Pierre Perreau-Pradier
1885 - 1969
* : Un décret de juillet 1939 a prorogé jusqu'au 31 mai 1942 le mandat des députés élus en mai 1936
Né le 5 juillet 1885 à Auxerre (Yonne).
Député de l'Yonne de 1912 à 1942. Sous-secrétaire d'Etat aux Finances du 20 février au 10 mai 1932. Sous-secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil du 8 novembre 1934 au 1er juin 1935.
Né dans une famille de vieille souche bourguignonne, Pierre Perreau-Pradier fait de bonnes études au collège de Tonnerre, au lycée de Dijon, puis à la Faculté de Paris ; il est reçu docteur en droit (sciences politiques et économiques) et débute comme attaché au cabinet de Paul Doumer, alors président de la Chambre des députés, en 1906. Il est ensuite avocat à la Cour d'appel de Paris, chef adjoint du cabinet de Noulens sous-secrétaire d'Etat à la Guerre, conservateur adjoint honoraire des musées de la ville de Paris et, après avoir appartenu à l'administration préfectorale de l'Ariège, de l'Ardèche et du Gers, il est nommé préfet honoraire.
Elu député le 24 mars 1912 en remplacement de son père, François-Charles, il garde son siège sans interruption. En 1912, il est élu au second tour, par 5.038 voix contre 4.381 à Maxence Roldes. En 1914, il est également élu au second tour par 4.968 voix contre 4.791 au même concurrent. En 1919, il garde son siège, sur la liste d'union républicaine radicale et radicale-socialiste, avec 30.983 voix. En 1924, il est élu sur la liste d'union républicaine démocratique et sociale par 31.173 voix. En 1928, il bat son concurrent traditionnel par 5.828 voix contre 4.006. En 1932, il n'emporte le siège qu'au second tour contre Lévy, par 5.685 voix contre 5.092. En 1936, enfin, il est élu dès le premier tour avec 5.275 voix contre 3.460 au même Lévy.
En 1916 et 1917, Pierre Perreau-Pradier est secrétaire de la Chambre. De 1919 à 1924 il est vice-président de la commission des pensions militaires. De 1919 à 1940, il reste rapporteur général et vice-président de la commission des comptes définitifs et des économies, fonction qu'il cumule de 1924 à 1940 avec celles de vice-président de la commission des colonies de l'Algérie et des protectorats et de vice-président de la commission des boissons.
L'intérêt qu'il porte aux colonies le conduit à déposer de nombreuses propositions de lois tendant à étendre le champ d'application de certaines réformes législatives, notamment en matière de droit civil, aux départements d'outre-mer.
Par ailleurs, il se préoccupe des progrès des beaux-arts et prend également l'initiative d'inviter le gouvernement à organiser une exposition internationale des beaux-arts à Paris.
Mais en tant que propriétaire viticulteur de l'Yonne, c'est évidemment de l'agriculture, et surtout de la viticulture qu'il se soucie le plus. Il s'intéresse aussi à l'électrification des campagnes, aux retraites de gardes forestiers communaux, à l'enseignement agricole.
Dans tous ces domaines, ses idées paraissent être celles du radical de gauche de l'entre-deux-guerres : il est favorable à la représentation proportionnelle, à l'instauration d'un impôt sur le revenu qui ne serait « ni inquisitorial ni vexatoire », à l'élaboration d'un statut des fonctionnaires, à la liberté de l'enseignement. Sur le plan social, il veut relever les petits salaires, améliorer les retraites ouvrières, créer l'assurance invalidité. D'une manière générale, on peut dire qu'il prend constamment la défense des « petits », commerçants ou industriels, et des familles nombreuses. En 1920, il évoque même la participation des travailleurs aux bénéfices du capital.
Pour ce qui est du fonctionnement des institutions, il insiste sur l'obligation du vote personnel, sur la simplification des procédures administratives et sur la diminution des frais de justice.
En matière de politique étrangère, il partage les idées les plus communément admises à l'époque : son premier souci après la guerre est de faire payer l'Allemagne. Il est favorable à l'occupation de la Ruhr. Par la suite, il préconise une politique de paix à l'extérieur permettant de diminuer les dépenses militaires à l'intérieur. D'où l'intérêt qu'il porte à la S.D.N. Ses opinions économiques enfin sont tout aussi résolument classiques. Lorsque la crise éclate, il préconise la diminution des dépenses publiques et le retour à l'équilibre budgétaire. C'est donc à une politique de déflation qu'il a recours afin que, dit-il, « l'équilibre étant maintenu entre la production, la distribution et la consommation, le chômage soit réduit et même supprimé ».
Ce programme lui vaut d'ailleurs un poste de sous-secrétaire d'Etat aux Finances, qu'il accepte en 1932 après avoir refusé quatre fois un portefeuille. Enfin il occupe le poste de secrétaire d'Etat à la présidence du Conseil de 1934 à 1935.
Au congrès de Vichy, Pierre Perreau-Pradier vote pour la loi du 10 juillet 1940.
Plus que la liste des divers organismes dont il fut membre, peut-être est-il préférable de rappeler en dernier lieu les titres des ouvrages dont il est l'auteur : en 1910, il fait paraître La révision du tarif douanier en 1892 ; en 1918, Nos ressources coloniales ; en 1919, L'agriculture et la guerre. Il écrit en collaboration : La guerre économique dans nos colonies (1916), L'Afrique du Nord et la guerre (1917), L'Effort colonial des Alliés (1919). Il écrit enfin l'ouvrage intitulé Questions d'hier et de demain.