Pierre Patria
1904 - 1983
PATRIA (Victor, Pierre, Julien)
Né le 5 novembre 1904 à Fontaine-Chaâlis (Oise)
Décédé le 25 mai 1983 à Compiègne (Oise)
Député de l'Oise de 1951 à 1955
Pierre Patria appartient à une famille d'agriculteurs installés depuis plusieurs générations à Fontaine-Chaâlis (à une dizaine de kilomètres de Senlis). Il est le dernier d'une fratrie de six enfants. Un de ses frères accède à l'épiscopat. Pierre Patria hérite de l'important domaine familial. Il devient chef d'une exploitation agricole produisant essentiellement du blé et des betteraves. Il se marie avec une jeune fille du même milieu. Deux enfants vont naître de cette union. Au début du conflit mondial, il est mobilisé dans l'aviation. Pierre Patria participe à la Résistance dans la région de Senlis, ce qui lui vaut d'être incarcéré à Compiègne.
A la Libération, il rallie le MRP. Ses titres de résistant lui valent de figurer en troisième position sur la liste que le parti présente dans l'Oise aux élections du 21 octobre 1945. Cette liste arrive en quatrième position derrière le PC, la SFIO et la liste de droite conduite par Jean Legendre. Seul est élu le premier de la liste, Eugène Delahoutre. En juin 1946, la situation n'est guère différente. De nouveau, Pierre Patria se retrouve à la troisième place sur la liste MRP. Mais Gabrielle Joly a remplacé Marcel Sailly, à la place du second. D'autre part, le scrutin est un peu plus simple : il n'y a plus que cinq listes en lice, le parti paysan ayant disparu. Le MRP améliore légèrement son score. Avec 29 628 voix pour 193 293 suffrages exprimés, il continue d'être devancé par les communistes, la droite (le PRL désormais) et la SFIO. Eugène Delahoutre conserve son siège. Aux législatives de novembre 1946, la situation est identique : c’est l’échec pour Pierre Patriat. Celui-ci ne parvient pas non plus à se faire élire au Conseil de la République. En 1947, il devient maire de son village de Fontaine-Chaâlis. La même année, il prend la direction de la sucrerie-distillerie de Monchy-Humières.
Aux législatives de juin 1951, il se présente dans l'Oise, troisième de la liste RPF conduite par le maire de Compiègne et député sortant, Jean Legendre. Six autres listes (communiste, socialiste, radicale, RGR/UDSR, MRP, indépendants) sont en présence. Les listes MRP et RGR (Rassemblement des Gauches républicaines) sont apparentées. La liste Legendre arrive en tête, devant la liste communiste, en obtenant 34,4% des suffrages exprimés. Ce qui lui donne trois des cinq élus du département avec Legendre, Prache et Patria. Son investissement au Parlement est très limité. Le 17 juillet 1951, Pierre Patria est nommé membre de la commission des pensions. A partir de juillet 1954, il siège à la commission de l'agriculture. Durant la législature, il ne dépose aucun rapport, ni proposition de loi. Cependant, le 21 juin 1955, il est l’auteur de deux propositions de résolution invitant le gouvernement à soutenir par des crédits et des allégements fiscaux les cultivateurs de l'arrondissement de Senlis, victimes des intempéries.
Pierre Patria vote les lois Marie et Barangé. Il s'oppose à la CECA. Il s'abstient lors de l'investiture d'Edgar Faure. Le 6 mars 1952, il fait partie des 27 députés RPF qui, refusant la discipline du parti, votent l'investiture d'Antoine Pinay. Il est ainsi amené à quitter le groupe RPF, pour rejoindre le groupe ARS (Action républicaine et sociale). Son cas est comparable à celui du député de l'Orne, Paul Pelleray. Un temps séduits par le RPF, ces gros agriculteurs glissent naturellement vers une droite «classique» qui, en la personne d'Antoine Pinay, est en passe de se doter d'un leader. En juin 1953, il s'abstient lors de la tentative d'investiture de Pierre Mendès France. Il vote, comme il se doit, l'investiture de Joseph Laniel et soutient avec constance son gouvernement, notamment sur la délicate question indochinoise. C'est ainsi que le 12 juin 1954, il fait partie de la minorité qui accorde la confiance au ministère. Le 18 juin 1954, comme Jean Legendre, il appartient au groupe des 47 députés qui votent contre l'investiture de Pierre Mendès France. Le 29 juillet, il s'abstient lorsqu'il s'agit d'approuver les accords de Genève. Le 30 août 1954, il vote la motion préalable qui enterre de fait le projet de Communauté européenne de Défense (CED). La solution de remplacement mise au point par les accords de Londres et de Paris, dont la création d'une armée allemande dans le cadre de l'UEO et de l'OTAN, le laisse dubitatif : il s'abstient lors des votes des 12 octobre et 29 décembre 1954. Le 5 février 1955, il est des 319 députés qui renversent le cabinet Mendès France. Il vote l'investiture du second gouvernement Edgar Faure (février 1955), approuve le projet de loi instaurant l'état d'urgence en Algérie et fait partie de la minorité qui, le 29 novembre 1955, vote la confiance au ministère.
Aux législatives du 2 janvier 1956, Pierre Patria se présente sur une liste où il est de nouveau précédé par Jean Legendre et Louis Prache. Cette fois-ci, la liste se place sous l'égide du Centre national des indépendants et paysans (CNIP) et du RGR. Legendre et Patria se réclament du premier, Prache du second. On se réfère à Antoine Pinay et à Edgar Faure. La liste Legendre affronte dix autres listes dont trois listes marginales qui n’obtiennent aucune voix. Les listes communiste et poujadiste sont isolées. Les autres listes s'apparentent, à l’instar de celles du centre gauche entre SFIO, UDSR et radicaux. Il en va de même au centre droit entre le MRP, la liste Legendre et la liste Bénard, dite de concentration républicaine et d'action sociale. La première alliance obtient 75 284 voix, la seconde 60 309 suffrages. La majorité absolue n'étant pas atteinte, les sièges sont répartis à la proportionnelle. La liste Legendre arrive derrière les listes communiste et radicale, dont la seconde est dirigée par Robert Hersant. Elle a pâti des méthodes électorales de ce dernier, dénoncé comme «candidat tapageur» par sa profession de foi. La liste Legendre ne recueille que 15,7 % des suffrages et n'a qu'un élu. Pierre Patria ne tente pas de retrouver son siège lors du scrutin de novembre 1958.
Sous la Vème République, il poursuit sa carrière politique par ses fonctions de maire et de sénateur de l’Oise. Il meurt le 25 mai 1983 à Compiègne.