville, d’autre part. Des dépenses qualifiées de « somptuaires » et une « mainmise » sur la commune que ne manquent pas de fustiger ses adversaires comme certains de ses partenaires (Le Monde, 3 février 2001). La dissolution de 1997 va lui permettre de concrétiser ses ambitions nationales.
Maire de Firminy et vice-président de Saint-Etienne métropole, Bernard Outin se présente comme candidat du Parti communiste français (PCF) dans la 4e circonscription de la Loire face au député sortant, le centriste Daniel Mandon, qui a battu en 1993 Charles Fiterman (responsable national du PCF et ancien ministre du Travail des gouvernements Mauroy), qui tentait de succéder à Théo Vial-Massat. La campagne semble pourtant mal engagée pour le candidat communiste qui n’arrive qu’en troisième position avec 21,24% des suffrages exprimés, derrière le candidat du Front national (FN) Frédéric Granjon (24,38%) et le député sortant Daniel Mandon (28,03%). Une campagne qui se révèle d’autant plus indécise que l’abstention est forte (34% des inscrits). Bernard Outin est néanmoins élu avec 42,29% des suffrages exprimés, au terme d’une triangulaire particulièrement disputée et contestée par le député sortant, qui a recueilli 39,4% et dépose un recours auprès du Conseil constitutionnel pour dépassement du plafond des dépenses électorales du candidat communiste. Ce recours est finalement rejeté (19 décembre 1997).
Inscrit au sein du groupe communiste à l’Assemblée nationale, il rejoint la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales. Il est en avril 2001 membre de la mission d’information sur la lutte contre les formes d’esclavage moderne.
Il présente trois propositions de loi : sur l’assurance contre le risque de non paiement des cotisations employeur (juin 1997) ; sur l’étalement du paiement de l’impôt sur le revenu dû par le défunt par les héritiers (juillet 1997) ; sur un droit à l’information des risques des exploitations minières (décembre 1997).
S’appuyant sur son expérience professionnelle et sa pratique du terrain, le député porte une grande attention aux questions sociales et d’éducation.
Il pose ainsi un grand nombre de questions au gouvernement : sur les visites scolaires (novembre 1997) ; sur l’emploi des jeunes (mai 1998) ; sur la prise en charge de la dépendance des personnes âgées (juin 1998) ; sur l’enseignement secondaire (octobre 1998) ; sur la régularisation des sans papiers (novembre 1998) ; sur la carte sanitaire en Rhône-Alpes (juin 1999) ; la restructuration des hôpitaux (novembre 1999) ; sur les effectifs des personnels dans l’enseignement (février 2000) ; sur les cas de maladie de Creutzfeld-Jacob, due à la viande contaminée par l’ESB (novembre 2000) ; sur la préservation des acquis sociaux de la politique agricole commune (PAC), menacés par sa réforme (juin 2001) ; sur la revalorisation des minimas sociaux pour lutter contre l’exclusion (décembre 2001).
L’homme est rapidement connu dans l’hémicycle pour son franc-parler.
Dans ses autres interventions en séance publique, Bernard Outin montre l’étendue de ses compétences en prenant la parole sur plusieurs projets de loi, pour l’essentiel : sur le développement d’activités pour l’emploi des jeunes (septembre 1997) ; sur la lutte contre l’exclusion (mai 1998) ; sur le mode d’élection des conseillers régionaux et des conseillers à l’Assemblée de Corse et au fonctionnement des conseils régionaux (décembre 1998) ; sur la réduction du temps de travail (octobre 1999) ; sur l’organisation et la promotion des activités physiques et sportives (février 2000) ; sur l’archéologie préventive (février 2000) ; sur la création d'un Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC) (février 2000) ; sur la prestation compensatoire en matière de divorce (février 2000) ; sur la protection des trésors nationaux (mars 2000) ; sur l’élargissement du conseil d’administration d’Air France et ses relations avec l’Etat (mai 2000) ; sur l’adoption internationale (janvier 2001) ; sur les musées de France (mai 2001) ; sur la démocratie de proximité (juin 2001) ; sur la lutte contre les différentes formes d’esclavage (janvier 2002).
Il intervient régulièrement, également, à l’occasion de l’examen des projets de loi de finances sur l’éducation, ainsi que sur la jeunesse et les sports.
Lors du débat sur les 35 heures et plus précisément du paiement des heures supplémentaires, le député de la Loire défend ainsi, aux côtés du député vert Yves Cochet, un amendement faisant passer le taux de majoration à 50% dès la 43e heure au lieu de la 47e prévue initialement (L’Humanité, 14 octobre 1999).
Le député et maire de Firminy se heurte cependant à d’importantes difficultés locales. Sa désillusion est grande lorsqu’au lendemain de la venue dans sa commune de Marie-George Buffet (19 janvier 2001), alors ministre communiste de la Jeunesse et des sports, il se heurte à la sécession d’Anne de Beaumont (cheffe de file locale des Verts) et d’un dissident communiste qui dénoncent « la liste de copains conduite par M. Outin », et qui déplorent l'absence de comités de quartiers et de commissions extramunicipales dans une agglomération de près de vingt mille habitants (Le Monde, 3 février 2001). La bataille pour les municipales des 11 et 18 mars 2001 est rude. Arrivé en tête au premier tour (46,98% des suffrages exprimés), mais talonné par le candidat du Rassemblement pour la République (RPR) Dino Cinieri (44,01%) qui profite pleinement de la sécession de la candidate écologiste (9%), le maire sortant ne recueille que 48,67% des suffrages et doit s’incliner devant son adversaire de droite.
Sa déception est complète l’année suivante, lors des élections législatives de juin 2002, au lendemain du séisme politique du 21 avril portant Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle.
Bernard Outin est en effet de nouveau battu par son rival RPR, Dino Cinieri, qui s’impose in extremis au second tour avec 50,29% des suffrages exprimés.
Agé de 64 ans, retiré de la vie publique, l’ancien député-maire décède dans sa commune de Firminy, le 24 mars 2008, non sans voir vu, quelques jours auparavant, son ancien camarade Marc Petit reconquérir la mairie au terme d’une intense campagne municipale (16 mars 2008).