Amar Ouzegane

1910 - 1981

Informations générales
  • Né le 7 mars 1910 à Alger (Algérie)
  • Décédé le 5 mars 1981 à Alger (Algérie)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Gouvernement provisoire de la République française
Législature
Ire Assemblée nationale constituante
Mandat
Du 21 octobre 1945 au 10 juin 1946
Département
Anciens départements d'Algérie
Groupe
Communiste

Biographies

Biographie extraite du dictionnaire des parlementaires français de 1940 à 1958 (La documentation française)



Né le 7 mars 1910 à Alger (Algérie)
Décédé le 5 mars 1981 à Alger

Membre de la première Assemblée nationale constituante (Alger)

Originaire de Grande Kabylie, Amar Ouzegane naît le 7 mars 1910 au sein d'une famille pauvre qui comptera quatorze enfants. Quand il le peut, son père travaille comme cuisinier. Malgré l'impécuniosité dans laquelle il grandit, le jeune Amar peut cependant poursuivre sa scolarité jusqu'à l'obtention du certificat d'études. Peu après, il entre aux PTT comme télégraphiste puis comme facteur. Concurremment, il rejoint les Jeunesses syndicalistes étroitement liées aux

Jeunesses communistes. S'il demeure employé des postes jusqu'en 1936, il consacre pourtant le plus clair de son temps à l'activité syndicale et politique.

Il gravit en effet rapidement la hiérarchie de la CGTU, d'abord dans le secteur postier et portuaire à Alger dont il devient en 1930 membre de la commission exécutive régionale. Il représente du reste la section régionale de son syndicat au Cartel des syndicats des services publics. Lors de la réorganisation du PC algérien, en avril 1934, le militant chevronné des JC est promu numéro deux de la fédération. Bien que second, il joue en réalité un rôle primordial, à cause de l'incarcération prolongée du premier secrétaire, Ben Ali Boukort, et attache son nom à la relance de l'hebdomadaire communiste, La Lutte sociale. Il conduit également la délégation algérienne au VIIe congrès de l'Internationale communiste à Moscou en juillet 1935.

Licencié peu de temps après par la direction des Postes en raison de ses engagements, Ouzegane décide alors de se consacrer pleinement à la vie militante et devient permanent du PC. Malgré sa réintégration professionnelle opérée par le Front populaire, il préfère demeurer salarié du Parti et se consacre alors entièrement à la transformation de la région communiste d'Alger en un véritable Parti communiste algérien autonome.

À la faveur du congrès constitutif de celui-ci, en octobre 1936, il entre au bureau politique et au secrétariat. II devient, par la même occasion, secrétaire général du PCA. Il épouse alors la double orientation du Parti, initiée par l'instructeur métropolitain envoyé à cette fin, Jean Chaintron : antifascisme et anti-impérialisme. Le remplacement de ce dernier et le changement stratégique au profit d'une action privilégiée auprès des Européens met Ouzegane en difficulté. Bien que réélu au bureau du PCA, il ne retrouve pas sa place au secrétariat en 1937. Elu la même année au conseil municipal d'Alger, il est cependant contraint de quitter la rédaction de La Lutte sociale et doit reprendre son activité de facteur tout en continuant de militer à la base. Sa semi-disgrâce prend fin en 1939 et il est de nouveau admis à participer aux meetings du Parti.

Après l'interdiction du Parti communiste, Ouzegane entre alors en contact avec l'organisation clandestine lui ayant succédé. Son activisme lui vaut d'être interné en avril 1940 dans le sud de l'Algérie jusqu'à sa libération en 1943. Il reprend alors ses fonctions au PCA et est réélu au secrétariat en troisième position. Il retrouve le rang de premier secrétaire en 1944 et entérine à ce titre, jusqu'à la révision doctrinale, la ligne antinationale prônée par André Marty, notamment en matière coloniale.

Cette opposition à la position officielle du PC, particulièrement vérifiée lors des émeutes de Sétif en mai 1945, met à nouveau Ouzegane en délicatesse avec la direction du Parti et lui coûte en 1947, critiques, rétrogradation au sein du secrétariat, démission contrainte du bureau politique puis, le 30 décembre, exclusion du PCA.

Pour l'heure, il se présente au nom du PCA aux élections à la Première Assemblée nationale constituante d'octobre 1945. Candidat au collège des musulmans non-citoyens dans le département d'Alger, il recueille 82 285 des 235 829 suffrages exprimés, soit 34,9 % des voix. Il obtient ainsi l'un des quatre sièges à pourvoir.

Une fois son élection validée, il est nommé membre de la commission de l'intérieur, de l'Algérie et de l'administration générale, départementale et communale ainsi que celle des finances et du contrôle budgétaire. Il est par ailleurs élu secrétaire de l'Assemblée.

Son activité parlementaire est relativement soutenue puisqu'il dépose trois propositions de loi et rapports tendant à prendre des mesures d'amnistie en faveur de tous les emprisonnés politiques musulmans en Algérie, à établir l'égalité des soldes, des allocations, retraites et pensions pour tous les Algériens sans distinction de race, ou encore à faire de la langue arabe la langue officielle à côté de la langue française en Algérie. Il prend également part à une demi-douzaine de discussions, notamment le 26 février 1946 où il conteste ouvertement la légitimité des élections en Algérie et y dénonce les nombreuses fraudes et manipulations. Il dénonce également en séance, le 19 février, l'interdiction de parution de L'Algérie nouvelle, nouveau titre de La Lutte sociale dont il était le rédacteur en chef. Plus généralement, il intervient la plupart du temps pour critiquer la politique de la France à l'égard des Algériens. Il vote l'ensemble des nationalisations décidées par la Première Assemblée constituante et se prononce en faveur du premier projet de constitution.

Candidat aux élections de juin 1946, il ne recueille que 23 456 des 196 527 suffrages exprimés, soit à peine 12 % des voix, un score insuffisant pour assurer sa réélection. Il est de nouveau battu dans les mêmes proportions aux élections législatives de novembre 1946.

Exclu du PCA en décembre 1947, Amar Ouzegane se rapproche dès lors du Mouvement national algérien, en particulier des Oulémas. Il devient conseiller politique du FLN pour la zone d'Alger après le déclenchement de la guerre d'Algérie et est le principal rédacteur du programme adopté en août 1956 par les formations nationalistes et plus connu sous le nom de plate-forme de la Soummam. Il est emprisonné en 1958 et n'est libéré qu'avec la fin des hostilités en avril 1962. Il siège au sein de la première Assemblée nationale algérienne avant de se voir confier le portefeuille de l'agriculture et de la réforme agraire dans le gouvernement formé en octobre 1962. Ministre d'État dans les premiers gouvernements de l'Algérie indépendante, il a également appartenu au comité central du FLIC Il a publié en 1962 un ouvrage, Le Meilleur combat dans lequel il expose sa rupture avec le communisme et les raisons de son ralliement au nationalisme algérien. Amar Ouzegane est décédé le 5 mars 1981 à Alger.