Claude Panier
1912 - 1990
PANIER (Claude)
Né le 13 décembre 1912 à Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône)
Décédé le 20 février 1990 à Ver-lès-Chartres (Eure-et-Loir)
Député de la Seine de 1956 à 1958
Fils d’une mère bourguignonne et d’un père jurassien, Claude Panier effectue une brillante scolarité qui le conduit à la licence en droit et à l’Ecole libre des sciences politiques dont il sort diplômé en 1935. Il est également titulaire d’une licence de mathématiques.
Une fois libéré de ses obligations militaires, il entre comme fonctionnaire dans la future SNCF, créée en 1937, puis enseigne un temps les mathématiques. L’année de création de la SNCF, il est nommé attaché à la direction de la compagnie ferroviaire. Il adhère, à la même époque, au Parti radical.
Il est mobilisé en 1939 et blessé pendant la campagne de 1940, ce qui lui vaut le titre de mutilé de guerre. Il reprend, après l’armistice, ses activités de cadre à la SNCF, sans apparemment entrer en résistance, à aucun moment durant l’occupation.
Claude Panier commence à la Libération une carrière dans les cabinets ministériels grâce à l’appui d’un ami de la famille, André Maroselli, député de la Haute-Saône, devenu son mentor en politique. Ce dernier l’appelle à ses côtés comme chargé de mission au ministère de l’air en août 1947, puis au ministère des anciens combattants et victimes de guerre en juillet 1948. Il occupe les mêmes fonctions auprès de deux autres ministres chargés de ce portefeuille, Jules Catoire (septembre 1948) puis Robert Bétolaud (septembre 1948 – octobre 1949). Il retrouve le cabinet de Maroselli devenu secrétaire d’Etat aux forces armées (air), d’octobre 1949 à mars 1951 puis dirige, entre janvier et mai 1953, le secrétariat particulier de Jean Masson, secrétaire d’Etat à l’enseignement technique, à la jeunesse et aux sports. Il est, à partir de novembre 1954, attaché au cabinet du même ministre, nommé entre-temps aux anciens combattants et victimes de guerre.
Il gravit concurremment les échelons du Parti radical-socialiste. Membre de la commission exécutive du Parti depuis 1950, puis de sa commission d’action, il en devient vice-président en 1955. Doué d’un entregent certain, il mène également une vie de représentation sportive et mondaine assez florissante, puisqu’il est vice-président de la Ligue d’Ile-de-France d’athlétisme à partir de 1954 et appartient au comité directeur du Racing club de France.
Claude Panier affronte pour la première fois le suffrage universel à l’occasion des élections législatives de janvier 1956. Se réclamant ouvertement de Pierre Mendès France dont il reçoit le soutien, il conduit la liste du Parti républicain radical et radical socialiste et du Parti républicain pour le redressement économique et social, dans la deuxième circonscription de la Seine. Avec 71668 des 491457 suffrages exprimés, sa liste recueille 14,6 % des voix et retrouve les deux sièges qu’elle détenait. Claude Panier entre donc au Palais-Bourbon avec le résistant et publiciste Albert de Bailliencourt.
Après la validation de son élection, le 2 février 1956, il est nommé membre de la commission des boissons (1956), puis rejoint, l’année d’après, celle des pensions (1957). Entre-temps, membre titulaire de la commission des finances, il est nommé, ès qualités et de manière concomitante, membre de la commission supérieure de classement des recettes buralistes (1956), de la commission centrale de classement des débits de tabac (1956) et de la sous-commission chargée de suivre et de contrôler, de façon permanente, l’emploi des crédits affectés à la défense nationale (1956). Il est également membre du comité d’examen des comptes de la marine.
Parlementaire à l’activité soutenue, le député Panier dépose six propositions de loi et deux propositions de résolution durant la troisième législature, dont la plupart rejoint ses centres d’intérêt ou de compétence. Ainsi multiplie-t-il les textes à caractère sportif, tendant à doter d’un terrain de sports chaque entreprise de plus de cent salariés (12 mars 1956) ou encore à titulariser au sein de l’Education nationale tout médaillé d’or olympique à un sport de base (12 décembre 1956). En spécialiste du problème des anciens combattants et des victimes de guerre, il propose également d’autoriser l’octroi de priorité sur certains marchés aux mutilés de guerre, anciens combattants (11 février 1958) ou d’exclure de la mise à la retraite anticipée les fonctionnaires résistants, patriotes ou mutilés (23 mai 1958). Il dépose également différentes propositions en matière fiscale (TVA, rente viagère).
Il intervient à plusieurs reprises à la tribune, à l’occasion des projets de loi de finances pour 1957 et 1958, souvent sur des points essentiellement techniques et budgétaires. En qualité de rapporteur spécial, il multiplie également les interventions, au nom de sa commission, sur les crédits et les dépenses militaires, en particulier ceux de la marine nationale (question récurrente de la retraite des officiers) et de la France d’Outre-mer (question de l’augmentation des effectifs et des crédits). Il prend également la parole le 7 juin 1956 pour s’inquiéter de la rémunération et du régime des retraites des policiers parisiens. Il interpelle, le 2 juin 1956, le gouvernement de Guy Mollet sur sa politique générale, notamment en matière algérienne, et dénonce tout à la fois son manque de courage et de franchise, le refus de Robert Lacoste de prendre contact avec les élus modérés et les musulmans comme les illusions entretenues d’une pacification totale de l’Algérie. Enfin, le 9 juillet 1957, il émet des réserves quant à la ratification prochaine, par la France, des traités instituant la CEE et la CEEA, tant que sa balance des paiements n’aura pas retrouvé un équilibre satisfaisant. Quelques mois plus tôt, il a dénoncé l’absence de cohésion de la politique économique du gouvernement (19 mars 1957).
Au cours de la législature, il se prononce en faveur de l’investiture de Guy Mollet le 31 janvier 1956, des pouvoirs spéciaux pour l’Algérie le 12 mars, s’abstient lors de la chute du maire d’Arras, le 21 mai 1957, refuse sa confiance à Maurice Bourgès-Maunoury le 12 juin, puis lors de sa chute, le 30 septembre. Il vote contre la ratification des traités instituant la CEE et l’Euratom, le 9 juillet. Il s’abstient lors de l’investiture de Félix Gaillard le 12 novembre 1957, vote la confiance à Pierre Pflimlin le 13 mai 1958, pour la déclaration de l’état d’urgence, le 16 mai, en faveur de la révision constitutionnelle, le 27 mai, et contre la confiance au général de Gaulle le 1er juin. Il lui refuse l’octroi des pleins pouvoirs le lendemain et s’abstient lors du vote relatif à la révision constitutionnelle.
Claude Panier sollicite de nouveau la confiance des électeurs de la 7ème circonscription de la Seine lors des élections législatives des 23 et 30 novembre 1958. Avec moins de 3116 des 46381 suffrages exprimés, soit 6,7 % des voix, il arrive en cinquième position ; il est éliminé dès le premier tour. Ce désaveu met un point final à sa carrière parlementaire, pas à son activité militante. A sa retraite, Claude Panier se retire à Ver-lès-Chartres dans l’Eure-et-Loir où il est élu conseiller municipal en 1973. Il devient, la même année, secrétaire général des élus socialistes, puis en 1974, membre du bureau de la fédération socialiste de ce département.
Claude Panier était titulaire de la croix de guerre 1939-1945 avec palmes, médaillé militaire et chevalier de la Légion d’honneur