Marie Oyon
1898 - 1969
Née le 31 décembre 1898 à Montoire-de-Bretagne (Loire-Inférieure)
Décédée le 11 juin 1969 au Mans (Sarthe)
Membre de la première Assemblée nationale constituante (Sarthe)
Conseiller de la République, élue par l'Assemblée nationale, de 1946 à 1948
Rien ne prédisposait Marie Oyon à devenir une des seules femmes députée et sénateur de la IVe République. La petite fille, née le 31 décembre 1898 à Montoire-de-Bretagne, dans un milieu modeste, perd très tôt ses parents. Plus tard, devenue sténodactylo, elle part chercher du travail dans la Sarthe où elle rencontre celui qui devient son époux, Alexandre Oyon, assureur au Mans. Le couple a deux enfants.
A partir de ce moment, Marie Oyon évolue dans un milieu où, depuis toujours, on a le souci du progrès social. Le père d'Alexandre Oyon, commerçant, était déjà, à cet égard, un militant d'avant-garde, puisqu'il avait été le premier à revendiquer, au conseil municipal du Mans en 1896, son attachement à la cause socialiste. Très tôt, son fils manifeste le même engagement, au point qu'en 1929, il se présente aux municipales pour devenir, six ans plus tard, adjoint au maire sur la liste « Concentration républicaine, radicale et socialiste ». A sa manière, Marie Oyon participe elle aussi à cette démarche familiale en créant, dans le quartier ouvrier des « Abattoirs-Batignoles », le premier foyer scolaire laïque.
La France occupée, le couple Oyon entre en résistance, Alexandre devenant même l'un des principaux responsables de l'organisation de l'armée secrète pour la Sarthe. Marie Oyon, fidèlement, se tient à ses côtés.
Le 21 février 1944, cependant, la Gestapo arrête toute la famille à son domicile. Après de nombreux interrogatoires à la prison des Archives, puis à Romainville, Alexandre Oyon est déporté à Amesterdam, où il décède. Marie, elle, revient de Ravensbrück très amoindrie physiquement.
Cela ne l'empêche pas de se mettre au service des électeurs du 3e canton du Mans à la Libération, et d'être élue au conseil général. Dès lors, elle ne peut qu'accepter la proposition du ministre du ravitaillement de l'époque, Christian Pineau, de figurer à ses côtés sur la liste socialiste aux élections à la première Assemblée nationale constituante. Le 21 octobre 1945, elle est élue député.
En décembre 1946, Marie Oyon est élue par l'Assemblée nationale au Conseil de la République.
A son arrivée au Palais du Luxembourg, elle rejoint le groupe SFIO et est nommée à la commission des pensions et à celle de la famille, de la population et de la santé publique.
Marie Oyon est une parlementaire très active durant son court mandat. Elle s'intéresse à des sujets qui lui sont proches, comme l'octroi d'indemnités aux agents et courtiers d'assurances. Mais elle prend aussi part à de nombreuses discussions relatives à la guerre : discussion du budget des anciens combattants, du statut des déportés et internés de la Résistance, d'un projet de loi sur les sépultures perpétuelles des victimes civiles de la guerre..
Le conseiller de la République est aussi chargé de la rédaction de deux rapports : l'un sur les primes de déportation à payer aux ascendants des déportés décédés, et l'autre sur la définition du statut et des droits des déportés et internés politiques.
Marie Oyon ne s'en tient pas là. En 1947, elle dépose trois propositions de loi : une première pour assurer le respect de la fréquentation scolaire obligatoire en subordonnant le payement des allocations familiales à la remise du certificat de scolarité mensuel ; une deuxième proposition tendant à accorder aux prisonniers politiques et aux déportés politiques certains avantages en cas de divorce prononcé à leur profit ; et une troisième proposition pour donner aux mères qui élèvent seules leurs enfants des avantages particuliers, au titre de l'allocation de salaire unique et des allocations familiales.
Durant son mandat, Marie Oyon dépose également trois propositions de résolution : sur le droit à réparation des veuves et orphelins de guerre ; sur l'application des dispositions particulières nouvelles, incorporées au législations du travail et de la sécurité sociale, à certaines catégories de déportés et d'internés résistants ; et sur la fixation d'un montant minimum de moyens d'existence pour les « économiquement faibles » en général, plus particulièrement pour les vieux travailleurs et les bénéficiaires de l'assistance.
Marie Oyon, très marquée physiquement par ses mois de captivité et moralement par la disparition de son mari, ne se représente pas au Conseil de la République en novembre 1948 et se retire de la vie publique.