Guy, Jacques, Joseph Petit
1905 - 1988
PETIT (Guy, Jacques, Joseph)
Né le 23 novembre 1905 à Biarritz (Basses-Pyrénées)
Décédé le 31 octobre 1988 à Biarritz
Membre de la seconde Assemblée nationale constituante (Basses-Pyrénées)
Député des Basses-Pyrénées de 1946 à 1958
Secrétaire d'Etat à la Présidence du Conseil du 14 mars 1952 au 8 janvier 1953
Secrétaire d'Etat à l'agriculture du 9 janvier au 11 février 1953
Ministre du commerce du 11 février au 28 juin 1953
Guy Petit voit le jour le 23 novembre 1905 à Biarritz. Quatorze ans plus tard, il naît à la politique en assistant à l’élection de son père, Joseph Petit, à la mairie de cette ville, déjà l’une des plus touristiques du département des Basses-Pyrénées.
Après des études secondaires à Bayonne, Guy Petit s’oriente vers les carrières du droit : il devient avocat, inscrit aux barreaux de Bayonne, puis de Paris. Sur le plan politique, c’est un « ligueur », qui affiche clairement des opinions catholiques et « patriotes », et montre peu de goût pour la République parlementaire : Volontaire national en 1934, il devient par la suite vice-président et délégué à la propagande du Parti social français (PSF) du colonel de la Rocque, dans le pays Basque.
Mobilisé en septembre 1939, Guy Petit est réformé pour maladie, à la fin du mois de janvier 1940 ; il se voit toutefois reversé dans le service armé, à sa demande, le 5 juin 1940. Pendant l’occupation, ses convictions anti-allemandes le conduisent dans les rangs de la Résistance. Inquiété par la Gestapo en mars 1943, il entre alors dans la clandestinité et rejoint les FFI.
La carrière politique de Guy Petit ne commence réellement qu’à la Libération : il est élu maire de Biarritz en avril 1945, seize ans après que son père a quitté ces fonctions, et se voit constamment reconduit à cette charge jusqu’en mars 1977. Le 2 juin 1946, il est candidat aux élections pour la seconde Assemblée constituante, en première position sur une liste d' « entente républicaine et sociale ». La liste recueille 33 146 suffrages sur 207 203 suffrages exprimés, et emporte l’un des cinq sièges à pourvoir ; les autres sièges reviennent aux démocrates-chrétiens Pierre de Chevigné et Jean Errecart, au communiste Albert Mora et au socialiste Gaston Chaze.
Le 26 juin 1946, Guy Petit est nommé membre de la commission de la justice et de la législation générale et de la commission du ravitaillement. Il est désigné, par ailleurs, comme juré à la Haute Cour de justice, le 4 juillet 1946. Il dépose quatre propositions de loi, un rapport et une proposition de résolution. Ces six textes sont très éclectiques, le député des Basses-Pyrénées s’intéressant tout aussi bien à la normalisation des dispositions légales en matière de consommation d’alcool qu’aux propriétaires de valeurs mobilières dépossédés par faits de guerre, au taux et à l’assiette du prélèvement opéré par les communes sur le produit des jeux qu’aux commerçants, industriels et artisans sinistrés par faits de guerre.
La première de ses quinze interventions à la tribune de l’Assemblée, le 26 juin 1946, est pour critiquer la composition du gouvernement formé par Georges Bidault au lendemain du référendum constitutionnel, qui reconduit la coalition entre démocrates-chrétiens, socialistes et communistes : « ai-je le droit de m’étonner qu’un mois et demi après le referendum, le nouveau gouvernement soit composé de dix-neuf partisans du « oui » et de douze partisans du « non », et que cette proportion donne une interprétation singulièrement paradoxale à la volonté de nos compatriotes ? L’unique concession semble être le changement de président du gouvernement. Quant aux ministres, ils sont les seuls, en France, dans leur presque totalité, à n’avoir point à se plaindre du provisoire. Dans l’ensemble, ils conservent leurs postes : les colonies demeurent socialistes, la justice reste MRP, l’armement est toujours communiste. Si bien que, sans aucune méchanceté, on peut dire que cette stabilité nous restitue un peu de cette patrimonialité féodale en un temps où le parti remplace le seigneur ».
Guy Petit s’oppose au second projet de Constitution, voté par l'Assemblée le 28 septembre 1946 et ratifié par référendum le 13 octobre. Il présente sa candidature aux élections législatives qui suivent, quatre semaines plus tard. Ce sont cette fois six sièges qui sont à pourvoir. En progression sensible, avec 36 325 voix sur 199 095 suffrages exprimés, la « liste d'entente républicaine et sociale » retrouve sans peine un élu ; le siège supplémentaire revient au démocrate-chrétien Jean-Louis Tinaud, en troisième position sur la liste conduite par Pierre de Chevigné.
Au cours de la législature, Guy Petit siège à la commission du travail et de la sécurité sociale (1946 et 1949), à la commission de l’éducation nationale (1948), à la commission de la justice et de la législation (1948 et 1949), à la commission des finances (1949, 1950 et 1951) et à la commission des immunités parlementaires (1951). Il est membre suppléant de la commission de la réforme administrative (1948) et occupe les mêmes fonctions à la commission d’instruction de la Haute Cour de justice, à partir du 27 décembre 1946. Parlementaire actif, il dépose cinq rapports, sept propositions de résolution, huit propositions de loi et deux rapports supplémentaires. Il est souvent en pointe dans les débats sur le droit et les finances des collectivités locales. Il consacre en outre plusieurs de ses interventions à dénoncer l’influence, à ses yeux malfaisante, du parti communiste sur la vie politique française ; il incrimine ainsi, le 21 novembre 1947, au cours d’un débat qui n’aboutira pas sur l’investiture de Léon Blum à la présidence du Conseil, un parti « aujourd’hui volontairement installé, par ses grèves politiques et par son recours constant à l’émeute révolutionnaire, dans l’illégalité et dans la faction contre la République ». Il s’investit enfin sur la question des rapports entre bailleurs et locataires. C’est le cas le 26 mars 1947, alors qu’il souhaite réduire la durée de préavis s’il existe déjà une décision de justice passée en force de chose jugée. Il intervient à nouveau sur ce thème, le 24 juillet suivant.
Candidat au renouvellement de son mandat aux élections législatives du 17 juin 1951, Guy Petit figure cette fois en deuxième position sur une liste d' « Union Républicaine » constituée avec le MRP de Pierre de Chevigné. Celle-ci recueille 62 670 voix sur 198 454 suffrages exprimés et emporte deux des six sièges à pourvoir. Le scrutin est marqué par la percée des gaullistes, dont la liste conduite par le général Goislard de Monsabert recueille 28 202 voix et emporte un siège.
Guy Petit est nommé secrétaire de la commission des finances, le 17 juillet 1951, laquelle le désigne pour faire partie de la sous-commission chargée de suivre et d’apprécier la gestion des entreprises nationalisées et des sociétés d’économie mixte. Il devient membre titulaire de la commission des finances, le 19 janvier 1954. Il est aussi membre du comité de gestion du fonds de soutien aux hydrocarbures, à partir du 22 juillet 1954. Le député des Basses-Pyrénées dépose pas moins de huit propositions de loi, quatre propositions de résolution, cinq rapports, deux rapports supplémentaires et un avis. Il renouvelle son intérêt pour les relations entre locataires et bailleurs. Le 1er décembre 1954, il dépose une proposition de loi en ce sens.
Orateur apprécié du groupe parlementaire « indépendant paysan d’union sociale », dont il est élu vice-président en 1951, il est partisan, en matière économique, d’une ligne libérale, qui le conduit à commenter sans aménité, le 30 décembre 1951, la politique financière du gouvernement Pleven : « les entraves qui retiennent prisonnière la prospérité due à nos richesses naturelles et au génie créateur de notre race sont avant tout d’ordre politique. L’expérience de ces dernières années prouve que l’on ne peut rien attendre d’une transaction quotidienne entre une structure socialisée, un régime étatisé et des moyens capitalistes orthodoxes. Ainsi, le vrai, le seul goulot d’étranglement, c’est la politique financière décidée et poursuivie depuis quelques années avec une obstination aveugle par des hommes remarquablement intelligents, mais atteints du complexe de la résignation. Le moment est venu de choisir : ou bien pousser à ses limites extrêmes la socialisation de tous les acteurs de la vie nationale, ou bien redonner à la libre entreprise la facilité de s’épanouir au grand jour, dans l’intérêt général de la nation ».
Guy Petit accède au cours de cette législature à des responsabilités politiques nationales. Il est ainsi sollicité en mars 1952 par Antoine Pinay pour devenir, aux côtés de Félix Gaillard et Raymond Marcellin, secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil, de mars à décembre 1952. A la chute du cabinet Pinay, il est appelé par le nouveau président du Conseil, René Mayer, à prendre le secrétariat d’Etat à l’agriculture (14 janvier 1953) puis, au bout d’un mois seulement, le portefeuille de ministre du commerce, qu’il occupe jusqu’en juin 1953. Dans son premier poste ministériel, il intervient 17 fois à l’Assemblée nationale, sur des thèmes très divers, touchant à l’ensemble de la politique du gouvernement et dont l’éclectisme témoigne de la grande polyvalence du portefeuille ministériel qu’il détient. Comme secrétaire d’Etat à l’agriculture, il ne prend part à la délibération parlementaire qu’à une seule reprise, au sujet de la fixation du budget des prestations sociales agricoles, le 29 janvier 1953. Il ne fait en revanche aucune intervention comme ministre du commerce.
Aux élections du 2 janvier 1956, Guy Petit conduit une liste d'Union des Indépendants et des Paysans, de nouveau distincte de celle du MRP. Malgré un score relativement modeste de 26 516 voix sur 217 221 suffrages exprimés, et grâce à l’éparpillement des voix, il est réélu.
Guy Petit est nommé membre de la commission de la production industrielle et de l’énergie, le 31 janvier 1956, et devient titulaire de la commission des finances, le 4 octobre 1957. Au cours de cette législature écourtée, il dépose douze textes, dont six propositions de loi, quatre propositions de résolution, un rapport et un avis. Il est notamment l’auteur d’une proposition de loi « tendant à opérer un classement de principe des matières législatives par nature et à définir le domaine et les modalités d’exercice du pouvoir réglementaire », qui préfigure les articles 34 et 37 de la Constitution de la Cinquième République (22 mars 1956): « La proposition ne fait ici que consacrer les règles traditionnelles du régime parlementaire. D’une part, les Assemblées législatives seront préservées des empiètements de l’exécutif. D’autre part, dégagées de l’examen d’affaires dont les gouvernements ont parfois tendance à se dessaisir alors qu’ils devraient en prendre l’entière responsabilité, elles pourront consacrer une plus grande part de leur temps à l’examen des problèmes essentiels ». Entre 1956 et 1958, il intervient à 21 reprises, sur des sujets très différents, si bien qu’il n’a fait d’aucun thème précis sa spécialité. Il s’intéresse aussi bien au Fonds national de la vieillesse (22 mars 1956) qu’à la taxe sur les spectacles (14 novembre 1956), à la réduction des fermages (notamment à la modification du code rural du métayage (17 décembre 1956 ; 22 février 1957)) qu’à l’incompatibilité du vote des femmes avec les exigences du statut coranique (30 septembre 1957).
Tout au long de la Quatrième République, Guy Petit mène, parallèlement à ses activités parlementaires, une intense activité journalistique ; directeur politique de la Nouvelle gazette de Biarritz, quotidien dans lequel il signe deux éditoriaux par semaine, il rédige aussi régulièrement des articles dans les colonnes de Sud-Ouest, Le Nouveau Journal ou L'Eclair des Pyrénées.
Battu aux élections législatives de novembre 1958, Guy Petit devient sénateur (UREI) l’année suivante et le reste jusqu’en 1983. Il se retire ensuite de la vie politique et décède le 31 octobre 1988 à Biarritz.