Paul, Gualbert, Maurice Pelleray

1895 - 1980

Informations générales
  • Né le 12 juillet 1895 à Condeau (Orne - France)
  • Décédé le 13 mai 1980 à Condeau (Orne - France)

Mandats à l'Assemblée nationale ou à la Chambre des députés

Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIe législature
Mandat
Du 17 juin 1951 au 1er décembre 1955
Département
Orne
Groupe
Rassemblement du peuple français - ARS
Régime politique
Quatrième République - Assemblée nationale
Législature
IIIe législature
Mandat
Du 2 janvier 1956 au 8 décembre 1958
Département
Orne
Groupe
Indépendants et paysans d'action sociale

Mandats au Sénat ou à la Chambre des pairs

Sénateur
du 1er janvier 1959 au 1er janvier 1974

Biographies

Biographie de la IVe République

PELLERAY (Paul, Gualbert, Maurice)
Né le 12 juillet 1895 à Condeau (Orne)
Décédé le 12 mai 1980 à Condeau

Député de l'Orne de 1951 à 1958

Paul Pelleray est issu d'une famille d'agriculteurs normands. Marié, père de deux enfants, il est éleveur à Condé-sur-Huisne (Orne). Il est élu maire du village en 1937. En 1951, alors président de la fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles, il accepte de diriger la liste RPF dans l'Orne. La liste Pelleray compte aussi le sénateur Couinaud, le conseiller général Janvier et le président du Conseil général Gaston Meillon. Elle affronte des listes PC, SFIO, Rassemblement des Gauches républicaines (RGR), MRP et deux listes se réclamant de la droite classique. Aucun apparentement n'est conclu. Dans leur profession de foi, les candidats gaullistes écrivent : «Dans les circonstances actuelles, où, par la volonté des partis, l'électeur a été privé d'un deuxième tour de scrutin qui eût été indispensable pour assurer un barrage contre la cinquième colonne de l'impérialisme soviétique, vous avez le devoir impérieux de voter «utile». Faisant donc abstraction de vos préférences personnelles, s'il y a lieu, vous voterez anticommuniste, c'est-à-dire pour la seule liste capable de réaliser la majorité absolue, la liste du Rassemblement du peuple français.» Certes, la liste Pelleray est loin de la majorité absolue mais, avec 38,4 % des suffrages exprimés, elle arrive largement en tête et fait élire deux députés.
Paul Pelleray siège à la commission de l'agriculture durant toute la législature. Il dépose plusieurs textes relatifs aux questions agricoles : une proposition de résolution et six propositions de loi. Son attention semble toutefois se focaliser très précisément sur la production de lait, une des caractéristiques économiques du département dont il est l’élu. C’est l’objet de sa proposition de résolution du 8 septembre 1951. Les prestations sociales sont souvent au fondement de sa démarche ; il dépose une proposition de loi, le 28 février 1952, tendant à exonérer les nouveaux agriculteurs de la taxe professionnelle et de la surtaxe progressive pendant les deux premières années de leur installation. Le 18 mai 1954, il est l’auteur d’une autre proposition de loi tendant, cette fois-ci, à majorer le montant de la retraite des vieux travailleurs titulaires de la médaille d’honneur du travail.
En séance, il intervient sur ces mêmes sujets, à 36 reprises en quatre ans. Le 25 février 1952, lors du débat sur la variation du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), il propose un amendement tendant à lier les prix agricoles à l'échelle mobile des salaires. Il dépose plusieurs demandes d'interpellation : sur la baisse du pouvoir d'achat des denrées agricoles par rapport aux produits industriels (9 novembre 1951 et 21 mars 1952), sur le nécessaire soutien du marché des produits laitiers (22 janvier 1952 et 1er juin 1954), sur les menées révolutionnaires du parti communiste (3 juin 1952), sur les mesures envisagées pour interdire l'importation de bétail et la « scandaleuse anomalie » que constitue le ravitaillement du corps expéditionnaire français en viande de provenance danoise (21 juillet 1953). Sa défense de l’agriculture se mue parfois en véritable condamnation de l’action de l’Etat. Le 13 octobre 1953, dans la discussion relative aux mesures envisagées pour redonner à l’agriculture française la place qu’elle mérite, le député de l’Orne évoque la « détresse de l’agriculture, laissée à l’abandon par les gouvernements successifs », mentionne le « problème central de l’élevage et de la viande » et souhaite une « solidarité nationale de l’agriculture et de l’industrie, exigeant une protection douanière analogue ».
Jusqu'en février 1952, il vote comme la majorité du groupe RPF. Ainsi approuve-t-il les lois Marie et Barangé, s'oppose à la CECA et s'abstient lors de l'investiture d'Edgar Faure. Mais il fait partie des 27 députés gaullistes qui, refusant la discipline du parti, investissent Antoine Pinay (mars 1952). L'autre député RPF de l'Orne, Pierre Couinaud, le suit dans cette dissidence. Tous deux ne vont pas tarder à rejoindre le groupe ARS (Action républicaine et sociale). Le cas Pelleray illustre une réalité : les gros agriculteurs qui ont pu être un temps séduits par l'Action agricole (branche spécialisée du RPF) ont tendance, du fait des pesanteurs historiques et sociologiques, à glisser vers une droite «classique» qui retrouve ses forces. Le 8 juillet 1952, Paul Pelleray vote le texte portant sur l'échelle mobile. En juin 1953, il s'abstient lors de l'investiture de Pierre Mendès France. Après avoir soutenu l'investiture de Joseph Laniel, il appuie son gouvernement, notamment dans les difficiles débats sur l'Indochine. En avril 1954, il s’abstient lors du vote sur le projet créant la TVA. Le 17 juin 1954, il agit de même, lors de l’investiture du cabinet de Pierre Mendès France et ne prend pas part au vote, également, au moment d’approuver les accords de Genève. Le 30 août 1954, il vote avec la majorité des députés l'enterrement de la Communauté européenne de défense (CED). Le 5 février 1955, il contribue à la chute du gouvernement Mendès France. Il vote l'investiture du ministère suivant, celui d'Edgar Faure, et le 29 novembre 1955, il fait partie de la minorité qui lui accorde sa confiance.
Aux législatives du 2 janvier 1956, dix listes se présentent dans l'Orne. Paul Pelleray dirige la liste dite d'union des indépendants et des paysans, présentée par le Centre des indépendants et paysans et de l'Action républicaine et sociale. Pierre Couinaud est en deuxième position sur sa liste. Les deux hommes bénéficient de leurs assises locales : Pierre Couinaud est maire d'Argentan ; quant à Paul Pelleray, il est redevenu maire de Condé-sur-Huisne en 1952. La liste Pelleray-Couinaud doit tenir compte d'une liste de sensibilité très proche, celle que dirige le député sortant Philippe Monin. Les professions de foi de la liste du CNIP ignorent pratiquement les questions de politique étrangère. Elles s'en prennent vigoureusement à Pierre Mendès France, «dont la passage au pouvoir a été le plus nocif que nous ayons eu depuis 1946» et ajoutent : «La solution Mendès France, c'est en outre l'antichambre de la dictature et la conduite de son chef de file au sein de son propre parti qu'il entend mener à la baguette n'est guère rassurante sur ce point. C'est encore la suppression des petites exploitations inférieures à dix hectares, ainsi que l'a préconisé M. Mendès France dans le discours qu'il a prononcé à Lille, en juillet dernier.» Un apparentement est conclu entre les listes dirigées par les députés sortants : liste Monin, liste Pelleray, liste Halbout (MRP). La liste Pelleray arrive nettement en tête : elle recueille 26,2 % des suffrages exprimés. Les listes apparentées obtiennent 66 423 voix pour 131 106 suffrages exprimés. La majorité absolue étant atteinte, l'alliance se partage tous les sièges du département. Les quatre députés sortants sont réélus.
Paul Pelleray s'inscrit au groupe des Indépendants et paysans d'action sociale (IPAS). Il est, de nouveau, nommé membre de la commission de l'agriculture, au sein de laquelle il siège durant les deux années de cette courte législature. Au nom de celle-là, il rédige trois rapports. De plus, il dépose une proposition de résolution et neuf propositions de loi. Ses propositions de loi du 29 mai 1956 visent à venir en aide aux agriculteurs, aux artisans et aux commerçants rappelés sous les drapeaux. Ses autres propositions de loi font une place particulière à la protection du beurre fermier. Il dépose plusieurs demandes d'interpellation : sur la fixation du prix du lait à la production (27 avril 1956), sur «l'incohérence» de la politique d'importation et d'exportation de viande (4 octobre 1956), sur la protection du cheptel contre la fièvre aphteuse (5 février 1957), sur l'inégalité de traitement entre l'agriculture et l'industrie (18 septembre 1957), sur la livraison d'armes américaines à la Tunisie (30 septembre 1957).
Paul Pelleray s'abstient lors de l'investiture du gouvernement Mollet. Le 12 mars 1956, il vote le projet lui accordant les pouvoirs spéciaux en Algérie. Le 21 mai 1957, il fait partie de la majorité qui fait tomber le ministère Mollet. Paul Pelleray s'abstient lors de l'investiture du cabinet Bourgès-Maunoury. Il vote en faveur des traités de Rome. Le 20 septembre 1957, il joint sa voix aux députés qui renversent le gouvernement Bourgès-Maunoury. Il vote l'investiture de Félix Gaillard. Mais il est de ceux qui le renversent le 15 avril 1958. Le 12 février 1958, il a fait partie des 52 députés, essentiellement poujadistes, qui ont voté la motion préjudicielle présentée par Jean-Louis Tixier-Vignancour. Il s'agissait d'interrompre le débat constitutionnel pour se consacrer à la tension franco-tunisienne. Le 13 mai 1958, Paul Pelleray refuse l'investiture de Pierre Pflimlin. Le 16 mai, il s'oppose au projet de loi déclarant l'état d'urgence sur le territoire métropolitain. Approuvant le retour aux affaires du général de Gaulle, il vote l'investiture, les pleins pouvoirs et la dévolution du pouvoir constituant.
Aux législatives de novembre 1958, Paul Pelleray se présente dans la deuxième circonscription de l'Orne (Laigle-Mortagne). Sept candidats y sont en lice. Il arrive en deuxième position derrière le représentant de l'UNR, Roland Boudet. Il obtient 11 837 voix contre 12 877 voix pour son adversaire. Paul Pelleray ne participe pas au second tour de l’élection, lors duquel Roland Boudet est facilement élu. Paul Pelleray poursuit sa carrière parlementaire au Sénat.