Robert Pesquet
1917 - 2010
PESQUET (Robert, Paul)
Né le 9 avril 1917 à Port-Lyautey (Maroc)
Député du Loir-et-Cher de 1956 à 1958
Robert Pesquet est né le 9 avril 1917 à Port-Lyautey, au Maroc. Licencié en droit et diplômé de l'Ecole Libre des Sciences Politiques, il dirige au lendemain de la guerre une entreprise de menuiserie située à Mondeville, dans le Calvados.
C’est aux côtés des gaullistes que Robert Pesquet fait son entrée en politique. Secrétaire administratif du groupe gaulliste à l’Assemblée Nationale, d’octobre 1954 à février 1955, il entre en octobre 1955 au cabinet de Raymond Triboulet, ministre des anciens combattants et des victimes de guerre, dans le second gouvernement dirigé par Edgar Faure.
Président de la fédération départementale des Républicains sociaux, Robert Pesquet est candidat aux élections législatives du 2 janvier 1956 dans le Loir-et-Cher, à la tête d’une liste dite d' « Union et de Salut Public ». Malgré un score relativement modeste de 14 947 voix sur 125 284 suffrages exprimés, et grâce à l’éparpillement des votes, celle-ci emporte l’un des quatre sièges à pourvoir. Les autres sièges reviennent au communiste Bernard Paumier, au socialiste Kléber Loustau et à l’indépendant Robert Bruyneel.
Robert Pesquet est nommé membre de la commission des pensions et de la commission de la presse. Il ne siège dans ces deux commissions que durant la première année de la législature. Très vite après son élection, il prend ses distances avec les gaullistes. Il cesse d'appartenir au groupe des Républicains sociaux, le 1er décembre 1956, siège un temps parmi les non-inscrits, avant de s’apparenter au groupe poujadiste de l’UFF.
En deux années, il dépose quinze propositions de loi, dont une proposition de résolution, mais aucun thème ne prédomine. Il s’intéresse autant au statut des coopératives de consommation (25 janvier 1956), qu’à la fiscalité appliquée aux brouilleurs de cru (12 juin 1956), à la fabrication de margarines (15 juin 1956) qu’à la création d’un diplôme d’Etat de magnétiseur psychothérapeute (24 janvier 1957).
Ses interventions en séance publique, au cours de cette législature écourtée, portent la marque de convictions nationalistes très arrêtées. Le 25 octobre 1956, Robert Pesquet intervient au cours des interpellations sur la politique générale du gouvernement, pour appeler à une révision « nécessaire » de la politique française au Maroc et en Tunisie, trop portée au compromis à ses yeux : « nous espérons que le gouvernement mettra désormais un terme aux campagnes de trahison qui s’efforcent de ruiner notre présence en Algérie et qu’il fera toute la lumière sur toutes les compromissions avec le Front de Libération Nationale de certains Français, si haut placés soient-ils. Nous espérons que le gouvernement signifiera aux dirigeants du Maroc et de la Tunisie que la France, à laquelle ils doivent tant, n’entend plus se laisser bafouer, et qu’elle protégera, par la force, la vie et les biens de nos compatriotes ».
Quelques semaines plus tard, il est l’un des parlementaires les plus virulents pour dénoncer l’intervention soviétique à Budapest, allant jusqu’à réclamer, le 21 décembre 1956, la dissolution du Parti Communiste Français, dans une demande d’interpellation « sur les mesures que le gouvernement compte prendre pour garantir la sécurité de la défense nationale et protéger le moral de la nation et de l’Union française contre les entreprises du Parti communiste ».
Robert Pesquet intervient aussi longuement, le 9 juillet 1957, au cours de la discussion du projet de loi portant ratification des traités instituant la Communauté économique européenne (CEE) et l’Euratom. Il s’y montre un détracteur farouche de la construction européenne, dans laquelle il voit le ferment de la renaissance de la puissance allemande : « Pour la France, l’Italie, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg, le traité de marché commun est définitif et illimité. Toutefois, il ne l’est pas pour l’Allemagne qui conserve le droit de se retirer lors de sa réunification. Cette date étant nécessairement inconnue, il plane une incertitude permanente sur la durée du traité de marché commun. L’Allemagne peut ou rester dans le marché commun, ou en sortir, donc rendre caduc le traité en fonction de son seul intérêt. Par le traité ratifié par le Parlement français, on lui a laissé expressément le pouvoir de se retirer du marché commun. Or, comme, en définitive, la ratification de l’Allemagne dépend uniquement de la décision de la Russie, le Kremlin aura la possibilité de faire éclater le marché commun, alors que l’exécution partielle du traité aura déjà entraîné des troubles d’adaptation plus ou moins graves dans l’économie des divers pays membres et notamment en France. Ainsi, nous refusons cette petite Europe des six qui conduit à la grande Allemagne ».
Robert Pesquet est battu aux élections législatives de novembre 1958, dans la troisième circonscription du Loir-et-Cher, recueillant 9 003 voix contre 9 800 au socialiste Gérard Yvon et 14 811 au démocrate-chrétien Pierre Mahias. Il se trouve quelques mois plus tard au cœur d’une des affaires les plus fameuses de la Vème République : l’ « affaire de l'Observatoire ». C’est lui qui convainc François Mitterrand de relancer une carrière politique déclinante, en acceptant d’être la cible d’un attentat monté de toutes pièces ; c’est aussi lui qui, quelques jours après les faits, révèle à la presse les dessous d’une affaire qui compromet gravement l’honneur et la crédibilité de celui qui se veut le premier des opposants au général de Gaulle. L’immunité parlementaire du sénateur de la Nièvre est alors levée. Ce coup d’éclat marque la fin de la courte carrière politique de Robert Pesquet. Celui-ci se reconvertit alors dans les assurances en prenant la tête de l’agence caennaise du groupe Drouot. Il en sera écarté sans ménagement quelques années plus tard, pour des indélicatesses que la justice sanctionnera. Force est d’ailleurs de constater que le parcours de Robert Pesquet sous la Cinquième République relève, non plus de l’histoire politique, mais bel et bien de la chronique judiciaire.
L'ancien député du Loir-et-Cher opère néanmoins une rentrée politique remarquée au début de l'année 2003, lorsqu'il est nommé, à quatre-vingt six ans passés, à la tête de la fédération de la Manche du Mouvement National Républicain (MNR), petit parti politique d'extrême-droite créé par l’ancien député de l’Isère, Bruno Mégret, à la suite d'une scission du Front National.