Aimé, Benjamin, François Paquet

1913 - 2001

Informations générales
  • Né le 10 mai 1913 à Saint-vincent-de-mercuze (Isère - France)
  • Décédé le 20 août 2001 à Saint-vincent-de-mercuze (Isère - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Isère
Groupe
Centre républicain d'action paysanne et sociale et des démocrates indépendants
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Isère
Groupe
Paysan
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ire législature
Mandat
Du 30 novembre 1958 au 9 octobre 1962
Département
Isère
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 25 novembre 1962 au 2 avril 1967
Département
Isère
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 5 mars 1967 au 30 mai 1968
Département
Isère
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
IVe législature
Mandat
Du 23 juin 1968 au 1er avril 1973
Département
Isère
Groupe
Républicains indépendants
Régime politique
Cinquième République - Assemblée nationale
Législature
Ve législature
Mandat
Du 2 avril 1973 au 12 mai 1973
Département
Isère
Groupe
Républicains indépendants

Biographies

PAQUET (Aimé, Fernand, Jules)
Né le 10 mai 1913 à Saint-Vincent-de-Mercuze (Isère)
Décédé le 20 août 2001 à Saint-Vincent-de-Mercuze

Député de l'Isère de 1951 à 1973
Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l'aménagement du territoire, de l'équipement, du logement et du tourisme du 5 avril 1973 au 26 avril 1973
Secrétaire d’Etat auprès du ministre de l'aménagement du territoire, de l'équipement, du logement et du tourisme chargé du tourisme du 26 avril 1973 au 27 février 1974
Médiateur de la République de 1974 à 1980

Né dans une famille d’agriculteurs du Dauphiné, Aimé Paquet entreprend des études secondaires au Rondeau-Montfleury qu’interrompt définitivement la maladie. Après avoir effectué en 1933-1934 son service militaire dans l’armée des Alpes, il reprend l’exploitation familiale qu’il gère jusqu’à sa première élection à l’Assemblée nationale en 1951. Durant les années 1930, il est proche des Volontaires nationaux, organisation satellite des Croix de Feu. Il adhère en 1936 au Parti social français (PSF) dont il a été, dans l’Isère, l’un des principaux animateurs départementaux. Par ailleurs, il a été l’un des animateurs du Mouvement des jeunesses chrétiennes (MJC) de sa commune natale de Saint-Vincent-de-Mercuze.
Resté à l’écart de toute mobilisation durant la campagne de 1939-1940, il manifeste, dans un premier temps, une réelle sympathie à l’égard de la Révolution nationale, mais ne prend pas pour autant activement parti envers le régime vichyste. Sa relative discrétion durant la guerre, comme son absence de responsabilité officielle ne lui interdisent aucunement de reprendre ses activités militantes. A ce titre, il est l’un des artisans de la renaissance du défunt PSF qui prend le nom, en 1945, de Parti républicain et social de la Réconciliation française. Il en est le président fédéral jusqu’en 1946. Fidèle aux choix stratégiques de la Réconciliation française, il rallie le Rassemblement des gauches républicaines (RGR), sorte de cartel électoral improvisé plus que confédération cohérente de partis et de sensibilités. Il en devient vice-président. Il adhère, en 1951, au Parti paysan et demeure inscrit au Centre national des Indépendants et paysans (CNIP) jusqu’en 1962. Dans le même temps, Aimé Paquet est élu conseiller général du Touvet et maire de Saint-Vincent-de-Mercuze en 1947, deux mandats qu’il occupe respectivement jusqu’en 1982 et 1984.
Candidat malheureux aux élections du 21 octobre 1945 sur une liste de réconciliation démocratique et sociale et de défense des intérêts paysans, il doit attendre le 17 juin 1951 pour entrer au Palais-Bourbon, n’étant candidat ni en juin, ni en novembre 1946. Il est alors élu à la tête d’une liste « d’union des indépendants, des paysans et des républicains nationaux » qui recueille 33 254 des 250 742 suffrages exprimés, soit 13,3% des voix. Les six autres sièges reviennent pour trois d’entre eux au Parti communiste ainsi qu’aux radicaux, aux socialistes et aux démocrates-chrétiens. Après la validation de son élection le 6 juillet 1951, il est nommé membre des commissions de la presse (1951-1952), du travail et de la sécurité sociale (1951-1955), du suffrage universel, du règlement et des pétitions (1952-1953), des affaires économiques (1953-1955) et de la production industrielle (1954-1955). Par ailleurs, il a été désigné à la commission chargée d’enquêter sur le trafic des piastres indochinoises en 1953 et, l’année suivante, puis l’année d’après, à la commission de coordination pour l’étude des questions relatives à la Communauté européenne du Charbon et de l’Acier (CECA). Parlementaire extrêmement actif, il dépose vingt-huit textes : treize propositions de loi et quinze propositions de résolution. Il intervient à cinquante-six reprises en séance. Il défend alors dix-neuf amendements, trois rappels au règlement et un sous-amendement. Il dépose six demandes d’interpellation, un article additionnel et deux motions préjudicielles. Certes, comme nombre de ses collègues, il s’exprime en faveur des intérêts de sa région et de sa clientèle électorale, de l’allégement fiscal à la défense des intérêts agricoles, mais il se risque à des propositions plus audacieuses comme, le 9 novembre 1951, en suggérant la possibilité du recours au référendum populaire. Présent dans la plupart des discussions budgétaires de la législature, comme dans les discussions relatives à la défense des prix agricoles ou aux dangers de l’échelle mobile, il réclame également, de façon assez régulière, la réglementation du droit de grève, le 6 octobre 1953. Il prend la parole pour expliquer les raisons de son soutien au cessez-le-feu en Indochine le 6 mai 1954, fustige l’influence du communisme sur les petits exploitants agricoles le 29 juin 1954 ou se prononce encore pour réclamer l’application immédiate en Algérie du statut de 1947. Durant cette seconde législature de la Quatrième République, il est absent lors du vote des lois Marie et Barangé, se prononce contre le projet de CECA, pour l’adoption de l’échelle mobile des salaires, pour le premier cessez-le-feu en Indochine, pour la mise en place de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), pour les accords de Genève, pour l’adoption de la motion Aumeran, c’est-à-dire contre la Communauté européenne de défense (CED), pour les accords de Londres, pour les accords de Paris, pour la proclamation de l’état d’urgence en Algérie. Il vote en faveur de l’investiture, puis de la chute du premier gouvernement d’Edgar Faure et du gouvernement de Joseph Laniel. Il soutient, entre-temps, le gouvernement d’Antoine Pinay, puis le deuxième cabinet d’Edgar Faure. II se prononce pour l’investiture de Pierre Mendès France et s’abstient volontairement lors de sa chute.
Aimé Paquet se représente comme tête de liste du CNIP aux élections du 2 janvier 1956 et retrouve, sans difficulté, son siège de député, avec 17,7% des voix, soit 50 173 des 284 178 suffrages exprimés. Les communistes conservent leurs trois élus, comme les socialistes leur unique siège, tandis que les poujadistes en conquièrent deux au détriment des radicaux et du MRP. Son élection est validée le 20 janvier 1956. Il est nommé membre titulaire de la commission des finances (1956-1958) et de diverses sous-commissions afférentes : la sous-commission chargée d’émettre un avis sur les taxes parafiscales et de péréquation (1956-1958) ; la sous-commission chargée de suivre et d’apprécier la gestion des entreprises nationalisées et des sociétés d’économie mixte (1957-1958). Son activité parlementaire ne faiblit pas. Il dépose quarante-quatre propositions de loi, vingt-deux propositions de résolution, un rapport d’information et deux rapports dont l’un est effectué sur un texte d’initiative gouvernementale (projet de loi de finances). Les préoccupations du député de l’Isère ne varient guère. Toutefois, il propose une intéressante proposition de loi, le 14 février 1957, tendant à permettre un classement des initiatives des membres de l’Assemblée nationale selon leur caractère légal ou réglementaire. Il intervient à vingt-sept reprises en séance, entre 1956 et 1958. Il défend notamment dix amendements, une motion préjudicielle et dépose quatre demandes d’interpellation et un article additionnel. Le 8 décembre 1956, il est rapporteur spécial du budget des prestations familiales agricoles : il intervient notamment sur les problèmes de la surcompensation et du retard apporté dans le versement des prestations. Il prend également la parole, le 22 février 1956, pour prononcer une violente diatribe contre le bilan des législatures précédentes, n’hésitant pas à évoquer son propre passé Croix de Feu et à prendre à partie Maurice Thorez. Il croise assez régulièrement le fer avec le groupe communiste tout au long de cette législature. Le 22 janvier 1957, il explique ses intentions de vote sur le projet de Communauté économique européenne (CEE) et d’Euratom, alléguant le mirage libéral qui en sous-tend la conception, et expliquant que le Marché commun n’est en réalité qu’une étape vers une fédération politique. Il attaque la politique étrangère du gouvernement le 21 mai 1957 et condamne l’expédition de Suez. Il suggère enfin, le 21 mars 1958, que la dissolution n’intervienne que si l’Assemblée nationale, après un délai de réflexion accordé par le président du Conseil, confirme son vote hostile. Il vote les pouvoirs spéciaux ainsi que le projet de loi sur les institutions en Algérie, s’abstient lors du vote sur la CEE et l’Euratom et se déclare pour la proclamation de l’état d’urgence. Il s’abstient lors de l’investiture, mais s’oppose à la chute de Guy Mollet. Il vote la confiance à Bourgès-Maunoury, à Félix Gaillard ainsi qu’à Pierre Pflimlin. Il donne sa confiance au général de Gaulle le 1er juin 1958, lui accorde les pleins pouvoirs le lendemain et accepte le même jour le principe d’une révision constitutionnelle.
Réélu sans discontinuer député indépendant de la première circonscription de l’Isère, de décembre 1958 jusqu’à sa nomination comme secrétaire d’Etat au tourisme dans le deuxième gouvernement Messmer en avril 1973, Aimé Paquet a activement milité pour le « non » au référendum sur l’élection du président de la République au suffrage universel. Il est également l’un des fondateurs des Républicains indépendants (RI) en 1962, parti dont il est vice-président à partir de 1966. Il en a aussi présidé le groupe à l’Assemblée nationale, de 1969 à 1973. Après l’élection de Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la République, il est nommé, par ce dernier, médiateur de la République en juin 1974, en remplacement d’Antoine Pinay. Il abandonne ses fonctions en mai 1980 et s’engage en faveur de la campagne du président sortant. Après l’échec de mai 1981, dont il impute presque exclusivement la responsabilité à Jacques Chirac, il se retire assez écœuré de la vie publique qu’il juge alors, dans un entretien accordé au Dauphiné libéré, caractérisé par « la tricherie, la déformation des faits, la trahison délibéré, le fric et les rats ». Il disparaît le 20 août 2001, à l’âge de quatre-vingt-huit ans.

PAQUET (Aimé)
Né le 10 mai 1913 à Saint-Vincent-de-Mercuze (Isère)
Décédé le 20 août 2001 à Saint-Vincent-de-Mercuze

Député de l’Isère de 1958 à 1973
Secrétaire d’État auprès du ministre de l'aménagement du territoire, de l'équipement, du logement et du tourisme du 12 avril 1973 au 26 avril 1973
Secrétaire d’État auprès du ministre de l'aménagement du territoire, de l'équipement, du logement et du tourisme, chargé du tourisme du 26 avril 1973 au 27 février 1974

(Pour la première partie de la biographie, voir le Dictionnaire des parlementaires de la IVe République)

Récemment réélu conseiller général du Touvet, Aimé Paquet se présente aux élections législatives de novembre 1958 dans la première circonscription du département de l’Isère, qui comprend les cantons de la vallée de l’Isère en amont de Grenoble et d’une partie du massif de la Chartreuse, sous l’étiquette Indépendants, paysans et républicains nationaux. Dans sa profession de foi, le candidat met en avant son expérience de parlementaire, son implantation locale, son soutien au général de Gaulle et sa lutte contre le régime d’Assemblée qui a valu « la guerre et le désordre » à la France. Le maire de Saint-Vincent-de-Mercuze entend également se placer au dessus des partis : « J’ai toujours pensé que les classifications de droite et de gauche étaient périmées et devaient être condamnées. Elles ont failli tuer ce pays ». Ce discours convainc 16 713 électeurs qui placent, avec 42,3% des suffrages exprimés, Aimé Paquet en tête du premier tour, devançant un autre député sortant, le communiste Paul Billat, (23,6 %), le candidat de l’UNR, René Maulin (15,3 %) et le socialiste Robert Silbert (15 %). Le second tour voit la victoire très nette d’Aimé Paquet (23 767 voix et 70,4 % des suffrages exprimés) face à Paul Billat resté seul en lice. Il est dans la foulée réélu maire de Saint-Vincent-de-Mercuze aux élections municipales de mars 1959.

De retour au Palais Bourbon, Aimé Paquet s’inscrit au groupe des Indépendants et paysans d’action sociale (IPAS) et siège à la commission des finances, de l’économie générale et du Plan. Il en est le rapporteur spécial pour les prestations sociales agricoles. Il est également membre de trois organismes extraparlementaires : le Conseil supérieur de la coopération de juin 1959 à novembre 1960 ; le Conseil supérieur des alcools à partir d’octobre 1959 ; le comité de gestion du budget annexe des prestations sociales agricoles (BAPSA) à partir d’octobre 1960. Il est aussi en juin 1961 président de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi de finances rectificative.

Durant cette législature, le député dépose trois propositions de résolution, le 28 avril 1959. Les deux premières invitent le gouvernement à ratifier la Convention européenne des droits de l’homme et des libertés fondamentales et le protocole additionnel de cette Convention du 20 mars 1952. La troisième vise à donner un exposé des motifs à tout texte d’origine réglementaire : ordonnance ou décret. Il présente par ailleurs le 25 juillet 1960 une proposition de loi sur les baux commerciaux.

À la tribune, ses interventions concernent d’abord la défense du monde rural, qu’il connaît particulièrement bien. Il le fait d’abord chaque année dans le cadre de la discussion des projets de loi de finances, non seulement en raison de sa fonction de rapporteur spécial sur les prestations sociales agricoles, mais aussi dans le cadre de la première ou de la deuxième partie, sur les dispositions fiscales, où il veille à l’effet des mesures affectant les exploitants agricoles. Il accorde une attention particulière à la modernisation du secteur, souhaitant davantage de crédits pour la recherche scientifique, la formation professionnelle et la vulgarisation des techniques agricoles, comme il l’exprime dès le 6 novembre 1959 dans ses observations générales sur projet de loi de finances pour 1960. Il s’intéresse également, de manière liée, à la fiscalité locale lors de l’examen du projet de loi portant réforme fiscale, le 28 octobre 1959. Il y défend la suppression, proposée par le Gouvernement, de la taxe locale. En juillet et en septembre 1960, le député s’implique particulièrement dans le débat sur le projet de loi relatif aux assurances agricoles, en étant le rapporteur pour avis au titre de la commission des finances. Pour remédier à ce qu’il estime être les insuffisances du texte, il dépose plusieurs amendements. En juillet 1961, lors de la discussion du projet de loi de finances rectificative pour 1961 - renvoyée à une commission spéciale dont il assure la présidence -, il invoque les mesures à prendre pour résorber la surproduction laitière. Enfin, il montre sa capacité à dégager une vision d’ensemble et sa parfaite maîtrise des difficultés du secteur, le 20 juin 1962, lors de la discussion du projet de loi portant approbation du IVe Plan, en soulignant les problèmes de structures et de débouchés à l’étranger, en particulier dans le cadre du Marché commun, ainsi que les contraintes de l’aménagement du territoire et des équilibres régionaux. Il insiste sur la question des structures et, de manière visionnaire, le 19 juillet 1962, sur les dangers du gigantisme à propos des abattoirs de La Villette, lors de la discussion du projet de loi complémentaire à la loi d’orientation agricole.

Aimé Paquet se fait, par ailleurs, le défenseur des personnes âgées, le 25 octobre 1960, dans le cadre du projet de loi de finances pour 1961, puis le 5 octobre 1961, lors de la déclaration du Premier ministre sur la politique économique et sociale, ainsi que des artisans en difficulté, le 20 octobre 1961, à l’occasion de la discussion du projet de loi des finances pour 1962.

Enfin, sur les questions de défense, Aimé Paquet s’oppose avec vigueur à la force nucléaire française à l’occasion de l’examen du projet de loi de programme relative à certains équipements militaires, le 24 octobre 1960 : il la considère trop dispendieuse par rapport aux moyens de la France, et même dangereuse dans la mesure où l’Allemagne pourrait finir par obtenir sa propre force de dissuasion.

Son évolution à l’égard de l’exécutif se traduit dans les scrutins d’importance nationale. Dans un premier temps, Aimé Paquet soutient la politique menée : il approuve le programme du gouvernement Debré le 16 janvier 1959, s’exprime en faveur du nouveau règlement de l’Assemblée nationale qui rompt avec les pratiques de la IVe République le 3 juin 1959, et soutient la déclaration de politique générale du Premier ministre le 15 octobre 1959. Il s’associe également à la réforme du financement de l'enseignement privé le 23 décembre 1959 (la loi « Debré »), vote les pouvoirs spéciaux au Gouvernement pour ramener l’ordre en Algérie après la semaine des barricades, le 2 février 1960, ainsi que la levée de l’immunité parlementaire de Georges Bidault, le 5 juillet 1962. Cependant, le député de l’Isère s’abstient volontairement lors du vote sur le programme du gouvernement de Georges Pompidou du 27 avril 1962. Il vote la motion de censure du 4 octobre 1962, étant opposé à l’élection du Président de la République au suffrage universel direct. Il milite activement pour le « non » dans le cadre de la campagne référendaire.

Après la dissolution de l’Assemblée nationale par le chef de l’État, Aimé Paquet sollicite sa réélection lors des élections législatives de novembre 1962 sous l’étiquette « Indépendant ». Après avoir été membre du comité directeur du CNIP en octobre 1961, le député a en effet rejoint en juin 1962 le groupe d’études créé au sein du groupe parlementaire IPAS pour rassembler les Indépendants se voulant modérés. Il est de nouveau en tête au premier tour, mais avec un score moins élevé qu’en 1958 : 11 704 voix et 35,4 % des suffrages exprimés, contre 27,7 % au gaulliste Pierre Rey, 26,3 % au communiste Paul Billat et 10,6 % au socialiste Joseph Ravier-Piquet. Le maintien de Pierre Rey au second tour entraîne la réélection d’Aimé Paquet à la majorité relative, avec 16 162 voix et 43,89% des suffrages exprimés, devant ses adversaires communiste (11 980 voix) et gaulliste (8 225 voix). Dans la foulée, il participe avec Valéry Giscard d’Estaing à la création du parti des Républicains Indépendants, dont il assurera la vice-présidence à partir de 1966.

À l’Assemblée, Aimé Paquet s’inscrit par conséquent au groupe nouvellement constitué des Républicains indépendants, dont il est le secrétaire général, et retrouve la commission des finances pendant toute la législature. Il est en février 1963 reconduit dans ses fonctions de membre du Comité de gestion du budget annexe des prestations sociales agricoles, et nommé membre de la Commission de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations, dont il assure la présidence, puis désigné en décembre 1964 pour siéger au Conseil supérieur des prestations sociales agricoles. Il est également maintenu dans ses fonctions de rapporteur spécial pour les prestations sociales agricoles.

Aimé Paquet dépose une dizaine de propositions de lois. Certaines, présentées en 1963, sont d’ordre constitutionnel et visent à modifier le titre X de la Constitution sur la responsabilité pénale des membres de l’exécutif, ainsi que l’article 16, l’article 34 et le titre VII, sur le Conseil constitutionnel. D’autres, de nature législative, visent notamment à élaborer un système de garantie pour les agriculteurs contre les calamités agricoles (19 décembre 1963), à garantir la teneur du lait, en autorisant la vente du lait supérieur contenant au minimum 34 grammes de matière grasse par litre (21 octobre 1964) ou encore à faciliter la « vente immobilière à tempérament » (11 mai 1966).

Dans ses interventions en séance publique, Aimé Paquet confirme son expertise en matière agricole. D’abord, comme rapporteur spécial, il évoque chaque année, à l’occasion de la discussion du projet de loi de finances, dans le détail, les prestations sociales agricoles et les évolutions nécessaires. Ensuite, en avril 1964, il prend une part active à l’examen du projet de loi organisant un régime de garantie contre les calamités agricoles. Plus généralement, il se félicite à de nombreuses reprises, à la tribune, de « l’œuvre considérable accomplie depuis plusieurs années en faveur du monde agricole », notamment le 9 octobre 1964, lors du débat qui suit les questions orales relatives aux prix des produits agricoles et, le 27 octobre suivant, lorsqu’il intervient contre la motion de censure sur les questions agricoles, présentée par des membres du groupe socialiste et du groupe centriste du Rassemblement démocratique.

Le député de l’Isère suit également avec une grande attention l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 1968 à Grenoble. Il fait part de son inquiétude au secrétaire d'État à la jeunesse et aux sports, Maurice Herzog, face au faible niveau d’équipement de la région en infrastructure, notamment dans les transports, le 18 décembre 1964. Lors de la discussion du projet de loi portant approbation du Plan de développement économique et social, le 5 novembre 1965, et lors de la déclaration du Gouvernement sur les collectivités locales, le 18 mai 1966, il développe également l’un de ses thèmes de prédilection : l’aménagement du territoire, prônant un meilleur équilibre entre la ville et la campagne, trop délaissée à ses yeux.

Le député soutient avec constance l’action du gouvernement lors des grands scrutins de la législature. Il se prononce ainsi en faveur de la ratification du traité de l’Élysée, le 13 juin 1963, du projet de loi encadrant les grèves des services publics, le 26 juillet 1963, de la modification des dates des sessions parlementaires, le 20 décembre 1963, de la réforme du mode d’élection des conseillers municipaux, le 17 juin 1964, et de la réforme du service national, le 26 mai 1965.

Réélu conseiller général du canton du Touvet en 1964 et maire de Saint-Vincent-de-Mercuze l’année suivante, Aimé Paquet aborde les élections de 1967 en position de force. Seul candidat de la droite et du centre face au candidat du PSU, Daniel Hollard, et au communiste Roland Anselmet, il est réélu dès le premier tour, recueillant 23 251 voix et 51,6 % des suffrages exprimés.

Il retrouve le groupe des Républicains Indépendants, la commission des finances, le Conseil supérieur des prestations sociales agricoles et la Commission de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations, qu’il va de nouveau présider. Lors de cette courte législature, il dépose une unique proposition de loi tendant à l’intégration des instituteurs handicapés dans le cadre des attachés des services administratifs académiques, le 26 juin 1967. Ses interventions en séance continuent de porter sur le monde rural. Il rend également hommage à Valéry Giscard d’Estaing pour sa gestion des finances publiques en novembre 1967 à l’occasion du projet de loi portant règlement définitif du budget de 1965. Enfin, deux questions locales retiennent l’attention du député isérois : la proposition de loi de tendant à modifier les limites des départements de l'Ain, de l'Isère et du Rhône en décembre 1967 et la déclaration du gouvernement sur l'organisation des Jeux olympiques d'hiver le 13 décembre 1967. Par ailleurs, le député de l’Isère ne vote aucune des motions de censure, en particulier celle du 21 mai 1968.

De nouveau candidat aux élections législatives de juin 1968, après la dissolution de l’Assemblée nationale par le chef de l’État, Aimé Paquet s’affirme virulent. Candidat de défense de la République, il juge que « des minorités agissantes, des enragés comme ils s’appellent eux-mêmes, ont tenté souvent par la violence d’imposer la loi de la rue et nous ont conduit au bord de la guerre civile ». Il appelle à rejeter « le désordre et la révolution totalitaire ». Comme l’année précédente, il est réélu dès le premier tour avec 23 291 voix et 51,08 % des suffrages exprimés.

À l’Assemblée, le député isérois s’inscrit à nouveau au groupe des Républicains Indépendants. D’abord vice-président, il en devient le président en juin 1969, un an après avoir rejoint le bureau politique du parti et un an avant sa nomination comme vice-président de la fédération nationale. Il siège successivement à la commission des finances de l’économie générale et du Plan, de 1968 à avril 1970, puis à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République jusqu’en avril 1971, et ensuite à celle des affaires étrangères jusqu’à la fin de la législature. Il retrouve également dès 1968 la commission de surveillance de la caisse des dépôts et consignations dont il démissionne en 1971 lorsqu’il quitte la commission des finances. Enfin, à partir d’octobre 1972, Aimé Paquet siège au Conseil supérieur du tourisme. En outre, il est en 1968 rapporteur spécial de la commission des finances pour les crédits de l’agriculture prévus par le projet de loi de finances pour 1969.

Le député de l’Isère dépose plusieurs propositions de lois. La première reprend sa précédente proposition pour intégrer les instituteurs handicapés dans le cadre des attachés des services administratifs. Les autres ont des objets très variés, l’une tendant à réparer le dommage moral causé à certains officiers de carrière dégagés des cadres entre 1939 et 1954, en leur accordant à titre honorifique une promotion de grade dans la réserve (3 avril 1969), une autre à simplifier le régime d'attribution de l'indemnité viagère de départ (19 septembre 1969), et d’autres enfin ont un objet institutionnel, visant à modifier les articles 28 et 48 de la Constitution (2 octobre 1971) et son titre VII (4 octobre 1972), ainsi que l’article 140 du Règlement de l'Assemblée nationale (4 octobre 1972).

Les sujets sur lesquels intervient Aimé Paquet en séance publique évoluent. À l’exception de son intervention du 15 novembre 1968 sur les crédits de l’agriculture, comme rapporteur spécial sur le projet de loi de finances pour 1969, et de celle du 27 juin 1972 sur le projet de loi sur les assurances accident du travail et maladies professionnelles des travailleurs agricoles, elles se concentrent sur les questions financières. Tel est le cas à l’occasion des projets de loi de finances successifs, dès le collectif budgétaire de juillet 1968. Le député s’interroge aussi, le 26 novembre 1968, lors de la déclaration du gouvernement sur la situation économique, financière et monétaire, sur l’utilité d’une dévaluation du franc, considérant que « le nationalisme monétaire est aussi périmé que le nationalisme politique » – la dévaluation interviendra en août suivant. À plusieurs reprises, il prône l’ouverture sur l’Europe et le rapprochement avec l’Allemagne. Il s’affirme attaché à l’orthodoxie budgétaire et opposé à une hausse trop importante des dépenses publiques, menace pour l’équilibre budgétaire. Ainsi, le 28 octobre 1969, à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances, Aimé Paquet s’inquiète-t-il d’« une « situation manifeste de surchauffe, de tension inflationniste, se traduisant par une forte hausse des prix, par une grave détérioration de notre balance commerciale et de notre balance des paiements ». Dans ces conditions, estime-t-il, « la seule, la véritable solution, c'est de procéder à une révision de l’ensemble des charges et des interventions budgétaires, en recherchant sans cesse la plus grande utilité et la meilleure efficacité ». Il prône également la modernisation des structures économiques, le 17 juin 1971, dans le débat sur le projet de loi portant approbation du VIe Plan de développement économique et social.

Lors des grands scrutins de la législature, Aimé Paquet soutient les gouvernements successifs, qu’il s’agisse du projet de loi « Edgar Faure »d’orientation de l’enseignement supérieur, le 10 octobre 1968, de l’exercice du droit syndical dans les entreprises, le 4 décembre 1968, du renforcement de la garantie des droits individuels des citoyens, le 28 mai 1970, du projet de loi Pleven dit « anticasseurs », le 4 juin 1970, de la réduction du service national à douze mois, le 10 juin 1970, et naturellement des déclarations de politique générale du Premier ministre Jacques Chaban-Delmas, les 15 octobre 1970 et 24 mai 1972. Il approuve également la création des régions le 27 avril 1972, lors du vote du projet de loi correspondant.

Sur le plan local, le député de l’Isère maintient son ancrage. Il est réélu, en 1970, conseiller général du canton du Touvet et, en 1971, maire de Saint-Vincent-de-Mercuze.

En 1973, Aimé Paquet se présente une dernière fois aux élections législatives dans la première circonscription iséroise. Au premier tour, avec 22 597 voix et 44,4 % des suffrages exprimés, il devance ses six adversaires, notamment la communiste Justine Goy (20,9 %), le socialiste Raymond Espagnac (18,4 %) et le réformateur Claude Drevet (7,4 %). Un mauvais report des voix de gauche pénalise son adversaire du deuxième tour, et Justine Goy n’obtient que 44,5 % des suffrages exprimés. Avec un score de 55,4 %, Aimé Paquet est aisément réélu. De nouveau président du groupe des Républicains indépendant, le 2 avril 1973, il ne siège cependant presque pas au Palais Bourbon, car il est nommé, le 12 avril 1973, secrétaire d’État à l’aménagement du territoire, de l’équipement, du logement et du tourisme dans gouvernement de Pierre Messmer. Le décret du 26 avril suivant le charge du tourisme. Il est remplacé au Palais Bourbon par son suppléant, Guy Cabanel. À ce titre, il intervient à plusieurs reprises dans l’hémicycle, en particulier lors de l’examen du projet de loi relatif à la défense contre les eaux, le 14 juin 1973, et de celui du projet de loi de finances pour 1974, sur les crédits du tourisme, où il souligne l’intérêt de ce secteur comme source de richesse économique pour le pays dans une civilisation, alors émergente, de loisirs et de vacances. Il est mis fin à ses fonctions ministérielles le 27 février 1974, à l’occasion d’un remaniement d’ampleur.

Après l’élection de Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la République en mai, Aimé Paquet est nommé Médiateur en juin 1974, en remplacement d’Antoine Pinay qui n’a exercé la fonction que pendant dix mois.

Il donne à cette nouvelle autorité indépendante, chargée d’améliorer les relations entre l’administration et les administrés, et qui sera ensuite appelée Médiateur de la République, son format. Sous son impulsion, le nombre des saisines augmente : la première année, 1 500 dossiers ont été adressés au Médiateur par des parlementaires. En 1979, Aimé Paquet est amené à en traiter 4 500. En outre, il a été à l’origine des correspondants départementaux du médiateur, établis dans chaque préfecture et dont le rôle est de conseiller les administrés désireux de saisir le Médiateur pour dénouer leur litige.

En mai 1980, Aimé Paquet cesse d’exercer cette fonction, dont le mandat n’est pas renouvelable. Son successeur est le député aveyronnais Robert Fabre, président du parti des radicaux de gauche.

Son engagement politique ne cesse pas pour autant : outre ses mandats de conseiller général du Touvet et de maire de Saint-Vincent-de-Mercuze, qu’il occupe respectivement jusqu’en 1982 et 1984, l’ancien médiateur s’engage en 1981 en faveur de la campagne du président sortant. Très déçu par l’échec de Valéry Giscard d’Estaing le 10 mai 1981 qu’il impute à Jacques Chirac, il se retire alors de la scène politique nationale et de la vie publique.

Le 20 août 2001, Aimé Paquet s’éteint dans son village natal. Il avait quatre-vingt-huit ans.