Paul, Louis Peytral
1842 - 1919
Député de 1881 à 1889, ministre, né à Marseille (Bouches-du-Rhône) le 20 janvier 1842, il fit ses études au lycée de Marseille, et vint se faire recevoir pharmacien à Paris.
De retour dans sa ville natale, il dirigea pendant plusieurs années une importante maison de produits pharmaceutiques, et débuta dans la vie politique comme conseiller municipal républicain de Marseille (1876). Adjoint au maire, il fut révoqué par le gouvernement du Seize-Mai, auquel il fit une vive opposition, devint, en 1880, conseiller général des Bouches-du-Rhône, et se présenta, le 21 août 1881, comme candidat radical à la Chambre des députés dans la 1re circonscription de Marseille, qui l'élut, au second tour de scrutin (4 septembre), par 5,022 voix (9,269 votants, 15,922 inscrits), contre 1,699 à M. Paul Durand, 1,499 à M. Pierre Roux, et 805 à M. François Durand.
M. Peytral donna sa démission de conseiller général et s'assit à l'extrême-gauche de la Chambre. Il se prononça avec ce groupe, contre la politique de M. J. Ferry, contre les crédits du Tonkin, mais traita spécialement les questions de l'ordre économique et financier : c'est ainsi qu'il intervint, dans les discussions sur les céréales et sur le régime des sucres, avec des opinions nettement libre-échangistes.
Porté, aux élections du 4 octobre 1885, sur la liste républicaine radicale des Bouches-du-Rhône, il fut élu, au ballottage, député de ce département, le 1er sur 8, par 56,173 voix (93,426 votants, 139,346 inscrits.) Il sembla alors se rapprocher du gouvernement, et se décida à adopter les crédits réclamés pour le Tonkin par le cabinet Brisson. Devenu « ministrable », il fut appelé, le 7 janvier 1886, par M. de Freycinet au poste de sous-secrétaire d'Etat au ministère des Finances, dont M. Sadi Carnot était alors titulaire. A ce titre, M. Peytral prit une part active à un grand nombre de discussions spéciales, obtint du parlement l'augmentation de la pension de retraite des agents du service actif des douanes, et donna sa démission en novembre 1886, son traitement de sous-secrétaire d'Etat n'ayant été voté qu'à une infime majorité. Nommé vice-président, puis président de la Commission du budget (1887), il annonça l'intention d'aborder l'étude des réformes fiscales, parut fréquemment à la tribune au cours de la discussion générale de la loi de finances pour soutenir les idées de la commission, et fut bientôt mis à même de les appliquer, comme titulaire du portefeuille des Finances dans le cabinet Floquet (8 avril 1888). Comme tel, il commença par demander au parlement (juin) de reporter le point de départ de l'année financière au 1er juillet ; la Chambre y consentit, mais le Sénat refusa de sanctionner cette décision. Le ministre songea alors à déposer une série de projets de loi spéciaux, tendant à rendre les taxes plus proportionnelles aux charges des contribuables (octobre-novembre) : il réclama en conséquence : 1° la modification de l'assiette des prestations ; 2° la modification du régime fiscal en matière de transmission d'usufruit et de nue-propriété, et la limitation au sixième degré de la vacation héréditaire ; 3° la réforme de l'impôt des boissons et l'abolition des droits d'entrée ; 4° une répartition nouvelle de la contribution personnelle mobilière ; 5° l'établissement d'un impôt général sur le revenu déterminé d'après les déclarations faites par les contribuables à la mairie et examinées par une commission d'évaluation dans chaque commune, par une commission supérieure dans chaque arrondissement. De ces cinq projets, seul le projet d'impôt sur les boissons fut examiné par une commission spéciale, qui se montra en majorité favorable à son adoption. Mais l'idée d'un impôt sur le revenu souleva une opposition extrêmement vive : la commission compétente fut presque unanime à le rejeter. Le ministre des Finances fit encore approuver par le conseil des ministres un projet rattachant directement la comptabilité de chaque ministère à la direction de la comptabilité publique. Le cabinet Tirard, qui succéda, le 22 février 1889, au cabinet Floquet, ne donna aucune suite aux propositions de M. Peytral. Le député des Bouches-du-Rhône s'est prononcé, dans la dernière session,
- pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889),
- contre l'ajournement de la révision de la Constitution (chute du cabinet Floquet dont il faisait partie),
- pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes,
- contre le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse,
- pour les poursuites contre le général Boulanger.
Né le 20 janvier 1842 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 30 novembre 1919 à Marseille.
Député des Bouches-du-Rhône de 1881 à 1894.
Sénateur des Bouches-du-Rhône de 1894 à 1919.
Sous-Secrétaire d'Etat aux Finances du 7 janvier au 11 décembre 1886.
Ministre des Finances du 3 avril 1888 au 22 février 1889, du 4 avril 1893 au 3 décembre 1893 et du 28 juin 1898 au 22 juin 1899.
(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. IV, p. 615.)
Paul Peytral fut réélu député des Bouches-du-Rhône (1re circonscription de Marseille), au premier tour, aux élections législatives de 1889, ayant obtenu 5.844 voix contre 2.836 à Théophile Fabre, boulangiste et 1.139 à Alcide Furby, radical-socialiste.
Il fut à nouveau réélu le 20 août 1893, sous l'étiquette « républicain radical », obtenant 7.353 voix contre 2.651 à l'ensemble de ses trois concurrents socialistes.
Il fut élu par ses collègues vice-président de la Chambre des députés de 1889 à 1893. C'était au Palais Bourbon un spécialiste écouté des questions économiques et fiscales. Il fut, notamment, membre de la grande commission chargée de réviser les tarifs douaniers et y défendit ses idées libre-échangistes. Charles Dupuy le rappela au ministère des Finances lors de la formation de son premier cabinet, le 4 avril 1893. Il présida, à ce titre, à l'élaboration des budgets de 1893 et 1894.
Paul Peytral choisit délibérément de siéger au Sénat lorsque, réélu député depuis quelques mois seulement, il se présenta aux élections sénatoriales du 7 janvier 1894. Il fut élu sénateur des Bouches-du-Rhône, au 1er tour, par 214 voix sur 409 votants. Il devait conserver son siège jusqu'à sa mort ayant été réélu le 4 janvier 1903, au premier tour par 254 voix sur 425 votants, et le 7 janvier 1912, toujours au premier tour, par 296 voix sur 439 votants.
Il fut vice-président du Sénat de 1895 à 1898 et, à nouveau, de 1901 à 1905. Membre, dès son élection, de la commission des finances du Sénat, il devait en être le président de 1914 à sa mort, en 1919.
Il appartenait au groupe de la gauche démocratique.
Sénateur, Paul Peytral fut à nouveau appelé au ministère des Finances par Henri Brisson, lors de la constitution de son 2e cabinet, le 28 juin 1898. Sa longue et importante carrière ministérielle s'acheva, toujours au même poste, dans les 4e et 5e cabinets Charles Dupuy constitués respectivement le 1er novembre 1898 et le 18 février 1899.
Il fut, en 1906, nommé membre du Comité supérieur de l'enseignement des Arts décoratifs.
Economiste et financier, Paul Peytral participa activement aux discussions budgétaires pendant plus de trente-cinq ans. Ses interventions à ce titre comme rapporteur, comme ministre ou comme président de la commission des finances sont innombrables.
Député puis sénateur des Bouches-du-Rhône, les questions maritimes retenaient également toute son attention : organisation de la marine marchande, régime des voies navigables, ports de Sète et de Marseille, réglementation des équipages des navires de commerce, régime général des ports maritimes de commerce, caisse des invalides de la marine.
Il eut enfin à intervenir lors de débats parlementaires importants concernant l'amnistie, la réglementation des eaux de la Durance, le personnel des chemins de fer, la garantie d'emploi aux femmes en couche, la constitution d'une université à Alger, les retraites ouvrières, l'élection des députés, la réduction de la durée du travail dans les manufactures de l'Etat et la création du registre du commerce.
Il mourut le 30 novembre 1919, à 77 ans, dans sa ville natale.