Michel Peytel
1919 - 1973
PEYTEL (Michel, Maurice, Pierre)
Né le 24 octobre 1919 à Paris (15ème)
Décédé le 2 octobre 1973 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)
Député de la Seine de 1946 à 1955
Michel Peytel est né à Paris le 24 octobre 1919. Fraîchement émoulu de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, il est de ces jeunes officiers qui considèrent que la lutte contre l’Allemagne ne doit pas s’arrêter avec l’armistice. Capitaine dans les Forces Françaises Libres, il joue un rôle de premier plan au sein du mouvement « Ceux de la Libération », fondé en décembre 1940 en zone occupée. Arrêté en 1943, il est déporté à Buchenwald, puis à Mathausen.
Libéré par les armées alliées, Michel Peytel retrouve Paris en 1945 ; il se consacre alors au combat politique. Il devient membre du comité directeur du Parti Républicain de la Liberté (PRL), organe de la droite parlementaire renaissante qui rassemble, notamment, des personnalités comme André Mutter, Edouard Frédéric-Dupont ou Joseph Laniel. Le 10 novembre 1946, il se présente en deuxième position sur une « liste d’union contre le tripartisme », conduite par Etienne-André de Raulin Laboureur, dans la quatrième circonscription de la Seine, aux premières élections législatives de la Quatrième République. Avec 66 200 voix sur 371 575 suffrages exprimés, la liste, qui se réclame du général de Gaulle, emporte deux des neuf sièges à pourvoir ; les autres sièges échoient aux communistes (quatre élus), aux démocrates-chrétiens (deux élus) et aux socialistes (un élu).
Agé de tout juste vingt-sept ans, Michel Peytel est l’un des plus jeunes parlementaires de la législature. Il siège à la commission de l’éducation nationale (1946), à la commission de la production industrielle (1946, 1948, 1949, 1950, 1951 ) et à la commission des moyens de communication et du tourisme (1951). Il est aussi nommé juré à la Haute Cour de justice, le 29 mai 1947.
Michel Peytel est un parlementaire actif. Il dépose six propositions de loi, dix rapports et six propositions de résolution. Deux thèmes prédominent. Le souvenir de la guerre est très présent dans ses initiatives de député. Le 27 mars 1947, sa première proposition de loi tend à accorder aux déportés politiques le bénéfice de la présomption d’origine. Le 4 mai suivant, il se distingue par le rapport relatif à la conservation du souvenir du débarquement allié en Normandie. Le 1er juin 1950, il est l’auteur d’une proposition de résolution tendant le gouvernement à associer la Nation française aux cérémonies du dixième anniversaire des combats des Flandres. Son deuxième centre d’intérêt, de loin le plus important, a trait à l’automobile et aux carburants et, de manière plus large, aux transports modernes. Michel Peytel est aussi l’un des principaux artisans de la refonte de la législation en la matière. À plusieurs reprises, et notamment dans une proposition de résolution qu’il dépose le 9 décembre 1948, il presse les gouvernements successifs de lancer un vaste plan d’équipement automobile national, qu’il juge indispensable pour le redressement économique du pays. Ici, il se distingue, avec plusieurs de ses collègues, par la volonté de construire un pipe-line entre la Basse-Seine et la région parisienne (rapports du 2 juillet 1949, du 5 mai 1951, du 22 mai 1951).
La première de ses 37 intervention de la législature, à la tribune de l’Assemblée, le 22 décembre 1946, est pour dénoncer, au cours de la discussion du projet de loi de finances pour 1947, le dirigisme dont fait preuve à ses yeux le gouvernement de Léon Blum dans la loi de finances que présente au Parlement le ministre des finances André Philip : « le PRL n’a cessé, au cours des deux précédentes législatures, de dénoncer les méthodes de dirigisme et de contrainte qui sont, à notre avis, la cause profonde et permanente de notre désarroi économique et du déséquilibre financier. Les conséquences de ces méthodes vous amènent à proposer aujourd’hui des mesures de sauvetage. Or, on ne saurait vouloir sauver que ce qui est en danger. Vous avouez donc, par là même, que la politique suivie jusqu’à ce jour a mené le pays au bord de l’abîme. Et vous nous proposez, pour sortir de l’impasse dans laquelle nous avons été conduits, des mesures non pas orientées dans une direction différente, mais qui constituent une aggravation de la politique déjà suivie. Tout en prétendant égaliser les charges des Français devant l’impôt, vous pénalisez essentiellement les classes moyennes, les paysans et les commerçants. Lorsque la vie même du pays et des travailleurs, le sort de la monnaie sont en jeu, chacun doit prendre clairement ses responsabilités. Le PRL prend la sienne en votant à regret, mais fermement contre la loi de finances. Vous avez pris la vôtre, monsieur le ministre des finances, en vous référant expressément au dirigisme économique. Vous avez été démenti, dans le passé, par les résultats ; vous le serez encore davantage demain ».
Michel Peytel est candidat au renouvellement de son mandat aux élections législatives du 17 juin 1951. Il figure en deuxième position sur la liste du RPF, conduite par Louis Vallon. Les gaullistes enregistrent un vif succès. Avec 99 249 voix sur 366 132 suffrages exprimés, la liste emporte trois des neuf sièges à pourvoir, ce qui assure l’élection de la candidate placée immédiatement après Michel Peytel, Irène de Lipkowski. Le MRP, qui n’a plus qu’un élu, est la principale victime de cette percée électorale.
Michel Peytel retrouve la commission de la production industrielle (en 1951, 1953, 1954 et 1955) et la commission des moyens de communication et du tourisme, aux mêmes dates. Ce dernier aréopage le désigne pour siéger au sein de la commission de coordination chargée des questions relatives à la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1953, 1954 et 1955, et au sein de la sous-commission chargée de suivre et d’apprécier la gestion des entreprises nationalisées et des sociétés d’économie mixte. Il est nommé secrétaire de l’Assemblée nationale, le 11 juillet 1951. Il est reconduit dans ses fonctions le 14 janvier 1953, le 13 janvier 1954 et le 11 janvier 1955.
Michel Peytel dépose de nouveau, au cours de la législature, plusieurs textes au travers desquels il s’emploie à établir les conditions économiques favorables à l’essor de l’industrie automobile. Deux propositions de loi et cinq rapports en témoignent. Le texte le plus explicite est vraisemblablement le rapport, déposé le 10 août 1951, tendant à inviter le gouvernement à intensifier les recherches de pétrole et à créer un « Conseil supérieur du pétrole ».
Mais le député gaulliste de la Seine se prive pas pour autant d’aborder d’autres sujets, d’une portée encore bien plus vaste ; il est ainsi l’auteur d’une proposition de loi visant à élargir le champ de l’amnistie des faits de collaboration. Dans ce texte, qu’il dépose le 7 août 1951 en compagnie de nombreux députés gaullistes, Michel Peytel affirme que « l’inéligibilité qui avait, à juste titre, frappé des hommes politiques moins excusables de leurs erreurs que les citoyens ordinaires, en raison même de leurs hautes fonctions, peut être aujourd’hui supprimée, sans danger pour la nation ». De même, juge-t-il, « il apparaît souhaitable que certaines épurations administratives puissent être révisées, de telle sorte que les effets de l’amnistie bénéficient également à ceux qui n’encourent que des sanctions professionnelles ». Ses vingt interventions de la législature reviennent sur la place de l’automobile et du pétrole dans la société économique française. Il élargit ce thème de réflexion aux infrastructures routières, en soulignant l’insuffisance des crédits d’entretien (12 décembre 1953) et prend part à la discussion du projet de loi relatif au statut des autoroutes, le 9 juillet 1954.
Candidat une nouvelle fois aux élections législatives, le 2 janvier 1956, Michel Peytel est victime de l’effondrement électoral des positions gaullistes : la liste des Républicains sociaux sur laquelle il figure ne recueille que 3,2% des suffrages dans la quatrième circonscription de la Seine.
C’est vers la presse que le tout jeune ex-parlementaire - il n’a que trente-six ans - choisit alors de se tourner : Michel Peytel met sa vaste connaissance de l’industrie automobile au service de la revue Moteurs, qu’il dirige de 1956 à 1958. Le raz-de-marée gaulliste de novembre 1958 lui permet de permet de faire son retour à l’Assemblée nationale, en tant que député de la 49ème circonscription de la Seine (Charenton) ; il n’y reste que le temps d’un mandat, puisqu’il est battu en novembre 1962 par une figure du PSU, Gaston Bleuse, maire d’Alfortville. Michel Peytel s’oriente alors vers le secteur de la publicité, en plein essor. Il devient, en 1967, délégué général de la Confédération de la publicité française, puis vice-président de l’Association des agences conseils en publicité. Michel Peytel décède accidentellement le 2 octobre 1973 à Boulogne-Billancourt. Il était commandeur de la Légion d’honneur.
PEYTEL (Michel, Maurice, Pierre)
Né le 24 octobre 1919 à Paris XVe
Décédé le 2 octobre 1973 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)
Député de la Seine de 1946 à 1955 et de 1958 à 1962
Resté fidèle à Charles de Gaulle tout au long de la traversée du désert, ancien député et conseiller municipal de Saint-Maur-des-Fossés depuis 1953, Michel Peytel fut tout naturellement investi par le nouveau parti gaulliste, l’Union pour la nouvelle République (UNR), en novembre 1958, Jean Fave, agent de fabrique et premier adjoint au maire d’Alfortville, étant son suppéant. La 49ème circonscription de la Seine, formée par le canton de Charenton-le-Pont, lui échut, son passé de résistant et déporté lui permettant de concurrencer le député communiste sortant. Le 23 novembre, il affronta sept adversaires : Alfred Malleret-Joinville, PCF (14 538 voix, en recul d’un tiers par rapport à 1956) ; Raoul Bleuse, conseiller général et maire d’Alfortville socialiste passé au Parti socialiste autonome (5 150 voix) ; Joseph Franceschi, socialiste (5 098 voix) ; Claude Leclercq, député sortant radical (2 270 voix) ; Roland Bernard-Curtil, candidat du MRP (2 943 voix) ; Henri Guérin, conseiller général et maire de Charenton, radical passé au Centre républicain (CR) d’André Morice et soutenu par le CNIP et la Démocratie-chrétienne de France de Georges Bidault (11 980 voix), et le candidat poujadiste, André Jam (628 voix au lieu de plus de 5 000 en 1956). Avec 12 130 suffrages, Michel Peytel se retrouvait en deuxième position, capable de battre le député communiste sortant. Grâce au désistement d’Henri Guérin et au retrait de tous les autres candidats non communistes, il l’emporta largement le 30 novembre, avec 33 448 voix contre 18 729 à Alfred Malleret-Joinville.
Michel Peytel s’inscrivit au groupe de l’UNR. Le 27 janvier 1959, il fut élu membre de la Commission des affaires culturelles, familiales et sociales et membre suppléant de la commission spéciale du règlement. Le 8 juillet suivant, il devint membre du Sénat de la Communauté. Déjà spécialiste des questions automobiles sous la IVème République, ce fut à nouveau sur les questions relatives aux transports qu’il intervint au cours de la première législature de la nouvelle République. Le 22 décembre 1959, il prit la parole au cours de la discussion du projet de loi de finances pour 1960 sur la question de la publicité le long des routes. Les 21, 23 et 25 juillet 1960, il intervint trois fois dans la discussion du projet de loi relatif à l’institution d’un supplément à la prime de transport pour dénoncer la mauvaise gestion de la RATP et sa nécessaire réforme. Enfin, au cours des débats sur le projet de loi de finances pour 1962, il monta trois fois à la tribune du Palais-Bourbon, le 20 octobre, le 7 puis le 12 novembre 1961 pour dire son refus de toute nouvelle taxation des automobilistes, le besoin de développer les autoroutes et vanter les mérites des expériences de baisse du prix de l’essence lancées au Royaume-Uni, en Italie et en Sarre.
Soutenant fidèlement le chef de l’État dans sa politique algérienne et dans sa volonté de réformer la Constitution de 1958, il fut à nouveau investi dans la 49ème circonscription de la Seine en novembre 1962, à l’occasion des élections législatives anticipées. Moindre participation (49 014 suffrages exprimés pour 68 002 inscrits contre respectivement 54 737 et 68 713 en 1958). Michel Peytel (son suppléant était désormais Arthur Hevette, négociant, conseiller général et maire d’Alfortville) n’eut que trois adversaires : un candidat communiste, Roland Foucard (13 958 voix) ; Raoul Bleuse, investi par le PSU qui avait succédé au PSA en 1960 (8 128 voix) ; Henri Guérin, dirigeant local du CR déjà candidat en 1958 et fort cette fois-ci du soutien du CNIP, du MRP et du parti radical dans le cadre du « Cartel des non » (9 593 voix). Avec 17 335 voix, le député gaulliste sortant avait rallié à lui des électeurs modérés et se retrouvait en bonne position pour l’emporter. Mais Henri Guérin décida de se maintenir (il n’obtint toutefois que 6 350 voix) et, surtout, le PCF choisit de se désister au profit du candidat du PSU pour assurer la défaite de Michel Peytel. Celui-ci rassembla certes 21 543 suffrages le 25 novembre mais Raoul Bleuse, grâce à un bon report des voix communistes, l’emporta avec 21 997 voix.
La carrière politique de Michel Peytel s’arrêta peu après, avec la fin de son mandat de conseiller municipal de Saint-Maur-des Fossés en mars 1965. Il ne fut pas candidat aux élections législatives de 1967. Il avait exercé depuis la guerre diverses professions. En 1958, il se déclarait « journaliste technique ». En 1967, passé dans le secteur de la publicité depuis le début des années soixante, il devint délégué général de la Confédération de la publicité française puis vice-président de l’Association des agences conseils en publicité. Il décéda accidentellement le 2 octobre 1973.
Michel Peytel était commandeur de la Légion d’honneur, titulaire de la croix de guerre 1939-1945 (trois citations) et de la médaille de la Résistance.